Texte intégral
Madame la ministre,
Mesdames et messieurs les ministres de l'Education des Länder,
Cher Peter Müller,
Je m'adresse avec grand plaisir à vous, qui, dans les différentes régions allemandes, avez la charge des questions éducatives, de la politique linguistique, et qui veillez par conséquent sur la place du français en Allemagne, comme je veille sur celle de l'allemand en France. Quatre mois après notre réunion de Sarrebruck, quelques semaines avant notre prochain conseil conjoint, cette rencontre témoigne du dynamisme de notre relation dans ce domaine ; elle rappelle que le moteur franco-allemand est aussi celui de la jeunesse, des langues et des cultures.
Je vous remercie donc, Madame la ministre, de m'avoir donné cette nouvelle occasion de partager avec vous ce qui nous tient à cur, c'est-à-dire la traduction dans l'enseignement d'une relation déjà si forte, sur le plan économique et politique.
Cette rencontre franco-allemande en évoque une autre, plus large, et tout aussi cordiale : à l'occasion du 40e anniversaire du traité de l'Elysée, le président de la République française et le chancelier de la République fédérale allemande fixaient au 22 janvier le rendez-vous annuel de la journée franco-allemande.
C'est avec plaisir que je le constate : ce 22 janvier 2005 fut une grande réussite. Nous la devons à la mobilisation de tous les acteurs, à la richesse des initiatives, à la pertinence du thème choisi.
Vous-même, dans vos Länder, avez exprimé avec conviction le sens de cette journée : la connaissance de la langue fonde celle des peuples et des nations ; sa maîtrise conditionne le succès professionnel, dans nos échanges bilatéraux; elle renforce entre nous des liens déjà solides de proximité et d'amitié.
Plus largement, ce sont tous les acteurs de l'éducation qui ont relayé ce message - en France, recteurs, inspecteurs, chefs d'établissements, enseignants, parents et associations, sans oublier les élèves eux-mêmes, venus témoigner d'expériences : ils ont pris le temps de dire quel enrichissement l'apprentissage de l'allemand avait représenté pour eux. Leur mobilisation a été d'autant plus remarquable qu'elle a été simultanée, à tous les niveaux, à travers tous nos établissements, y compris les établissements français en Allemagne.
Quant aux initiatives prises pour donner corps à cette journée, leur liste est infinie : elle comprenait des colloques - certains tenus, à Versailles et à Orléans, en présence de votre ambassadeur, M. Klaus Neubert - des expositions, des visites, des rencontres et entretiens, des concours d'affiches et d'écriture.
Y figuraient également l'édition et la distribution de deux brochures, l'une sur l'allemand en France, l'autre sur le français en Allemagne. Destinées à faire connaître aux jeunes la langue du partenaire, elles viennent à point pour achever de dissiper une image incomplète ou caricaturale. Elles favorisent ainsi une orientation judicieuse, un choix plus éclairé. Je crois suffisamment en leur valeur pour espérer que leur diffusion - qui, en Allemagne, incombe à tous les Länder - se poursuive.
Faut-il encore mentionner, après tant d'initiatives concrètes, les dégustations de plats nationaux ? Toutes ces actions, jusques aux plus petites, sont l'indice de la vitalité du " fait allemand " sur notre territoire, du caractère privilégié de notre relation, et un formidable encouragement à poursuivre les efforts entrepris.
Il faut dire que le thème retenu, " Le français et l'allemand : des atouts pour des métiers et des carrières en Allemagne ", était de nature à convaincre. Il rappelait que la maîtrise des langues, source de culture, source de plaisir, est aussi la plus moderne des compétences professionnelles. Si la maîtrise de l'anglais reste indispensable, celle de l'allemand se révèle chaque jour plus précieuse. Elle est la clé de notre mobilité professionnelle, dans un contexte européen élargi vers l'Est.
Je voudrais que toutes nos inspirations communes restent aussi porteuses, et c'est dans cet esprit que je vous laisse, cher Peter Müller, évoquer l'orientation de la journée franco-allemande 2006.
[M. Müller intervient :
- sur la journée franco-allemande, brièvement,
- et sur le manuel d'histoire franco-allemand, plus longuement.]
Je veux joindre sur ce point ma voix à la vôtre, et remercier très vivement ceux qui ont contribué au succès de cette entreprise, les historiens français et allemands qui, par leur engagement, et par leur valeur scientifique éminente, ont su défendre ce projet d'avenir ; les éditeurs, qui ont accepté d'assurer la réalisation de cet ouvrage, en dépit de difficultés accrues. Ils doivent savoir que le ministère français de l'Education nationale, comme les différentes autorités allemandes, accompagneront jusqu'au bout cette entreprise de grande envergure. Nous avons connu des siècles où l'historiographie était un ferment de rancur entre nous : nous saisissons aujourd'hui la chance d'en faire le ciment de notre union.
Les tâches que nous entreprenons ainsi sont des tâches de longue haleine. La promotion de l'allemand en France n'y fait pas exception. J'ai dit à Sarrebruck, devant les recteurs d'académie, qu'elle était à mes yeux une grande cause, une cause nationale. Elle s'inscrit dans la défense, plus large, de la diversité linguistique et culturelle. Nous ne voulons pas d'une Europe uniforme, qui s'unirait par défaut, autour de l'anglais comme seule langue.
C'est pourquoi j'ai fait figurer les mesures prises en faveur de l'enseignement des langues dans le texte même de la loi d'orientation pour l'avenir de l'Ecole, qui vient d'être votée par l'Assemblée nationale, et qui entrera en vigueur à partir de la rentrée prochaine. Parmi elles, j'ai voulu qu'une place particulière soit réservée à l'allemand. Vous savez que l'apprentissage de cette langue a connu au cours des dernières années un recul régulier. Il exigeait d'être enrayé par des dispositions spécifiques. La loi nouvelle affiche ainsi un objectif ambitieux et volontariste : augmenter de 20 % en cinq ans le nombre des élèves apprenant l'allemand.
Je n'en détaillerai pas toutes les mesures, mais j'en donnerai d'abord l'inspiration commune, qui est de rendre l'offre d'allemand plus attirante, d'assurer sa continuité tout au long du parcours scolaire, et enfin de garantir son maintien sur tout le territoire. Nous n'avons pas, à cet égard, d'approche géographique différenciée : dans un monde de plus en plus mobile, où la jeunesse est appelée à des déplacements lointains, nous ne croyons pas que la position frontalière des régions doive encore déterminer l'éducation qui y est offerte.
Deux mesures - parmi d'autres - manifestent cette ambition.
- En fin de 3e, sera introduite une certification conforme au cadre européen de référence pour les langues. Elle accordera aux élèves germanistes la reconnaissance de leurs efforts par un label européen de compétence. Nous avons fait sur ce point délicat le choix politique de la confiance, et je suis pour ma part ouvert à ce qu'une certification institutionnelle, commune à tous les Länder, comme celle que pourrait proposer la KMK, soit retenue. Nous formons toutefois des vux pour qu'un groupe de travail puisse en prendre connaissance, et l'évaluer dans les meilleurs délais. Le calendrier, en effet, est serré, puisque l'Education nationale doit disposer de cette certification avant la fin de l'année scolaire. Je ne doute pas, cher Peter Müller, mesdames et messieurs les ministres, que la même confiance guidera votre choix.
- Seconde mesure importante : les élèves titulaires de cette certification se verront ouvrir la possibilité d'effectuer un séjour en Allemagne, allant jusqu'à deux mois. Leurs efforts y trouveront à la fois une récompense, et une motivation. Je veillerai dans le même esprit à ce que les élèves de 2nde qui choisiront de passer leur année dans un établissement allemand puissent voir leur séjour validé dans de bonnes conditions, à leur retour en France.
Au terme de ces quelques mots, vous constatez, mesdames et messieurs les ministres, à quel point nous avons fait, en France, le choix du dynamisme, de l'ambition, du volontarisme. Le chef de l'Etat, et le gouvernement, ont eu le désir d'inscrire dans la loi même ce projet politique, et les moyens de sa réalisation. Votre appui ne saurait nous manquer à cet instant. Je viens vous le dire avec force : sans votre partenariat, sans votre engagement, sans un effort symétrique venu d'Allemagne, ce projet sera sans grande portée. Nous comptons sur votre mobilisation, nous en espérons les signes. Seule la réciprocité sera le gage de notre efficacité, et de notre réussite à long terme.
Nous avons encore, tout récemment, vu progresser en France l'engagement des académies dans le dispositif AbiBac. Sur ce double certificat, sur les partenariats qu'il réclame et sur la nécessité de son extension, je vous laisse, cher Peter Müller, la parole.
[M. Müller intervient sur :
- l'AbiBAc et son extension
- les mesures en faveur du français en Allemagne,
- la levée des obstacles à la mobilité des enseignants.]
En effet, cher Peter Müller, je partage pleinement votre avis, et nos enseignants doivent pouvoir travailler dans les meilleures conditions pour le pays partenaire, sans rencontrer d'obstacles administratifs ou statutaires inutiles.
C'est un mouvement que je me suis depuis longtemps attaché à rendre plus commode. Ainsi, nous pouvons d'ores et déjà accueillir en détachement des professeurs fonctionnaires allemands. Le décret du 2 mai 2002 encadre et organise leur intégration, à travers une commission d'équivalence déjà bien installée.
Il faut maintenant aller plus loin, et pour cela, faire deux pas importants, que je suis heureux d'annoncer aujourd'hui devant vous :
- d'ici quelques mois, un nouveau décret offrira aux professeurs français stagiaires la possibilité d'effectuer une partie significative de leur stage en Allemagne. Une convention souple servira de cadre au transfert ; elle sera signée entre le recteur de l'académie d'origine, et l'établissement de formation qui accueillera le stagiaire.
- Par ailleurs, comme je m'y étais engagé à Sarrebruck le 12 novembre dernier, un nouveau statut, qui sera sans doute celui de " professeur associé ", sera bientôt créé. Conçu pour les enseignants allemands qui, sans être fonctionnaires, ont déjà une expérience dans leur pays, il leur permettra d'enseigner pendant plusieurs années en France dans un cadre contractuel. Bénéficiant naturellement de conditions de travail et de rémunération conformes à leurs qualifications, ils pourront vivre de l'intérieur le système français d'enseignement, et l'enrichir de leurs compétences. Ils pourront, bien entendu, accéder aux concours français.
Voilà, je le crois, de très belles perspectives. Elles sont fondées sur la confiance que nous avons l'un l'autre dans nos systèmes d'enseignement respectifs. Elles encouragent leur convergence, dans le respect des spécificités nationales. Elles ne se réaliseront, une fois encore, que sous condition d'un engagement fervent des deux parties.
Fort de toute ma conviction personnelle, je continuerai avec vous, cher Peter Müller, d'en donner l'élan.
Et pour tracer dès aujourd'hui ces prolongements indispensables de nos rencontres, je vous lance, à vous tous, mesdames et messieurs les ministres de l'Enseignement des Länder allemands, une invitation pressante à venir au Mans, en novembre, rencontrer les recteurs d'académie français. Ils sont vos homologues, en termes d'échelle. Ils sont vos interlocuteurs. Ils seront vos partenaires. A travers eux, à travers vous, c'est le futur de nos deux pays que l'enseignement dessinera.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 14 mars 2005)
Mesdames et messieurs les ministres de l'Education des Länder,
Cher Peter Müller,
Je m'adresse avec grand plaisir à vous, qui, dans les différentes régions allemandes, avez la charge des questions éducatives, de la politique linguistique, et qui veillez par conséquent sur la place du français en Allemagne, comme je veille sur celle de l'allemand en France. Quatre mois après notre réunion de Sarrebruck, quelques semaines avant notre prochain conseil conjoint, cette rencontre témoigne du dynamisme de notre relation dans ce domaine ; elle rappelle que le moteur franco-allemand est aussi celui de la jeunesse, des langues et des cultures.
Je vous remercie donc, Madame la ministre, de m'avoir donné cette nouvelle occasion de partager avec vous ce qui nous tient à cur, c'est-à-dire la traduction dans l'enseignement d'une relation déjà si forte, sur le plan économique et politique.
Cette rencontre franco-allemande en évoque une autre, plus large, et tout aussi cordiale : à l'occasion du 40e anniversaire du traité de l'Elysée, le président de la République française et le chancelier de la République fédérale allemande fixaient au 22 janvier le rendez-vous annuel de la journée franco-allemande.
C'est avec plaisir que je le constate : ce 22 janvier 2005 fut une grande réussite. Nous la devons à la mobilisation de tous les acteurs, à la richesse des initiatives, à la pertinence du thème choisi.
Vous-même, dans vos Länder, avez exprimé avec conviction le sens de cette journée : la connaissance de la langue fonde celle des peuples et des nations ; sa maîtrise conditionne le succès professionnel, dans nos échanges bilatéraux; elle renforce entre nous des liens déjà solides de proximité et d'amitié.
Plus largement, ce sont tous les acteurs de l'éducation qui ont relayé ce message - en France, recteurs, inspecteurs, chefs d'établissements, enseignants, parents et associations, sans oublier les élèves eux-mêmes, venus témoigner d'expériences : ils ont pris le temps de dire quel enrichissement l'apprentissage de l'allemand avait représenté pour eux. Leur mobilisation a été d'autant plus remarquable qu'elle a été simultanée, à tous les niveaux, à travers tous nos établissements, y compris les établissements français en Allemagne.
Quant aux initiatives prises pour donner corps à cette journée, leur liste est infinie : elle comprenait des colloques - certains tenus, à Versailles et à Orléans, en présence de votre ambassadeur, M. Klaus Neubert - des expositions, des visites, des rencontres et entretiens, des concours d'affiches et d'écriture.
Y figuraient également l'édition et la distribution de deux brochures, l'une sur l'allemand en France, l'autre sur le français en Allemagne. Destinées à faire connaître aux jeunes la langue du partenaire, elles viennent à point pour achever de dissiper une image incomplète ou caricaturale. Elles favorisent ainsi une orientation judicieuse, un choix plus éclairé. Je crois suffisamment en leur valeur pour espérer que leur diffusion - qui, en Allemagne, incombe à tous les Länder - se poursuive.
Faut-il encore mentionner, après tant d'initiatives concrètes, les dégustations de plats nationaux ? Toutes ces actions, jusques aux plus petites, sont l'indice de la vitalité du " fait allemand " sur notre territoire, du caractère privilégié de notre relation, et un formidable encouragement à poursuivre les efforts entrepris.
Il faut dire que le thème retenu, " Le français et l'allemand : des atouts pour des métiers et des carrières en Allemagne ", était de nature à convaincre. Il rappelait que la maîtrise des langues, source de culture, source de plaisir, est aussi la plus moderne des compétences professionnelles. Si la maîtrise de l'anglais reste indispensable, celle de l'allemand se révèle chaque jour plus précieuse. Elle est la clé de notre mobilité professionnelle, dans un contexte européen élargi vers l'Est.
Je voudrais que toutes nos inspirations communes restent aussi porteuses, et c'est dans cet esprit que je vous laisse, cher Peter Müller, évoquer l'orientation de la journée franco-allemande 2006.
[M. Müller intervient :
- sur la journée franco-allemande, brièvement,
- et sur le manuel d'histoire franco-allemand, plus longuement.]
Je veux joindre sur ce point ma voix à la vôtre, et remercier très vivement ceux qui ont contribué au succès de cette entreprise, les historiens français et allemands qui, par leur engagement, et par leur valeur scientifique éminente, ont su défendre ce projet d'avenir ; les éditeurs, qui ont accepté d'assurer la réalisation de cet ouvrage, en dépit de difficultés accrues. Ils doivent savoir que le ministère français de l'Education nationale, comme les différentes autorités allemandes, accompagneront jusqu'au bout cette entreprise de grande envergure. Nous avons connu des siècles où l'historiographie était un ferment de rancur entre nous : nous saisissons aujourd'hui la chance d'en faire le ciment de notre union.
Les tâches que nous entreprenons ainsi sont des tâches de longue haleine. La promotion de l'allemand en France n'y fait pas exception. J'ai dit à Sarrebruck, devant les recteurs d'académie, qu'elle était à mes yeux une grande cause, une cause nationale. Elle s'inscrit dans la défense, plus large, de la diversité linguistique et culturelle. Nous ne voulons pas d'une Europe uniforme, qui s'unirait par défaut, autour de l'anglais comme seule langue.
C'est pourquoi j'ai fait figurer les mesures prises en faveur de l'enseignement des langues dans le texte même de la loi d'orientation pour l'avenir de l'Ecole, qui vient d'être votée par l'Assemblée nationale, et qui entrera en vigueur à partir de la rentrée prochaine. Parmi elles, j'ai voulu qu'une place particulière soit réservée à l'allemand. Vous savez que l'apprentissage de cette langue a connu au cours des dernières années un recul régulier. Il exigeait d'être enrayé par des dispositions spécifiques. La loi nouvelle affiche ainsi un objectif ambitieux et volontariste : augmenter de 20 % en cinq ans le nombre des élèves apprenant l'allemand.
Je n'en détaillerai pas toutes les mesures, mais j'en donnerai d'abord l'inspiration commune, qui est de rendre l'offre d'allemand plus attirante, d'assurer sa continuité tout au long du parcours scolaire, et enfin de garantir son maintien sur tout le territoire. Nous n'avons pas, à cet égard, d'approche géographique différenciée : dans un monde de plus en plus mobile, où la jeunesse est appelée à des déplacements lointains, nous ne croyons pas que la position frontalière des régions doive encore déterminer l'éducation qui y est offerte.
Deux mesures - parmi d'autres - manifestent cette ambition.
- En fin de 3e, sera introduite une certification conforme au cadre européen de référence pour les langues. Elle accordera aux élèves germanistes la reconnaissance de leurs efforts par un label européen de compétence. Nous avons fait sur ce point délicat le choix politique de la confiance, et je suis pour ma part ouvert à ce qu'une certification institutionnelle, commune à tous les Länder, comme celle que pourrait proposer la KMK, soit retenue. Nous formons toutefois des vux pour qu'un groupe de travail puisse en prendre connaissance, et l'évaluer dans les meilleurs délais. Le calendrier, en effet, est serré, puisque l'Education nationale doit disposer de cette certification avant la fin de l'année scolaire. Je ne doute pas, cher Peter Müller, mesdames et messieurs les ministres, que la même confiance guidera votre choix.
- Seconde mesure importante : les élèves titulaires de cette certification se verront ouvrir la possibilité d'effectuer un séjour en Allemagne, allant jusqu'à deux mois. Leurs efforts y trouveront à la fois une récompense, et une motivation. Je veillerai dans le même esprit à ce que les élèves de 2nde qui choisiront de passer leur année dans un établissement allemand puissent voir leur séjour validé dans de bonnes conditions, à leur retour en France.
Au terme de ces quelques mots, vous constatez, mesdames et messieurs les ministres, à quel point nous avons fait, en France, le choix du dynamisme, de l'ambition, du volontarisme. Le chef de l'Etat, et le gouvernement, ont eu le désir d'inscrire dans la loi même ce projet politique, et les moyens de sa réalisation. Votre appui ne saurait nous manquer à cet instant. Je viens vous le dire avec force : sans votre partenariat, sans votre engagement, sans un effort symétrique venu d'Allemagne, ce projet sera sans grande portée. Nous comptons sur votre mobilisation, nous en espérons les signes. Seule la réciprocité sera le gage de notre efficacité, et de notre réussite à long terme.
Nous avons encore, tout récemment, vu progresser en France l'engagement des académies dans le dispositif AbiBac. Sur ce double certificat, sur les partenariats qu'il réclame et sur la nécessité de son extension, je vous laisse, cher Peter Müller, la parole.
[M. Müller intervient sur :
- l'AbiBAc et son extension
- les mesures en faveur du français en Allemagne,
- la levée des obstacles à la mobilité des enseignants.]
En effet, cher Peter Müller, je partage pleinement votre avis, et nos enseignants doivent pouvoir travailler dans les meilleures conditions pour le pays partenaire, sans rencontrer d'obstacles administratifs ou statutaires inutiles.
C'est un mouvement que je me suis depuis longtemps attaché à rendre plus commode. Ainsi, nous pouvons d'ores et déjà accueillir en détachement des professeurs fonctionnaires allemands. Le décret du 2 mai 2002 encadre et organise leur intégration, à travers une commission d'équivalence déjà bien installée.
Il faut maintenant aller plus loin, et pour cela, faire deux pas importants, que je suis heureux d'annoncer aujourd'hui devant vous :
- d'ici quelques mois, un nouveau décret offrira aux professeurs français stagiaires la possibilité d'effectuer une partie significative de leur stage en Allemagne. Une convention souple servira de cadre au transfert ; elle sera signée entre le recteur de l'académie d'origine, et l'établissement de formation qui accueillera le stagiaire.
- Par ailleurs, comme je m'y étais engagé à Sarrebruck le 12 novembre dernier, un nouveau statut, qui sera sans doute celui de " professeur associé ", sera bientôt créé. Conçu pour les enseignants allemands qui, sans être fonctionnaires, ont déjà une expérience dans leur pays, il leur permettra d'enseigner pendant plusieurs années en France dans un cadre contractuel. Bénéficiant naturellement de conditions de travail et de rémunération conformes à leurs qualifications, ils pourront vivre de l'intérieur le système français d'enseignement, et l'enrichir de leurs compétences. Ils pourront, bien entendu, accéder aux concours français.
Voilà, je le crois, de très belles perspectives. Elles sont fondées sur la confiance que nous avons l'un l'autre dans nos systèmes d'enseignement respectifs. Elles encouragent leur convergence, dans le respect des spécificités nationales. Elles ne se réaliseront, une fois encore, que sous condition d'un engagement fervent des deux parties.
Fort de toute ma conviction personnelle, je continuerai avec vous, cher Peter Müller, d'en donner l'élan.
Et pour tracer dès aujourd'hui ces prolongements indispensables de nos rencontres, je vous lance, à vous tous, mesdames et messieurs les ministres de l'Enseignement des Länder allemands, une invitation pressante à venir au Mans, en novembre, rencontrer les recteurs d'académie français. Ils sont vos homologues, en termes d'échelle. Ils sont vos interlocuteurs. Ils seront vos partenaires. A travers eux, à travers vous, c'est le futur de nos deux pays que l'enseignement dessinera.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 14 mars 2005)