Texte intégral
Mesdames, Messieurs les inspecteurs d'académie, inspecteurs pédagogiques régionaux,
60 000 professeurs certifiés et agrégés dispensent en France un enseignement de langues étrangères. Nombreux, qualifié, ce corps enseignant bénéficie de moyens conséquents, qui permettent d'assurer aux élèves une exposition horaire importante sur l'ensemble de leur scolarité : 450 heures de LV2, entre 882 et 972 heures de LV1.
Comment ne pas s'étonner alors du retard persistant qu'accuse notre pays, dans toutes les évaluations comparatives internationales ? Comment ne pas s'en inquiéter, quand la mondialisation des échanges et les progrès de la construction européenne rendent chaque jour plus nécessaire la maîtrise des langues vivantes ?
Nous le savons : il faudrait que chaque jeune Français parle au moins une langue étrangère ; beaucoup, hélas, ne parviennent jamais au degré de maîtrise qui leur en permettrait l'usage quotidien, ou professionnel.
Vous partagez avec moi ces constats préoccupants, et c'est pourquoi je suis heureux que l'Inspection générale de l'Education nationale vous ait aujourd'hui réunis. Certaines faiblesses de notre système sont connues. On évoque le plus souvent des classes trop nombreuses, dans lesquelles la pratique de l'expression orale se trouve bridée. D'autres existent, que vos échanges permettront de dégager et de préciser. Je suis venu, quant à moi, évoquer devant vous les mesures indispensables que j'ai voulu inscrire dans la Loi d'orientation pour l'avenir de l'école, récemment votée. Elles entament une profonde rénovation de l'enseignement des langues vivantes, à laquelle je ne doute pas de vous trouver pleinement associés.
La Loi d'orientation place l'enseignement des langues étrangères au rang de ses priorités. Il ne s'agit pas ici d'une formule d'affichage : quiconque consultera la loi y trouvera cette volonté traduite en mesures claires et fortes.
o Chaque élève devra recevoir un enseignement dans deux langues étrangères. La maîtrise réelle d'une langue étrangère est inscrite parmi les compétences essentielles du socle commun.
o Cette compétence sera obligatoirement validée en fin de 3è par le nouveau diplôme national du brevet.
o Le niveau exigé, en fin de scolarité obligatoire, sera le niveau B1 pour la première langue, et le niveau A2 pour la deuxième ; en fin de lycée, le niveau B2 pour la première, et B1 pour la deuxième ; la référence à ces standards européens est en elle-même une nécessité et une opportunité.
o Une commission sur l'enseignement des langues étrangères est instituée dans chaque académie.
o Des enseignants et inspecteurs étrangers pourront enfin participer aux jurys des examens internationaux que nous voulons développer.
C'est là, vous le comprenez, mettre la barre très haut. A ces ambitions nouvelles - en dessous desquelles, je le répète, nous ne saurions nous tenir - il faut des moyens réels. La Loi, et notamment le chapitre du rapport annexé consacré à la " dimension européenne " de l'éducation, prend à cet effet un nombre important de mesures :
o Vous connaissez la valeur d'une familiarisation précoce avec les langues. La loi en tient compte. L'enseignement d'une langue étrangère sera progressivement étendu au CE1 et je demande qu'avant cette avancée, soit effectivement acquise sans délai la généralisation au CE2. La LV2 sera commencée en 5e. Dès la session 2006, une langue étrangère figurera au concours de recrutement des professeurs des Écoles.
o Vous savez également que l'enseignement des langues doit dépasser la langue elle-même, pour s'étendre à d'autres objets, d'autres situations de communication. Le nombre des sections européennes dans les collèges et lycées augmentera donc de 20% d'ici 2010. Dans chaque académie, à même échéance, un groupe d'établissements offrira deux sections internationales dans deux langues étrangères.
o Un traitement distinct sera réservé à l'enseignement de l'allemand, développé et valorisé au même titre que le français en Allemagne, dans une logique de réciprocité et d'échanges. Un objectif chiffré prévoit d'élever le nombre d'élèves germanistes de 20% dans les prochaines années. D'ici 2007, le dispositif franco-allemand AbiBac sera organisé dans toutes les académies.
o La communication orale et sa maîtrise seront prioritaires.
o Des opérations " école ouverte " en langues étrangères seront développées.
o La programmation budgétaire prévoit enfin d'accompagner l'ensemble de ces mesures par l'implantation de 10000 équivalents temps plein sur cinq ans. Ce qui nous amènera à ajuster les prévision d'emploi d'enseignants et dans le court terme si nécessaire d'assistants en langues.
Quel résultat attendons-nous d'un tel plan ? Celui de rendre à la France un rang digne d'elle, dans le concert linguistique européen.
Notre propre aggiornamento passe en effet par une pratique de l'évaluation commune. J'ai indiqué plus haut que des standards internationaux d'évaluation - A1, B1, - auraient désormais large cours. Dans les plus brefs délais, nous adopterons donc le Cadre européen de référence commun pour les langues du Conseil de l'Europe (CERC).
Les programmes des écoles et lycées prennent d'ores et déjà ce cadre commun en compte. Il constitue naturellement un point de référence pour la réforme en cours des programmes des collèges.
La loi prévoit d'élever de 20% la proportion d'élèves certifiés au niveau B1 du cadre européen, d'ici à 2010.
A court terme - dès juin 2006 pour les germanistes, aux termes du récent accord franco-allemand - nos élèves devraient se voir délivrer par nos professeurs les certifications européennes, qui seront progressivement adaptées aux examens nationaux.
J'ai chargé la direction de l'enseignement scolaire, en liaison avec le groupe " Langues vivantes " de l'Inspection générale, de la conception et du pilotage de ce plan de rénovation des langues, dans lequel un rôle essentiel vous est assigné.
Les inspecteurs pédagogiques régionaux seront en effet les chevilles ouvrières d'un processus qui commence, dès la rentrée prochaine, par le dédoublement des classes de langues des séries générales des lycées.
J'ai rappelé tout à l'heure les difficultés qu'opposaient à nos ambitions des effectifs trop nombreux. En anglais, en espagnol, notamment, ils s'accroissent aux dépens d'une pratique régulière et individuelle de l'oral.
Vous veillerez, en liaison avec les proviseurs et avec les services académiques, à ce que les classes soient effectivement dédoublées. Ces dédoublements seront assurés par les professeurs de l'établissement ou par des TZR. Ils concernent d'abord la LV1 ; n'excluons pas, lorsque cela est possible dans toute une académie, de les étendre à la LV2, voire à la LV3.
Quant aux assistants de langues étrangères, sous votre contrôle, ils seront prioritairement affectés à des séances de conversation organisées par le professeur de la classe. Ils interviendront là où ils sont les plus précieux, pour aider les élèves à surmonter leurs inhibitions, et à accéder à une expérience plus naturelle de la langue.
Je compte également sur vous pour donner une nouvelle impulsion à une pratique accrue de l'enseignement intensif des langues.
L'enseignement des langues s'étend actuellement sur sept ans dans le second degré, sur dix ans si l'on inclut l'école élémentaire. Un tel étalement vise l'imprégnation progressive. Il crée aussi, ne nous leurrons pas, des effets de dilution. Des stages intensifs dans le cadre "d'écoles ouvertes" sont souhaitables. De même des échanges avec des écoles ailleurs en Europe dans le cadre de jumelages.
Enfin, la loi prévoit le rassemblement des élèves par groupes de compétence, indépendamment de leur classe, de leur âge, du statut de la langue enseignée dans leur propre cursus. Cela donnera aux enseignants les moyens de mieux cibler la pédagogie en fonction du niveau.
Associé à des séances de conversation, et, lorsque cela est possible, à des séjours linguistiques, l'enseignement intensif ne manquera pas de démontrer son efficacité. La DESCO et l'Inspection générale tiennent à votre disposition la liste des établissements qui le pratiquent déjà. J'ai demandé que les membres du réseau des établissements français à l'étranger soient alertés, pour offrir rapidement à nos élèves des stages linguistiques de qualité. Je compte sur vos initiatives pour étendre, cet enseignement intensif dès la rentrée prochaine, et, dès aujourd'hui, je les encourage.
Un enseignement plus efficace des langues est indispensable. Il donne à notre jeunesse les clés d'une vie intellectuelle et professionnelle élargie. J'ai à cur d'en assurer les conditions, et je sais votre concours acquis à cette cause. La loi nous ouvre à cet égard des perspectives encourageantes. Je vous sais gré, par avance, du dynamisme avec lequel nous la mettrons en uvre ensemble et je demande à l'IGEN avec votre concours de m'en rendre compte régulièrement.
Vous avez par ailleurs observé que la loi prévoit la mise en place d'une commission par académie pour le suivi de l'enseignement des langues. Cette initiative parlementaire souligne, s'il en était besoin, que ce volet de la loi d'orientation est désormais l'un des aspects essentiels de la politique menée par l'Education nationale. Je m'y attacherai résolument, aussi bien dans le primaire et le secondaire que dans le supérieur. Cela donnera des résultats s'il y a une vraie mobilisation en particulier de l'encadrement. Tel est le sens de ma venue aujourd'hui, car telle sera votre mission au cours des prochains mois.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 5 avril 2005)
60 000 professeurs certifiés et agrégés dispensent en France un enseignement de langues étrangères. Nombreux, qualifié, ce corps enseignant bénéficie de moyens conséquents, qui permettent d'assurer aux élèves une exposition horaire importante sur l'ensemble de leur scolarité : 450 heures de LV2, entre 882 et 972 heures de LV1.
Comment ne pas s'étonner alors du retard persistant qu'accuse notre pays, dans toutes les évaluations comparatives internationales ? Comment ne pas s'en inquiéter, quand la mondialisation des échanges et les progrès de la construction européenne rendent chaque jour plus nécessaire la maîtrise des langues vivantes ?
Nous le savons : il faudrait que chaque jeune Français parle au moins une langue étrangère ; beaucoup, hélas, ne parviennent jamais au degré de maîtrise qui leur en permettrait l'usage quotidien, ou professionnel.
Vous partagez avec moi ces constats préoccupants, et c'est pourquoi je suis heureux que l'Inspection générale de l'Education nationale vous ait aujourd'hui réunis. Certaines faiblesses de notre système sont connues. On évoque le plus souvent des classes trop nombreuses, dans lesquelles la pratique de l'expression orale se trouve bridée. D'autres existent, que vos échanges permettront de dégager et de préciser. Je suis venu, quant à moi, évoquer devant vous les mesures indispensables que j'ai voulu inscrire dans la Loi d'orientation pour l'avenir de l'école, récemment votée. Elles entament une profonde rénovation de l'enseignement des langues vivantes, à laquelle je ne doute pas de vous trouver pleinement associés.
La Loi d'orientation place l'enseignement des langues étrangères au rang de ses priorités. Il ne s'agit pas ici d'une formule d'affichage : quiconque consultera la loi y trouvera cette volonté traduite en mesures claires et fortes.
o Chaque élève devra recevoir un enseignement dans deux langues étrangères. La maîtrise réelle d'une langue étrangère est inscrite parmi les compétences essentielles du socle commun.
o Cette compétence sera obligatoirement validée en fin de 3è par le nouveau diplôme national du brevet.
o Le niveau exigé, en fin de scolarité obligatoire, sera le niveau B1 pour la première langue, et le niveau A2 pour la deuxième ; en fin de lycée, le niveau B2 pour la première, et B1 pour la deuxième ; la référence à ces standards européens est en elle-même une nécessité et une opportunité.
o Une commission sur l'enseignement des langues étrangères est instituée dans chaque académie.
o Des enseignants et inspecteurs étrangers pourront enfin participer aux jurys des examens internationaux que nous voulons développer.
C'est là, vous le comprenez, mettre la barre très haut. A ces ambitions nouvelles - en dessous desquelles, je le répète, nous ne saurions nous tenir - il faut des moyens réels. La Loi, et notamment le chapitre du rapport annexé consacré à la " dimension européenne " de l'éducation, prend à cet effet un nombre important de mesures :
o Vous connaissez la valeur d'une familiarisation précoce avec les langues. La loi en tient compte. L'enseignement d'une langue étrangère sera progressivement étendu au CE1 et je demande qu'avant cette avancée, soit effectivement acquise sans délai la généralisation au CE2. La LV2 sera commencée en 5e. Dès la session 2006, une langue étrangère figurera au concours de recrutement des professeurs des Écoles.
o Vous savez également que l'enseignement des langues doit dépasser la langue elle-même, pour s'étendre à d'autres objets, d'autres situations de communication. Le nombre des sections européennes dans les collèges et lycées augmentera donc de 20% d'ici 2010. Dans chaque académie, à même échéance, un groupe d'établissements offrira deux sections internationales dans deux langues étrangères.
o Un traitement distinct sera réservé à l'enseignement de l'allemand, développé et valorisé au même titre que le français en Allemagne, dans une logique de réciprocité et d'échanges. Un objectif chiffré prévoit d'élever le nombre d'élèves germanistes de 20% dans les prochaines années. D'ici 2007, le dispositif franco-allemand AbiBac sera organisé dans toutes les académies.
o La communication orale et sa maîtrise seront prioritaires.
o Des opérations " école ouverte " en langues étrangères seront développées.
o La programmation budgétaire prévoit enfin d'accompagner l'ensemble de ces mesures par l'implantation de 10000 équivalents temps plein sur cinq ans. Ce qui nous amènera à ajuster les prévision d'emploi d'enseignants et dans le court terme si nécessaire d'assistants en langues.
Quel résultat attendons-nous d'un tel plan ? Celui de rendre à la France un rang digne d'elle, dans le concert linguistique européen.
Notre propre aggiornamento passe en effet par une pratique de l'évaluation commune. J'ai indiqué plus haut que des standards internationaux d'évaluation - A1, B1, - auraient désormais large cours. Dans les plus brefs délais, nous adopterons donc le Cadre européen de référence commun pour les langues du Conseil de l'Europe (CERC).
Les programmes des écoles et lycées prennent d'ores et déjà ce cadre commun en compte. Il constitue naturellement un point de référence pour la réforme en cours des programmes des collèges.
La loi prévoit d'élever de 20% la proportion d'élèves certifiés au niveau B1 du cadre européen, d'ici à 2010.
A court terme - dès juin 2006 pour les germanistes, aux termes du récent accord franco-allemand - nos élèves devraient se voir délivrer par nos professeurs les certifications européennes, qui seront progressivement adaptées aux examens nationaux.
J'ai chargé la direction de l'enseignement scolaire, en liaison avec le groupe " Langues vivantes " de l'Inspection générale, de la conception et du pilotage de ce plan de rénovation des langues, dans lequel un rôle essentiel vous est assigné.
Les inspecteurs pédagogiques régionaux seront en effet les chevilles ouvrières d'un processus qui commence, dès la rentrée prochaine, par le dédoublement des classes de langues des séries générales des lycées.
J'ai rappelé tout à l'heure les difficultés qu'opposaient à nos ambitions des effectifs trop nombreux. En anglais, en espagnol, notamment, ils s'accroissent aux dépens d'une pratique régulière et individuelle de l'oral.
Vous veillerez, en liaison avec les proviseurs et avec les services académiques, à ce que les classes soient effectivement dédoublées. Ces dédoublements seront assurés par les professeurs de l'établissement ou par des TZR. Ils concernent d'abord la LV1 ; n'excluons pas, lorsque cela est possible dans toute une académie, de les étendre à la LV2, voire à la LV3.
Quant aux assistants de langues étrangères, sous votre contrôle, ils seront prioritairement affectés à des séances de conversation organisées par le professeur de la classe. Ils interviendront là où ils sont les plus précieux, pour aider les élèves à surmonter leurs inhibitions, et à accéder à une expérience plus naturelle de la langue.
Je compte également sur vous pour donner une nouvelle impulsion à une pratique accrue de l'enseignement intensif des langues.
L'enseignement des langues s'étend actuellement sur sept ans dans le second degré, sur dix ans si l'on inclut l'école élémentaire. Un tel étalement vise l'imprégnation progressive. Il crée aussi, ne nous leurrons pas, des effets de dilution. Des stages intensifs dans le cadre "d'écoles ouvertes" sont souhaitables. De même des échanges avec des écoles ailleurs en Europe dans le cadre de jumelages.
Enfin, la loi prévoit le rassemblement des élèves par groupes de compétence, indépendamment de leur classe, de leur âge, du statut de la langue enseignée dans leur propre cursus. Cela donnera aux enseignants les moyens de mieux cibler la pédagogie en fonction du niveau.
Associé à des séances de conversation, et, lorsque cela est possible, à des séjours linguistiques, l'enseignement intensif ne manquera pas de démontrer son efficacité. La DESCO et l'Inspection générale tiennent à votre disposition la liste des établissements qui le pratiquent déjà. J'ai demandé que les membres du réseau des établissements français à l'étranger soient alertés, pour offrir rapidement à nos élèves des stages linguistiques de qualité. Je compte sur vos initiatives pour étendre, cet enseignement intensif dès la rentrée prochaine, et, dès aujourd'hui, je les encourage.
Un enseignement plus efficace des langues est indispensable. Il donne à notre jeunesse les clés d'une vie intellectuelle et professionnelle élargie. J'ai à cur d'en assurer les conditions, et je sais votre concours acquis à cette cause. La loi nous ouvre à cet égard des perspectives encourageantes. Je vous sais gré, par avance, du dynamisme avec lequel nous la mettrons en uvre ensemble et je demande à l'IGEN avec votre concours de m'en rendre compte régulièrement.
Vous avez par ailleurs observé que la loi prévoit la mise en place d'une commission par académie pour le suivi de l'enseignement des langues. Cette initiative parlementaire souligne, s'il en était besoin, que ce volet de la loi d'orientation est désormais l'un des aspects essentiels de la politique menée par l'Education nationale. Je m'y attacherai résolument, aussi bien dans le primaire et le secondaire que dans le supérieur. Cela donnera des résultats s'il y a une vraie mobilisation en particulier de l'encadrement. Tel est le sens de ma venue aujourd'hui, car telle sera votre mission au cours des prochains mois.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 5 avril 2005)