Texte intégral
Jean-Michel APHATIE : Bonjour François Fillon. C'était un peu le bazar à Nîmes, Alain Duhamel vient d'en parler : lundi, lundi de Pâques, on devait travailler à Nîmes, les écoles étaient ouvertes puisque les Nîmois voulaient préserver leur lundi de Pentecôte pour la féria. Les écoles étaient ouvertes, mais comme les parents travaillaient ils n'ont pas envoyé les enfants, les bus scolaires étaient vides. On a dépensé de l'argent pour rien. C'est pas comme ça qu'on va financer la journée de solidarité envers les plus âgés, c'était la décision du gouvernement après la canicule de 2003.
François FILLON : C'est pas en tout cas en ne faisant rien et en ne travaillant pas plus qu'on pourra le faire. Donc je crois qu'il faut attendre un peu. Ce sont des traditions qui sont très ancrées dans les habitudes des Français. Ce n'est pas en une année, et en une seule fois, alors même que le lundi de Pentecôte n'est pas encore passé qu'on peut juger de cette mesure.
Q - Vous redoutez ce lundi de Pentecôte, travaillé ?
R - Je pense qu'il faudra un peu de temps pour ancrer dans l'esprit des Français de nouvelles habitudes sur ce sujet.
Q - C'est une manière de dire que vous le redoutez ce lundi de Pentecôte. Jean Léonetti, député UDF qui est chargé d'une mission, on l'a entendu au micro de Philippe Corbé tout à l'heure, a une idée. Il dit : "il vaut mieux prendre un jour de Toussaint" tiens du coup.
R - Oui c'est une vieille idée du groupe UMP, qu'on n'a pas pu mettre en oeuvre pour cette année puisque les délais étaient déjà dépassés. Les entreprises ont payé l'impôt de solidarité qui correspond à cette journée de travail supplémentaire. Il fallait donc que cette journée de travail supplémentaire ait lieu avant l'été. On verra bien, et le Premier Ministre l'a dit, si l'année prochaine une autre solution est possible.
Q - Pas facile non plus entre les syndicats de fonctionnaires et le ministre de la Fonction Publique hier, Renaud Dutreil. Pas d'accord trouvé ! Alors finalement le gouvernement a décidé d'augmenter unilatéralement les salaires des fonctionnaires cette année, de 0,8 %. Vous espérez que votre rapport avec les enseignants sera, du coup, un peu moins difficile qu'il l'est ? On sent beaucoup de grogne dans votre ministère François Fillon.
R - Ce n'est pas anormal que le sujet soit difficile, puisque c'est depuis 2001 que les fonctionnaires estiment avoir perdu une partie de leur pouvoir d'achat. Et cette situation est liée directement à la situation financière de notre pays. On a un déficit record, on finance par emprunts pendant près de trois mois de l'année nos dépenses courantes de fonctionnement. C'est une situation qui est explosive. C'est une situation qui ne peut pas durer.
Q - C'est assez rare d'entendre un ministre dire ça tiens. "Situation explosive qui ne peut pas durer" ?
R - Oui et qui malheureusement dure déjà depuis un certain nombre d'années, mais qui menace sur le moyen et sur le long terme l'avenir même de notre pays. On ne pourra pas éternellement pousser devant nous cette dette en la renvoyant aux générations suivantes. Et la seule réponse finalement qui a été trouvée à cette situation, qui a été apportée à cette situation, ça a été la réponse de la diminution du temps de travail, qui était évidemment la réponse contraire à ce qu'il fallait faire. Donc le gouvernement est dans une situation difficile ! Les fonctionnaires eux-mêmes ont évidemment des raisons de se plaindre. Je pense que la proposition qu'a faite Renaud Dutreil, la décision qui a été prise hier soir, à la demande du Premier Ministre, une augmentation de 0,8 qui vient après une augmentation de 1, donc c'est en fait la couverture de l'augmentation des prix de cette année. C'est une manière de remettre les compteurs à zéro, de rétablir un climat de confiance pour rentrer dans une négociation qui va se poursuivre sur d'autres sujets. C'est-à-dire : comment améliorer le fonctionnement, la productivité de la Fonction Publique pour permettre de mieux traiter les fonctionnaires dans un équilibre financier qui doit être amélioré.
Q - Mais au début de l'année le gouvernement avait décidé, vous l'avez dit, on l'a juste compris dans votre phrase, d'augmenter seulement de 1 % les salaires de la Fonction Publique, en 2005. Et Renaud Dutreil disait, "précisément parce que la situation budgétaire est très difficile, je n'ai pas d'argent sous le tapis".
R - Il n'y en a pas plus aujourd'hui !
Q - Alors comment se fait-il qu'on puisse augmenter aujourd'hui de 0,8 ?
R - Il n'y en a pas plus aujourd'hui. Ça veut dire que les 250 millions d'euros qui sont nécessaires à cette augmentation de 0,8 il va falloir les trouver sur le budget de l'Etat, tel qu'il a été voté.
Q - Vous êtes partisan de la rigueur hein François Fillon ?
R - Ce n'est pas une question de rigueur. D'abord la rigueur c'est bien autre chose quand on regarde ce qui passe dans d'autres pays autour de nous.
Q - Ah sans doute oui, sans doute.
R - On ne peut pas dire qu'on soit dans un pays qui soit géré avec rigueur !
Q - Il est géré avec laxisme ?
R - Non ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
Q - D'accord je voulais vous le faire préciser.
R - Le mot de "rigueur" est un mot qui s'applique à des décisions plus drastiques que celles que nous prenons. Mais il est indispensable sur la durée de réduire le déficit de la France, sinon la France ne pourra pas se moderniser, la France ne sera pas en mesure de tenir son rang dans la compétition internationale. Et c'est donc notre mode de vie qui sera remis en cause.
Q - C'est presqu'île candidature au ministère des finances que vous faites ce matin.
R - Oh non non je ne suis candidat à rien du tout !
Q - Certains font le lien entre la montée du non au référendum et cette nouvelle augmentation de 0,8 % pour les fonctionnaires. Du mauvais esprit ?
R - Je crois que ce sont tout à fait des mauvais esprits. Les fonctionnaires ont manifesté leur mécontentement. Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce mécontentement il est compréhensible, parce que cette question n'est pas réglée depuis longtemps, même si j'ai dit que nous n'avions pas non plus tous les moyens de la régler. La montée du non c'est autre chose et c'est sans doute plus profond par rapport au fonctionnement de notre pays que cette question de l'augmentation des fonctionnaires.
Q - Mais c'est parce qu'il y a du mécontentement social qu'on le retrouve peut-être dans les sondages, avec des gens qui disent à propos de la Constitution Européenne : "on votera non", ce qui est aussi une façon de voter contre le gouvernement.
R - C'est sûrement, et à l'occasion de chaque référendum c'est comme ça que les choses se passent mais je crois qu'il y a des raisons bien plus profondes. La France est un pays aujourd'hui qui a peur de l'avenir, c'est un pays qui a peur de ce que j'ai envie d'appeler "le nouveau monde" qui est en train de se construire. Et une partie des Français, dans ce climat de peur, est tenté par le repli, par le non, en ne voyant pas qu'au contraire la nouvelle Constitution Européenne est une réponse, est un outil pour permettre à la France de mieux affronter ce nouveau monde.
Q - Est-il temps, est-il urgent que Jacques Chirac intervienne dans ce débat François Fillon ?
R - D'abord il est temps que la campagne prenne toute l'ampleur - la campagne du oui naturellement - qu'elle doit prendre.
Q - Qui n'a pas été bonne jusque là ?
R - Elle n'a sûrement pas été bonne puisque les résultats des sondages ne sont pas bons ! Et pour ce qui me concerne, je vais m'engager totalement dans cette campagne. Avec tous mes amis, qui ont voté comme moi "non à Maastricht", nous allons expliquer dans toute la France pourquoi ceux qui ont voté non à Maastricht ont toutes les raisons aujourd'hui de voter oui à la Constitution, parce qu'il y a beaucoup dans cette Constitution de réponses aux critiques que nous faisions à l'époque : sur le déficit de démocratie, sur l'absence de politique économique et sociale. Et je crois que c'est très important de montrer aux Français que cette Constitution, ce n'est pas une Constitution qui permet simplement de poursuivre l'Europe, que beaucoup d'entre eux n'aiment pas, comme elle est aujourd'hui. C'est une Constitution qui donne des outils pour la transformer.
Q - Ma question c'était : est-il temps, est-il urgent que Jacques Chirac intervienne ?
R - Il faut que Jacques Chirac rentre dans la bataille, et il va le faire, naturellement.
Q - Rapidement ?
R - Il ne faut sans doute pas qu'il le fasse trop tôt. Ce que j'ai simplement voulu dire il y a quelques jours, c'est que c'est lui qui pourra prendre la décision.
Q - François Fillon, ministre d'une France, qui a peur, c'est ça hein ? était l'invité d'RTL ce matin.
R - Et qui a besoin de retrouver foi dans l'avenir.
Q - Bonne journée.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 30 mars 2005)
François FILLON : C'est pas en tout cas en ne faisant rien et en ne travaillant pas plus qu'on pourra le faire. Donc je crois qu'il faut attendre un peu. Ce sont des traditions qui sont très ancrées dans les habitudes des Français. Ce n'est pas en une année, et en une seule fois, alors même que le lundi de Pentecôte n'est pas encore passé qu'on peut juger de cette mesure.
Q - Vous redoutez ce lundi de Pentecôte, travaillé ?
R - Je pense qu'il faudra un peu de temps pour ancrer dans l'esprit des Français de nouvelles habitudes sur ce sujet.
Q - C'est une manière de dire que vous le redoutez ce lundi de Pentecôte. Jean Léonetti, député UDF qui est chargé d'une mission, on l'a entendu au micro de Philippe Corbé tout à l'heure, a une idée. Il dit : "il vaut mieux prendre un jour de Toussaint" tiens du coup.
R - Oui c'est une vieille idée du groupe UMP, qu'on n'a pas pu mettre en oeuvre pour cette année puisque les délais étaient déjà dépassés. Les entreprises ont payé l'impôt de solidarité qui correspond à cette journée de travail supplémentaire. Il fallait donc que cette journée de travail supplémentaire ait lieu avant l'été. On verra bien, et le Premier Ministre l'a dit, si l'année prochaine une autre solution est possible.
Q - Pas facile non plus entre les syndicats de fonctionnaires et le ministre de la Fonction Publique hier, Renaud Dutreil. Pas d'accord trouvé ! Alors finalement le gouvernement a décidé d'augmenter unilatéralement les salaires des fonctionnaires cette année, de 0,8 %. Vous espérez que votre rapport avec les enseignants sera, du coup, un peu moins difficile qu'il l'est ? On sent beaucoup de grogne dans votre ministère François Fillon.
R - Ce n'est pas anormal que le sujet soit difficile, puisque c'est depuis 2001 que les fonctionnaires estiment avoir perdu une partie de leur pouvoir d'achat. Et cette situation est liée directement à la situation financière de notre pays. On a un déficit record, on finance par emprunts pendant près de trois mois de l'année nos dépenses courantes de fonctionnement. C'est une situation qui est explosive. C'est une situation qui ne peut pas durer.
Q - C'est assez rare d'entendre un ministre dire ça tiens. "Situation explosive qui ne peut pas durer" ?
R - Oui et qui malheureusement dure déjà depuis un certain nombre d'années, mais qui menace sur le moyen et sur le long terme l'avenir même de notre pays. On ne pourra pas éternellement pousser devant nous cette dette en la renvoyant aux générations suivantes. Et la seule réponse finalement qui a été trouvée à cette situation, qui a été apportée à cette situation, ça a été la réponse de la diminution du temps de travail, qui était évidemment la réponse contraire à ce qu'il fallait faire. Donc le gouvernement est dans une situation difficile ! Les fonctionnaires eux-mêmes ont évidemment des raisons de se plaindre. Je pense que la proposition qu'a faite Renaud Dutreil, la décision qui a été prise hier soir, à la demande du Premier Ministre, une augmentation de 0,8 qui vient après une augmentation de 1, donc c'est en fait la couverture de l'augmentation des prix de cette année. C'est une manière de remettre les compteurs à zéro, de rétablir un climat de confiance pour rentrer dans une négociation qui va se poursuivre sur d'autres sujets. C'est-à-dire : comment améliorer le fonctionnement, la productivité de la Fonction Publique pour permettre de mieux traiter les fonctionnaires dans un équilibre financier qui doit être amélioré.
Q - Mais au début de l'année le gouvernement avait décidé, vous l'avez dit, on l'a juste compris dans votre phrase, d'augmenter seulement de 1 % les salaires de la Fonction Publique, en 2005. Et Renaud Dutreil disait, "précisément parce que la situation budgétaire est très difficile, je n'ai pas d'argent sous le tapis".
R - Il n'y en a pas plus aujourd'hui !
Q - Alors comment se fait-il qu'on puisse augmenter aujourd'hui de 0,8 ?
R - Il n'y en a pas plus aujourd'hui. Ça veut dire que les 250 millions d'euros qui sont nécessaires à cette augmentation de 0,8 il va falloir les trouver sur le budget de l'Etat, tel qu'il a été voté.
Q - Vous êtes partisan de la rigueur hein François Fillon ?
R - Ce n'est pas une question de rigueur. D'abord la rigueur c'est bien autre chose quand on regarde ce qui passe dans d'autres pays autour de nous.
Q - Ah sans doute oui, sans doute.
R - On ne peut pas dire qu'on soit dans un pays qui soit géré avec rigueur !
Q - Il est géré avec laxisme ?
R - Non ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
Q - D'accord je voulais vous le faire préciser.
R - Le mot de "rigueur" est un mot qui s'applique à des décisions plus drastiques que celles que nous prenons. Mais il est indispensable sur la durée de réduire le déficit de la France, sinon la France ne pourra pas se moderniser, la France ne sera pas en mesure de tenir son rang dans la compétition internationale. Et c'est donc notre mode de vie qui sera remis en cause.
Q - C'est presqu'île candidature au ministère des finances que vous faites ce matin.
R - Oh non non je ne suis candidat à rien du tout !
Q - Certains font le lien entre la montée du non au référendum et cette nouvelle augmentation de 0,8 % pour les fonctionnaires. Du mauvais esprit ?
R - Je crois que ce sont tout à fait des mauvais esprits. Les fonctionnaires ont manifesté leur mécontentement. Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce mécontentement il est compréhensible, parce que cette question n'est pas réglée depuis longtemps, même si j'ai dit que nous n'avions pas non plus tous les moyens de la régler. La montée du non c'est autre chose et c'est sans doute plus profond par rapport au fonctionnement de notre pays que cette question de l'augmentation des fonctionnaires.
Q - Mais c'est parce qu'il y a du mécontentement social qu'on le retrouve peut-être dans les sondages, avec des gens qui disent à propos de la Constitution Européenne : "on votera non", ce qui est aussi une façon de voter contre le gouvernement.
R - C'est sûrement, et à l'occasion de chaque référendum c'est comme ça que les choses se passent mais je crois qu'il y a des raisons bien plus profondes. La France est un pays aujourd'hui qui a peur de l'avenir, c'est un pays qui a peur de ce que j'ai envie d'appeler "le nouveau monde" qui est en train de se construire. Et une partie des Français, dans ce climat de peur, est tenté par le repli, par le non, en ne voyant pas qu'au contraire la nouvelle Constitution Européenne est une réponse, est un outil pour permettre à la France de mieux affronter ce nouveau monde.
Q - Est-il temps, est-il urgent que Jacques Chirac intervienne dans ce débat François Fillon ?
R - D'abord il est temps que la campagne prenne toute l'ampleur - la campagne du oui naturellement - qu'elle doit prendre.
Q - Qui n'a pas été bonne jusque là ?
R - Elle n'a sûrement pas été bonne puisque les résultats des sondages ne sont pas bons ! Et pour ce qui me concerne, je vais m'engager totalement dans cette campagne. Avec tous mes amis, qui ont voté comme moi "non à Maastricht", nous allons expliquer dans toute la France pourquoi ceux qui ont voté non à Maastricht ont toutes les raisons aujourd'hui de voter oui à la Constitution, parce qu'il y a beaucoup dans cette Constitution de réponses aux critiques que nous faisions à l'époque : sur le déficit de démocratie, sur l'absence de politique économique et sociale. Et je crois que c'est très important de montrer aux Français que cette Constitution, ce n'est pas une Constitution qui permet simplement de poursuivre l'Europe, que beaucoup d'entre eux n'aiment pas, comme elle est aujourd'hui. C'est une Constitution qui donne des outils pour la transformer.
Q - Ma question c'était : est-il temps, est-il urgent que Jacques Chirac intervienne ?
R - Il faut que Jacques Chirac rentre dans la bataille, et il va le faire, naturellement.
Q - Rapidement ?
R - Il ne faut sans doute pas qu'il le fasse trop tôt. Ce que j'ai simplement voulu dire il y a quelques jours, c'est que c'est lui qui pourra prendre la décision.
Q - François Fillon, ministre d'une France, qui a peur, c'est ça hein ? était l'invité d'RTL ce matin.
R - Et qui a besoin de retrouver foi dans l'avenir.
Q - Bonne journée.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 30 mars 2005)