Texte intégral
Jean-Jacques BOURDIN.- Merci dêtre avec nous. Je lisais linterview de J.-P. Raffarin ce matin dans Nice Matin. Il reconnaît que sa promesse de baisser de 10% le nombre de chômeurs en 2005 ne sera pas tenue. Commentaire.
François BAROIN.- Non, je crois que...
Jean-Jacques BOURDIN.- Pourquoi avoir fait cette promesse ?
François BAROIN.- Dabord, il y a une part de volontarisme dans toute action politique.
Jean-Jacques BOURDIN.- Cest un peu hâtif, peut-être, non ?
François BAROIN.- Non, non. Vous savez comment on prépare une loi de finance, on la prépare sur les bases dindicateurs économiques ; les indicateurs économiques, à un instant T vous disent : « on fera 2,5 ou 3% de croissance ». On sait quentre 2,5 et 3% de croissance on crée de lemploi, on crée de linvestissement, on crée de lactivité économique, on crée de laugmentation de richesses. Donc ce nest pas absurde dimaginer une baisse du chômage dans ces perspectives-là. Maintenant, dès quil y a un ralentissement, on sait quen-dessous - et cest mécanique - en-dessous de 2,5%, on crée du chômage. Donc entre 2 et 2,5, on stabilise, et en-dessous, on crée du chômage. Voilà pourquoi, je crois quil faut ajuster en réalité le discours politique et la perspective de réduction du chômage à lévolution économique. Il faut aussi savoir... ...
Jean-Jacques BOURDIN.- Se garder daller trop vite, parfois.
François BAROIN.- Cest du volontarisme.
Jean-Jacques BOURDIN.- F. Baroin ne veut pas en dire plus. Le chômage, on y reviendra évidemment. On va parler de lEurope, abondamment, pendant cette demi-heure. Fillon doit-il tenir bon face aux lycéens ?
François BAROIN.- Je crois que dabord il a déjà tenu bon, en ayant une méthode qui a été critiquée à certains égards et qui en réalité à permis de faire passer la loi. Quand il y a eu le problème sur le BAC, il faut quand même rappeler quel était le sujet : on demande aux gens et aux jeunes en particulier « est-ce que vous êtes pour ou contre le contrôle continu ? ». Tout le monde, pendant 15 ans, pour ceux qui ont regardé les problèmes de lEducation nationale, était favorable au contrôle continu, cest-à dire en terminer avec ce BAC-guillotine, couperet, qui pendant trois jours vous mobilise et puis après cest "oui" ou "non". Cest "oui" ou "non" pour léducation des parents, parce que cest une sanction, cest "oui" ou "non" pour les enfants sur le thème : cest ma liberté, maintenant je fais ce que je veux. Donc le contrôle continue apparaissait comme quelque chose de positif. Et puis, les temps ont peut-être changé, le sentiment dégalité entre les lycées fait quil y a une demande plus pressante des lycéens, elle a été entendue, on a retiré cet aspect des choses et le texte est voté. Alors, maintenant, il y a une contestation sur une loi votée, cest différent. Quil y ait une contestation sur une loi en discussion, cest le jeu démocratique et cest légitime. Quil y ait une remise en cause avec des actes un peu violents et des blocages de lycées à lissue dune loi votée, là cest plus contestable et cest la raison pour laquelle non seulement Fillon doit tenir bon, mais aussi on doit faire en sorte que les lycéens puissent convenablement préparer leur BAC et aller dans leur bahut.
Jean-Jacques BOURDIN.- Pensez-vous que les lycéens soient manipulés ?
François BAROIN.- Je ne dirais pas ça, dabord parce que les lycéens, ils sont assez grands, cest des jeunes adultes. Aujourdhui, à 13/14 ans, on a son système de valeurs, ils sont assez informés, assez, évidemment, intelligents et assez grands pour savoir ce quils ont à faire. Donc, quil y ait derrière quelques personnes qui ont la nostalgie de 68 et qui, à chaque fois quil y a des jeunes dans la rue, souhaitent toucher les droits dauteur sur les passages de ces jeunes sur les pavés parisiens ou dans les autres grandes villes, ça peut exister. Que ce soit dominant et que, en quelque sorte, ce soit une mauvaise manière faite à lintelligence des lycéens, il y a un pas que je ne veux pas franchir.
Jean-Jacques BOURDIN.- Est-ce quun candidat de lUMP, en 2007, contre J. Chirac, cest envisageable ? F. Baroin, franchement.
François BAROIN.- Ça a été dit.
Jean-Jacques BOURDIN.- Ça a été dit par N. Sarkozy. Est-ce envisageable ?
François BAROIN.- Je suis dans une ligne qui est très simple : avant denvisager toute question présidentielle, on a le 29 mai, cest dailleurs lune des raisons pour lesquelles vous mavez invité...
Jean-Jacques BOURDIN.- Exactement. ...
François BAROIN.- Un référendum, un référendum sur lEurope.
Jean-Jacques BOURDIN.- Donc on ne peut pas en parler. Donc Sarkozy a commis une erreur den parler, si je vous comprends bien ?
François BAROIN.- Non, mais au moins, il a le mérite dêtre très direct et très clair : il a dit depuis le départ que cétait un objectif qui lintéressait. Donc il est dans sa logique et dans sa trajectoire.
Jean-Jacques BOURDIN.- Mais cest ce que lon a retenu. On na pas retenu de lintervention de N. Sarkozy...
François BAROIN.- Cest dommage, parce quil avait été très bon sur la partie européenne.
Jean-Jacques BOURDIN.- Oui, daccord, mais enfin, à 22h30 il était très bon.
François BAROIN.- Mais cétait un peu tard, peut-être, pour lui poser la question sur les affaires européennes. Mais il nest pas trop tard pour commencer sur la question européenne.
Jean-Jacques BOURDIN.- Enfin, il aurait pu ne pas dire ce quil a dit sur la présidentielle de 2007, ce qui naurait pas été repris. Sil la dit, cest quil avait lintention de le dire. Cétait cousu de fil blanc, franchement, F. Baroin.
François BAROIN.- Je vais vous donner ma conviction profonde : le 29 mai, si cest le "non" qui lemporte, il y aura des cartes qui seront rebattues dans tous les sens...
Jean-Jacques BOURDIN.- On va changer de Premier ministre ? Il faudra changer de Premier ministre si le non lemporte ?
François BAROIN.- Rien nincline à penser quil y aura un changement de quoi que ce soit. En tout cas, Raffarin, je trouve, a bien résumé : le vote du 29 mai, ce nest pas une motion de confiance et ce nest pas une motion de censure, cest-à-dire que le vote est totalement indépendant de lorientation de la politique du Gouvernement et de la politique de Chirac. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que, si on est à gauche, que lon est PS, que lon est plutôt tenté par le "oui" mais quon se dit « on va encore voter pour Chirac », quils soient tranquilles, ce nest pas cela qui conditionnera leur orientation politique et ça nest pas un soutien à Chirac ni un soutien ou un désaveu de Raffarin.
Jean-Jacques BOURDIN.- Un Premier ministre a 28% dopinion favorable peut-il vraiment conduire à la victoire les partisans du "oui" au référendum ? Franchement ?
François BAROIN.- Si vous voulez, ce nest pas une question Chirac, ce nest pas une question Raffarin. Cest une question qui est posée dans 25 pays en Europe. On nest pas dans le cadre de la dissolution de 97, où, là, on pouvait, légitimement, lorsque le président de la République dit : « Je sens comme un souffle qui sen va », dire « eh bien, on va changer de Gouvernement », ce que les Français ont souverainement choisi. Là, on est quand une question qui se pose en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Hollande, aux Pays-Bas, en Belgique et avec les nouveaux entrants. Cest la même question. Donc, ce nest pas une question Chirac et ce nest pas une question Raffarin. Ça cest de côté. Alors, maintenant, on a une question européenne qui est assez simple : est-ce que vous voulez que ça change ? Dans ce cas là cest "oui". Est ce que vous voulez le statu quo, dans ce cas là, cest "non".
Jean-Jacques BOURDIN.- Ce serait un drame de dire non, franchement ?
François BAROIN.- Non. Quest-ce qui se passe, le 30 mai, si cest le "non" ? On revient au fonctionnement précédant, on revient au traité précédent.
Jean-Jacques BOURDIN.- Et on renégocie une nouvelle Constitution, on réécrit une nouvelle Constitution.
François BAROIN.- Ce nest même pas sûr, parce que cest la France qui a souhaité, avec, en particulier les grands pays notamment lAllemagne, cette Constitution. Cest la France avec les grands pays qui ont dit : on ne peut plus fonctionner comme ça. Cest la France et quelques autres grands pays qui ont dit : « il faut que lon préserve le modèle social européen ». Cest la France et quelques grands pays qui ont dit : puisque certains pays veulent bloquer, nous on va trouver un mode de fonctionnement en commun, qui sappelle une Constitution, pour continuer davancer, défendre nos intérêts, lutter contre les délocalisations et permettre à la France de peser, en particulier avec lEurope, vis-à-vis des Etats-Unis pour éviter davoir une mondialisation totalement alignée sur Washington. Eh bien, si on veut de ça, on vote "oui", si on veut fonctionner avec Amsterdam, Maastricht et le Traité de Nice, cest-à-dire un fonctionnement prévu pour, au départ, dix, douze puis quinze et maintenant 25, on est sûr que cest lenlisement. Donc, à la question « est-ce que cest la crise ? » la réponse est "non", ce sera un enkystement : pas de renégociation probablement et pas de discussion sur une nouvelle Constitution avant des années.
Jean-Jacques BOURDIN.- Je lis P. de Villiers, déclaration faite hier : "on vient dapprendre que D. Bussereau a décidé denvoyer une lettre aux 600.000 agriculteurs pour leur confirmer que désormais leurs congés seraient payés en partie par lEtat. Cest le début de nouvelle procédure de lachat des voix du "oui". Bientôt, monsieur Borloo écrira aux chômeurs pour leur dire que si le "oui" gagne ils auront un emploi ; aux chasseurs, on va promettre des lapins et aux pêcheurs des truites géantes.
François BAROIN.- Je souhaite que le Gouvernement soit capable de proposer des truites géantes aux pêcheurs, je souhaite quil y ait un peu plus de lapins sans myxomatose et je souhaite naturellement que tout le monde soit content.
Jean-Jacques BOURDIN.- Est-ce que vous êtes en train dacheter les voix, des voix pour le oui ?
François BAROIN.- De Villiers est un habitué des petites formules, celle-ci est assez amusante et en même temps les petites formules, ça na jamais fait les grandes politiques et ça a souvent basculé dans la caricature. A la question : « est-ce que de Villiers a raison ? », la réponse est non.Question : « est-ce que de Villiers est dans son style ? », la réponse est oui. Quel style : la caricature.
Jean-Jacques BOURDIN.- Oui, mais à propos des agriculteurs, il na pas tort. Jai vu que la participation de lEtat pourra atteindre jusquà 50 % du coût de laccès aux services de remplacement pour les agriculteurs pendant des jours de repos. Cela veut dire quun agriculteur prend des jours de repos, il est remplacé et, sous forme de crédit dimpôt, on va lui payer la moitié de ses vacances.
François BAROIN.- Ça veut dire que dès que lon est en campagne, dès quil y a une action importante de consultation nationale, le Gouvernement ne peut plus rien faire. On ne peut pas tenir deux discours, on ne peut pas dire dun côté « le Gouvernement nest pas en cause dans cette affaire » et en même temps lui reprocher dagir. On ne peut pas souhaiter son absence mais en même temps exiger son silence alors que la vie continue. Oui, la vie continue.
(Source : http://www.o-m-p.com) le 20 avril 2005
François BAROIN.- Non, je crois que...
Jean-Jacques BOURDIN.- Pourquoi avoir fait cette promesse ?
François BAROIN.- Dabord, il y a une part de volontarisme dans toute action politique.
Jean-Jacques BOURDIN.- Cest un peu hâtif, peut-être, non ?
François BAROIN.- Non, non. Vous savez comment on prépare une loi de finance, on la prépare sur les bases dindicateurs économiques ; les indicateurs économiques, à un instant T vous disent : « on fera 2,5 ou 3% de croissance ». On sait quentre 2,5 et 3% de croissance on crée de lemploi, on crée de linvestissement, on crée de lactivité économique, on crée de laugmentation de richesses. Donc ce nest pas absurde dimaginer une baisse du chômage dans ces perspectives-là. Maintenant, dès quil y a un ralentissement, on sait quen-dessous - et cest mécanique - en-dessous de 2,5%, on crée du chômage. Donc entre 2 et 2,5, on stabilise, et en-dessous, on crée du chômage. Voilà pourquoi, je crois quil faut ajuster en réalité le discours politique et la perspective de réduction du chômage à lévolution économique. Il faut aussi savoir... ...
Jean-Jacques BOURDIN.- Se garder daller trop vite, parfois.
François BAROIN.- Cest du volontarisme.
Jean-Jacques BOURDIN.- F. Baroin ne veut pas en dire plus. Le chômage, on y reviendra évidemment. On va parler de lEurope, abondamment, pendant cette demi-heure. Fillon doit-il tenir bon face aux lycéens ?
François BAROIN.- Je crois que dabord il a déjà tenu bon, en ayant une méthode qui a été critiquée à certains égards et qui en réalité à permis de faire passer la loi. Quand il y a eu le problème sur le BAC, il faut quand même rappeler quel était le sujet : on demande aux gens et aux jeunes en particulier « est-ce que vous êtes pour ou contre le contrôle continu ? ». Tout le monde, pendant 15 ans, pour ceux qui ont regardé les problèmes de lEducation nationale, était favorable au contrôle continu, cest-à dire en terminer avec ce BAC-guillotine, couperet, qui pendant trois jours vous mobilise et puis après cest "oui" ou "non". Cest "oui" ou "non" pour léducation des parents, parce que cest une sanction, cest "oui" ou "non" pour les enfants sur le thème : cest ma liberté, maintenant je fais ce que je veux. Donc le contrôle continue apparaissait comme quelque chose de positif. Et puis, les temps ont peut-être changé, le sentiment dégalité entre les lycées fait quil y a une demande plus pressante des lycéens, elle a été entendue, on a retiré cet aspect des choses et le texte est voté. Alors, maintenant, il y a une contestation sur une loi votée, cest différent. Quil y ait une contestation sur une loi en discussion, cest le jeu démocratique et cest légitime. Quil y ait une remise en cause avec des actes un peu violents et des blocages de lycées à lissue dune loi votée, là cest plus contestable et cest la raison pour laquelle non seulement Fillon doit tenir bon, mais aussi on doit faire en sorte que les lycéens puissent convenablement préparer leur BAC et aller dans leur bahut.
Jean-Jacques BOURDIN.- Pensez-vous que les lycéens soient manipulés ?
François BAROIN.- Je ne dirais pas ça, dabord parce que les lycéens, ils sont assez grands, cest des jeunes adultes. Aujourdhui, à 13/14 ans, on a son système de valeurs, ils sont assez informés, assez, évidemment, intelligents et assez grands pour savoir ce quils ont à faire. Donc, quil y ait derrière quelques personnes qui ont la nostalgie de 68 et qui, à chaque fois quil y a des jeunes dans la rue, souhaitent toucher les droits dauteur sur les passages de ces jeunes sur les pavés parisiens ou dans les autres grandes villes, ça peut exister. Que ce soit dominant et que, en quelque sorte, ce soit une mauvaise manière faite à lintelligence des lycéens, il y a un pas que je ne veux pas franchir.
Jean-Jacques BOURDIN.- Est-ce quun candidat de lUMP, en 2007, contre J. Chirac, cest envisageable ? F. Baroin, franchement.
François BAROIN.- Ça a été dit.
Jean-Jacques BOURDIN.- Ça a été dit par N. Sarkozy. Est-ce envisageable ?
François BAROIN.- Je suis dans une ligne qui est très simple : avant denvisager toute question présidentielle, on a le 29 mai, cest dailleurs lune des raisons pour lesquelles vous mavez invité...
Jean-Jacques BOURDIN.- Exactement. ...
François BAROIN.- Un référendum, un référendum sur lEurope.
Jean-Jacques BOURDIN.- Donc on ne peut pas en parler. Donc Sarkozy a commis une erreur den parler, si je vous comprends bien ?
François BAROIN.- Non, mais au moins, il a le mérite dêtre très direct et très clair : il a dit depuis le départ que cétait un objectif qui lintéressait. Donc il est dans sa logique et dans sa trajectoire.
Jean-Jacques BOURDIN.- Mais cest ce que lon a retenu. On na pas retenu de lintervention de N. Sarkozy...
François BAROIN.- Cest dommage, parce quil avait été très bon sur la partie européenne.
Jean-Jacques BOURDIN.- Oui, daccord, mais enfin, à 22h30 il était très bon.
François BAROIN.- Mais cétait un peu tard, peut-être, pour lui poser la question sur les affaires européennes. Mais il nest pas trop tard pour commencer sur la question européenne.
Jean-Jacques BOURDIN.- Enfin, il aurait pu ne pas dire ce quil a dit sur la présidentielle de 2007, ce qui naurait pas été repris. Sil la dit, cest quil avait lintention de le dire. Cétait cousu de fil blanc, franchement, F. Baroin.
François BAROIN.- Je vais vous donner ma conviction profonde : le 29 mai, si cest le "non" qui lemporte, il y aura des cartes qui seront rebattues dans tous les sens...
Jean-Jacques BOURDIN.- On va changer de Premier ministre ? Il faudra changer de Premier ministre si le non lemporte ?
François BAROIN.- Rien nincline à penser quil y aura un changement de quoi que ce soit. En tout cas, Raffarin, je trouve, a bien résumé : le vote du 29 mai, ce nest pas une motion de confiance et ce nest pas une motion de censure, cest-à-dire que le vote est totalement indépendant de lorientation de la politique du Gouvernement et de la politique de Chirac. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que, si on est à gauche, que lon est PS, que lon est plutôt tenté par le "oui" mais quon se dit « on va encore voter pour Chirac », quils soient tranquilles, ce nest pas cela qui conditionnera leur orientation politique et ça nest pas un soutien à Chirac ni un soutien ou un désaveu de Raffarin.
Jean-Jacques BOURDIN.- Un Premier ministre a 28% dopinion favorable peut-il vraiment conduire à la victoire les partisans du "oui" au référendum ? Franchement ?
François BAROIN.- Si vous voulez, ce nest pas une question Chirac, ce nest pas une question Raffarin. Cest une question qui est posée dans 25 pays en Europe. On nest pas dans le cadre de la dissolution de 97, où, là, on pouvait, légitimement, lorsque le président de la République dit : « Je sens comme un souffle qui sen va », dire « eh bien, on va changer de Gouvernement », ce que les Français ont souverainement choisi. Là, on est quand une question qui se pose en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Hollande, aux Pays-Bas, en Belgique et avec les nouveaux entrants. Cest la même question. Donc, ce nest pas une question Chirac et ce nest pas une question Raffarin. Ça cest de côté. Alors, maintenant, on a une question européenne qui est assez simple : est-ce que vous voulez que ça change ? Dans ce cas là cest "oui". Est ce que vous voulez le statu quo, dans ce cas là, cest "non".
Jean-Jacques BOURDIN.- Ce serait un drame de dire non, franchement ?
François BAROIN.- Non. Quest-ce qui se passe, le 30 mai, si cest le "non" ? On revient au fonctionnement précédant, on revient au traité précédent.
Jean-Jacques BOURDIN.- Et on renégocie une nouvelle Constitution, on réécrit une nouvelle Constitution.
François BAROIN.- Ce nest même pas sûr, parce que cest la France qui a souhaité, avec, en particulier les grands pays notamment lAllemagne, cette Constitution. Cest la France avec les grands pays qui ont dit : on ne peut plus fonctionner comme ça. Cest la France et quelques autres grands pays qui ont dit : « il faut que lon préserve le modèle social européen ». Cest la France et quelques grands pays qui ont dit : puisque certains pays veulent bloquer, nous on va trouver un mode de fonctionnement en commun, qui sappelle une Constitution, pour continuer davancer, défendre nos intérêts, lutter contre les délocalisations et permettre à la France de peser, en particulier avec lEurope, vis-à-vis des Etats-Unis pour éviter davoir une mondialisation totalement alignée sur Washington. Eh bien, si on veut de ça, on vote "oui", si on veut fonctionner avec Amsterdam, Maastricht et le Traité de Nice, cest-à-dire un fonctionnement prévu pour, au départ, dix, douze puis quinze et maintenant 25, on est sûr que cest lenlisement. Donc, à la question « est-ce que cest la crise ? » la réponse est "non", ce sera un enkystement : pas de renégociation probablement et pas de discussion sur une nouvelle Constitution avant des années.
Jean-Jacques BOURDIN.- Je lis P. de Villiers, déclaration faite hier : "on vient dapprendre que D. Bussereau a décidé denvoyer une lettre aux 600.000 agriculteurs pour leur confirmer que désormais leurs congés seraient payés en partie par lEtat. Cest le début de nouvelle procédure de lachat des voix du "oui". Bientôt, monsieur Borloo écrira aux chômeurs pour leur dire que si le "oui" gagne ils auront un emploi ; aux chasseurs, on va promettre des lapins et aux pêcheurs des truites géantes.
François BAROIN.- Je souhaite que le Gouvernement soit capable de proposer des truites géantes aux pêcheurs, je souhaite quil y ait un peu plus de lapins sans myxomatose et je souhaite naturellement que tout le monde soit content.
Jean-Jacques BOURDIN.- Est-ce que vous êtes en train dacheter les voix, des voix pour le oui ?
François BAROIN.- De Villiers est un habitué des petites formules, celle-ci est assez amusante et en même temps les petites formules, ça na jamais fait les grandes politiques et ça a souvent basculé dans la caricature. A la question : « est-ce que de Villiers a raison ? », la réponse est non.Question : « est-ce que de Villiers est dans son style ? », la réponse est oui. Quel style : la caricature.
Jean-Jacques BOURDIN.- Oui, mais à propos des agriculteurs, il na pas tort. Jai vu que la participation de lEtat pourra atteindre jusquà 50 % du coût de laccès aux services de remplacement pour les agriculteurs pendant des jours de repos. Cela veut dire quun agriculteur prend des jours de repos, il est remplacé et, sous forme de crédit dimpôt, on va lui payer la moitié de ses vacances.
François BAROIN.- Ça veut dire que dès que lon est en campagne, dès quil y a une action importante de consultation nationale, le Gouvernement ne peut plus rien faire. On ne peut pas tenir deux discours, on ne peut pas dire dun côté « le Gouvernement nest pas en cause dans cette affaire » et en même temps lui reprocher dagir. On ne peut pas souhaiter son absence mais en même temps exiger son silence alors que la vie continue. Oui, la vie continue.
(Source : http://www.o-m-p.com) le 20 avril 2005