Texte intégral
Q- La remise à plat de la directive Bolkestein à Bruxelles, la réforme du pacte de stabilité obtenu par J. Chirac la proposition faite par J.-P. Raffarin de réformer la participation, la promesse faite par le ministre de la Fonction publique d'augmenter les fonctionnaires, est-ce que d'une manière générale - on va y revenir dans le détail - vous avez le sentiment qu'il y a une détente du climat social ?
R- C'étaient les éléments qui pesaient beaucoup dans les difficultés de compréhension qu'on avait des politiques du Gouvernement et des politiques européennes. Il est important qu'on ait avancé sur ces sujets là. Mais je ferais remarquer quand même, qu'il n'y avait qu'en France qu'on faisait une confusion entre le traité constitutionnel et la discussion de cette directive service. Samedi dernier, la Confédération européenne des syndicats a organisé une grosse manifestation, une euro manifestation, pour dénoncer la directive Bolkestein, mais tout en disant : on soutient le traité constitutionnel. Donc la CFDT tient à ce qu'on ne fasse l'amalgame entre les deux.
Q- Vous avez peut-être entendu J. Chirac s'exprimer hier. Finalement, c'est le premier syndicaliste de France.
R- On a l'habitude et on en plaisante parfois avec mes collègues syndicalistes européens, le président de la République a toujours un discours plus social à l'étranger par rapport à la politique qui est fait dans notre propre pays. Ceci dit, il faut faire attention que le gouvernement ne confonde pas, bonne image à l'étranger sur ce sujet-là et puis échec en France. En France, on est toujours à 10 % de chômeurs, on a des difficultés de pouvoir d'achat, donc on a des problèmes franco-français à régler. Ne confondons pas le problème français avec le problème européen, donc essayons de régler nos problèmes dans notre pays.
Q- Ecoutez, quand on l'entendait hier à Bruxelles, défendre le modèle social européen, tirer par le haut, souhaiter davantage de régulation de la mondialisation, on avait le sentiment de lire le livre de F. Chérèque, "Réformiste et impatient !" que vous publiez au
Seuil ?
R- Peut-être l'avait lu, parce que je le lui ai envoyé. Mais je crois qu'il faut comprendre et si le président de la République va dans ce sens-là, c'est une bonne chose.
Q- Non, mais vous croyez que c'est une conviction, que c'est un changement de cap ou vous n'y faites pas crédit ?
R- Moi, je n'ai pas à juger si c'est une conviction ou un changement de cap, le président de la République n'a pas toujours eu cette démarche- là. Maintenant, que des politiques en France et à l'étranger, parce que ce n'est pas le seul, monsieur Schröder dit la même chose, sur cette démarche-là, les responsables politiques disent la même chose. Donc que l'on comprenne qu'il y a un décrochage entre la mondialisation non régulée et le besoin d'une Europe, pour pouvoir maîtriser cette mondialisation, c'est quand même quelque chose d'important et il est pour nous réjouissant que des hommes politiques de ce niveau-là prennent en main ce discours-là, à condition je répète, qu'il ne fasse pas le grand écart entre ce qu'ils disent en Europe et ce qu'ils font en France.
Q- Alors parlons de ce qui se fait en France. Le Premier ministre a annoncé hier une réforme de la participation, autrement dit la possibilité d'utiliser le fonds de participation immédiatement sans attendre cinq ans. Est-ce que c'est pour vous, la réponse à votre demande d'une augmentation du pouvoir d'achat, notamment dans le privé ?
R- Pour les salariés qui pourront faire ce choix-là, ça sera toujours une bonne chose, surtout s'ils ont un besoin de dépenses important, mais ce n'est pas la demande des organisations syndicales et particulièrement de la CFDT. Je rappelle que la participation, 50 % seulement des salariés y ont accès, avec des écarts énormes entre les grandes entreprises et les petites, bien évidemment. Pour nous, l'élément principal, c'est augmenter le pouvoir d'achat par les négociations de branches et d'entreprises. Donc la proposition du Premier ministre, n'est pas une proposition qui suffit à répondre à nos attentes...
Q- Mais il l'a dit hier, la négociation salariale continue par ailleurs.
R- Oui, mais c'est là-dessus qu'il faut insister. Et je crois qu'il faut continuer le débat avec bien sûr les organisations, les représentants patronaux, puisque c'est d'abord dans les branches professionnelles, qu'on aura une négociation. Mais aussi demander au Gouvernement de convoquer certaines négociations pour que là où on a des difficultés et puis je crois qu'il faut qu'on ait une réflexion sur le niveau des salaires dans notre pays. On remarque deux choses : on a le Smic le plus élevé d'Europe et on a les salariés qui sont au Smic les plus nombreux d'Europe. Par contre les salariés qualifiés - je prends réparateur automobile, secrétaire dans une administration - sont souvent payés au Smic. Donc on a des emplois qualifiés qui sont moins bien payés. Donc il faut que l'on réfléchisse sur comment on fait faire des nouvelles carrières à ces salariés pour qu'ils aient des déroulements de carrière et une augmentation de salaire.
Q- J'entends bien mais est-ce que ça dépend du Gouvernement ? Est-ce que le gouvernement peut par la contrainte obliger à ces négociations ?
R- Alors le Gouvernement peut faire deux choses : d'une part convoquer ces négociations, il ne peut pas obliger qu'on réussisse bien évidemment, mais on peut lancer un débat sur l'allègement des charges sociales dans notre pays. Le Gouvernement fait 20 milliards d'euros d'allègements de charges qui sont concentrés sur les bas salaires. Ce qui amène les entreprises à maintenir les salariés sur des bas salaires. Donc on peut avoir une réflexion sur l'utilisation de ces allègements de charges plus favorables à l'emploi et peut-être plus favorables au déroulement de carrière.
Q- Est-ce que vous avez le sentiment que ces négociations et que les discussions que vous avez avec le ministre, G. Larcher, sont sur la bonne voie ? Est-ce que quand il parle d'une réunion en juin, pour vous c'est trop tard ?
R- On a trois réunions avant le mois de juin, on n'a pas bien compris la proposition, c'est qu'on a trois réunions avant le mois de juin, pour commencer à faire des bilans, une autre réunion en juin pour faire un bilan plus général sur les 70 branches où il y a des difficultés. Et on se revoit encore en septembre pour les 300 branches qui existent. Donc je crois que c'est une bonne démarche. Mais en même temps, la CFDT sait très bien que c'est dans les branches professionnelles et dans les entreprises qu'on fera augmenter les salaires du privé et ce n'est pas le Gouvernement qui a le pouvoir sur ce sujet-là.
Q- Les fonctionnaires. R. Dutreil a remis à la semaine prochaine, la réunion. Vous avez eu une première réunion hier ou avant-hier, vous attendez quoi ? Un point de plus ?
R- Alors tout d'abord, il faut y aller maintenant, on ne va pas faire des réunions continuellement comme ça.
Q- Vous le soupçonnez de vouloir gagner du temps ?
R- Là, c'est une réunion qui a servi à rien. Tout le monde était content de se rencontrer, c'était une retrouvaille, c'est bien mais ce n'est pas efficace. Donc il faut y aller, donc il faut un, régler le contentieux pour l'année 2005, au minimum l'augmentation du pouvoir d'achat prévu cette année. Donc ça tourne autour de 1,8 %, 2 %. Ensuite une fois qu'on se sera mis d'accord là-dessus, rentrer sur des négociations beaucoup plus importantes, mais qui seront plus longues, sur la modernisation de la Fonction publique, quel type de fonctionnaire dont on a besoin demain ? Quel type de qualification ? Quelle carrière ? Quelle formation continue ? L'égalité entre les hommes et les femmes, le dialogue social...
Q- Mais on revient au donnant-donnant, alors, d'une certaine manière ?
R- Mais une négociation c'est toujours du donnant-donnant. C'est : je vous propose une chose pour ouvrir d'autres espaces de négociation. La CFDT sait pratiquer cette démarche-là. Donc nous, ce qu'on dit, on dit : le donnant c'est : on règle notre conflit 2005 et l'autre donnant, c'est : on ouvre d'autres chantiers de négociations pour la modernisation de la fonction publique.
Q- Vous avez fait un peu de chantage sur le référendum quand même ! Pour obtenir tout ça ?
R- On ne peut pas faire le procès à la CFDT...
Q- Il n'y aurait pas eu de référendum...
R- Qui soutient le traité constitutionnel...
Q- Vous êtes certain que le Gouvernement aurait été aussi généreux ?
R- Mais écoutez, le calendrier de négociation dans la fonction publique, c'est le Gouvernement qui l'a choisi. Le calendrier de la remise en cause des 35 heures, c'est le Gouvernement qui l'a choisi. Le calendrier du référendum, c'est le Gouvernement qui l'a choisi. C'est lui qui a crée la confusion entre les différents sujets. Ce n'est certainement pas la CFDT qui soutient le traité d'un côté et qui porte des revendications normalement de l'autre côté.
Q- Il n'y aura plus de manifestations ?
R- Pas pour le moment ce n'est pas à l'ordre du jour.
Q- Et l'unité syndicale, elle reste forte ou est-ce que chacun maintenant commence à aller un petit peu dans son sens ?
R- Ce qu'il faut être très clair, c'est que la CFDT qui soutient le traité constitutionnel, n'utilisera pas des manifestations ou n'utilisera pas le traité constitutionnel, pour faire pression sur le débat social. C'est deux choses différentes. Toute l'Europe nous regarde. Donc sachons régler nos problèmes en France et ne prenons pas l'Europe en otage.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 mars 2005)
R- C'étaient les éléments qui pesaient beaucoup dans les difficultés de compréhension qu'on avait des politiques du Gouvernement et des politiques européennes. Il est important qu'on ait avancé sur ces sujets là. Mais je ferais remarquer quand même, qu'il n'y avait qu'en France qu'on faisait une confusion entre le traité constitutionnel et la discussion de cette directive service. Samedi dernier, la Confédération européenne des syndicats a organisé une grosse manifestation, une euro manifestation, pour dénoncer la directive Bolkestein, mais tout en disant : on soutient le traité constitutionnel. Donc la CFDT tient à ce qu'on ne fasse l'amalgame entre les deux.
Q- Vous avez peut-être entendu J. Chirac s'exprimer hier. Finalement, c'est le premier syndicaliste de France.
R- On a l'habitude et on en plaisante parfois avec mes collègues syndicalistes européens, le président de la République a toujours un discours plus social à l'étranger par rapport à la politique qui est fait dans notre propre pays. Ceci dit, il faut faire attention que le gouvernement ne confonde pas, bonne image à l'étranger sur ce sujet-là et puis échec en France. En France, on est toujours à 10 % de chômeurs, on a des difficultés de pouvoir d'achat, donc on a des problèmes franco-français à régler. Ne confondons pas le problème français avec le problème européen, donc essayons de régler nos problèmes dans notre pays.
Q- Ecoutez, quand on l'entendait hier à Bruxelles, défendre le modèle social européen, tirer par le haut, souhaiter davantage de régulation de la mondialisation, on avait le sentiment de lire le livre de F. Chérèque, "Réformiste et impatient !" que vous publiez au
Seuil ?
R- Peut-être l'avait lu, parce que je le lui ai envoyé. Mais je crois qu'il faut comprendre et si le président de la République va dans ce sens-là, c'est une bonne chose.
Q- Non, mais vous croyez que c'est une conviction, que c'est un changement de cap ou vous n'y faites pas crédit ?
R- Moi, je n'ai pas à juger si c'est une conviction ou un changement de cap, le président de la République n'a pas toujours eu cette démarche- là. Maintenant, que des politiques en France et à l'étranger, parce que ce n'est pas le seul, monsieur Schröder dit la même chose, sur cette démarche-là, les responsables politiques disent la même chose. Donc que l'on comprenne qu'il y a un décrochage entre la mondialisation non régulée et le besoin d'une Europe, pour pouvoir maîtriser cette mondialisation, c'est quand même quelque chose d'important et il est pour nous réjouissant que des hommes politiques de ce niveau-là prennent en main ce discours-là, à condition je répète, qu'il ne fasse pas le grand écart entre ce qu'ils disent en Europe et ce qu'ils font en France.
Q- Alors parlons de ce qui se fait en France. Le Premier ministre a annoncé hier une réforme de la participation, autrement dit la possibilité d'utiliser le fonds de participation immédiatement sans attendre cinq ans. Est-ce que c'est pour vous, la réponse à votre demande d'une augmentation du pouvoir d'achat, notamment dans le privé ?
R- Pour les salariés qui pourront faire ce choix-là, ça sera toujours une bonne chose, surtout s'ils ont un besoin de dépenses important, mais ce n'est pas la demande des organisations syndicales et particulièrement de la CFDT. Je rappelle que la participation, 50 % seulement des salariés y ont accès, avec des écarts énormes entre les grandes entreprises et les petites, bien évidemment. Pour nous, l'élément principal, c'est augmenter le pouvoir d'achat par les négociations de branches et d'entreprises. Donc la proposition du Premier ministre, n'est pas une proposition qui suffit à répondre à nos attentes...
Q- Mais il l'a dit hier, la négociation salariale continue par ailleurs.
R- Oui, mais c'est là-dessus qu'il faut insister. Et je crois qu'il faut continuer le débat avec bien sûr les organisations, les représentants patronaux, puisque c'est d'abord dans les branches professionnelles, qu'on aura une négociation. Mais aussi demander au Gouvernement de convoquer certaines négociations pour que là où on a des difficultés et puis je crois qu'il faut qu'on ait une réflexion sur le niveau des salaires dans notre pays. On remarque deux choses : on a le Smic le plus élevé d'Europe et on a les salariés qui sont au Smic les plus nombreux d'Europe. Par contre les salariés qualifiés - je prends réparateur automobile, secrétaire dans une administration - sont souvent payés au Smic. Donc on a des emplois qualifiés qui sont moins bien payés. Donc il faut que l'on réfléchisse sur comment on fait faire des nouvelles carrières à ces salariés pour qu'ils aient des déroulements de carrière et une augmentation de salaire.
Q- J'entends bien mais est-ce que ça dépend du Gouvernement ? Est-ce que le gouvernement peut par la contrainte obliger à ces négociations ?
R- Alors le Gouvernement peut faire deux choses : d'une part convoquer ces négociations, il ne peut pas obliger qu'on réussisse bien évidemment, mais on peut lancer un débat sur l'allègement des charges sociales dans notre pays. Le Gouvernement fait 20 milliards d'euros d'allègements de charges qui sont concentrés sur les bas salaires. Ce qui amène les entreprises à maintenir les salariés sur des bas salaires. Donc on peut avoir une réflexion sur l'utilisation de ces allègements de charges plus favorables à l'emploi et peut-être plus favorables au déroulement de carrière.
Q- Est-ce que vous avez le sentiment que ces négociations et que les discussions que vous avez avec le ministre, G. Larcher, sont sur la bonne voie ? Est-ce que quand il parle d'une réunion en juin, pour vous c'est trop tard ?
R- On a trois réunions avant le mois de juin, on n'a pas bien compris la proposition, c'est qu'on a trois réunions avant le mois de juin, pour commencer à faire des bilans, une autre réunion en juin pour faire un bilan plus général sur les 70 branches où il y a des difficultés. Et on se revoit encore en septembre pour les 300 branches qui existent. Donc je crois que c'est une bonne démarche. Mais en même temps, la CFDT sait très bien que c'est dans les branches professionnelles et dans les entreprises qu'on fera augmenter les salaires du privé et ce n'est pas le Gouvernement qui a le pouvoir sur ce sujet-là.
Q- Les fonctionnaires. R. Dutreil a remis à la semaine prochaine, la réunion. Vous avez eu une première réunion hier ou avant-hier, vous attendez quoi ? Un point de plus ?
R- Alors tout d'abord, il faut y aller maintenant, on ne va pas faire des réunions continuellement comme ça.
Q- Vous le soupçonnez de vouloir gagner du temps ?
R- Là, c'est une réunion qui a servi à rien. Tout le monde était content de se rencontrer, c'était une retrouvaille, c'est bien mais ce n'est pas efficace. Donc il faut y aller, donc il faut un, régler le contentieux pour l'année 2005, au minimum l'augmentation du pouvoir d'achat prévu cette année. Donc ça tourne autour de 1,8 %, 2 %. Ensuite une fois qu'on se sera mis d'accord là-dessus, rentrer sur des négociations beaucoup plus importantes, mais qui seront plus longues, sur la modernisation de la Fonction publique, quel type de fonctionnaire dont on a besoin demain ? Quel type de qualification ? Quelle carrière ? Quelle formation continue ? L'égalité entre les hommes et les femmes, le dialogue social...
Q- Mais on revient au donnant-donnant, alors, d'une certaine manière ?
R- Mais une négociation c'est toujours du donnant-donnant. C'est : je vous propose une chose pour ouvrir d'autres espaces de négociation. La CFDT sait pratiquer cette démarche-là. Donc nous, ce qu'on dit, on dit : le donnant c'est : on règle notre conflit 2005 et l'autre donnant, c'est : on ouvre d'autres chantiers de négociations pour la modernisation de la fonction publique.
Q- Vous avez fait un peu de chantage sur le référendum quand même ! Pour obtenir tout ça ?
R- On ne peut pas faire le procès à la CFDT...
Q- Il n'y aurait pas eu de référendum...
R- Qui soutient le traité constitutionnel...
Q- Vous êtes certain que le Gouvernement aurait été aussi généreux ?
R- Mais écoutez, le calendrier de négociation dans la fonction publique, c'est le Gouvernement qui l'a choisi. Le calendrier de la remise en cause des 35 heures, c'est le Gouvernement qui l'a choisi. Le calendrier du référendum, c'est le Gouvernement qui l'a choisi. C'est lui qui a crée la confusion entre les différents sujets. Ce n'est certainement pas la CFDT qui soutient le traité d'un côté et qui porte des revendications normalement de l'autre côté.
Q- Il n'y aura plus de manifestations ?
R- Pas pour le moment ce n'est pas à l'ordre du jour.
Q- Et l'unité syndicale, elle reste forte ou est-ce que chacun maintenant commence à aller un petit peu dans son sens ?
R- Ce qu'il faut être très clair, c'est que la CFDT qui soutient le traité constitutionnel, n'utilisera pas des manifestations ou n'utilisera pas le traité constitutionnel, pour faire pression sur le débat social. C'est deux choses différentes. Toute l'Europe nous regarde. Donc sachons régler nos problèmes en France et ne prenons pas l'Europe en otage.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 mars 2005)