Déclaration de M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, sur l'alimentation, la nutrition, l'activité physique, notamment dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (PNNS), Paris le 11 février 2004.

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Circonstance : Lancement de la campagne de promotion de l'activité physique dans le cadre du programme national nutrition santé (PNNS), à Paris le 11 février 2004

Texte intégral

Mesdames,
Messieurs,
Les problèmes de nutrition représentent une préoccupation croissante des citoyens. Les Français prennent en effet de plus en plus conscience de l'importance de ce facteur pour leur capital-santé. Ainsi une enquête européenne de 1998 montre que l'alimentation est perçue dans 38 % des cas comme le facteur le plus important pour la santé, en deuxième position derrière le tabac perçu comme tel dans 41 % des cas.
Cette perception s'accorde bien avec la réalité scientifique. En effet l'alimentation participe de façon essentielle à l'accroissement des risques de certaines maladies. Il s'agit essentiellement des maladies cardiovasculaires, de certains cancers comme celui du colon ou de l'estomac, de l'ostéoporose, du diabète, de l'obésité ou de l'augmentation de la cholestérolémie. Au-delà de leurs conséquences humaines, les coûts directs et indirects de ces pathologies sont considérables. Ceux liés aux cardiopathies sont estimés à cinq milliards d'euros. Ceux attribuables à l'obésité atteindraient deux milliards d'euros. Ils sont en constante augmentation et les prévisions qui sont faites donnent le frisson.
Pour toutes ces raisons, j'ai naturellement maintenu et soutenu très fortement le programme national nutrition santé qui avait été lancé en 2001 par mon prédécesseur.
Et c'est donc logiquement, que dans le cadre du projet de loi relatif à la politique de santé publique, j'ai souhaité que l'on identifie expressément la nutrition et l'activité physique comme déterminants essentiels de la santé publique. Des objectifs précis ont été fixés. Par exemple, en ce qui concerne l'obésité, l'objectif fixé est la réduction de 20 % à cinq ans de la prévalence de l'obésité chez l'adulte et dans le même délai l'interruption de la croissance de la prévalence de l'obésité chez l'enfant.
A l'Assemblée nationale et au Sénat, les discussions ont été riches sur ces sujets de la loi. Des amendements ont été adoptés. En particulier en ce qui concerne le sel, qui on le sait joue un rôle important dans la constitution de l'hypertension artérielle, un objectif d'une réduction de 20 % de la consommation en sel d'ici cinq ans a été rajouté.
Pour atteindre ces objectifs nutritionnels et d'activité physique, qui seront fixés par la loi relative à la politique de santé publique, le programme national nutrition santé constitue un outil essentiel de mise en place.
Avant que le directeur général de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'INPES, ne vous présente en détail le contenu de la campagne de promotion de l'activité physique qui va démarrer aujourd'hui, je souhaiterais aborder avec vous deux sujets :
- les grands principes du programme national nutrition santé, programme dans lequel s'inscrit la campagne de promotion de l'activité physique,
- l'importance de l'activité physique dans une politique nutritionnelle et donc les raisons du lancement d'une telle campagne.
Le plan national nutrition santé est un plan global et cohérent qui n'est pas un plan d'interdits ou de fixation de listes d'aliments autorisés. Il a su intégrer la notion de plaisir lié à l'alimentation, qui est si importante en France, peut-être encore plus que dans d'autres pays européens. Aucun aliment ne peut être déclaré nocif en tant que tel. Seul l'excès est dangereux. Le programme promeut donc une consommation variée, par la consommation régulière d'aliments et de plats largement disponibles en France et avec une répartition satisfaisante des quantités ingérées. Ces principes sont essentiels. Seul leur respect permet de garantir le succès et l'acceptation par l'ensemble des acteurs concernés.
Dans le respect de ces principes, le programme national nutrition santé définit ensuite progressivement des référentiels en direction des différents publics comme les enfants, les adultes, les personnes âgées ou les professionnels de santé. Le référentiel phare est le document intitulé "la santé vient en mangeant, le guide alimentaire pour tous" qui a été diffusé à plus de 1,5 millions d'exemplaires. Des campagnes d'information importantes ont été menées autour de ce guide et notamment en faveur de la consommation d'au moins cinq fruits et légumes par jour. Un guide spécifique concernant l'alimentation des enfants et adolescents paraîtra à l'automne 2004.
Enfin, le programme national nutrition santé doit être partenarial. Il associe tous les acteurs concernés depuis les associations de consommateurs, les professionnels de santé, les collectivités, les professionnels de l'industrie agro-alimentaire et de la distribution et les autres ministères. Chacun doit à son niveau intégrer les enjeux de santé publique liée à la nutrition. Des actions spécifiques ont été lancées avec ces différents acteurs. Nous travaillons avec les professionnels de santé sur la prévention et la prise en charge de l'obésité chez l'enfant. Des engagements ont été pris par certaines branches professionnelles, comme ceux de la boulangerie ou de la charcuterie pour réduire les teneurs en sel de certains aliments.
Venons-en maintenant au coeur du sujet qui nous préoccupe aujourd'hui et qui constitue le deuxième sujet que je souhaitais aborder : l'importance de l'activité physique dans une politique nutritionnelle.
Il est faux de croire qu'une bonne nutrition est suffisante pour préserver notre santé. Une activité physique minimale est indispensable. Elle joue un rôle déterminant dans l'état de santé physique, psychique et social des individus. En face de tout apport nutritionnel, il faut regarder quelle est la dépense.
On relie très souvent l'activité physique et la prévention de l'obésité et du surpoids mais de nombreuses autres maladies apparaissent plus fréquemment en l'absence d'activité physique. Il est ainsi clairement établi que l'activité physique est un facteur de prévention des maladies cardio-vasculaires, des cancers notamment celui du colon, du diabète et de l'ostéoporose. Il s'agit là de maladies très répandues en France. Entre 1,2 et 1,5 millions d'individus, tous âges confondus, sont traités contre le diabète.
Le développement du surpoids et de l'obésité est en train de devenir un problème de plus en plus préoccupant au point que certains emploient même le terme d'épidémie. D'après l'étude "Obépi" de 2003, la France compte aujourd'hui plus de 5,3 millions de personnes adultes obèses et 14,4 millions de personnes en surpoids. L'augmentation des cas de surpoids et d'obésité chez les enfants est alarmante.
Il est évident que l'augmentation de la sédentarité est une des causes du développement du surpoids et de l'obésité. Nous passons de plus en plus de temps devant la télévision, l'ordinateur ou assis. Il s'agit là d'un phénomène de société contre lequel il faut lutter.
C'est pourquoi le programme national nutrition santé a fixé comme référence minimale en matière d'activité physique l'équivalent de trente minutes de marche rapide chaque jour.
Le ministère de la santé estime que près de la moitié des Français ont un niveau d'activité inférieur à ce seuil minimum. La campagne de promotion qui s'ouvre aujourd'hui a donc pour objectif de promouvoir cette référence à travers des actions grand public dans la presse nationale, la télévision et la radio. L'idée n'est pas de valoriser une activité physique intensive mais de montrer comment dans sa vie quotidienne on peut, simplement, développer une activité physique.
Le développement de l'activité physique constitue donc véritablement le volet symétrique et indispensable de la politique alimentaire dans le programme national nutrition santé. J'en ai fait ma priorité 2004 en matière de communication dans ce programme. Des moyens importants y seront consacrés.
Je vous propose maintenant de passer la parole à M. Lamoureux, directeur général de l'INPES qui va présenter plus en détail le contenu de cette campagne de promotion.
Je vous remercie de votre attention.


(source http://www.sante.gouv.fr, le 13 février 2004)