Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille, sur la transformation d'un établissement accueillant les personnes âgées en structure intergénérationnelle, La Fare les Oliviers, le 28 avril 2005.

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Circonstance : Visite de la maison de retraite intergénérationnelle Saint-Jean à La Fare les Oliviers le 28 avril 2005

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député, Cher Christian Kert,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux que la première étape de ma venue dans le département des Bouches du Rhône soit consacrée à la visite d'un établissement accueillant des personnes âgées.
Je me réjouis - Monsieur le Directeur - que vous ayez su transformer la maison de retraite Saint-Jean à La Fare-les-Oliviers en une structure intergénérationnelle, associant une culture hôtelière de qualité, complémentaire de votre culture de base hospitalière. Il s'agit d'un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes, public autonome, comportant 60 lits d'hébergement et 5 places d'accueil de jour.
L'accompagnement de nos aînés doit à la fois reposer sur une approche globale et pouvoir offrir des réponses diversifiées et adaptées aux besoins spécifiques de chaque personne en perte d'autonomie.
Il m'apparaissait important de réaffirmer cette conviction devant des représentants d'un établissement médico-social tel que le vôtre.
Votre maison de retraite est entrée de longue date dans la réforme de la tarification, puisque sa convention tripartite, entre l'Etat, le Conseil général et l'établissement, a été signée le 1er octobre 2002 - et je vous en félicite.
Cette convention a déjà permis de renforcer d'une part la médicalisation par le recrutement de personnel para-médical, et d'autre part l'encadrement, en créant un poste d'adjoint des cadres hospitaliers, un poste de cadre de santé, un poste de responsable de la communication pour la vie sociale et culturelle de vos pensionnaires.
Vous accueillez des artistes qui viennent animer vos ateliers pour divertir les personnes âgées et stimuler leurs fonctions cognitives. C'est le meilleur gage de prévention de la dépendance et d'ouverture sur l'extérieur.
C'est ainsi que vous préserver au mieux l'autonomie de vos pensionnaires.
Je profite de l'occasion pour vous donner quelques précisions sur le programme de médicalisation des établissements pour personnes âgées dépendantes.
L'enjeu de la réforme n'est évidemment pas de nature comptable. Elle constitue, au contraire, un gage essentiel de qualité pour les résidents.
Ses conséquences sur la création d'emplois sont également très importantes, puisque chaque convention tripartite crée près de 8 emplois qualifiés - des emplois d'infirmières, d'aides-soignantes et d'aides médico-psychologiques
C'est ainsi que 10 000 emplois ont été créés en 2004 grâce aux quelques 1 250 conventions conclues, qui ont permis de créer 3 600 places nouvelles.
En 2005, nous prévoyons de créer au moins 12 000 emplois supplémentaires dans les établissements. Et ce résultat, nous l'obtiendrons grâce à la signature de 1 500 nouvelles conventions.
Nous avons en effet décidé d'accélérer la mise en uvre en 2005 du " Plan Vieillissement et Solidarité " en nous fixant comme objectif de créer 5 000 nouvelles places sur les 10 000 que prévoit le Plan d'ici 2007.
Il n'est d'ailleurs pas exclu que nous fassions encore mieux.
En effet, en 2004, nous nous étions fixés un objectif de 2 500 nouvelles places, or - comme je vous l'ai dit - nous en avons déjà créé 3 600. Un résultat de l'ordre de 6 000 places en 2005 m'apparaît donc réaliste, ce qui correspondrait à 100 nouvelles maisons de retraite.
Vous voyez donc l'importance des enjeux qui s'attachent à l'achèvement de la réforme de la tarification.
Je me réjouis que votre résidence abrite un accueil de jour pour des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
C'est là un " plus " incontestable dans la palette des services et prestations proposées par votre établissement.
La vocation de ce type de structure est double : elle est de maintenir le malade à domicile et de proposer un lieu d'information et d'échange aux " aidants naturels ", tout en leur offrant un moment de répit sans générer le sentiment, parfois culpabilisant, d'un placement permanent.
Les pouvoirs publics et l'ensemble des acteurs de la politique des personnes âgées doivent se mobiliser pour favoriser le développement de ces formules encore relativement nouvelles, je veux parler des accueils de jour et des hébergements temporaires.
C'est d'ailleurs l'un des principaux axes du " plan Alzheimer " que j'ai présenté en septembre 2004.
Je sais que vous avez la volonté d'ouvrir rapidement une structure pour personnes âgées dépendantes de 40 lits dédiés à la très grande dépendance psychique - et je m'en réjouis.
L'accompagnement des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer est aussi une dimension soigneusement prise en compte dans les mesures relatives aux personnes âgées du programme d'action : " La France des proximités ", et que j'ai présenté le 9 mars dernier.
Conscient des besoins croissants en termes de prise en charge de ces malades, mais aussi d'aide aux aidants, ce programme propose de développer de nouveaux services, de nouvelles formules et prestations.
Je pense en particulier aux gardes itinérantes de jour et de nuit ou au " forfait répit " qui, sur le modèle du " Baluchon Alzheimer" existant au Canada, permet aux aidants naturels de " souffler " le temps d'un week-end ou de vacances courtes, pendant une ou deux semaines.
Enfin, j'ai pu constater par moi-même que votre établissement avait besoin d'être modernisé.
Vous le savez, des projets de rénovation et de mise aux normes sont rendus possibles par le déploiement d'une nouvelle enveloppe d'un montant de 50 millions d'euros pour 2005, imputé sur les recettes de la Journée de Solidarité.
La poursuite de la réforme de la tarification, le développement des structures d'accueil pour personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou la modernisation des établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes sont rendues possibles - Mesdames et Messieurs - par les recettes de la Journée de Solidarité.
Ces recettes, provenant du travail des Françaises et des Français, seront intégralement destinées aux personnes âgées et aux personnes handicapées. J'ajoute que la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, la CNSA, garante de cette affectation, sera officiellement installée par le Premier ministre le 2 mai prochain.
Il en va de notre capacité à équiper le pays, à mettre en place un vrai choix entre le domicile et l'accueil en établissement, ainsi qu'à proposer de nouveaux services adaptés aux attentes de chaque personne âgée.
Certains voudraient que l'on renonce à cet effort de solidarité nationale ! Or, la journée de solidarité est inscrite dans la loi. Nous sommes à moins d'un mois du lundi de Pentecôte, et les entreprises acquittent une taxe de 0,3 % depuis le 1er juillet 2004. Il leur faut maintenant compenser cette nouvelle charge par une journée de production.
Toutefois, comme s'y est engagé le Premier ministre, nous tirerons les conséquences de la mise en uvre de cette journée de solidarité : elle fera l'objet très rapidement d'une évaluation.
Ce que je puis vous dire dès aujourd'hui, c'est que nous avons besoin de cette journée et des 2 milliards d'euros qu'elle va générer pour créer de nouvelles maisons de retraite - 100 en 2005 -, pour médicaliser 120 000 places en établissement, pour ouvrir 6 000 places de services de soins infirmiers à domicile, ou encore pour développer de nouvelles formes d'accueil pour les personnes dépendantes.
Il y a un temps pour la respiration sociale. Il y a aussi un temps pour la solidarité, c'est le lundi de Pentecôte, et j'espère que les Français le comprendront.
Cette journée, nous la voulons pour aider les plus fragiles d'entre nous.
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 12 mai 2005)