Texte intégral
Monsieur le Président national,
Monsieur le secrétaire général,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi en ce 16 mai - journée de solidarité destinée à assurer le financement de mesures en faveur de l'autonomie des personnes âgées et handicapées - un moment important que d'être aux côtés des membres de la Société de Saint-Vincent-de-Paul pour participer au lancement de la campagne contre la solitude.
L'événement que constitue le lancement de la campagne contre la solitude de la Société de Saint-Vincent-de-Paul illustre parfaitement la philosophie de cette journée de solidarité du 16 mai qui doit être considérée comme un geste de fraternité de l'ensemble de la population envers ses anciens. Elle permettra en effet de financer la politique de prise en charge de la dépendance et du handicap et traduit l'engagement sans précédent du gouvernement en faveur des personnes âgées.
Mais cet engagement aussi important soit-il ne peut tout faire. Il doit être en particulier épaulé au plus proche des personnes âgées par des bénévoles comme le sont les membres de votre association qui se dévouent pour apporter réconfort et bien-être aux personnes âgées isolées.
Votre vocation qui est de partager, de soulager, d'accompagner est souvent méconnue et ignorée. Elle est pourtant exemplaire et je suis heureuse aujourd'hui de pouvoir témoigner du rôle capital que jouent les associations caritatives au premier rang desquelles la Société de Saint-Vincent-de-Paul pour leur éminente contribution à la manifestation de la gratitude et de l'amour que la société doit à ses aînés, " qui nous ont permis de devenir ce que nous sommes ".
Pour la Société de Saint-Vincent-de-Paul la solitude est la première cause de pauvreté, en particulier la solitude des personnes âgées chez elles ou en maisons de retraite ou encore dans les hôpitaux.
En effet si la solitude - qui est certainement l'un des phénomènes les plus marquants de notre société - ne concerne évidemment pas que les seules personnes âgées, elle les frappe avec d'autant plus de force que le sentiment d'être seul, voire d'être inutile socialement, s'associe plus souvent que dans d'autres tranches d'âge à l'isolement social. C'est cette association de solitude psychique et d'isolement social qui caractérise fréquemment la solitude de la personne âgée.
Dans notre société les relations sociales trouvent pour l'essentiel leur fondement sur la famille, sur des réseaux amicaux ou associatifs et sur les liens créés sur le lieu de travail. Chez la personne âgée qui s'est retirée du monde du travail et qui, les années passant, a vu partir des parents, des proches et des amis, le risque d'isolement est grand si des rencontres notamment à l'initiative d'associations comme la votre ne se sont pas régulièrement organisées.
Et il faut se garder de croire que l'hébergement de la personne âgée dans une structure collective évite tout risque d'isolement : même si les personnels des établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes ou non - et je tiens ici à saluer leur action - sont dans l'immense majorité des cas dévouées et sensibilisées, notamment au repérage des conséquences de l'isolement psychique - je pense à la tristesse voire à la dépression - cela n'évite pas le risque de la solitude chez la personne âgée.
Ce risque est cependant généralement majoré chez les personnes qui restent chez elles et c'est pourquoi il importe de favoriser autant que faire se peut le maintien à domicile lorsqu'il est souhaité par la personne âgée, ce qui est très souvent le cas, mais en l'accompagnant non seulement d'un environnement d'aide à domicile et si nécessaire de soins à domicile mais aussi de maintien de contacts sociaux en particulier par des associations telles que la votre.
Je tiens à souligner également le rôle souvent difficile et mal valorisé des aidants familiaux qui apportent leur aide à un proche dépendant afin de lui permettre de continuer à vivre à son domicile. Sans soutien familial le maintien à domicile de la personne âgée serait souvent impossible.
La canicule de l'été 2003 a bien mis en évidence la grande solitude chez nombre de nos aînés et certains égoïsmes individuels, surtout dans les grandes villes, face à ce phénomène. Les personnes âgées isolées ont été en effet particulièrement touchées par cet épisode caniculaire et il est bien apparu au décours de cette vague de très forte chaleur que les risques étaient majorés par l'isolement.
Tirant les enseignements de cette canicule, le gouvernement a mis en place un plan anti-canicule dont l'une des mesures inscrites dans la loi du 30 juin 2004 est de confier aux maires la charge de recenser à titre préventif et à leur demande ou à la requête de leurs proches ou de tiers, les personnes âgées et les personnes handicapées isolées à leur domicile afin de disposer en cas d'alerte de la liste des personnes susceptibles de nécessiter l'intervention des services sociaux et sanitaires. Cette opération de repérage des personnes isolées initiée en 2004 sera systématisée en 2005.
C'est également après le drame de la canicule que le gouvernement a décidé la mise en oeuvre du Plan Vieillissement et Solidarités qui a pour but dans son volet consacré aux personnes âgées d'une part de faciliter le maintien à domicile par un accroissement et une diversification des services à la personne, d'autre part de renforcer la médicalisation des maisons de retraite par la création de nombreux emplois en personnels soignants et enfin de créer de nouvelles places en établissements.
C'est aussi l'un des objectifs du programme national pluriannuel " Bien vieillir ", qui était dans sa toute première phase de lancement durant le même été 2003, de favoriser l'émergence d'actions innovantes sanitaires, culturelles, sociales... comportant une démarche transversale intergénérationnelle afin de lutter contre la montée des individualismes et de faciliter le développement des liens entre les générations.
Des études ont montré qu'en dehors du cercle familial deux tiers des jeunes n'ont pas de contact avec les personnes âgées mais que dès lors que des liens existent il se développe une meilleure reconnaissance des caractéristiques des personnes avec une décroissance de la discrimination fondée sur l'âge.
C'est ce rapprochement des générations que le secrétariat d'Etat aux personnes âgées promeut notamment via la Charte " Un toit, deux générations " qui vise à développer une relation intergénérationnelle originale en offrant à des étudiants qui le souhaitent la possibilité d'être hébergés chez une personne âgée.
C'est pour ce combat contre la rupture des liens entre les générations qui constitue la première cause d'isolement, c'est pour ce combat pour la fraternité active que nous partageons que je me devais d'être aujourd'hui avec vous. Soyez remerciés à nouveau pour votre action.
(Source http://www.personnes-agees.gouv.fr, le 20 mai 2005)