Texte intégral
QUESTION : Qu'avez-vous envie de dire à Hervé GAYMARD ?
Jean-Louis DEBRÉ : Je ne me sens pas le droit de lui donner des leçons. J'aimerais d'ailleurs qu'un certain nombre de procureurs, de gauche comme de droite, n'oublient pas le temps où ils ont eux-mêmes piétiné un certain nombre de principes. Il serait bon que ceux-là n'oublient pas la modestie. Et puis, derrière les fautes commises, il y a un homme et une famille qui traversent une épreuve. Je veux donc dire à Hervé GaYmard ma sympathie.
QUESTION : Et politiquement ?
Jean-Louis DEBRÉ : La médiatisation de la vie politique doit nous conduire tous à changer de comportement. Etre un élu, un député, un ministre, cela implique une très grande modestie. Encore faut-il trouver un équilibre entre cette modestie nécessaire et la dignité de la fonction qui nous est confiée.
C'est la raison pour laquelle, quand les passions se seront calmées, je compte réunir des députés de toutes tendances pour que nous élaborions ensemble une charte des comportements publics. " Certains comportements ne sont plus acceptables "
QUESTION : Les dégâts provoqués par l'affaire GAYMARD sont considérables...
Jean-Louis DEBRÉ : Les dégâts sont importants. Ce qui s'est passé n'a été ni compris ni admis. Mais Jean-Pierre RAFFARIN a su faire preuve de la fermeté souhaitable. En fixant le nombre de mètres carrés autorisés pour les appartements de fonction, il a trouvé la bonne solution. Cela dit, il faudra aller au-delà. Certains comportements, y compris à l'Assemblée, ne sont plus acceptables. Déjà, depuis deux ans, j'ai transformé 1 000 m 2 d'appartements de fonction en bureaux. J'ai déposé également une proposition de loi pour que soient supprimés les appartements de fonction (7 000 m 2 ) dont disposent l'Assemblée et le Sénat à Versailles. Donnons l'exemple !
QUESTION : Hervé Gaymard était un " bébé CHIRAC " et s'affirmait face à Nicolas SARKOZY...
Jean-Louis DEBRÉ : J'ignore ce que veut dire " bébé CHIRAC ". Nous sommes sous la Vème République. Il y a des ministres qui appliquent la politique définie par le chef de l'Etat et soutenue par la majorité. S'ils ne sont pas d'accord, ils s'en vont. Un point, c'est tout.
QUESTION : Aujourd'hui, députés et sénateurs se retrouvent à Versailles pour voter la révision constitutionnelle, condition du futur référendum européen...
Jean-Louis DEBRÉ : Je suis totalement engagé pour que les deux lois aujourd'hui mises aux voix recueillent une majorité massive, bien au-delà des clivages partisans. L'Europe, qui a été un rêve, doit devenir une référence. Une référence de paix, mais aussi un modèle économique et social, où l'on ne confond pas liberté et libéralisme. Le second texte, c'est la Charte de l'environnement. De grâce, oublions nos étiquettes. La planète souffre, se détériore. Comme pour les droits de l'homme et du citoyen, la France doit donner l'exemple.
QUESTION : " Les chiffres du chômage sont désespérants " Les derniers chiffres du chômage sont très mauvais, et le climat social ne cesse de s'alourdir. Cela ne va-t-il pas peser sur le résultat du référendum ?
Jean-Louis DEBRÉ : Cela va peser, hélas !... Ne mélangeons pas tout. Nos concitoyens désespèrent de ne pouvoir espérer. Et ce n'est pas une affaire de droite ou de gauche. Arrêtons de nous envoyer des chiffres à la figure. Ils n'ont pas fait mieux que nous faisons, tant les choses sont compliquées. L'interdépendance des économies est aujourd'hui telle qu'on ne décrète pas l'emploi ni la croissance. Le gouvernement essaie de mener à bien des réformes destinées à la modernisation de notre pays. C'est difficile. Les chiffres du chômage sont désespérants. Mais ça ne va pas changer par un claquement de doigts. Confortons la solidarité nationale , mais faisons en sorte que les lois ne découragent pas ceux qui veulent entreprendre et travailler.
QUESTION : Dans un tel climat, les Français s'étonnent des profits colossaux de certaines entreprises...
Jean-Louis DEBRÉ : Je les comprends. Il ne faut pas s'élever contre de tels profits. Ce qui est souhaitable, par le biais d'une législation européenne - et pas seulement française -, c'est que les entreprises soient incitées à réinvestir ces profits.
QUESTION : Avez-vous un message à lancer au nouveau patron de Bercy ?
Jean-Louis DEBRÉ : J'ai juste un voeu : qu'on change les règles de la fiscalité en France pour permettre aux entreprises de se développer en favorisant sur tous les terrains les investissements qui ont des conséquences positives pour l'emploi.
QUESTION : Vos relations avec Jean-Pierre RAFFARIN se sont réchauffées. Que pensez-vous de lui ?
Jean-Louis DEBRÉ : Du bien. Il a son tempérament, j'ai mes idées que j'exprime parfois avec véhémence. Cela n'a jamais entamé l'amitié que je lui porte. Il est un moment où, face aux épreuves, il faut que nous nous rassemblions et fassions preuve de solidarité. Cela dit, je ne renonce pas à ma liberté de parole : je dirai toujours ce que je pense du libéralisme ou de la décentralisation. Plus la situation est difficile, plus la désespérance est grande, plus l'Etat doit s'affirmer pour corriger les inégalités sociales. Il n'en reste pas moins que j'ai pour Jean-Pierre RAFFARIN un sentiment d'admiration : il traverse les épreuves, il ne change pas de cap, il réforme.
QUESTION : Le 13 mars, Nicolas SARKOZY sera réélu député des Hauts-de-Seine. Quel sera son statut ?
Jean-Louis DEBRÉ : Celui d'un député de la nation comme un autre.
QUESTION : Souhaitez-vous que Jacques CHIRAC soit candidat à un nouveau mandat ?
Jean-Louis DEBRÉ : Je souhaite à la tête de la France un homme qui rassemble et fasse bouger les choses. Je vois des chefs de partis et de clans, mais je ne vois personne d'autre que Jacques CHIRAC pour assumer cette mission. D'autant que la vraie division, en 2005, ce n'est pas entre la droite et la gauche - ce vieux schéma hérité du XIXème siècle - mais entre les modernistes et les conservateurs. Or CHIRAC est un moderne.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 9 mars 2005)
Jean-Louis DEBRÉ : Je ne me sens pas le droit de lui donner des leçons. J'aimerais d'ailleurs qu'un certain nombre de procureurs, de gauche comme de droite, n'oublient pas le temps où ils ont eux-mêmes piétiné un certain nombre de principes. Il serait bon que ceux-là n'oublient pas la modestie. Et puis, derrière les fautes commises, il y a un homme et une famille qui traversent une épreuve. Je veux donc dire à Hervé GaYmard ma sympathie.
QUESTION : Et politiquement ?
Jean-Louis DEBRÉ : La médiatisation de la vie politique doit nous conduire tous à changer de comportement. Etre un élu, un député, un ministre, cela implique une très grande modestie. Encore faut-il trouver un équilibre entre cette modestie nécessaire et la dignité de la fonction qui nous est confiée.
C'est la raison pour laquelle, quand les passions se seront calmées, je compte réunir des députés de toutes tendances pour que nous élaborions ensemble une charte des comportements publics. " Certains comportements ne sont plus acceptables "
QUESTION : Les dégâts provoqués par l'affaire GAYMARD sont considérables...
Jean-Louis DEBRÉ : Les dégâts sont importants. Ce qui s'est passé n'a été ni compris ni admis. Mais Jean-Pierre RAFFARIN a su faire preuve de la fermeté souhaitable. En fixant le nombre de mètres carrés autorisés pour les appartements de fonction, il a trouvé la bonne solution. Cela dit, il faudra aller au-delà. Certains comportements, y compris à l'Assemblée, ne sont plus acceptables. Déjà, depuis deux ans, j'ai transformé 1 000 m 2 d'appartements de fonction en bureaux. J'ai déposé également une proposition de loi pour que soient supprimés les appartements de fonction (7 000 m 2 ) dont disposent l'Assemblée et le Sénat à Versailles. Donnons l'exemple !
QUESTION : Hervé Gaymard était un " bébé CHIRAC " et s'affirmait face à Nicolas SARKOZY...
Jean-Louis DEBRÉ : J'ignore ce que veut dire " bébé CHIRAC ". Nous sommes sous la Vème République. Il y a des ministres qui appliquent la politique définie par le chef de l'Etat et soutenue par la majorité. S'ils ne sont pas d'accord, ils s'en vont. Un point, c'est tout.
QUESTION : Aujourd'hui, députés et sénateurs se retrouvent à Versailles pour voter la révision constitutionnelle, condition du futur référendum européen...
Jean-Louis DEBRÉ : Je suis totalement engagé pour que les deux lois aujourd'hui mises aux voix recueillent une majorité massive, bien au-delà des clivages partisans. L'Europe, qui a été un rêve, doit devenir une référence. Une référence de paix, mais aussi un modèle économique et social, où l'on ne confond pas liberté et libéralisme. Le second texte, c'est la Charte de l'environnement. De grâce, oublions nos étiquettes. La planète souffre, se détériore. Comme pour les droits de l'homme et du citoyen, la France doit donner l'exemple.
QUESTION : " Les chiffres du chômage sont désespérants " Les derniers chiffres du chômage sont très mauvais, et le climat social ne cesse de s'alourdir. Cela ne va-t-il pas peser sur le résultat du référendum ?
Jean-Louis DEBRÉ : Cela va peser, hélas !... Ne mélangeons pas tout. Nos concitoyens désespèrent de ne pouvoir espérer. Et ce n'est pas une affaire de droite ou de gauche. Arrêtons de nous envoyer des chiffres à la figure. Ils n'ont pas fait mieux que nous faisons, tant les choses sont compliquées. L'interdépendance des économies est aujourd'hui telle qu'on ne décrète pas l'emploi ni la croissance. Le gouvernement essaie de mener à bien des réformes destinées à la modernisation de notre pays. C'est difficile. Les chiffres du chômage sont désespérants. Mais ça ne va pas changer par un claquement de doigts. Confortons la solidarité nationale , mais faisons en sorte que les lois ne découragent pas ceux qui veulent entreprendre et travailler.
QUESTION : Dans un tel climat, les Français s'étonnent des profits colossaux de certaines entreprises...
Jean-Louis DEBRÉ : Je les comprends. Il ne faut pas s'élever contre de tels profits. Ce qui est souhaitable, par le biais d'une législation européenne - et pas seulement française -, c'est que les entreprises soient incitées à réinvestir ces profits.
QUESTION : Avez-vous un message à lancer au nouveau patron de Bercy ?
Jean-Louis DEBRÉ : J'ai juste un voeu : qu'on change les règles de la fiscalité en France pour permettre aux entreprises de se développer en favorisant sur tous les terrains les investissements qui ont des conséquences positives pour l'emploi.
QUESTION : Vos relations avec Jean-Pierre RAFFARIN se sont réchauffées. Que pensez-vous de lui ?
Jean-Louis DEBRÉ : Du bien. Il a son tempérament, j'ai mes idées que j'exprime parfois avec véhémence. Cela n'a jamais entamé l'amitié que je lui porte. Il est un moment où, face aux épreuves, il faut que nous nous rassemblions et fassions preuve de solidarité. Cela dit, je ne renonce pas à ma liberté de parole : je dirai toujours ce que je pense du libéralisme ou de la décentralisation. Plus la situation est difficile, plus la désespérance est grande, plus l'Etat doit s'affirmer pour corriger les inégalités sociales. Il n'en reste pas moins que j'ai pour Jean-Pierre RAFFARIN un sentiment d'admiration : il traverse les épreuves, il ne change pas de cap, il réforme.
QUESTION : Le 13 mars, Nicolas SARKOZY sera réélu député des Hauts-de-Seine. Quel sera son statut ?
Jean-Louis DEBRÉ : Celui d'un député de la nation comme un autre.
QUESTION : Souhaitez-vous que Jacques CHIRAC soit candidat à un nouveau mandat ?
Jean-Louis DEBRÉ : Je souhaite à la tête de la France un homme qui rassemble et fasse bouger les choses. Je vois des chefs de partis et de clans, mais je ne vois personne d'autre que Jacques CHIRAC pour assumer cette mission. D'autant que la vraie division, en 2005, ce n'est pas entre la droite et la gauche - ce vieux schéma hérité du XIXème siècle - mais entre les modernistes et les conservateurs. Or CHIRAC est un moderne.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 9 mars 2005)