Texte intégral
Q- A. Hausser-. Vous avez été élu conseiller général du canton d'Alençon 3, dimanche. C'est un canton que vous avez repris à la gauche et cela fait presque figure d'exploit dans le contexte politique actuel. Ce matin, vous prônez calme et sérénité. C'est de l'ironie ?
R- "Pas du tout, il faut toujours accueillir le message des Français avec beaucoup de calme, de sérénité. Gouverner un grand pays, c'est une responsabilité qui commande beaucoup de sagesse et donc nos compatriotes..."
Q- La claque qu'a pris le Gouvernement, il faut l'accueillir avec calme et sérénité ?
R- "Oui, parce qu'il s'agit de préparer, construire l'avenir de la France. Et cela ne se fait pas par irruption, par pulsions, par mauvaise humeur ; cela se fait dans le calme, dans la sérénité, avec méthode..."
Q- Est-ce que l'ensemble du Gouvernement a gouverné avec sérénité, avant ce scrutin ? Ce n'est pas l'impression que vous avez donnée et c'est justement ce que l'on vous reproche, en partie...
R- "Nous avons connu une conjoncture économique extraordinairement difficile. Nous avons connu une croissance divisée par quatre entre 2001 et 2003. Nous avons voulu engager les chantiers de réforme qui avaient été jusque-là différés. Vous savez qu'un chantier en cours n'est jamais très populaire. Nous avons connu une mobilisation de l'électorat de gauche qui a voulu, sans doute, se venger un peu de son manque de mobilisation à l'occasion du 25 avril..."
Q- Vous dites aussi que c'est un "21 avril à l'envers" ?
R- "Oui, je crois que la formule est assez bonne. Et puis il y a aussi ce mode de scrutin qui, entre nous, était une première, mais s'est révélé un mauvais mode de scrutin. Nous avions 17 triangulaires sur 22 régions."
Q- Quoi qu'il en soit, la gauche est presque majoritaire dans le pays. Malgré le mode de scrutin elle aurait gagné ces régionales.
R- "Dans la constitution de la Vème République, on ne fait pas des législatives tous les deux ans. On fait des législatives tous les cinq ans et donc il faut que la majorité puisse conduire les affaires du pays, encore une fois dans la sérénité, puis répartir l'action du Gouvernement sur la durée totale de la législature. Nous avons un grand défi collectif, que les Français soient de gauche ou qu'ils soient de droite : ce grand défi collectif, c'est la modernisation de notre pays."
Q- La modernisation du pays passe par des réformes douloureuses : la réforme de l'assurance maladie. Hier, F. Hollande a déjà dit "pas d'ordonnance, on veut un vrai débat". Je vous pose une autre question : est-ce qu'il ne faudra pas augmenter la CSG ? Est-ce que tout cela ne va pas encore amener plus d'impopularité ?
R- "Si nous réglons tous les problèmes que nous avons par l'augmentation des impôts, nous allons perdre en compétitivité et nous perdrons nos emplois. Donc nous voyons bien que le défi, c'est au contraire de maîtriser nos dépenses, afin de pouvoir maîtriser notre fiscalité et faire que nous soyons compétitifs. Nous sommes dans un monde ouvert, où nos entreprises sont en compétition, où nos emplois sont en compétition. Et tous ceux qui nous proposent des solutions par l'augmentation des impôts"
Q- Mais c'est de la théorie...
R- "Non, c'est de la pratique, car tous ceux qui aujourd'hui fabriquent des produits, qui sont proposés par d'autres pays à moins cher, savent très bien que leur emploi est peut-être menacé. Et vis-à-vis de tous ceux qui leur annoncent des impôts nouveaux, ils savent que c'est une mauvaise méthode pour leur propre emploi. Je crois vraiment que la solution de l'augmentation des impôts n'est pas une bonne solution."
Q- Les députés sont furieux de ce qui s'est passé dimanche. D'abord, ils craignent pour leur propre réélection et ils disent aussi : "Notre électorat modeste nous a fuit, or on a géré les intérêts catégoriels". Vous parlez de gouverner avec sérénité, mais quand on donne plus d'un milliard aux buralistes et qu'on ne trouve pas 20 millions pour les chercheurs, cela a été dit et redit et cela marque les esprits...
R- "C'est de la caricature..."
Q- Mais c'est ce qui s'est passé...
R- "Non, c'est de la caricature. Le plan de lutte contre le cancer, qui vise à sauver des vies, a eu pour effet de mettre certains buralistes dans une situation qui n'était pas tenable. Donc ces dispositions tout à fait pratiques ont été prises. S'agissant des chercheurs, c'est un problème d'organisation du monde de la recherche. Mais il ne faut pas opposer les Français les uns contre les autres, parce que le grand défi que nous avons à relever : c'est la solidarité entre les générations. C'est faire en sorte que les décisions que nous prenons aujourd'hui ne soient pas de nature à mettre en péril l'avenir de nos enfants. Voilà le message que nous devons adresser aux Français."
Q- Mais la gestion des intérêts catégoriels, justement, met en cause la solidarité ?
R- "Mais justement, il faut dire aux Français qui revendiquent des avantages les concernant eux-mêmes, que ces avantages sont payés par leurs enfants et je ne pense pas qu'ils puissent le demander durablement. Non, je crois qu'il y a beaucoup de pédagogie à faire dans notre pays. "
Q- Est-ce que J.-P. Raffarin est le mieux placé pour faire cette pédagogie ? Je sais bien que vous ne détenez pas la réponse, mais la question est posée tout de même ?
R- "Le choix du Premier ministre est le choix du président de la République. J.-P. Raffarin, pendant deux ans, a fait vraiment tout ce qu'il a pu, il y a mis tout son cur pour pouvoir faire progresser le pays et le moderniser. Aujourd'hui, on l'accuse de tous les maux. Je ne fais pas partie de ceux qui l'accusent. Je crois, au contraire, qu'il mérite notre confiance. C'est la décision du président de la République. En tout cas, au lendemain des élections, même quand on est très déçu, la première chose à faire, c'est de se remettre immédiatement au travail."
Q- C'est ce que vous avez fait ?
R- "C'est ce que j'ai fait. Pour ma part, je me suis remis au travail dès lundi matin, avec confiance, avec sérénité. Vous croyez tout à l'heure que c'était une provocation, mais il faut se laisser éclairer par la lumière de l'espérance. Nous avons une volonté qui est de moderniser la France ; je suis sûr que cette volonté est partagée par les Français. Discutons de la méthode pour le faire."
Q- La méthode et peut-être aussi le rythme, parce que d'un autre côté, on vous reproche aussi de ne pas être allé assez vite dans vos réformes et de ne pas avoir, justement, réformé l'Etat, c'est-à-dire réduit le nombre d'emplois publics, puisque c'est un des grands thèmes aussi de cette campagne ?
R- "Une législature c'est cinq ans, un mandat de maire c'est six ans ; on ne juge pas un maire au bout de trois ans, eh bien on ne juge pas une législature au bout de deux ans."
Q- Oui mais quand il faut supprimer à peu près 500.000 postes et qu'on n'en supprime pas 20.000 en une année, je ne vois pas comment on peut faire en cinq ans...
R- "L'ajustement de la Fonction publique se fait, vous le savez bien, par le non-remplacement des départs à la retraite. Et comme le nombre de départs à la retraite va aller en s'accroissant, tout ceci va pouvoir s'ajuster tranquillement, en maintenant un très haut niveau de service public et également, naturellement, en retrouvant un nombre de fonctionnaires tout à fait compatible avec les finances publiques."
Q- Est-ce que vous souhaitez continuer de faire partie de la future équipe de J.-P. Raffarin ?
R- "Je suis à la disposition du président de la République et du Premier ministre."
Q- Message bien reçu. On a aussi beaucoup critiqué l'UMP après ces élections, en disant que c'est un parti verrouillé, où on ne pratique pas la diversité. Est-ce que la diversité est de mise au Gouvernement ? Est-ce qu'il y a débat entre vous, de temps en temps ?
R- "J'ai connu, pendant deux ans, des débats tout à fait nourris, des débats sincères, une équipe qui, franchement, débattait pour essayer de trouver des meilleures solutions. J'ai passé deux années véritablement de travail sérieux, exaltant. Et, entre nous, j'ai conservé, vraiment, l'envie de poursuivre cette tâche parce que l'enjeu - il faut que tous ceux qui nous regardent le sachent -, c'est la modernisation de la France, parce que la modernisation de la France c'est ce qui garantit l'emploi des Français."
L'UMP est-elle une réussite pour vous ou est-ce qu'on a trop négligé l'UDF ?
- "Oh, c'est encore très jeune l'UMP. Donc l'UMP va continuer à trouver une maturité pour exercer la mission qui est la sienne. En tout état de cause, aujourd'hui, c'est vraiment la pédagogie entre les pouvoirs publics et les citoyens qui va permettre aux citoyens de retrouver confiance dans l'action publique, retrouver confiance dans la capacité de la France à se moderniser et à conserver sa place dans le monde."
Q- Et il faut faire vivre l'UDF ?
R- "Mais oui, il faut travailler tous ensemble. Entre l'UDF et l'UMP, je ne vois pas de différence d'idées politiques."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 mars 2004)
R- "Pas du tout, il faut toujours accueillir le message des Français avec beaucoup de calme, de sérénité. Gouverner un grand pays, c'est une responsabilité qui commande beaucoup de sagesse et donc nos compatriotes..."
Q- La claque qu'a pris le Gouvernement, il faut l'accueillir avec calme et sérénité ?
R- "Oui, parce qu'il s'agit de préparer, construire l'avenir de la France. Et cela ne se fait pas par irruption, par pulsions, par mauvaise humeur ; cela se fait dans le calme, dans la sérénité, avec méthode..."
Q- Est-ce que l'ensemble du Gouvernement a gouverné avec sérénité, avant ce scrutin ? Ce n'est pas l'impression que vous avez donnée et c'est justement ce que l'on vous reproche, en partie...
R- "Nous avons connu une conjoncture économique extraordinairement difficile. Nous avons connu une croissance divisée par quatre entre 2001 et 2003. Nous avons voulu engager les chantiers de réforme qui avaient été jusque-là différés. Vous savez qu'un chantier en cours n'est jamais très populaire. Nous avons connu une mobilisation de l'électorat de gauche qui a voulu, sans doute, se venger un peu de son manque de mobilisation à l'occasion du 25 avril..."
Q- Vous dites aussi que c'est un "21 avril à l'envers" ?
R- "Oui, je crois que la formule est assez bonne. Et puis il y a aussi ce mode de scrutin qui, entre nous, était une première, mais s'est révélé un mauvais mode de scrutin. Nous avions 17 triangulaires sur 22 régions."
Q- Quoi qu'il en soit, la gauche est presque majoritaire dans le pays. Malgré le mode de scrutin elle aurait gagné ces régionales.
R- "Dans la constitution de la Vème République, on ne fait pas des législatives tous les deux ans. On fait des législatives tous les cinq ans et donc il faut que la majorité puisse conduire les affaires du pays, encore une fois dans la sérénité, puis répartir l'action du Gouvernement sur la durée totale de la législature. Nous avons un grand défi collectif, que les Français soient de gauche ou qu'ils soient de droite : ce grand défi collectif, c'est la modernisation de notre pays."
Q- La modernisation du pays passe par des réformes douloureuses : la réforme de l'assurance maladie. Hier, F. Hollande a déjà dit "pas d'ordonnance, on veut un vrai débat". Je vous pose une autre question : est-ce qu'il ne faudra pas augmenter la CSG ? Est-ce que tout cela ne va pas encore amener plus d'impopularité ?
R- "Si nous réglons tous les problèmes que nous avons par l'augmentation des impôts, nous allons perdre en compétitivité et nous perdrons nos emplois. Donc nous voyons bien que le défi, c'est au contraire de maîtriser nos dépenses, afin de pouvoir maîtriser notre fiscalité et faire que nous soyons compétitifs. Nous sommes dans un monde ouvert, où nos entreprises sont en compétition, où nos emplois sont en compétition. Et tous ceux qui nous proposent des solutions par l'augmentation des impôts"
Q- Mais c'est de la théorie...
R- "Non, c'est de la pratique, car tous ceux qui aujourd'hui fabriquent des produits, qui sont proposés par d'autres pays à moins cher, savent très bien que leur emploi est peut-être menacé. Et vis-à-vis de tous ceux qui leur annoncent des impôts nouveaux, ils savent que c'est une mauvaise méthode pour leur propre emploi. Je crois vraiment que la solution de l'augmentation des impôts n'est pas une bonne solution."
Q- Les députés sont furieux de ce qui s'est passé dimanche. D'abord, ils craignent pour leur propre réélection et ils disent aussi : "Notre électorat modeste nous a fuit, or on a géré les intérêts catégoriels". Vous parlez de gouverner avec sérénité, mais quand on donne plus d'un milliard aux buralistes et qu'on ne trouve pas 20 millions pour les chercheurs, cela a été dit et redit et cela marque les esprits...
R- "C'est de la caricature..."
Q- Mais c'est ce qui s'est passé...
R- "Non, c'est de la caricature. Le plan de lutte contre le cancer, qui vise à sauver des vies, a eu pour effet de mettre certains buralistes dans une situation qui n'était pas tenable. Donc ces dispositions tout à fait pratiques ont été prises. S'agissant des chercheurs, c'est un problème d'organisation du monde de la recherche. Mais il ne faut pas opposer les Français les uns contre les autres, parce que le grand défi que nous avons à relever : c'est la solidarité entre les générations. C'est faire en sorte que les décisions que nous prenons aujourd'hui ne soient pas de nature à mettre en péril l'avenir de nos enfants. Voilà le message que nous devons adresser aux Français."
Q- Mais la gestion des intérêts catégoriels, justement, met en cause la solidarité ?
R- "Mais justement, il faut dire aux Français qui revendiquent des avantages les concernant eux-mêmes, que ces avantages sont payés par leurs enfants et je ne pense pas qu'ils puissent le demander durablement. Non, je crois qu'il y a beaucoup de pédagogie à faire dans notre pays. "
Q- Est-ce que J.-P. Raffarin est le mieux placé pour faire cette pédagogie ? Je sais bien que vous ne détenez pas la réponse, mais la question est posée tout de même ?
R- "Le choix du Premier ministre est le choix du président de la République. J.-P. Raffarin, pendant deux ans, a fait vraiment tout ce qu'il a pu, il y a mis tout son cur pour pouvoir faire progresser le pays et le moderniser. Aujourd'hui, on l'accuse de tous les maux. Je ne fais pas partie de ceux qui l'accusent. Je crois, au contraire, qu'il mérite notre confiance. C'est la décision du président de la République. En tout cas, au lendemain des élections, même quand on est très déçu, la première chose à faire, c'est de se remettre immédiatement au travail."
Q- C'est ce que vous avez fait ?
R- "C'est ce que j'ai fait. Pour ma part, je me suis remis au travail dès lundi matin, avec confiance, avec sérénité. Vous croyez tout à l'heure que c'était une provocation, mais il faut se laisser éclairer par la lumière de l'espérance. Nous avons une volonté qui est de moderniser la France ; je suis sûr que cette volonté est partagée par les Français. Discutons de la méthode pour le faire."
Q- La méthode et peut-être aussi le rythme, parce que d'un autre côté, on vous reproche aussi de ne pas être allé assez vite dans vos réformes et de ne pas avoir, justement, réformé l'Etat, c'est-à-dire réduit le nombre d'emplois publics, puisque c'est un des grands thèmes aussi de cette campagne ?
R- "Une législature c'est cinq ans, un mandat de maire c'est six ans ; on ne juge pas un maire au bout de trois ans, eh bien on ne juge pas une législature au bout de deux ans."
Q- Oui mais quand il faut supprimer à peu près 500.000 postes et qu'on n'en supprime pas 20.000 en une année, je ne vois pas comment on peut faire en cinq ans...
R- "L'ajustement de la Fonction publique se fait, vous le savez bien, par le non-remplacement des départs à la retraite. Et comme le nombre de départs à la retraite va aller en s'accroissant, tout ceci va pouvoir s'ajuster tranquillement, en maintenant un très haut niveau de service public et également, naturellement, en retrouvant un nombre de fonctionnaires tout à fait compatible avec les finances publiques."
Q- Est-ce que vous souhaitez continuer de faire partie de la future équipe de J.-P. Raffarin ?
R- "Je suis à la disposition du président de la République et du Premier ministre."
Q- Message bien reçu. On a aussi beaucoup critiqué l'UMP après ces élections, en disant que c'est un parti verrouillé, où on ne pratique pas la diversité. Est-ce que la diversité est de mise au Gouvernement ? Est-ce qu'il y a débat entre vous, de temps en temps ?
R- "J'ai connu, pendant deux ans, des débats tout à fait nourris, des débats sincères, une équipe qui, franchement, débattait pour essayer de trouver des meilleures solutions. J'ai passé deux années véritablement de travail sérieux, exaltant. Et, entre nous, j'ai conservé, vraiment, l'envie de poursuivre cette tâche parce que l'enjeu - il faut que tous ceux qui nous regardent le sachent -, c'est la modernisation de la France, parce que la modernisation de la France c'est ce qui garantit l'emploi des Français."
L'UMP est-elle une réussite pour vous ou est-ce qu'on a trop négligé l'UDF ?
- "Oh, c'est encore très jeune l'UMP. Donc l'UMP va continuer à trouver une maturité pour exercer la mission qui est la sienne. En tout état de cause, aujourd'hui, c'est vraiment la pédagogie entre les pouvoirs publics et les citoyens qui va permettre aux citoyens de retrouver confiance dans l'action publique, retrouver confiance dans la capacité de la France à se moderniser et à conserver sa place dans le monde."
Q- Et il faut faire vivre l'UDF ?
R- "Mais oui, il faut travailler tous ensemble. Entre l'UDF et l'UMP, je ne vois pas de différence d'idées politiques."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 mars 2004)