Texte intégral
Q- Bonjour T. Breton. Si j'ose dire, "tout le monde se lève pour Danone", on peut le dire, la classe politique - de droite à gauche, Premier ministre compris - s'inquiète d'un projet de rachat de Danone que pourrait envisager l'Américain Pepsi-Cola. C'est le modèle français, c'est l'identité nationale industrielle qui serait en jeu. En plus, quel symbole ! Le bon yaourt nature français, avalé par le soda américain. Vous-même vous sortez de votre silence C matin, T. Breton, c'est sur RTL. D'abord, avez-vous la certitude, ce matin, que Danone est menacé par un raid boursier américain ?
R- Alors avant de parler de certitude et de commenter des rumeurs, ce que je ne peux pas faire, je voudrais redire, très précisément ce qu'a dit hier le Premier ministre, à savoir que le Gouvernement de D. de Villepin et en particulier le ministre de l'Économie et des Finances et de l'Industrie que je suis, déploient tous leurs efforts pour établir dans notre pays un socle industriel, solide et vigoureux. Tout homme politique du reste vise à permettre aux entreprises de se développer, pour plus d'innovations, plus de recherche, plus de compétitivité, et bien sûr plus d'emplois. Ça, c'est le cadre général dans lequel le Gouvernement...
Q- C'est une évidence ça T. Breton.
R- Ce n'est pas qu'une évidence. Les pôles de compétitivité, ce n'est pas une évidence. La politique du Gouvernement, ce n'est pas une évidence. Ça c'est réellement ce que fait le Gouvernement de D. de Villepin.
Q- Alors qu'est-ce qui se passe aujourd'hui sur le capital de Danone ?
R- Alors, maintenant, pour le cas particulier... Vous avez vu comme nous tous une rumeur qui a gonflé. Moi, par principe J.-Y. Chaperon, par principe je ne commente jamais les rumeurs ! Quand j'étais chef d'entreprise, j'en avais tous les jours. Depuis que je suis ministre, il y en a tous les jours. Et par définition, je sais que commenter une rumeur ça fait bouger les cours. Le ministre de l'Économie et des Finances que je suis, vous l'avez noté, ne parle pas pour faire bouger les cours. Il doit veiller précisément à tout cela. C'est la raison pour laquelle, merci de m'avoir invité ce matin, avant que les marchés ne soient ouverts. Dans une heure, je ne parlerai plus. Et encore une fois, j'appelle tout le monde à la responsabilité sur ce dossier. Parler de choses qu'on ne sait pas, ça peut effectivement avoir un impact. Aujourd'hui, enfin, F. Riboud parle, moi je m'en réjouis.
Q- PDG de Danone.
R- Je m'en réjouis parce que, effectivement on a eu énormément de rumeurs ici et là, et il dit du reste dans un quotidien ce matin : il n'y a rien, ni de près, ni de loin, d'officiel ou d'officieux. Je dis : enfin il parle. C'est important.
Q- C'est pourtant, lui, F. Riboud, qui a appelé le ministère de l'Économie pour ne pas dire Matignon au secours, semble t-il.
R- Je dis encore une fois : c'est important de parler, parce qu'effectivement quand les cours montent d'une trentaine de pour cent en dix jours, il faut quand même dire ce que l'on sait ou ce que l'on ne sait pas de façon à ce que tout le monde garde raison. Alors maintenant, sur le sujet des OPA, parce qu'il faut faire de la pédagogie, et moi je suis là aussi pour...
Q- Attendez, justement avant ça, la classe politique s'est emballée. Est-ce qu'elle est devenue folle sur cette affaire ?
R- Je pense encore une fois qu'il faut sur des sujets comme cela raison garder. Bien entendu nous sommes tous attentifs au patrimoine français. Bien entendu nous sommes tous attentifs aux entreprises. Mais vous savez, une entreprise, c'est complexe et une entreprise c'est dirigé par un conseil d'administration. Le conseil d'administration, il a notamment pour vocation : de défendre l'intérêt des salariés, l'intérêt des clients, l'intérêt des fournisseurs, l'intérêt des actionnaires. Et ça c'est le rôle d'un conseil d'administration. Une entreprise qui a un capital éclaté, elle ne doit rester non plus comme ça. Elle doit aussi se
préparer. Je ne peux pas imaginer un seul instant...
Q- Est-ce que ça veut dire que Danone ne s'est pas préparé à une telle éventualité ?
R- Je ne peux pas imaginer un seul instant qu'une entreprise comme Danone par exemple, ou d'autres, qui a un capital très éclaté, qui le sait, ne s'est pas préparé de longue date à cela. Eh bien donc, qu'on le dise. Alors maintenant sur les OPA. Sur les OPA, c'est vrai que dans le monde d'aujourd'hui, on peut effectivement avoir des OPA sur les entreprises. Une OPA, c'est une Offre Publique d'Achat. Alors ça se fait la plupart du temps de façon amicale. Et quand ça se fait de façon amicale, ça veut dire que les parties y ont intérêt. C'est un mariage, c'est un mariage qui se fait parce que chacun a envie de se marier avec l'autre. Alors si jamais il y a une OPA amicale sur une entreprise française, et que les conseils d'administration estiment que c'est l'intérêt des salariés, l'intérêt des clients, l'intérêt des actionnaires que de le faire, eh bien qu'ils le fassent.
Q- Même si c'est une firme aussi emblématique que Danone.
R- Si jamais encore une fois, les parties estiment que c'est l'intérêt de leurs salariés, l'intérêt de leurs clients, l'intérêt de leurs actionnaires, bien entendu et que donc ceci va créer, je dirais de la valeur, de la richesse, du bien-être pour ces familles encore une fois qui composent une entreprise. Alors, bien entendu c'est très bien. Par contre, si l'OPA est hostile - ça peut arriver - ça arrive rarement vous savez que des OPA hostiles réussissent.
Q- En tout cas on ne peut pas dire que Pepsi sera le bienvenu sur l'affaire.
R- Eh bien écoutez, en tout cas cette entreprise, Pepsi, n'a jamais réalisé à ce jour d'OPA hostile. Donc je ne sais pas quelles sont les intentions des uns ou des autres, mais je le constate.
Q- Alors dans ce cas-là, qu'est-ce qui se passerait s'il y avait une OPA hostile ? Est-ce que le Gouvernement interviendrait, T. Breton ?
R- D'abord, une OPA hostile ça veut dire qu'on va se marier contre son gré. Vous savez, les mariages forcés ça ne marche pas toujours ! Ça marchait peut-être il y a quelques siècles, mais aujourd'hui les mariages forcés, on sait que c'est beaucoup plus difficile. Donc c'est le premier point. Si c'est hostile, eh bien l'entreprise qui est la victime ou la cible de cette OPA, elle a des moyens pour se défendre. Et le Gouvernement, je tiens à le dire très clairement ici ce matin, le Gouvernement veillera très scrupuleusement à ce que ces moyens soient préservés.
Q- On entend dire, T. Breton : le Gouvernement sera vigilant, le Gouvernement... Que peut faire concrètement le Gouvernement contre une OPA de ce type ?
R- La France, ce n'est pas le farwest ! La France, c'est un Etat de droit. La France veillera, et le Gouvernement veillera à ce que, précisément - et nous avons là un cadre de lois très rigoureux, très stricte - nous veillerons à ce qu'il soit appliqué. A ce qu'il soit appliqué, ça veut dire que l'intérêt des salariés soit préservé. Et encore une fois, c'est très encadré. A ce que l'intérêt des actionnaires soit préservé, à ce que l'intérêt des consommateurs - je suis aussi le ministre de la Consommation - soit préservé. A ce que l'entreprise ait également, légalement, le temps qu'il faut pour se défendre. Et je ne peux pas, encore une fois, imaginer ce matin qu'une entreprise comme Danone, n'a pas déjà réfléchi, parce que c'est son devoir, sa responsabilité à C qui se passerait dans ce cas-là. Ce que je veux dire clairement c'est que le gouvernement veillera, très scrupuleusement, à ce que ces droits soient préservés et appliqués.
Q- Mais si ces droits sont préservés et appliqués comme vous le dites, rien ne saurait empêcher ce rachat, même d'une firme aussi emblématique que Danone, comme je le disais par Pepsi-Cola.
R- Si ces droits sont appliqués, et ils le seront. Si le temps nécessaire, et légalement nécessaire, est respecté, il le sera. Eh bien dans ces conditions Danone aura tous les moyens. J'ai vu que F. Riboud disait qu'il avait des tas d'idées, qu'il avait déjà réfléchi.
Q- Vous avez l'air de lui en vouloir à F. Riboud quand même ce matin.
R- Je ne lui en veux pas du tout. Je trouve que c'est très bien qu'il se soit exprimé et je suis très heureux en tant que ministre de l'Économie et des Finances qu'il ait pris la parole pour dire les choses telles qu'elles sont. Et je m'en réjouis.
Q- Pas pour lancer des rumeurs.
R- Je n'ai pas vu qu'il avait lancé des rumeurs, j'ai vu aujourd'hui, et c'est la première fois qu'il parle, j'ai vu qu'il dit que tout ceci, il n'y a rien de concret. J'ai vu qu'il dit qu'il n'a pas eu de contacts et qu'il n'y a aucun élément de réponses et que par contre, il y a effectivement des idées si jamais il y avait une OPA hostile pour défendre encore une fois, ce à quoi le gouvernement est très attaché, c'est-à-dire cette culture, les hommes et les femmes qui travaillent dans une entreprise, c'est un savoir-faire, c'est vrai que certains ont dit : c'est une partie de notre patrimoine. Ce n'est pas faux. Eh bien encore une fois, je veux le dire très clairement ici, au nom du Gouvernement : le droit sera respecté de la façon la plus rigoureuse si jamais, si jamais et là encore, je ne veux pas moi, contribuer aussi à - vous l'avez bien vu - aux rumeurs. Personne ne sait rien. On le dit, donc je demande à ce qu'on garde raison sur cette affaire.
Q- Il y a une conséquence de toute façon à cet emballement, T. Breton, c'est que le cours de Danone en bourse s'est envolé. Ça veut dire qu'il y en a qui sont en train de s'enrichir à l'heure qu'il est. Est-ce que vous excluez le coût spéculatif, après tout, l'intox ?
R- Écoutez, il y a une autorité indépendante, qui est l'Autorité des marchés financiers. Son rôle est de regarder tout cela, et elle le regarde parce que c'est son rôle, comme elle regarde tous les mouvements un peu rapides, et donc chacun a sa responsabilité, chacun son travail. L'autorité des marchés financiers joue son rôle. Le gouvernement joue le sien.
Q- L'affaire est devenue telle, a pris une telle dimension politique aujourd'hui. Elle est à la Une de tous les journaux vous avez vu que si malgré tout cette OPA a lieu, T. Breton, on va dire que c'est un échec du Gouvernement.
R- Écoutez, on peut dire ce qu'on veut, je crois qu'il faut là encore, je le redis, raison garder. Il faut que les choses soient dites de façon calme et sereine. Il faut éviter de s'exprimer, je le dis encore une fois, pour donner du corps aux rumeurs quelles qu'elles soient et là je le dis clairement, c'est la pédagogie aussi. Quand les marchés sont ouverts, on fait attention à ce qu'on dit. Et puis, pour le reste, si jamais, pour n'importe quelle entreprise française, il y a des OPA hostiles qui se réalisent sur le territoire français, le gouvernement veillera à faire respecter toute la loi, rien que la loi, mais avec vigueur et détermination.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 juillet 2005)
R- Alors avant de parler de certitude et de commenter des rumeurs, ce que je ne peux pas faire, je voudrais redire, très précisément ce qu'a dit hier le Premier ministre, à savoir que le Gouvernement de D. de Villepin et en particulier le ministre de l'Économie et des Finances et de l'Industrie que je suis, déploient tous leurs efforts pour établir dans notre pays un socle industriel, solide et vigoureux. Tout homme politique du reste vise à permettre aux entreprises de se développer, pour plus d'innovations, plus de recherche, plus de compétitivité, et bien sûr plus d'emplois. Ça, c'est le cadre général dans lequel le Gouvernement...
Q- C'est une évidence ça T. Breton.
R- Ce n'est pas qu'une évidence. Les pôles de compétitivité, ce n'est pas une évidence. La politique du Gouvernement, ce n'est pas une évidence. Ça c'est réellement ce que fait le Gouvernement de D. de Villepin.
Q- Alors qu'est-ce qui se passe aujourd'hui sur le capital de Danone ?
R- Alors, maintenant, pour le cas particulier... Vous avez vu comme nous tous une rumeur qui a gonflé. Moi, par principe J.-Y. Chaperon, par principe je ne commente jamais les rumeurs ! Quand j'étais chef d'entreprise, j'en avais tous les jours. Depuis que je suis ministre, il y en a tous les jours. Et par définition, je sais que commenter une rumeur ça fait bouger les cours. Le ministre de l'Économie et des Finances que je suis, vous l'avez noté, ne parle pas pour faire bouger les cours. Il doit veiller précisément à tout cela. C'est la raison pour laquelle, merci de m'avoir invité ce matin, avant que les marchés ne soient ouverts. Dans une heure, je ne parlerai plus. Et encore une fois, j'appelle tout le monde à la responsabilité sur ce dossier. Parler de choses qu'on ne sait pas, ça peut effectivement avoir un impact. Aujourd'hui, enfin, F. Riboud parle, moi je m'en réjouis.
Q- PDG de Danone.
R- Je m'en réjouis parce que, effectivement on a eu énormément de rumeurs ici et là, et il dit du reste dans un quotidien ce matin : il n'y a rien, ni de près, ni de loin, d'officiel ou d'officieux. Je dis : enfin il parle. C'est important.
Q- C'est pourtant, lui, F. Riboud, qui a appelé le ministère de l'Économie pour ne pas dire Matignon au secours, semble t-il.
R- Je dis encore une fois : c'est important de parler, parce qu'effectivement quand les cours montent d'une trentaine de pour cent en dix jours, il faut quand même dire ce que l'on sait ou ce que l'on ne sait pas de façon à ce que tout le monde garde raison. Alors maintenant, sur le sujet des OPA, parce qu'il faut faire de la pédagogie, et moi je suis là aussi pour...
Q- Attendez, justement avant ça, la classe politique s'est emballée. Est-ce qu'elle est devenue folle sur cette affaire ?
R- Je pense encore une fois qu'il faut sur des sujets comme cela raison garder. Bien entendu nous sommes tous attentifs au patrimoine français. Bien entendu nous sommes tous attentifs aux entreprises. Mais vous savez, une entreprise, c'est complexe et une entreprise c'est dirigé par un conseil d'administration. Le conseil d'administration, il a notamment pour vocation : de défendre l'intérêt des salariés, l'intérêt des clients, l'intérêt des fournisseurs, l'intérêt des actionnaires. Et ça c'est le rôle d'un conseil d'administration. Une entreprise qui a un capital éclaté, elle ne doit rester non plus comme ça. Elle doit aussi se
préparer. Je ne peux pas imaginer un seul instant...
Q- Est-ce que ça veut dire que Danone ne s'est pas préparé à une telle éventualité ?
R- Je ne peux pas imaginer un seul instant qu'une entreprise comme Danone par exemple, ou d'autres, qui a un capital très éclaté, qui le sait, ne s'est pas préparé de longue date à cela. Eh bien donc, qu'on le dise. Alors maintenant sur les OPA. Sur les OPA, c'est vrai que dans le monde d'aujourd'hui, on peut effectivement avoir des OPA sur les entreprises. Une OPA, c'est une Offre Publique d'Achat. Alors ça se fait la plupart du temps de façon amicale. Et quand ça se fait de façon amicale, ça veut dire que les parties y ont intérêt. C'est un mariage, c'est un mariage qui se fait parce que chacun a envie de se marier avec l'autre. Alors si jamais il y a une OPA amicale sur une entreprise française, et que les conseils d'administration estiment que c'est l'intérêt des salariés, l'intérêt des clients, l'intérêt des actionnaires que de le faire, eh bien qu'ils le fassent.
Q- Même si c'est une firme aussi emblématique que Danone.
R- Si jamais encore une fois, les parties estiment que c'est l'intérêt de leurs salariés, l'intérêt de leurs clients, l'intérêt de leurs actionnaires, bien entendu et que donc ceci va créer, je dirais de la valeur, de la richesse, du bien-être pour ces familles encore une fois qui composent une entreprise. Alors, bien entendu c'est très bien. Par contre, si l'OPA est hostile - ça peut arriver - ça arrive rarement vous savez que des OPA hostiles réussissent.
Q- En tout cas on ne peut pas dire que Pepsi sera le bienvenu sur l'affaire.
R- Eh bien écoutez, en tout cas cette entreprise, Pepsi, n'a jamais réalisé à ce jour d'OPA hostile. Donc je ne sais pas quelles sont les intentions des uns ou des autres, mais je le constate.
Q- Alors dans ce cas-là, qu'est-ce qui se passerait s'il y avait une OPA hostile ? Est-ce que le Gouvernement interviendrait, T. Breton ?
R- D'abord, une OPA hostile ça veut dire qu'on va se marier contre son gré. Vous savez, les mariages forcés ça ne marche pas toujours ! Ça marchait peut-être il y a quelques siècles, mais aujourd'hui les mariages forcés, on sait que c'est beaucoup plus difficile. Donc c'est le premier point. Si c'est hostile, eh bien l'entreprise qui est la victime ou la cible de cette OPA, elle a des moyens pour se défendre. Et le Gouvernement, je tiens à le dire très clairement ici ce matin, le Gouvernement veillera très scrupuleusement à ce que ces moyens soient préservés.
Q- On entend dire, T. Breton : le Gouvernement sera vigilant, le Gouvernement... Que peut faire concrètement le Gouvernement contre une OPA de ce type ?
R- La France, ce n'est pas le farwest ! La France, c'est un Etat de droit. La France veillera, et le Gouvernement veillera à ce que, précisément - et nous avons là un cadre de lois très rigoureux, très stricte - nous veillerons à ce qu'il soit appliqué. A ce qu'il soit appliqué, ça veut dire que l'intérêt des salariés soit préservé. Et encore une fois, c'est très encadré. A ce que l'intérêt des actionnaires soit préservé, à ce que l'intérêt des consommateurs - je suis aussi le ministre de la Consommation - soit préservé. A ce que l'entreprise ait également, légalement, le temps qu'il faut pour se défendre. Et je ne peux pas, encore une fois, imaginer ce matin qu'une entreprise comme Danone, n'a pas déjà réfléchi, parce que c'est son devoir, sa responsabilité à C qui se passerait dans ce cas-là. Ce que je veux dire clairement c'est que le gouvernement veillera, très scrupuleusement, à ce que ces droits soient préservés et appliqués.
Q- Mais si ces droits sont préservés et appliqués comme vous le dites, rien ne saurait empêcher ce rachat, même d'une firme aussi emblématique que Danone, comme je le disais par Pepsi-Cola.
R- Si ces droits sont appliqués, et ils le seront. Si le temps nécessaire, et légalement nécessaire, est respecté, il le sera. Eh bien dans ces conditions Danone aura tous les moyens. J'ai vu que F. Riboud disait qu'il avait des tas d'idées, qu'il avait déjà réfléchi.
Q- Vous avez l'air de lui en vouloir à F. Riboud quand même ce matin.
R- Je ne lui en veux pas du tout. Je trouve que c'est très bien qu'il se soit exprimé et je suis très heureux en tant que ministre de l'Économie et des Finances qu'il ait pris la parole pour dire les choses telles qu'elles sont. Et je m'en réjouis.
Q- Pas pour lancer des rumeurs.
R- Je n'ai pas vu qu'il avait lancé des rumeurs, j'ai vu aujourd'hui, et c'est la première fois qu'il parle, j'ai vu qu'il dit que tout ceci, il n'y a rien de concret. J'ai vu qu'il dit qu'il n'a pas eu de contacts et qu'il n'y a aucun élément de réponses et que par contre, il y a effectivement des idées si jamais il y avait une OPA hostile pour défendre encore une fois, ce à quoi le gouvernement est très attaché, c'est-à-dire cette culture, les hommes et les femmes qui travaillent dans une entreprise, c'est un savoir-faire, c'est vrai que certains ont dit : c'est une partie de notre patrimoine. Ce n'est pas faux. Eh bien encore une fois, je veux le dire très clairement ici, au nom du Gouvernement : le droit sera respecté de la façon la plus rigoureuse si jamais, si jamais et là encore, je ne veux pas moi, contribuer aussi à - vous l'avez bien vu - aux rumeurs. Personne ne sait rien. On le dit, donc je demande à ce qu'on garde raison sur cette affaire.
Q- Il y a une conséquence de toute façon à cet emballement, T. Breton, c'est que le cours de Danone en bourse s'est envolé. Ça veut dire qu'il y en a qui sont en train de s'enrichir à l'heure qu'il est. Est-ce que vous excluez le coût spéculatif, après tout, l'intox ?
R- Écoutez, il y a une autorité indépendante, qui est l'Autorité des marchés financiers. Son rôle est de regarder tout cela, et elle le regarde parce que c'est son rôle, comme elle regarde tous les mouvements un peu rapides, et donc chacun a sa responsabilité, chacun son travail. L'autorité des marchés financiers joue son rôle. Le gouvernement joue le sien.
Q- L'affaire est devenue telle, a pris une telle dimension politique aujourd'hui. Elle est à la Une de tous les journaux vous avez vu que si malgré tout cette OPA a lieu, T. Breton, on va dire que c'est un échec du Gouvernement.
R- Écoutez, on peut dire ce qu'on veut, je crois qu'il faut là encore, je le redis, raison garder. Il faut que les choses soient dites de façon calme et sereine. Il faut éviter de s'exprimer, je le dis encore une fois, pour donner du corps aux rumeurs quelles qu'elles soient et là je le dis clairement, c'est la pédagogie aussi. Quand les marchés sont ouverts, on fait attention à ce qu'on dit. Et puis, pour le reste, si jamais, pour n'importe quelle entreprise française, il y a des OPA hostiles qui se réalisent sur le territoire français, le gouvernement veillera à faire respecter toute la loi, rien que la loi, mais avec vigueur et détermination.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 juillet 2005)