Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d'ouvrir ces 26èmes journées annuelles. Elles témoignent de la vitalité et du dynamisme de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie. Je sais combien votre Société collabore étroitement depuis des années avec mes services et, en particulier, la Direction générale de la Santé et la Direction des Hôpitaux et de l'Organisation des Soins.
Vous avez su apporter votre haute compétence au Plan interministériel sur la Canicule et maintenant au comité interministériel permanent. Je sais aussi combien le colloque que vous avez organisé avec l'Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes et la DGS a été utile aux directeurs d'établissements et à l'ensemble des professionnels de Santé dans l'élaboration de leurs plans de prévention.
J'ai été très attentif aussi au travail considérable que vous menez sur la diffusion de bonnes pratiques de repérage, d'évaluation et de prise en charge de la douleur chez la personne âgée. Je suis très impressionné aussi par votre remarquable action de sensibilisation à la démarche de soins palliatifs, de l'ensemble des acteurs de santé et, en particulier, de ceux qui interviennent dans les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Toutes ces actions montrent combien votre métier est un métier de vocation qui donne toute sa place à l'éthique du soin.
Vous savez mon souci de voir se développer rapidement les actions inscrites dans le Plan Alzheimer, en particulier en ce qui concerne le diagnostic précoce qui permet le traitement des patients, leur inscription dans un plan de soins et l'aide aux familles touchées par cette terrible maladie. Je suis extrêmement préoccupé de savoir que le diagnostic n'est encore porté que chez un malade sur deux. Je me réjouis que les gériatres jouent avec leurs collègues neurologues et psychiatres un rôle prépondérant dans la mise en place des Centres Mémoire de Ressources et de Recherche et dans le développement des Consultations Mémoire de Proximité qui sont en train d'améliorer grandement le taux de diagnostic de la maladie d'Alzheimer en France. Avec Xavier Bertrand, tous nos efforts se porteront sur la dotation en moyens de ces centres tant en médecins qu'en neuro-psycholoques et autre personnel paramédical, pour que ces nouvelles structures puissent véritablement remplir leur mission.
Cette approche multidisciplinaire fédératrice souvent initiée par les gériatres va favoriser la recherche clinique et épidémiologique qui seule apportera la clef de cette terrible maladie. Je salue l'initiative de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie d'organiser avec le soutien de la DGS un séminaire scientifique annuel de formation à la méthodologie de la recherche clinique. L'élaboration d'un protocole d'évaluation des traitements non médicamenteux de la démence, thème de votre séminaire cette année, vient à point nommé pour guider les pratiques de prise en charge de ces patients.
Je m'emploierai avec mes collègues du Gouvernement à développer massivement la recherche sur le vieillissement, recherche fondamentale mais aussi clinique et épidémiologique. Il nous faut inscrire de façon prioritaire le thème de la maladie d'Alzheimer et celui de la longévité dans les appels d'offres de la nouvelle Agence Nationale de Recherche.
La gériatrie est une discipline clinique, une discipline d'enseignement et une discipline de recherche qui tient compte de la spécificité du patient âgé, fragile, atteint de poly-pathologies aiguës ou chroniques. J'adhère totalement à l'ambition qui est la vôtre d'organiser le soin gériatrique selon une approche globale, dans le respect de la continuité du soin. C'est pourquoi l'amélioration de la filière gériatrique constitue, pour moi, comme pour Xavier Bertrand, une priorité de santé publique.
Le plan " Urgences " adopté en octobre 2003 prévoit sur la période 2004-2008 des mesures concernant spécifiquement la gériatrie. Ce plan vise à renforcer les structures de court séjour gériatrique, à développer les équipes mobiles gériatriques, à créer 15 000 places de soins de suite et de réadaptation et à développer l'hospitalisation à domicile avec un objectif de créer 8 000 places d'ici fin 2005.
Xavier Bertrand et moi-même avons renouvelé au professeur Claude Jeandel, au professeur Pierre Pfitzenmeyer et à monsieur Philippe Vigouroux une mission de suivi des politiques gouvernementales d'adaptation des structures sanitaires au vieillissement de la population. J'attends beaucoup de cette mission et je veillerai à ce que les engagements soient rigoureusement respectés.
Ma volonté est aussi de développer massivement la gériatrie universitaire. Aux besoins d'enseignement de la discipline gériatrique à tous les futurs médecins et plus largement aux personnels exerçant en milieu gériatrique s'ajoute la nécessité de développer la Recherche clinique et l'expertise pour l'évaluation des biens de santé pour les personnes âgées.
En accord avec M. François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, nous avons décidé de quasiment doubler dans les 5 à 10 ans le nombre de Professeurs de gériatrie et de Chefs de clinique. D'ici 2010, ce sont donc environ 25 à 35 nouveaux postes qui seront créés. En outre entre 2010 et 2015, il est envisagé d'augmenter encore de 10 postes la gériatrie universitaire. Ce plan suit l'état de préparation des futurs candidats. Je souhaite que ce plan engage un grand nombre de jeunes gériatres à acquérir les pré-requis nécessaires. La balle est dans leur camp.
Je sais que la filière gériatrique ne peut être fluide sans création d'un certain nombre de places d'aval de l'hospitalisation. Nous avons atteint les objectifs du Plan Vieillissement-Solidarité avec deux ans d'avance (10 000 places en 2 ans au lieu de 4). Je souhaite que nous gardions pour 2006-2007 le même rythme de création de places et de personnel correspondant. Je veux aussi renforcer les soins apportés aux personnes âgées, en assurant une plus grande médicalisation des maisons de retraite.
J'ai pris la mesure de votre inquiétude concernant le transfert de tutelle et de financement des unités de soins de longue durée, du secteur sanitaire vers le secteur médico-social géré par le préfet et la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie. Il est clair qu'un certain nombre de patients atteints de pathologies lourdes relève du secteur sanitaire qui seul assure une prise en charge médicale et infirmière 24 h/24. Il est vrai aussi que l'état d'un grand nombre de personnes âgées, hospitalisées en unité soins de longue durée, faute de place en maisons de retraites médicalisées, relève plutôt du secteur médico-social. J'ai donc décidé de proposer un moratoire jusqu'en Janvier 2007. J'ai supprimé l'article 12 de l'ordonnance de simplification, source de toutes les inquiétudes et je fais ajouter un article à la loi de financement 2006 de la sécurité sociale pour garantir les conditions de financement sanitaire des Unités de Soins de Longue Durée pendant cette période transitoire. Une mission confiée à l'Inspection Générale des Affaires Sociales devra proposer avec mes services, avec la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie et les professionnels gériatriques et gérontologiques, les outils qui permettent de définir la nature des patients qui relèvent des USLD sanitaires. Elle devra évaluer en concertation avec la Caisse Nationale d'Assurance Maladie le pourcentage de ces patients. J'espère vous avoir rassuré sur ce point et je souligne que votre compétence est indispensable au sein de cette mission.
Je ne peux malheureusement aborder avec vous tous les sujets auxquels je tiens, car le temps m'est compté avant le conseil des ministres de ce matin.
Sachez que je considère l'augmentation remarquable de l'espérance moyenne de vie comme un immense privilège de nos nations développées. C'est aussi un fabuleux défi à relever afin que toutes ces années gagnées sur la mort soient chaleureuses, pleines de vie et de dignité.
Tout démontre que la majorité de notre population va vieillir dans de bonnes conditions de santé, d'autonomie et de productivité dans les secteurs où leur activité est possible. Une minorité de personnes âgées restera cependant atteinte de maladies chroniques invalidantes et les personnes très âgées, demeureront une population fragile dont l'autonomie est nécessairement assistée.
Ma réflexion est ainsi double. Il faut permettre aux personnes âgées en bonne santé aujourd'hui de le rester et de jouer pleinement le rôle qui doit être le leur dans notre société. Nous devons aussi accompagner le très grand âge et la dépendance qui peut en découler.
Votre discipline est doublement en première ligne pour réaliser ces deux objectifs : Garantir le " bien vieillir " grâce aux programmes de prévention du vieillissement pathologique que vous mettez en place et prévenir la perte d'autonomie grâce au rôle majeur que vous jouez quotidiennement pour prendre en charge, avec compétence, efficacité et humanité les plus vulnérables et les plus fragiles d'entre nous.
Je compte sur vous pour que cette période de l'existence humaine soit une nouvelle et chaleureuse aventure du vivant. Vous pouvez compter sur moi.
Je vous remercie.
(Source http://www.personnes-agees.gouv.fr, le 6 octobre 2005)