Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Philippe
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Mon cher Philippe, je te remercie de me donner la parole aujourd'hui et d'avoir accepté de tenir compte d'un agenda un peu bousculé cette semaine.
Avant toute chose, je voudrais te féliciter pour ton élection. Je sais qu'ici tout le monde te connaît bien et apprécie ton action pour la défense du monde céréalier.
Mais je voudrais également souligner le rôle qui est le tien au sein de la FNSEA.
Dans notre conseil, comme dans notre bureau, on peut compter sur toi pour défendre les intérêts généraux de l'agriculture.
En plus, à la FNSEA, tu tiens les cordons de la bourse, et tu les tiens bien.
Je connais ton dévouement, ton engagement, ton énergie. Autant de qualités indispensables pour tenir la barre quand le temps est à la tempête.
Pour l'instant, l'inquiétude domine. Pour les producteurs que vous êtes, les temps sont durs et les perspectives ne sont pas encourageantes.
Cette inquiétude, elle s'est encore exprimée lors des manifestations organisées par la région Centre à Orléans, en Bourgogne et pas plus tard que ce matin, à Paris.
[La gestion des marchés]
Et comment ne pas la partager, cette inquiétude, quand on voit la manière désastreuse dont la Commission s'y prend pour gérer les marchés. Pour elle, un seul principe : " Laisser-faire, Laisser-passer ". Résultat : des stocks dont on ne sait que faire, des prix qui s'effondrent et un secteur en crise... et par contre toujours plus de harcèlement administratif !
Et pourtant, les outils de gestion existent. Encore faut-il vouloir les utiliser.
Un seul exemple : pourquoi la Commission européenne n'utilise-t-elle pas toutes les possibilités offertes par l'OMC, en termes de restitutions ?
Et encore aussi faudrait-il ne pas réduire à néant les outils de gestion : la Commission gagnerait beaucoup à faciliter la gestion des marchés en facilitant l'octroi des certificats d'exportation.
La vérité, c'est que les commissaires Mandelson et Fischer-Boel ont la trouille ! C'est la peur au ventre qu'ils abordent les discussions à l'OMC, à Honk-Kong en décembre prochain. Alors ils veulent donner des gages et se montrer plus libéraux que les libéraux. Ils sont prêts à brader l'agriculture européenne pour montrer leur bonne volonté à leurs interlocuteurs.
Pourtant, je suis certain que l'Europe peut négocier sans sacrifier ni ses marchés ni ses prix. À condition, bien sûr, de respecter les équilibres entre les mesures de soutiens internes, d'accès au marché et les restitutions. À condition aussi de respecter les équilibres entre les différents partenaires.
Dans ces négociations, il faudra aussi tenir compte des problèmes posés par les dérapages monétaires. Depuis deux ans, ces désordres sont l'une des causes principales de nos difficultés à l'exportation.
Alors il faudra tout mettre en uvre d'abord pour aménager le calendrier de démantèlement des restitutions, décidé à Genève en juillet 2004, et ensuite pour obtenir un mécanisme de correction pour l'avenir.
On ne va quand même pas être moins malins que les américains !
Tout cela demande du travail, de la conviction, de la combativité.
Alors, à la FNSEA, avec les associations spécialisées, je peux vous assurer que nous allons les marquer à la culotte, nos commissaires européens.
Enfin, pour en terminer sur la question européenne, sans vouloir en rajouter, le ministre de l'Agriculture doit obtenir un paiement des aides SCOP au 15 octobre et non pas après le 1er décembre.
[La gestion de l'énergie]
J'en viens aux biocarburants et aux bioénergies.
Tout le monde encourage leur production dans un monde où la préservation de l'environnement et la recherche d'énergies renouvelables sont devenues indispensables. Les responsables politiques multiplient les déclarations, des textes sont votés, des recherches sont engagées.
Et les producteurs se sont lancés dans la production d'énergies renouvelables.
Les céréaliers fournissent de l'éthanol, mais pas seulement. Il y a aussi la production de chaleur et d'électricité.
Ce débouché est donc essentiel tant pour les revenus des céréaliers que pour l'indépendance énergétique de notre pays.
Malgré les grandes déclarations et les textes de loi, cela n'avance pas. En tout cas, pas vite.
Pour mettre les actes en adéquation avec les mots, il faut que les pouvoirs publics aillent au bout de leur détermination et nous aident à surmonter les résistances du lobby de l'or noir !
Ce choix des biocarburants et des bioénergies est un atout pour l'économie, c'est une chance pour tout le pays !
[Une volonté des producteurs]
Je sais que vous, céréaliers, êtes déterminés à vous montrer offensifs pour gagner de nouveaux marchés, pour développer de nouveaux débouchés, pour améliorer et adapter sans cesse vos exploitations à la modernité et à la compétitivité.
Vous savez aussi rassembler les moyens nécessaires pour vous organiser, vous structurer. Votre interprofession doit désormais prendre toute sa place.
Et il faut aller plus loin, donner plus de moyens à l'agriculture et aux agriculteurs.
[La LOA]
Cette dynamique individuelle et collective rejoint l'état d'esprit dans lequel nous avons construit le rapport d'orientation de la FNSEA et que vous avez appuyé.
Rapport centré sur l'entreprise et sur son revenu, et nous espérons qu'il servira de base à la loi d'orientation en cours d'élaboration.
Je sais que vous pensez, vous aussi, que l'agriculture a besoin d'une grande loi pour retrouver toute sa tonicité économique.
En particulier, tout ce qui concerne l'entreprise, sa reconnaissance juridique, sa transmission, sont des éléments essentiels pour assurer la pérennité de notre activité. Je n'oublie pas non plus des sujets comme celui de l'assolement en commun pour lequel une première étape a été franchie. Nous continuerons ensemble à travailler ce dossier.
Mais cette loi doit aussi conforter le pouvoir économique des producteurs. Répondre au libéralisme ambiant par l'individualisme serait suicidaire.
La seule réponse ne peut être que dans un renforcement de l'organisation collective à tous les niveaux : dans les coopératives, dans les interprofessions, dans les organismes de mise en marché.
Elle doit également nous donner les instruments qui nous permettront de faire face aux risques climatiques, sanitaires et économiques auxquels nous sommes confrontés.
En particulier, il faut faire de la DPA une véritable caisse pour aléas. La constitution de réserves financières en période favorable, mobilisables quand la conjoncture se retourne, est le premier instrument de gestion des risques. C'est le plus conforme à la logique d'entreprise et à la responsabilisation du chef d'entreprise.
Enfin, renforcer la compétitivité de nos entreprises, c'est tout faire pour réduire leurs charges. Les charges : c'est une question qui nous mobilise. Nous l'avons démontré encore récemment en obtenant le remboursement de la TIPP.
Il faut s'attaquer à cet empilement de taxes de toute nature qui nous font perdre des marchés tous les jours : on ne s'aligne pas dans une compétition avec des semelles de plomb.
[Conclusion]
Monsieur le Président, Cher Philippe,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Dimanche 29 mai, les paysans ont majoritairement répondu NON.
Ce n'est pas un Non à l'Europe, c'est un Non à une Commission technocratique et à une Europe qui a abandonné la politique des prix mais aussi la préférence communautaire.
Ne pas en tenir compte serait une grave erreur politique.
La FNSEA veillera à ce que ce signal envoyé par le monde agricole soit entendu, à Bruxelles bien sûr, mais aussi à Paris.
Le Gouvernement doit tout mettre en uvre, avec la loi d'orientation agricole en préparation, pour redonner toute sa place à l'agriculture : une agriculture dynamique, créatrice d'emplois et de richesses.
Je vous remercie.
(Source http://www.fnsea.fr, le 4 juillet 2005)
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Mon cher Philippe, je te remercie de me donner la parole aujourd'hui et d'avoir accepté de tenir compte d'un agenda un peu bousculé cette semaine.
Avant toute chose, je voudrais te féliciter pour ton élection. Je sais qu'ici tout le monde te connaît bien et apprécie ton action pour la défense du monde céréalier.
Mais je voudrais également souligner le rôle qui est le tien au sein de la FNSEA.
Dans notre conseil, comme dans notre bureau, on peut compter sur toi pour défendre les intérêts généraux de l'agriculture.
En plus, à la FNSEA, tu tiens les cordons de la bourse, et tu les tiens bien.
Je connais ton dévouement, ton engagement, ton énergie. Autant de qualités indispensables pour tenir la barre quand le temps est à la tempête.
Pour l'instant, l'inquiétude domine. Pour les producteurs que vous êtes, les temps sont durs et les perspectives ne sont pas encourageantes.
Cette inquiétude, elle s'est encore exprimée lors des manifestations organisées par la région Centre à Orléans, en Bourgogne et pas plus tard que ce matin, à Paris.
[La gestion des marchés]
Et comment ne pas la partager, cette inquiétude, quand on voit la manière désastreuse dont la Commission s'y prend pour gérer les marchés. Pour elle, un seul principe : " Laisser-faire, Laisser-passer ". Résultat : des stocks dont on ne sait que faire, des prix qui s'effondrent et un secteur en crise... et par contre toujours plus de harcèlement administratif !
Et pourtant, les outils de gestion existent. Encore faut-il vouloir les utiliser.
Un seul exemple : pourquoi la Commission européenne n'utilise-t-elle pas toutes les possibilités offertes par l'OMC, en termes de restitutions ?
Et encore aussi faudrait-il ne pas réduire à néant les outils de gestion : la Commission gagnerait beaucoup à faciliter la gestion des marchés en facilitant l'octroi des certificats d'exportation.
La vérité, c'est que les commissaires Mandelson et Fischer-Boel ont la trouille ! C'est la peur au ventre qu'ils abordent les discussions à l'OMC, à Honk-Kong en décembre prochain. Alors ils veulent donner des gages et se montrer plus libéraux que les libéraux. Ils sont prêts à brader l'agriculture européenne pour montrer leur bonne volonté à leurs interlocuteurs.
Pourtant, je suis certain que l'Europe peut négocier sans sacrifier ni ses marchés ni ses prix. À condition, bien sûr, de respecter les équilibres entre les mesures de soutiens internes, d'accès au marché et les restitutions. À condition aussi de respecter les équilibres entre les différents partenaires.
Dans ces négociations, il faudra aussi tenir compte des problèmes posés par les dérapages monétaires. Depuis deux ans, ces désordres sont l'une des causes principales de nos difficultés à l'exportation.
Alors il faudra tout mettre en uvre d'abord pour aménager le calendrier de démantèlement des restitutions, décidé à Genève en juillet 2004, et ensuite pour obtenir un mécanisme de correction pour l'avenir.
On ne va quand même pas être moins malins que les américains !
Tout cela demande du travail, de la conviction, de la combativité.
Alors, à la FNSEA, avec les associations spécialisées, je peux vous assurer que nous allons les marquer à la culotte, nos commissaires européens.
Enfin, pour en terminer sur la question européenne, sans vouloir en rajouter, le ministre de l'Agriculture doit obtenir un paiement des aides SCOP au 15 octobre et non pas après le 1er décembre.
[La gestion de l'énergie]
J'en viens aux biocarburants et aux bioénergies.
Tout le monde encourage leur production dans un monde où la préservation de l'environnement et la recherche d'énergies renouvelables sont devenues indispensables. Les responsables politiques multiplient les déclarations, des textes sont votés, des recherches sont engagées.
Et les producteurs se sont lancés dans la production d'énergies renouvelables.
Les céréaliers fournissent de l'éthanol, mais pas seulement. Il y a aussi la production de chaleur et d'électricité.
Ce débouché est donc essentiel tant pour les revenus des céréaliers que pour l'indépendance énergétique de notre pays.
Malgré les grandes déclarations et les textes de loi, cela n'avance pas. En tout cas, pas vite.
Pour mettre les actes en adéquation avec les mots, il faut que les pouvoirs publics aillent au bout de leur détermination et nous aident à surmonter les résistances du lobby de l'or noir !
Ce choix des biocarburants et des bioénergies est un atout pour l'économie, c'est une chance pour tout le pays !
[Une volonté des producteurs]
Je sais que vous, céréaliers, êtes déterminés à vous montrer offensifs pour gagner de nouveaux marchés, pour développer de nouveaux débouchés, pour améliorer et adapter sans cesse vos exploitations à la modernité et à la compétitivité.
Vous savez aussi rassembler les moyens nécessaires pour vous organiser, vous structurer. Votre interprofession doit désormais prendre toute sa place.
Et il faut aller plus loin, donner plus de moyens à l'agriculture et aux agriculteurs.
[La LOA]
Cette dynamique individuelle et collective rejoint l'état d'esprit dans lequel nous avons construit le rapport d'orientation de la FNSEA et que vous avez appuyé.
Rapport centré sur l'entreprise et sur son revenu, et nous espérons qu'il servira de base à la loi d'orientation en cours d'élaboration.
Je sais que vous pensez, vous aussi, que l'agriculture a besoin d'une grande loi pour retrouver toute sa tonicité économique.
En particulier, tout ce qui concerne l'entreprise, sa reconnaissance juridique, sa transmission, sont des éléments essentiels pour assurer la pérennité de notre activité. Je n'oublie pas non plus des sujets comme celui de l'assolement en commun pour lequel une première étape a été franchie. Nous continuerons ensemble à travailler ce dossier.
Mais cette loi doit aussi conforter le pouvoir économique des producteurs. Répondre au libéralisme ambiant par l'individualisme serait suicidaire.
La seule réponse ne peut être que dans un renforcement de l'organisation collective à tous les niveaux : dans les coopératives, dans les interprofessions, dans les organismes de mise en marché.
Elle doit également nous donner les instruments qui nous permettront de faire face aux risques climatiques, sanitaires et économiques auxquels nous sommes confrontés.
En particulier, il faut faire de la DPA une véritable caisse pour aléas. La constitution de réserves financières en période favorable, mobilisables quand la conjoncture se retourne, est le premier instrument de gestion des risques. C'est le plus conforme à la logique d'entreprise et à la responsabilisation du chef d'entreprise.
Enfin, renforcer la compétitivité de nos entreprises, c'est tout faire pour réduire leurs charges. Les charges : c'est une question qui nous mobilise. Nous l'avons démontré encore récemment en obtenant le remboursement de la TIPP.
Il faut s'attaquer à cet empilement de taxes de toute nature qui nous font perdre des marchés tous les jours : on ne s'aligne pas dans une compétition avec des semelles de plomb.
[Conclusion]
Monsieur le Président, Cher Philippe,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Dimanche 29 mai, les paysans ont majoritairement répondu NON.
Ce n'est pas un Non à l'Europe, c'est un Non à une Commission technocratique et à une Europe qui a abandonné la politique des prix mais aussi la préférence communautaire.
Ne pas en tenir compte serait une grave erreur politique.
La FNSEA veillera à ce que ce signal envoyé par le monde agricole soit entendu, à Bruxelles bien sûr, mais aussi à Paris.
Le Gouvernement doit tout mettre en uvre, avec la loi d'orientation agricole en préparation, pour redonner toute sa place à l'agriculture : une agriculture dynamique, créatrice d'emplois et de richesses.
Je vous remercie.
(Source http://www.fnsea.fr, le 4 juillet 2005)