Déclaration de Mme Catherine Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, sur la création d'emploi dans le domaine de la médiation sociale et la professionnalisation de ces métiers, Paris le 15 juin 2005.

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Circonstance : Colloque sur la "Médiation sociale" à Paris le 15 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Déléguée,
Mesdames, Messieurs,
Ce colloque sur la médiation sociale est la première occasion pour moi de m'exprimer comme ministre en charge de la cohésion sociale devant les acteurs de la politique de la ville et de l'action sociale, et j'en suis particulièrement heureuse.
Ces deux dernières années, la politique de la ville s'est essentiellement structurée autour de la rénovation urbaine. Le programme national de rénovation urbaine est une occasion sans précédent pour requalifier en profondeur les quartiers en difficulté, offrir à leurs habitants un cadre de vie rénové et changer leur image. Il s'agit là d'une priorité absolue.
A ce jour, 150 quartiers bénéficient de ce programme. Ils seront près de 900 d'ici à la fin de l'année.
Pour autant, nous devons garder à l'esprit qu'agir sur l'urbain, c'est avant tout un agir sur l'humain.
Les Assises de la ville, qui se sont tenues le 8 avril dernier, l'ont rappelé : l'ambition de la politique de la ville est de concilier l'humain et l'urbain dans le cadre d'un projet global de territoire.
C'est précisément dans ce sens que je souhaite développer mon action et c'est l'objectif commun qui nous réunit aujourd'hui.
Les responsabilités qui me sont confiées ouvrent des perspectives nouvelles : la politique de la ville pourra enfin s'inscrire dans une politique plus large de cohésion sociale et mobiliser, au service des quartiers en difficulté, l'action sociale, la politique d'intégration, l'insertion par l'activité économique, l'ensemble des politiques de l'emploi et, bien sûr, les formations sociales.
Nous sommes loin, en effet, d'avoir utilisé tous les effets de leviers du plan de cohésion sociale et d'avoir pleinement mis en uvre son ambition : traiter ensemble les grands problèmes qui mettent en péril la cohésion sociale de notre pays.
Il nous faut avant tout agir pour l'emploi.
Le Premier ministre a engagé notre pays dans une mobilisation sans précédent pour l'emploi.
Cette mobilisation sera redoublée dans les territoires en difficulté où les taux de chômage sont particulièrement élevés : je m'emploierai à ce que l'accès à l'emploi y soit une priorité.
La mobilisation pour l'emploi passe aussi par la valorisation des secteurs créateurs d'emplois : les métiers du social sont de véritables gisements d'emplois, qui vont encore se développer dans les années à venir.
L'attrait de ces métiers réside dans leur forte dimension humaniste, d'aide et d'attention à autrui. Dans notre société où le lien social se défait, les travailleurs sociaux jouent un rôle essentiel.
Leur engagement doit être reconnu et soutenu par des politiques de professionnalisation, de qualification et de promotion professionnelle à la hauteur des enjeux.
C'est particulièrement vrai pour la médiation sociale.
Les 5 000 médiateurs sociaux jouent un rôle indispensable dans l'intervention sociale. Leur action s'inscrit en complémentarité de celle des travailleurs sociaux et permet de décloisonner les pratiques des différents acteurs sur le terrain.
Ils apportent des réponses à de réels besoins : problèmes sociaux de toutes natures, difficultés d'accès aux services publics, conflits au sein des espaces publics, à l'école, dans les transports collectifs, entre voisins, situations de détresse psychologique, prévention des dégradations, et bien d'autres encore.
Leur action a fait ses preuves : là où elle intervient, le sentiment d'insécurité diminue, il se produit moins de dégradations, l'absentéisme scolaire recule.
Aujourd'hui, nous sommes à la croisée des chemins : après dix années de tâtonnement, d'initiatives et de pratiques très diverses, la médiation sociale a besoin d'être confortée et consolidée. Ce qui est désormais en jeu, c'est sa pérennisation, sa structuration et sa professionnalisation.
La pérennisation passe, tout d'abord, par l'élargissement à d'autres partenaires. Les collectivités locales, les bailleurs, les grands services publics intervenant dans les quartiers ont tout intérêt à se saisir de ces métiers qui ont largement prouvé leur utilité.
L'Etat, qui a largement porté cette démarche avec les emplois aidés, continuera à la soutenir, en explorant de nouvelles pistes.
Je pense, notamment, au développement de la formation en alternance, à la nouvelle voie de recrutement dans les emplois publics par formation alternée et au contrat d'avenir.
La fonction de médiation doit aussi être développée par les bailleurs dans le cadre des conventions de gestion urbaine de proximité dans les zones urbaines sensibles.
Enfin, je suis particulièrement attachée à la poursuite du programme " adultes-relais ", très sollicité sur le champ de la médiation sociale.
L'Etat n'entend pas se désengager dans un domaine qui touche d'aussi près à la sécurité et à la cohésion sociale.
La consolidation et la reconnaissance de la médiation sociale appellent ensuite sa professionnalisation. L'expérience des médiateurs doit pouvoir être reconnue et validée.
C'est pourquoi le programme " Restaurer le lien social " du plan de cohésion sociale prévoit de créer de nouvelles formations diplômantes et de mettre en place la validation des acquis de l'expérience pour l'ensemble des diplômes du travail social d'ici à la fin de cette année.
L'élaboration de ces formations permet de mieux définir les missions et le champ d'action de la médiation : son efficacité en sortira renforcée et son articulation avec les autres acteurs sera améliorée.
On note déjà un certain nombre d'avancées concrètes :
- un titre professionnel de technicien médiation services a été mis en place
- le baccalauréat professionnel " services de proximité et vie locale " est lancé. L'arrêté de création a été publié au JO du 2 juin dernier..
- Un groupe de travail installé par Madame Nelly OLIN, à qui je tiens à rendre hommage, se penche actuellement sur la construction de logiques de parcours.
Ce groupe de travail réfléchit également à mieux délimiter le périmètre de la médiation sociale, à fixer son cadre éthique et son articulation avec le travail social.
De manière plus générale, les savoir-faire et les compétences de la médiation sociale devront être utilisés dans tous les métiers de contact : métiers du travail social, de l'éducation, du logement social, de l'accueil, des transports, de la sécurité.
Cette démarche s'inscrit parfaitement dans le chantier de la modernisation des services publics, de leur rapprochement des citoyens, et de leur décloisonnement.
Pérennisation du financement, structuration accrue, poursuite de la professionnalisation : tels sont les trois défis que la médiation sociale doit relever dans les années qui viennent pour répondre aux attentes qu'elle a légitimement suscitées.
C'est par des initiatives telles que ce colloque que nous avancerons dans cette voie. Je tiens à remercier tous ceux qui ont participé à sa préparation, en particulier Bertrand Schwartz et à saluer le partenariat de qualité que le CNFPT et son Président, André Rossinot, ont instauré avec la Délégation interministérielle à la ville au service d'un projet prioritaire : humaniser la ville.
(Source http://www.travail.gouv.fr, le 16 juin 2005)