Déclaration de M. Xavier Bertrand, Ministre de la santé et des solidarités, sur les mesures en faveur de la création d'entreprises innovantes en biotechnologie, Amiens le 16 juin 2005.

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Circonstance : Conférence sur les biotechnologies à Amiens le 16 juin 2005

Texte intégral

Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Avant toute chose, je veux vous dire l'intérêt que je porte aux recherches dans le domaine des biotechnologies. Faire avancer la connaissance, c'est aussi faire reculer les maladies et faire progresser la santé publique. Une politique du médicament axée sur la recherche est indissociable du maintien de l'excellence dans notre système de santé.
Nous avons en effet de grands défis à relever : maintenir notre compétitivité dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, préparer le vieillissement de notre population, améliorer la santé de nos concitoyens. Ces défis appellent de grandes ambitions et les industries pharmaceutiques ont un rôle de premier plan à jouer.
Je me félicite de pouvoir ouvrir cette journée consacrée à la création d'entreprises dans le domaine de la haute technologie en santé humaine. Pour chaque entreprise qui se crée en ce domaine, ce sont de nouveaux espoirs pour les malades, de nouvelles voies de recherche pour la santé, mais aussi de nouveaux emplois pour nos concitoyens,
Je souhaiterais d'abord saluer Monsieur Dehecq qui ouvre avec moi cette journée et qui a construit en deux décennies le troisième laboratoire mondial. Je souhaite aussi remercier toutes celles et ceux qui ont fait de Paris Biotech un incubateur de renommée international, reconnu pour son sérieux et son dynamisme et tout particulièrement le Professeur Jean-François Dhainaut, Président de l'Université, le Professeur Pierre Daumard, Président de Paris Biotech et ancien Président de l'Université mais aussi tous les partenaires de cet incubateur : l'Ecole Centrale de Paris, L'Inserm, l'Essec, l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris et l'Institut Curie. En matière de recherche, le partenariat et la complémentarité entre les institutions sont aujourd'hui les conditions de la réussite.
Le système de santé français suscite l'admiration de tous nos voisins. Il revendique une culture d'excellence au service de tous ses concitoyens. C'est ce modèle que nous voulons aujourd'hui fortifier en nous plaçant à l'avant garde de la recherche dans le domaine des biotechnologies.
J'ai conscience de l'importance de ces enjeux pour l'avenir de la santé dans notre pays. Dans ce domaine, plus que dans tout autre, une France qui gagne, c'est une France qui investit dans ses entreprises innovantes.
En tant que Ministre de la Santé et de Solidarités, je suis déterminé à favoriser la création des entreprises de Haute technologie en santé humaine.
Nous devons nous poser trois questions à ce sujet. Comment faire pour que nos territoires soient plus attractifs pour ces entreprises ? Comment agir de sorte que nos industries pharmaceutiques restent parmi les plus performantes au monde ? Comment s'assurer que notre pays demeure un pays à la pointe de l'innovation afin d'améliorer le bien être et la santé des populations ?
Le renforcement de l'attractivité des territoires est une condition indispensable au développement des entreprises innovantes. Le 25 avril dernier, dans le cadre du Conseil stratégique pour les industries de santé (CSIS), le gouvernement s'est engagé auprès dans un nouveau partenariat avec les industries pharmaceutiques afin de favoriser la création d'entreprises. A coût constant, le comité économique des produits de santé (CEPS) tiendra compte, dans le calcul des remises de toute nature, conventionnelles ou non, de la présence industrielle de chaque laboratoire en Europe et particulièrement de ses activités de Recherche et Développement.
L'attractivité doit également reposer sur la constitution de pôles de compétitivité. Dans la liste arrêtée par le gouvernement, 8 concernent la santé et la nutrition. Nos atouts existent en ce domaine, il s'agit de concentrer les moyens sur des pôles de niveau européen. Avec 10 000 chercheurs, avec 50 000 professionnels employés dans les hôpitaux, 22 sociétés bancaires et de capital risque dédiées aux biotechnologies, la ville de Paris doit faire partie des cinq bioclusters les plus dynamiques en Europe. C'est le signe de la vitalité de cette recherche et c'est la voie que je souhaite emprunter dans les mois qui viennent.
Ces nouvelles entreprises pourront compter sur le soutien des pouvoirs publics dans la conduite de leurs activités de Recherche et Développement. Pour l'année 2005, la nouvelle Agence nationale de la Recherche (ANR) est dotée d'un budget de 350 millions d'euros. Dans le cadre de cette dotation, les sciences du vivant jouent et joueront un rôle prépondérant. Vous savez combien l'innovation est coûteuse, incertaine et parfois périlleuse mais vous savez aussi que les prises de risques sont la clef des succès industriels.
J'ai conscience que de nombreux obstacles existent encore pour ces jeunes entreprises, notamment en ce qui concerne leur capacité à lever des fonds pour amorcer leur activité. Pour y répondre, nous allons chercher des solutions avec les industriels afin de mieux coordonner les fonds publics avec des incubateurs spécialisés tels que Paris Biotech. Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour saluer l'initiative d'AMGEN, et de son directeur général présent parmi nous, Marc de Garridel. Ce grand groupe de Biotech, vient d'annoncer sa participation dans deux fonds d'investissement en faveur des biotechnologies.
Par-delà les difficultés qui nous restent à surmonter, je veux pouvoir vous redire l'engagement du gouvernement en faveur de la recherche. Nous partageons un même souci en matière de prospective. C'est l'audace qui fait votre force et c'est notre force qui détermine notre avenir.
Je tiens enfin à souligner mon attachement au développement de la recherche bio-technologique en santé.
La France accuse encore en ce domaine un important retard. Nous ne disposons pas d'unité de production d'envergure suffisante pour rivaliser avec nos concurrents étrangers. Le manque de capacités de production, notamment en ce qui concerne les lots cliniques de médicaments est un frein au développement de ce secteur. Pour cette raison, le gouvernement a pris d'importantes décisions avec le lancement d'un projet de bio-production du laboratoire français de fractionnement biologique à Toulouse, d'une plate-forme d'imagerie pré-clinique et d'un réseau de collections d'échantillons biologiques accessibles à tous les acteurs de la Recherche Développement.
Ces nouvelles plate-forme permettront aux industriels et aux chercheurs de collaborer plus efficacement et d'aller au devant de découvertes majeurs pour l'indépendance de nos industries nationales et pour la santé de nos concitoyens. Nous savons en effet que les nouveaux vaccins sont de plus en plus souvent réalisés à partir de protéines recombinantes et que de nouvelles recherches sont encore nécessaires.
Mais le fossé s'est aussi creusé entre l'Europe et les Etats-Unis, dont sont issus plus de 60% des médicaments innovants. A l'échelle de l'Union, une politique volontariste a été engagée. Dans le cadre du 6ème Programme-Cadre de Recherche (PCRD) pour la période 2002-2006, l'Union européenne a annoncé son intention de dégager 1,6 milliard d'euros pour abonder les programmes de recherche les plus pertinents et les plus compétitifs.
La création d'EuroBioClusterSud le 14 avril dernier permet de mettre en place " l'une des plus grandes concentrations au monde en matière de biotechnologies ". En concentrant ainsi les moyens des acteurs dans les sciences du vivant, nous sommes à même d'atteindre une taille suffisante pour faire face aux besoins de financement.
Je veux conclure en vous confiant mon intime conviction. Les défis qui s'ouvrent à nous sont immenses mais je suis persuadé que le talent de nos industriels, la créativité de nos chercheurs et la volonté du gouvernement nous permettront de les relever. Il s'agit bel et bien de placer la France aux avant-postes de l'innovation, dans un domaine qui concerne l'avenir de tous et la santé de chacun d'entre nous.

(Source http://www.sante.gouv.fr, le 22 juin 2005)