Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Merci M. Masset, merci à Mr Rose et merci à tous d'avoir bien voulu choisir la France pour accueillir votre manifestation.
C'est un grand honneur pour nous. Le succès remporté par cet événement, en France et ailleurs, est confirmé par la présence de nombreux dirigeants des principales compagnies pétrolières et parapétrolières internationales et celle des géologues pétroliers du monde entier. Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue en France.
C'est aussi un grand plaisir personnel pour moi de m'exprimer devant vous. En effet, sans être géologue moi-même, j'ai commencé mon parcours professionnel en m'occupant de mines et de sous-sol, notamment en Alsace, région à la frontière de l'Allemagne à laquelle je reste très attaché. Aujourd'hui, en tant que ministre français chargé de l'industrie et en particulier de l'énergie, cette convention est une occasion privilégiée pour moi de rappeler les préoccupations qui sont aujourd'hui certainement celles de nombreux pays dans un contexte où le pétrole risque de rester cher dans les années à venir.
L'énergie est en effet un enjeu majeur pour nos économies et notre environnement. La croissance de nos besoins, alors même que les ressources d'énergies fossiles diminuent, pose la question de la sécurité d'approvisionnement au niveau mondial. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est également au cur de nos préoccupations. Tous les scénarios énergétiques convergent en effet vers un constat : les tendances actuelles sur les consommations d'énergie fossile ne sont pas tenables, tant pour des raisons d'approvisionnement (raréfaction et concentration des réserves énergétiques fossiles), que pour leurs répercussions sur le climat. L'Europe dans son ensemble n'a pas aujourd'hui les ressources nécessaires pour assurer son propre approvisionnement énergétique sur le long terme. Elle doit importer des énergies fossiles. Le pétrole, provenant en particulier du Moyen Orient, reste la source privilégiée d'approvisionnement des transports et cela en dépit d'un accroissement continu du prix du baril. Le gaz naturel est importé essentiellement de Russie et d'Afrique du Nord ; son usage est croissant dans les domaines de la production d'électricité et de chaleur.
Vous connaissez la situation énergétique française : notre économie est aujourd'hui indépendante pour la moitié de ses besoins en énergie. Cette situation s'est améliorée au cours des trente dernières années grâce au programme électronucléaire. Notre taux d'indépendance énergétique, qui n'était que de 25 % au milieu des années 70, est maintenant de 50 %.
Mais la France, comme on le sait, n'a qu'une modeste production pétrolière et gazière - je vous invite toutefois à visiter notre stand dans ce congrès, car notre domaine minier réserve certainement encore quelques bonnes surprises. La dernière mine française de charbon, en revanche, a été fermée l'année dernière.
Certes nous produisons la totalité de notre électricité, dont plus de 75 % à partir du nucléaire, et nous pouvons même en exporter vers nos voisins. Mais pour ce qui concerne le secteur des transports, nous sommes comme les autres extrêmement dépendants de nos approvisionnements extérieurs et nous sommes confrontés aux mêmes difficultés d'approvisionnement: une situation de plus en plus tendue au niveau mondial entre l'offre et la demande de pétrole, dans un contexte de raréfaction prévisible des ressources en hydrocarbures dans les prochaines décennies.
La France partage donc les mêmes objectifs d'une utilisation plus rationnelle de l'énergie dans un contexte de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique. Assurer notre sécurité d'approvisionnement, garantir un prix compétitif de l'énergie, lutter contre l'effet de serre sont, plus que jamais, des impératifs économiques, sociaux et écologiques.
1. Comment la France compte t'elle affronter cet enjeux majeur du XXIe siècle ?
1/ Tout d'abord au plan international et européen, en jouant le jeu de la coopération entre producteurs et consommateurs
La coopération avec les pays producteurs est nécessaire face aux tensions sur le marché du pétrole : les prix doivent s'établir à un juste équilibre permettant d'une part de développer de nouvelles capacités de production - y compris en dehors du golfe persique - et d'autre part d'accompagner la croissance de nos économies.
Notre sécurité d'approvisionnement passe aussi par la conclusion d'accords de coopération de long terme entre les pays producteurs et nos entreprises. Ces dernières doivent être à même d'explorer de nouvelles zones géographiques et d'exploiter de nouveaux gisements en partenariats avec les pays producteurs.
Il est donc particulièrement important d'accorder une place centrale au dialogue permettant d'aboutir à une analyse du marché partagée par les pays producteurs et les pays consommateurs.
La France s'est également dotée de stocks stratégiques d'hydrocarbures permettant de couvrir 90 jours de consommation comme le prévoient les règles de l'Agence Internationale de l'Energie. Ces stocks permettent de garantir l'approvisionnement et d'avoir une prise sur la stabilité du marché pétrolier international.
Cette coopération a d'ailleurs malheureusement pu s'exprimer récemment, après ce cataclysme météorologique de grande ampleur que viennent de connaître les Etats-Unis, en participant à l'effort de solidarité à l'égard du peuple américain.
2/ Ensuite au niveau de la France, en se dotant d'une loi programme
Au moment où le prix du pétrole atteint des niveaux historiques, la France vient de se doter d'une nouvelle loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique.
Cette loi fixe des orientations en matière de diversification des sources de production énergétiques, de sécurité d'approvisionnement et de protection de l'environnement. Ces orientations sont assorties d'objectifs ambitieux qui en font un texte de référence, qui s'inscrit dans le cadre de la politique énergétique européenne.
En matière de diversification des sources de production énergétiques, nous avons fait le choix d'un véritable bouquet énergétique comportant le maintien du nucléaire et le développement des énergies renouvelables - l'hydroélectricité, l'éolien, les biocarburants, le solaire.
Contrairement à une idée reçue, la France est déjà bien placée dans ce domaine. Nous sommes le premier producteur européen d'énergies renouvelables, grâce notamment à nos barrages hydrauliques et aux biocarburants. 15 % de notre consommation d'électricité est déjà assurée par ce type d'énergie. Nous avons une marge de progression importante, car ces nouvelles énergies deviennent de plus en plus compétitives avec la montée des cours des énergies fossiles.
Par ailleurs la loi encourage la maîtrise de l'énergie. Le Premier Ministre a d'ailleurs récemment rappelé que l'importance des actions d'économie d'énergie :
- pour les particuliers que nous incitons directement à adopter des réflexes d'économie (achat de voitures propres, moindre vitesse sur les route pour consommer moins, isolation des bâtiments, équipements de chauffage économes en énergie),
- mais également via les entreprises que nous incitons à promouvoir les économies d'énergie auprès de leurs clients, au travers du mécanisme des certificats d'économie d'énergie que nous allons prochainement mettre en place au 1er janvier 2006 en application de la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique.
2. Quels sont les défis à relever en matière d'hydrocarbures ?
En matière d'hydrocarbures la question de la sécurité d'approvisionnement est centrale au vu des aléas sur le cours des énergies fossiles et de la hausse inéluctable de la demande.
Pour répondre à la croissance de la demande, le renouvellement et la diversification des ressources sont en effet indispensables. Afin de les concrétiser, trois grands défis devront être relevés par l'industrie pétrolière et parapétrolière dans les années à venir :
1/ Il faudra d'abord prolonger l'exploitation des hydrocarbures conventionnels par exemple en mettant au point des technologies permettant d'améliorer la récupération du pétrole dans les champs matures et dans les champs satellites offshore. Il faudra aussi découvrir les derniers gisements conventionnels non recensés.
2/ Il s'agira ensuite d'accéder aux hydrocarbures non conventionnels qui permettront de diversifier l'offre et de constituer les réserves de demain. Dans ce domaine, la production des huiles lourdes, présentant une densité et une viscosité élevées, représente un objectif majeur compte tenu de l'immensité des ressources potentielles.
3/ Il est enfin indispensable de mieux concilier l'exploitation des hydrocarbures et le développement durable, et en particulier de développer des technologies économiques de captation et de stockage géologique du CO2. Si vous pouvez rester quelques jours de plus à Paris, sachez que la France organise un colloque international sur ce sujet la semaine prochaine.
La France, bien que modeste sur le plan de la production pétrolière et gazière, est fière de jouer un rôle de premier plan dans la mise au point de l'ensemble de ces techniques, équipements et services associés à l'exploration - production pétrolière. Je rends hommage à tous les chercheurs, techniciens et entrepreneurs qui nous ont permis de constituer la deuxième industrie parapétrolière mondiale en termes de volumes d'exportations. J'espère que des contacts fructueux pourront être noués au cours des prochains jours.
Je salue enfin le rôle de l'Institut Français du Pétrole dans l'organisation de ce colloque et vous souhaite un très bon congrès à Paris.
Assurer la sécurité d'approvisionnement comme lutter contre les émissions de gaz à effet de serre font partie des grands défis du XXIe siècle, mais je n'ai pas de doute sur vos capacités à les relever. Nous comptons tous sur vous !
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 12 septembre 2005)
Merci M. Masset, merci à Mr Rose et merci à tous d'avoir bien voulu choisir la France pour accueillir votre manifestation.
C'est un grand honneur pour nous. Le succès remporté par cet événement, en France et ailleurs, est confirmé par la présence de nombreux dirigeants des principales compagnies pétrolières et parapétrolières internationales et celle des géologues pétroliers du monde entier. Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue en France.
C'est aussi un grand plaisir personnel pour moi de m'exprimer devant vous. En effet, sans être géologue moi-même, j'ai commencé mon parcours professionnel en m'occupant de mines et de sous-sol, notamment en Alsace, région à la frontière de l'Allemagne à laquelle je reste très attaché. Aujourd'hui, en tant que ministre français chargé de l'industrie et en particulier de l'énergie, cette convention est une occasion privilégiée pour moi de rappeler les préoccupations qui sont aujourd'hui certainement celles de nombreux pays dans un contexte où le pétrole risque de rester cher dans les années à venir.
L'énergie est en effet un enjeu majeur pour nos économies et notre environnement. La croissance de nos besoins, alors même que les ressources d'énergies fossiles diminuent, pose la question de la sécurité d'approvisionnement au niveau mondial. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est également au cur de nos préoccupations. Tous les scénarios énergétiques convergent en effet vers un constat : les tendances actuelles sur les consommations d'énergie fossile ne sont pas tenables, tant pour des raisons d'approvisionnement (raréfaction et concentration des réserves énergétiques fossiles), que pour leurs répercussions sur le climat. L'Europe dans son ensemble n'a pas aujourd'hui les ressources nécessaires pour assurer son propre approvisionnement énergétique sur le long terme. Elle doit importer des énergies fossiles. Le pétrole, provenant en particulier du Moyen Orient, reste la source privilégiée d'approvisionnement des transports et cela en dépit d'un accroissement continu du prix du baril. Le gaz naturel est importé essentiellement de Russie et d'Afrique du Nord ; son usage est croissant dans les domaines de la production d'électricité et de chaleur.
Vous connaissez la situation énergétique française : notre économie est aujourd'hui indépendante pour la moitié de ses besoins en énergie. Cette situation s'est améliorée au cours des trente dernières années grâce au programme électronucléaire. Notre taux d'indépendance énergétique, qui n'était que de 25 % au milieu des années 70, est maintenant de 50 %.
Mais la France, comme on le sait, n'a qu'une modeste production pétrolière et gazière - je vous invite toutefois à visiter notre stand dans ce congrès, car notre domaine minier réserve certainement encore quelques bonnes surprises. La dernière mine française de charbon, en revanche, a été fermée l'année dernière.
Certes nous produisons la totalité de notre électricité, dont plus de 75 % à partir du nucléaire, et nous pouvons même en exporter vers nos voisins. Mais pour ce qui concerne le secteur des transports, nous sommes comme les autres extrêmement dépendants de nos approvisionnements extérieurs et nous sommes confrontés aux mêmes difficultés d'approvisionnement: une situation de plus en plus tendue au niveau mondial entre l'offre et la demande de pétrole, dans un contexte de raréfaction prévisible des ressources en hydrocarbures dans les prochaines décennies.
La France partage donc les mêmes objectifs d'une utilisation plus rationnelle de l'énergie dans un contexte de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique. Assurer notre sécurité d'approvisionnement, garantir un prix compétitif de l'énergie, lutter contre l'effet de serre sont, plus que jamais, des impératifs économiques, sociaux et écologiques.
1. Comment la France compte t'elle affronter cet enjeux majeur du XXIe siècle ?
1/ Tout d'abord au plan international et européen, en jouant le jeu de la coopération entre producteurs et consommateurs
La coopération avec les pays producteurs est nécessaire face aux tensions sur le marché du pétrole : les prix doivent s'établir à un juste équilibre permettant d'une part de développer de nouvelles capacités de production - y compris en dehors du golfe persique - et d'autre part d'accompagner la croissance de nos économies.
Notre sécurité d'approvisionnement passe aussi par la conclusion d'accords de coopération de long terme entre les pays producteurs et nos entreprises. Ces dernières doivent être à même d'explorer de nouvelles zones géographiques et d'exploiter de nouveaux gisements en partenariats avec les pays producteurs.
Il est donc particulièrement important d'accorder une place centrale au dialogue permettant d'aboutir à une analyse du marché partagée par les pays producteurs et les pays consommateurs.
La France s'est également dotée de stocks stratégiques d'hydrocarbures permettant de couvrir 90 jours de consommation comme le prévoient les règles de l'Agence Internationale de l'Energie. Ces stocks permettent de garantir l'approvisionnement et d'avoir une prise sur la stabilité du marché pétrolier international.
Cette coopération a d'ailleurs malheureusement pu s'exprimer récemment, après ce cataclysme météorologique de grande ampleur que viennent de connaître les Etats-Unis, en participant à l'effort de solidarité à l'égard du peuple américain.
2/ Ensuite au niveau de la France, en se dotant d'une loi programme
Au moment où le prix du pétrole atteint des niveaux historiques, la France vient de se doter d'une nouvelle loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique.
Cette loi fixe des orientations en matière de diversification des sources de production énergétiques, de sécurité d'approvisionnement et de protection de l'environnement. Ces orientations sont assorties d'objectifs ambitieux qui en font un texte de référence, qui s'inscrit dans le cadre de la politique énergétique européenne.
En matière de diversification des sources de production énergétiques, nous avons fait le choix d'un véritable bouquet énergétique comportant le maintien du nucléaire et le développement des énergies renouvelables - l'hydroélectricité, l'éolien, les biocarburants, le solaire.
Contrairement à une idée reçue, la France est déjà bien placée dans ce domaine. Nous sommes le premier producteur européen d'énergies renouvelables, grâce notamment à nos barrages hydrauliques et aux biocarburants. 15 % de notre consommation d'électricité est déjà assurée par ce type d'énergie. Nous avons une marge de progression importante, car ces nouvelles énergies deviennent de plus en plus compétitives avec la montée des cours des énergies fossiles.
Par ailleurs la loi encourage la maîtrise de l'énergie. Le Premier Ministre a d'ailleurs récemment rappelé que l'importance des actions d'économie d'énergie :
- pour les particuliers que nous incitons directement à adopter des réflexes d'économie (achat de voitures propres, moindre vitesse sur les route pour consommer moins, isolation des bâtiments, équipements de chauffage économes en énergie),
- mais également via les entreprises que nous incitons à promouvoir les économies d'énergie auprès de leurs clients, au travers du mécanisme des certificats d'économie d'énergie que nous allons prochainement mettre en place au 1er janvier 2006 en application de la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique.
2. Quels sont les défis à relever en matière d'hydrocarbures ?
En matière d'hydrocarbures la question de la sécurité d'approvisionnement est centrale au vu des aléas sur le cours des énergies fossiles et de la hausse inéluctable de la demande.
Pour répondre à la croissance de la demande, le renouvellement et la diversification des ressources sont en effet indispensables. Afin de les concrétiser, trois grands défis devront être relevés par l'industrie pétrolière et parapétrolière dans les années à venir :
1/ Il faudra d'abord prolonger l'exploitation des hydrocarbures conventionnels par exemple en mettant au point des technologies permettant d'améliorer la récupération du pétrole dans les champs matures et dans les champs satellites offshore. Il faudra aussi découvrir les derniers gisements conventionnels non recensés.
2/ Il s'agira ensuite d'accéder aux hydrocarbures non conventionnels qui permettront de diversifier l'offre et de constituer les réserves de demain. Dans ce domaine, la production des huiles lourdes, présentant une densité et une viscosité élevées, représente un objectif majeur compte tenu de l'immensité des ressources potentielles.
3/ Il est enfin indispensable de mieux concilier l'exploitation des hydrocarbures et le développement durable, et en particulier de développer des technologies économiques de captation et de stockage géologique du CO2. Si vous pouvez rester quelques jours de plus à Paris, sachez que la France organise un colloque international sur ce sujet la semaine prochaine.
La France, bien que modeste sur le plan de la production pétrolière et gazière, est fière de jouer un rôle de premier plan dans la mise au point de l'ensemble de ces techniques, équipements et services associés à l'exploration - production pétrolière. Je rends hommage à tous les chercheurs, techniciens et entrepreneurs qui nous ont permis de constituer la deuxième industrie parapétrolière mondiale en termes de volumes d'exportations. J'espère que des contacts fructueux pourront être noués au cours des prochains jours.
Je salue enfin le rôle de l'Institut Français du Pétrole dans l'organisation de ce colloque et vous souhaite un très bon congrès à Paris.
Assurer la sécurité d'approvisionnement comme lutter contre les émissions de gaz à effet de serre font partie des grands défis du XXIe siècle, mais je n'ai pas de doute sur vos capacités à les relever. Nous comptons tous sur vous !
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 12 septembre 2005)