Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants des travailleurs et des employeurs,
Depuis plusieurs années, l'Organisation internationale du Travail a placé, au coeur de son action, la promotion du travail décent au niveau mondial. Cet objectif - que la France soutient totalement - revêt une acuité particulière, dans la perspective de la conférence de suivi de la déclaration du Millénaire et du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. A cet égard, il paraîtrait utile qu'une prochaine Conférence internationale du travail, par exemple celle de 2007, inscrive cette question à son ordre du jour.
Nous partageons, en effet, la conviction exprimée dans le rapport du directeur général selon laquelle "le rôle central de l'emploi productif dans la réduction de la pauvreté mérite de recevoir un rang de priorité plus élevé que celui qui lui est accordé dans les Objectifs du Millénaire". C'est d'ailleurs dans ce sens que je suis intervenu avec de nombreux autres ministres, en février dernier à New York, dans le cadre de la table ronde sur l'emploi organisée dans le cadre de la commission du développement social.
C'est une évidence. Lutter contre la pauvreté passe d'abord par la recherche d'un emploi productif pour tous, dans chacun de nos pays. Il n'y aura pas de développement social harmonieux sans une croissance riche en emplois, en emplois de qualité. C'est, au demeurant, le postulat sur lequel repose l'action du gouvernement français pour lutter contre le chômage et l'exclusion sociale.
Dans les pays les moins développés, on n'apportera pas de réponses satisfaisantes aux besoins primaires touchant la santé, l'éducation de base, la nutrition, l'assainissement de l'eau, dans un contexte de pénurie d'emplois et d'insuffisante solvabilisation de la demande.
On ne réussira pas à éradiquer cette forme moderne d'esclavage qu'est le travail forcé, sans développer, comme le préconise le rapport global intitulé "Une alliance mondiale contre le travail forcé", des emplois permettant d'exercer un libre choix d'activité, sans mettre en oeuvre des programmes d'intégration économique, sociale et culturelle de ces populations.
On n'aboutira pas non plus à promouvoir la prise de responsabilités des femmes sans un développement du travail féminin dans des conditions d'égalité professionnelle.
La plupart des Objectifs du Millénaire sont donc conditionnés par la création d'emplois productifs et en interaction forte avec la promotion du travail décent.
Dans ce contexte, l'emploi des jeunes constitue un défi central, examiné et débattu par la conférence, dans le cadre de la discussion générale, fondée sur une approche intégrée. Lors de la réunion des ministres du G8, à Londres en mars dernier, a été soulignée l'importance du réseau YEN - réseau pour l'emploi des jeunes - et l'intérêt d'une approche globale du type de celle qui caractérise le Pacte européen pour la jeunesse. De même, l'accent a été mis sur la mise en place de programmes nationaux de formation et d'emploi des jeunes, dans une perspective intergénérationnelle qui n'oppose plus les jeunes au reste de la population active, et qui puisse intégrer les préoccupations de formation tout au long de la vie. Je suis convaincu que le plan d'action que nous devons concevoir doit mettre l'accent sur les échanges d'expériences et de bonnes pratiques, entre le nord et le sud certainement, mais aussi entre pays émergents et pays en développement. Le BIT peut apporter sur ce sujet une vraie plus-value opérationnelle au développement des échanges sud/sud. De même, ce plan d'action pourrait utilement accorder une forte priorité à l'essor des formations en alternance. Je voudrais rappeler, à cet égard, qu'en France, où nous sommes confrontés à un très fort taux de chômage des jeunes, notre plan de cohésion sociale, adopté en tout début d'année, vise à créer 800.000 places de formation en alternance ou d'apprentissage pour les jeunes sans qualification.
La Conférence est également chargée d'élaborer un instrument souple pour promouvoir la santé et la sécurité au travail. Il s'agit, à mon sens, d'élaborer une Convention fixant les principes directeurs, engageant les Etats et les partenaires sociaux à développer une culture de la prévention et de la santé au travail, à mettre au point des stratégies nationales de santé et de sécurité au travail. C'est à mes yeux un sujet fondamental où le dialogue social peut trouver à s'exercer pleinement. Et où la notion de communauté de travail dans l'entreprise peut prendre tout son sens. La promotion de la santé et de la sécurité au travail requiert à l'évidence une pleine participation des travailleurs à tous les niveaux, du lieu de travail jusqu'aux instances tripartites d'élaboration des politiques nationales. C'est d'ailleurs l'expérience que j'ai pu avoir puisque nous avons adopté en France, en février 2005, à mon initiative, un plan "santé au travail 2005-2009", plan global et intégré qui préfigure les démarches que pourrait généraliser le projet de convention en cours de discussion. Je souhaite que nous parvenions à une Convention ouverte et promotionnelle susceptible de faire l'objet d'une large ratification.
Pour terminer, je voudrais réaffirmer le soutien de la France aux actions menées par le BIT, dans le cadre de ressources, certes contraintes, mais dont on peut espérer qu'elles connaîtront enfin dans le prochain "biennum" une progression modérée, rompant avec 15 années de croissance zéro. Il y a pour le BIT, dans ce contexte nouveau, un impératif absolu d'efficacité, de transparence et de coordination des actions sur le terrain. A cet égard, nous souhaitons plein succès au développement de "programmes nationaux pour le travail décent", qui permettent, dans une approche tripartite, pays par pays, de mieux articuler l'économique et le social, de décloisonner sur le terrain les actions du BIT et d'améliorer leur efficience.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juin 2005)
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Représentants des travailleurs et des employeurs,
Depuis plusieurs années, l'Organisation internationale du Travail a placé, au coeur de son action, la promotion du travail décent au niveau mondial. Cet objectif - que la France soutient totalement - revêt une acuité particulière, dans la perspective de la conférence de suivi de la déclaration du Millénaire et du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. A cet égard, il paraîtrait utile qu'une prochaine Conférence internationale du travail, par exemple celle de 2007, inscrive cette question à son ordre du jour.
Nous partageons, en effet, la conviction exprimée dans le rapport du directeur général selon laquelle "le rôle central de l'emploi productif dans la réduction de la pauvreté mérite de recevoir un rang de priorité plus élevé que celui qui lui est accordé dans les Objectifs du Millénaire". C'est d'ailleurs dans ce sens que je suis intervenu avec de nombreux autres ministres, en février dernier à New York, dans le cadre de la table ronde sur l'emploi organisée dans le cadre de la commission du développement social.
C'est une évidence. Lutter contre la pauvreté passe d'abord par la recherche d'un emploi productif pour tous, dans chacun de nos pays. Il n'y aura pas de développement social harmonieux sans une croissance riche en emplois, en emplois de qualité. C'est, au demeurant, le postulat sur lequel repose l'action du gouvernement français pour lutter contre le chômage et l'exclusion sociale.
Dans les pays les moins développés, on n'apportera pas de réponses satisfaisantes aux besoins primaires touchant la santé, l'éducation de base, la nutrition, l'assainissement de l'eau, dans un contexte de pénurie d'emplois et d'insuffisante solvabilisation de la demande.
On ne réussira pas à éradiquer cette forme moderne d'esclavage qu'est le travail forcé, sans développer, comme le préconise le rapport global intitulé "Une alliance mondiale contre le travail forcé", des emplois permettant d'exercer un libre choix d'activité, sans mettre en oeuvre des programmes d'intégration économique, sociale et culturelle de ces populations.
On n'aboutira pas non plus à promouvoir la prise de responsabilités des femmes sans un développement du travail féminin dans des conditions d'égalité professionnelle.
La plupart des Objectifs du Millénaire sont donc conditionnés par la création d'emplois productifs et en interaction forte avec la promotion du travail décent.
Dans ce contexte, l'emploi des jeunes constitue un défi central, examiné et débattu par la conférence, dans le cadre de la discussion générale, fondée sur une approche intégrée. Lors de la réunion des ministres du G8, à Londres en mars dernier, a été soulignée l'importance du réseau YEN - réseau pour l'emploi des jeunes - et l'intérêt d'une approche globale du type de celle qui caractérise le Pacte européen pour la jeunesse. De même, l'accent a été mis sur la mise en place de programmes nationaux de formation et d'emploi des jeunes, dans une perspective intergénérationnelle qui n'oppose plus les jeunes au reste de la population active, et qui puisse intégrer les préoccupations de formation tout au long de la vie. Je suis convaincu que le plan d'action que nous devons concevoir doit mettre l'accent sur les échanges d'expériences et de bonnes pratiques, entre le nord et le sud certainement, mais aussi entre pays émergents et pays en développement. Le BIT peut apporter sur ce sujet une vraie plus-value opérationnelle au développement des échanges sud/sud. De même, ce plan d'action pourrait utilement accorder une forte priorité à l'essor des formations en alternance. Je voudrais rappeler, à cet égard, qu'en France, où nous sommes confrontés à un très fort taux de chômage des jeunes, notre plan de cohésion sociale, adopté en tout début d'année, vise à créer 800.000 places de formation en alternance ou d'apprentissage pour les jeunes sans qualification.
La Conférence est également chargée d'élaborer un instrument souple pour promouvoir la santé et la sécurité au travail. Il s'agit, à mon sens, d'élaborer une Convention fixant les principes directeurs, engageant les Etats et les partenaires sociaux à développer une culture de la prévention et de la santé au travail, à mettre au point des stratégies nationales de santé et de sécurité au travail. C'est à mes yeux un sujet fondamental où le dialogue social peut trouver à s'exercer pleinement. Et où la notion de communauté de travail dans l'entreprise peut prendre tout son sens. La promotion de la santé et de la sécurité au travail requiert à l'évidence une pleine participation des travailleurs à tous les niveaux, du lieu de travail jusqu'aux instances tripartites d'élaboration des politiques nationales. C'est d'ailleurs l'expérience que j'ai pu avoir puisque nous avons adopté en France, en février 2005, à mon initiative, un plan "santé au travail 2005-2009", plan global et intégré qui préfigure les démarches que pourrait généraliser le projet de convention en cours de discussion. Je souhaite que nous parvenions à une Convention ouverte et promotionnelle susceptible de faire l'objet d'une large ratification.
Pour terminer, je voudrais réaffirmer le soutien de la France aux actions menées par le BIT, dans le cadre de ressources, certes contraintes, mais dont on peut espérer qu'elles connaîtront enfin dans le prochain "biennum" une progression modérée, rompant avec 15 années de croissance zéro. Il y a pour le BIT, dans ce contexte nouveau, un impératif absolu d'efficacité, de transparence et de coordination des actions sur le terrain. A cet égard, nous souhaitons plein succès au développement de "programmes nationaux pour le travail décent", qui permettent, dans une approche tripartite, pays par pays, de mieux articuler l'économique et le social, de décloisonner sur le terrain les actions du BIT et d'améliorer leur efficience.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juin 2005)