Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire, sur le concours des meilleurs ouvriers de France, l'enseignement professionnel et le savoir faire de l'artisanat, Paris le 29 janvier 2004.

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Circonstance : Remise des diplômes sommellerie, cuisine et maître d'hôtel du 22ème concours des meilleurs ouvriers de France à Paris le 29 janvier 2004

Texte intégral

Je suis très heureux d'être parmi vous cet après-midi et surtout très heureux, Mesdemoiselles et Messieurs, de vous adresser mes plus chaleureuses félicitations. Ces félicitations vont naturellement d'abord à ceux et celles d'entre vous qui rejoignent aujourd'hui le 7915 Meilleurs ouvriers de France couronnés depuis 1924. Vous pouvez, à juste titre, être très fiers d'avoir conquis, grâce à votre travail et vos mérites, un des titres les plus respectés et les plus convoités de notre pays.
Mais je veux également rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui ont franchi le difficile barrage des épreuves de sélection. C'est déjà un bel exploit que vous avez accompli, puisque sur les 46 candidats de la classe " Sommellerie ", vous n'étiez que 14 à avoir passé le cap des éliminatoires ; 12 sur 44 dans la classe " Maître du service et des arts de la table " ; enfin et surtout 48 sur 408, dans les classes " Cuisine-restauration " et " Cuisine ". Je ne doute pas que beaucoup d'entre vous monteront la prochaine fois sur la première marche du podium.
A travers vous, je tiens à saluer l'ensemble de ceux et de celles qui ont pris part aux épreuves de ce XXIIème concours, dans les 180 professions qu'il représente. Tous les participants, je le sais bien, ont consacré énormément de temps et d'efforts à préparer ce concours, malgré la très lourde charge de travail qui est la leur par ailleurs. Certains d'entre eux sont des professionnels. D'autres enseignent en lycée professionnel ou en CFA. Tous ont consenti un investissement considérable, qui témoigne de la passion qu'ils vouent à leur métier ou plutôt à leur art. Je pense qu'aujourd'hui ces efforts et cette passion sont mieux connus des Français depuis que le magazine Des racines et des ailes les a montrés en pleine lumière lors d'un récent et remarquable reportage.
Le concours du Meilleur Ouvrier de France est sans aucun doute, avec le Concours général des lycées et des métiers, une de nos compétitions les plus difficiles, mais aussi les plus prestigieuses. Prestigieuse pour l'ensemble des professionnels, qui y attachent un très grand prix. Mais prestigieuse aussi pour chacun de nos compatriotes, tant il symbolise le très haut niveau du savoir-faire français, dans les métiers de l'artisanat aussi bien que dans ceux de l'industrie et des services. Le titre Un des Meilleurs Ouvriers de France est unanimement considéré comme un véritable label de la qualité française. Sa notoriété a depuis longtemps dépassé nos frontières et a permis aux lauréats, dans bien des domaines, d'exporter leurs magnifiques compétences à l'étranger. Il revêt donc un réel enjeu économique et social dans notre société. Ceci est particulièrement vrai des métiers de bouche que vous représentez. Dans les fonctions que vous exercerez, vous serez parmi les meilleurs ambassadeurs du goût et de l'excellence.
Ce concours célèbrera l'an prochain le 80ème anniversaire de sa création. Cette ancienneté contribue à faire de lui une institution, mais une institution vivante, qui a su s'adapter et évoluer avec son temps. Représentant près de deux cents professions, il intègre désormais les métiers du futur, notamment ceux des technologies nouvelles comme l'imagerie numérique ou les décors de cinéma.
S'il a veillé à prendre en compte les avancées des technologies modernes, son objectif est tout autant de sauvegarder les valeurs les plus essentielles de la tradition. Il est en quelque sorte le conservatoire des savoir-faire accumulés au fil des siècles et transmis de génération en génération.
Pour accéder à un tel honneur, il faut évidemment apporter la preuve de l'excellence d'un travail accompli dans toutes les règles de l'art. C'est pourquoi le concours a toujours été d'une terrible exigence. Il demande aux candidats de donner le meilleur d'eux-mêmes et de faire apparaître un très large éventail de qualités qui sont, outre la parfaite maîtrise des techniques modernes aussi bien que des savoir-faire traditionnels, la dextérité, la créativité et le sens de l'esthétique.
De plus, devenir Meilleur Ouvrier de France n'est pas une fin en soi. C'est toute sa vie qu'il faudra demeurer à la hauteur d'un tel titre. Ceux qui l'ont reçu - je pense aux présidents de jury ici présents, M. Paul Bocuse, M. Joël Robuchon, M.Philippe Faure-Brac, M. Patrick Sicard que j'ai plaisir à saluer - peuvent témoigner qu'il faut sans cesse s'améliorer, se dépasser, inventer de nouveaux procédés ou de nouvelles recettes et ne jamais relâcher son énergie créatrice. Comme les grands sportifs et les grands artistes, c'est tous les jours qu'ils remettent en jeu leur titre et leur renommée. Il vous appartient maintenant de suivre leur exemple.
De si hauts mérites ne pouvaient être seulement récompensés par un titre, aussi honorifique fût-il. Il était bien légitime que l'Education nationale puisse aussi les valoriser et les reconnaître de manière très officielle. C'est bien pourquoi les lauréats reçoivent un diplôme de niveau III, c'est à dire bac 2, qui équivaut à un brevet de technicien supérieur ou à un diplôme universitaire de technologie.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais brièvement à vous dire ce soir. Croyez bien que ce ne sont en aucun cas ma gourmandise naturelle et ma prédilection pour les terres de haute gastronomie qui m'ont conduit à choisir, parmi tous les métiers du concours, les métiers de bouche qui sont les vôtres. Mon choix, vous vous en doutez, aurait pu se porter tout aussi bien vers les chaudronnerie ou la robotique
Je voudrais naturellement remercier l'ensemble des organisateurs du XXIIème concours, les membres du jury, les présidents de classe ici présents ainsi que l'équipe de direction du lycée des Métiers de l'Hôtellerie et du Tourisme d'Occitanie, qui est une véritable institution toulousaine et l'un des plus grands lycées hôteliers de France.
Je n'oublie pas d'associer à ces remerciements la société des diplômés Meilleurs Ouvriers de France ainsi que le Comité d'Organisation des Expositions du travail, représenté aujourd'hui par son président, M. Jean-Pierre Boisivon.
Mesdemoiselles et Messieurs les lauréats, je vous renouvelle mes félicitations et je vous souhaite la meilleure réussite dans les établissements où vous officierez ou dans ceux que vous créerez.


(source http://www.education.gouv.fr, le 9 février 2004)