Texte intégral
Q- A. Hausser-. J.-C. Mailly, nouveau secrétaire général de FO, ça fait un mois que vous avez pris vos fonctions. Ca va, vous prenez vos marques ?
R- "Oui, oui ça va, pas de problème."
Q- Ca va, donc rien ne vous échappe.
R - "Non."
Q- Alors aujourd'hui, c'est le mouvement des chercheurs qui est à la une de l'actualité. Ce mouvement, c'est un mouvement sectoriel, vous les soutenez sans condition ou vous dîtes quand même il y a d'autres problèmes plus urgents ?
R - "Non, ce n'est pas qu'il y a d'autres problèmes plus urgents, il y a des problèmes actuellement, dont celui des chercheurs. Eh oui, nous soutenons le mouvement des chercheurs y compris avec notre syndicat de l'enseignement supérieur et de la recherche qui pose deux problèmes. Premier problème, c'est un problème d'emplois, rapidement, les 550 postes qui sont nécessaires y compris parce que la France.. C'est préparer l'avenir, la recherche : c'est quelle France demain, quelle industrie, quelle innovation et sur une bonne part de secteurs d'activité, et ce qu'on appelle la recherche fondamentale c'est obligatoirement l'investissement public qui est nécessaire et s'il n'y a pas de recherche fondamentale, il n'y a pas derrière la recherche appliquée les innovations nécessaires dans l'industrie. Donc oui, c'est un mouvement que nous soutenons bien entendu."
Q- Et votre syndicat d'enseignement supérieur appelle à la grève vendredi.
R - "Notre syndicat d'enseignement supérieur est dans le mouvement bien entendu. C'est un problème de fond et c'est un problème général. On ne peut pas continuer à vivre dans un pays qui se réfère à une République, avec donc des investissements publics nécessaires et dans les secteurs qui sont les secteurs importants comme la recherche ou les hôpitaux, avoir des problèmes budgétaires de manière importante, réduire les effectifs, réduire les crédits et à partir de là, est-ce qu'on sera demain encore dans une République. Donc il y a des efforts particuliers à faire."
Q- Mais vous allez loin, quand vous dîtes est-ce que demain, on sera encore dans une République ?
R - "Oui je vais loin quand je dis ça, mais d'une certaine manière, on se rend compte, depuis quelques années, à chaque fois qu'il y a des élections politiques, on nous parle des valeurs républicaines et entre deux élections politiques, on se rend compte que le champ du service public se réduit, le champ de la fonction publique se réduit. Par la décentralisation, on met en cause certains éléments d'égalité de droit, donc on pose la question effectivement : est-ce que demain on sera encore dans une République avec ses valeurs de liberté d'égalité et de fraternité, si tous les champs du service public, si ce qui constitue l'ossature de la République, le service public, est remis profondément en cause. Oui c'est une question de fond qui est posée."
Q- Alors autrement dit, vous remettez en cause, vous désapprouvez la décentralisation, telle que la préconise J.-P. Raffarin ?
R - "Oui parce que nous avons posé, dès le départ, toute une série de questions sur la décentralisation : est-ce que demain, il y aura encore les problèmes de statut de personnel, mais est-ce que demain, il y aura encore une égalité dans le domaine fiscal ou est-ce qu'il y aura des inégalités de plus en plus grandes selon les régions ou les départements ? Comment, demain, on fera face dans les départements, par exemple, à l'augmentation des charges liées aux RMI au RMA, au transfert du personnel ? Est-ce que ça conduira à augmenter la fiscalité locale ou est-ce que ça conduira les collectivités territoriales à privatiser, parce qu'elles ne pourront pas faire face ? Sur toutes ces questions-là que nous avons posées, nous n'avons jamais eu de réponses claires."
Q- Ca viendra à l'usage, si je puis dire. Alors on a appris hier que 265.000 chômeurs avaient été exclus de l'assurance chômage au 1er janvier. Avez-vous des informations précises sur les personnes qui ont été radiées des ASSEDIC ?
R - "Oui, eh bien c'est suite à un accord.."
Q- Ca oui, mais que sont-elles devenues, aujourd'hui on ne sait pas exactement qui a retrouvé du travail et qui est au RMI ou au RMA..
R - "Oui mais sur les 265 000 en question, d'abord j'indique que l'Unedic avait prévu 180 000. On nous disait 180 000, c'est beaucoup plus que prévu. Donc sur les 265 000 personnes en question, ce n'est pas des gens qui ont retrouvé du travail, puisque c'était des gens qui étaient indemnisés par le système d'assurance chômage et l'accord qui a été signé - FO ne l'avait pas signé d'ailleurs avec la CGT - sort ces gens de l'indemnisation du chômage. Donc, ils se retrouvent démunis du jour au lendemain. Pour une partie, et on n'a pas encore les statistiques complètes, ils vont bénéficier, entre guillemets, de l'allocation spécifique de solidarité, qui est une allocation d'Etat, d'autres bénéficieront du RMI mais ces gens qui sortent, ce ne sont pas des gens qui ont trouvé du travail. Mais d'une certaine manière aussi, il faut bien comprendre que parmi des 265 000 personnes qui sortent de l'Unedic, des fichiers des ASSEDIC, il y en a 50 000 qui sont des gens qui avaient une activité réduite, c'est-à-dire des gens qui étaient au chômage et qui avaient accepté 78 heures, 80 heures par mois, de travailler un peu. A la fois, ça réduisait leurs allocations ASSEDIC, en complément, ils avaient un CDD qui leur apportait un complément de revenus. Mais dans le même temps, ils avaient des droits prolongés à l'assurance chômage. Or ces gens-là, qui ont cherché à travailler l'année dernière, qui ont fait des petits boulots en quelque sorte, pensaient avoir six mois de plus, de ce fait, d'allocations chômage et on leur a coupé directement au 1er janvier. Ils se retrouvent sans rien. Donc c'est y compris par rapport à des gens dont on nous dit qu'il faudrait que les gens acceptent de faire un effort de retrouver un travail, y compris ces gens-là qui ont eu des activités réduites, se retrouvent aujourd'hui sans rien, donc ce n'est pas normal."
Q- Alors ça c'est en contradiction avec la démarche du gouvernement, enfin la concertation Gouvernement-syndicats qui vise, justement, à établir un meilleur contrôle des chômeurs, des gens qui cherchent du travail, qui travaillent au noir. Vous, vous dîtes il faut d'abord contrôler les entreprises ?
R - "Bien entendu, c'est contrôler l'offre.."
Q- C'est un peu les deux, non ?
R - "Mais non, c'est contrôler l'offre d'emploi, quand on voit la masse du chômage aujourd'hui, c'est 2.700.000 personnes qui sont indemnisées aujourd'hui par le régime d'assurance chômage. C'est à peu 50% des gens au chômage qui sont indemnisés par les ASSEDIC. Donc on voit la masse du chômage aujourd'hui. On ne peut pas répondre à un phénomène de masse comme celui-là en disant : on va contrôler les chômeurs, comme si les gens ne retrouvaient pas de travail parce qu'ils ne faisaient pas l'effort d'en rechercher. Il suffit de regarder les chiffres : quand il y a 2,5 millions, officiellement, de chômeurs, il n'y a pas en face 2,5 millions d'offres d'emplois. Donc, on regarde.."
Q- Il y en a à peu près 300 000 - 400 000 ?
R - "Mais attendez, même ça, mais ça, ça fait partie des chiffres que l'on ressort quand on n'a pas d'idée d'une certaine manière, quand les gouvernements quels qu'ils soient, disent : il y a 300 000 postes qui ne sont pas occupés, donc il faut.."
Q- C'est pas mieux..
R - "Oui, mais c'est toujours, ça existe toujours, c'est un volant qui existe qui est un volant permanent et regardons dans quel secteur. Si c'est dans le secteur de la restauration par exemple, si les gens, les salariés hésitent à pouvoir y aller, c'est que les salaires y sont faibles, c'est parce que les conditions de travail y sont mauvaises. A partir de là, il faut donc d'abord répondre à ce problème de salaire, répondre à ce problème de conditions de travail. Mais même à la limite.."
Q- Là, vous mettez le doigt sur un problème vaste puisqu'il y a le problème de la TVA, il y a la question des 35 heures, j'allais y venir, donc..
R - "Oui mais à la limite, 300 000 ça ne correspond pas à l'ampleur du problème. S'il y au moins 2,5 millions, au moins officiellement, de gens qui cherchent du travail, donc le problème, c'est quand même développer l'emploi et on ne développe pas l'ampleur artificiellement. Nous, nous avons toujours expliqué qu'il faut relancer l'activité économique, ça passe par des augmentations du pouvoir d'achat, notamment, ça passe par une activité et une politique industrielle de la part de l'Etat. Or, là-dessus, en ce moment, c'est le vide."
Q- Mais ça passe aussi par une conjoncture internationale et pour l'instant, elle n'y est pas.
R - "Par une conjoncture internationale, mais pas uniquement par une conjoncture internationale. Regardez, on nous a toujours dit : ne vous inquiétez pas, ça va repartir parce que ça repart aux Etats-Unis. Or on se rend compte aujourd'hui qu'aux Etats-Unis, la reprise est fragile, que cette reprise se fait sans création d'emploi et on commence à se dire, finalement, est-ce qu'en Europe il y aura des répercussions, et est-ce qu'en France il y aura des répercussions."
Q- Et est-ce qu'en France, on ne risque pas aussi d'avoir une reprise sans emploi ?
R - "Eh bien c'est à craindre effectivement, c'est à craindre que dans l'immédiat, on dans tous les cas, si reprise il y a les statistiques, et les prévisions sont nuancées en la matière, on puisse avoir, effectivement, une reprise qui ne soit pas très prometteuse en terme d'emploi."
Q- Alors justement, hier, il y a eu une indiscrétion publiée par notre confrère Le Figaro sur le rapport parlementaire sur les 35 heures, qui parle d'augmentation du coût du travail d'environ 10%. Il y a toujours la querelle sur le nombre de créations d'emplois et évidemment, ce rapport va dans le sens d'un assouplissement de ces 35 heures. C'était une mauvaise mesure au départ ?
R - "Les 35 heures en tant que telles, on était pour, on avait critiqué à l'époque, nous, la manière de procéder."
Q- Le moyen.
R - "Non la manière de procéder, sur la réduction du temps de travail bien entendu qu'on était favorable. On avait critiqué lé manière de faire. Maintenant de le voir aujourd'hui, des rapports qui sont faits sur le bilan des 35 heures, d'abord on ne peut pas encore le faire puisqu'il y a une partie des salariés, je le rappelle, qui ne sont pas encore aux 35 heures. Ensuite de savoir combien d'emplois ont été créés ou préservés, ça sera toujours des évaluations, on ne le saura vraiment jamais, bon, les chiffres qui tournent c'est 300.000 ou 350.000 mais ça se discute. Donc, à partir de là, de dire que ça conduit à une augmentation du coût du travail, ça il faut regarder dans les entreprises la manière dont les 35 heures ont été mises en place. Pour les salariés bien souvent, il y a eu des gains de productivité, il y a eu des allégements de charges. A partir de là de dire que ça alourdi le coût du travail, ça ce n'est pas vrai."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 mars 2004)
R- "Oui, oui ça va, pas de problème."
Q- Ca va, donc rien ne vous échappe.
R - "Non."
Q- Alors aujourd'hui, c'est le mouvement des chercheurs qui est à la une de l'actualité. Ce mouvement, c'est un mouvement sectoriel, vous les soutenez sans condition ou vous dîtes quand même il y a d'autres problèmes plus urgents ?
R - "Non, ce n'est pas qu'il y a d'autres problèmes plus urgents, il y a des problèmes actuellement, dont celui des chercheurs. Eh oui, nous soutenons le mouvement des chercheurs y compris avec notre syndicat de l'enseignement supérieur et de la recherche qui pose deux problèmes. Premier problème, c'est un problème d'emplois, rapidement, les 550 postes qui sont nécessaires y compris parce que la France.. C'est préparer l'avenir, la recherche : c'est quelle France demain, quelle industrie, quelle innovation et sur une bonne part de secteurs d'activité, et ce qu'on appelle la recherche fondamentale c'est obligatoirement l'investissement public qui est nécessaire et s'il n'y a pas de recherche fondamentale, il n'y a pas derrière la recherche appliquée les innovations nécessaires dans l'industrie. Donc oui, c'est un mouvement que nous soutenons bien entendu."
Q- Et votre syndicat d'enseignement supérieur appelle à la grève vendredi.
R - "Notre syndicat d'enseignement supérieur est dans le mouvement bien entendu. C'est un problème de fond et c'est un problème général. On ne peut pas continuer à vivre dans un pays qui se réfère à une République, avec donc des investissements publics nécessaires et dans les secteurs qui sont les secteurs importants comme la recherche ou les hôpitaux, avoir des problèmes budgétaires de manière importante, réduire les effectifs, réduire les crédits et à partir de là, est-ce qu'on sera demain encore dans une République. Donc il y a des efforts particuliers à faire."
Q- Mais vous allez loin, quand vous dîtes est-ce que demain, on sera encore dans une République ?
R - "Oui je vais loin quand je dis ça, mais d'une certaine manière, on se rend compte, depuis quelques années, à chaque fois qu'il y a des élections politiques, on nous parle des valeurs républicaines et entre deux élections politiques, on se rend compte que le champ du service public se réduit, le champ de la fonction publique se réduit. Par la décentralisation, on met en cause certains éléments d'égalité de droit, donc on pose la question effectivement : est-ce que demain on sera encore dans une République avec ses valeurs de liberté d'égalité et de fraternité, si tous les champs du service public, si ce qui constitue l'ossature de la République, le service public, est remis profondément en cause. Oui c'est une question de fond qui est posée."
Q- Alors autrement dit, vous remettez en cause, vous désapprouvez la décentralisation, telle que la préconise J.-P. Raffarin ?
R - "Oui parce que nous avons posé, dès le départ, toute une série de questions sur la décentralisation : est-ce que demain, il y aura encore les problèmes de statut de personnel, mais est-ce que demain, il y aura encore une égalité dans le domaine fiscal ou est-ce qu'il y aura des inégalités de plus en plus grandes selon les régions ou les départements ? Comment, demain, on fera face dans les départements, par exemple, à l'augmentation des charges liées aux RMI au RMA, au transfert du personnel ? Est-ce que ça conduira à augmenter la fiscalité locale ou est-ce que ça conduira les collectivités territoriales à privatiser, parce qu'elles ne pourront pas faire face ? Sur toutes ces questions-là que nous avons posées, nous n'avons jamais eu de réponses claires."
Q- Ca viendra à l'usage, si je puis dire. Alors on a appris hier que 265.000 chômeurs avaient été exclus de l'assurance chômage au 1er janvier. Avez-vous des informations précises sur les personnes qui ont été radiées des ASSEDIC ?
R - "Oui, eh bien c'est suite à un accord.."
Q- Ca oui, mais que sont-elles devenues, aujourd'hui on ne sait pas exactement qui a retrouvé du travail et qui est au RMI ou au RMA..
R - "Oui mais sur les 265 000 en question, d'abord j'indique que l'Unedic avait prévu 180 000. On nous disait 180 000, c'est beaucoup plus que prévu. Donc sur les 265 000 personnes en question, ce n'est pas des gens qui ont retrouvé du travail, puisque c'était des gens qui étaient indemnisés par le système d'assurance chômage et l'accord qui a été signé - FO ne l'avait pas signé d'ailleurs avec la CGT - sort ces gens de l'indemnisation du chômage. Donc, ils se retrouvent démunis du jour au lendemain. Pour une partie, et on n'a pas encore les statistiques complètes, ils vont bénéficier, entre guillemets, de l'allocation spécifique de solidarité, qui est une allocation d'Etat, d'autres bénéficieront du RMI mais ces gens qui sortent, ce ne sont pas des gens qui ont trouvé du travail. Mais d'une certaine manière aussi, il faut bien comprendre que parmi des 265 000 personnes qui sortent de l'Unedic, des fichiers des ASSEDIC, il y en a 50 000 qui sont des gens qui avaient une activité réduite, c'est-à-dire des gens qui étaient au chômage et qui avaient accepté 78 heures, 80 heures par mois, de travailler un peu. A la fois, ça réduisait leurs allocations ASSEDIC, en complément, ils avaient un CDD qui leur apportait un complément de revenus. Mais dans le même temps, ils avaient des droits prolongés à l'assurance chômage. Or ces gens-là, qui ont cherché à travailler l'année dernière, qui ont fait des petits boulots en quelque sorte, pensaient avoir six mois de plus, de ce fait, d'allocations chômage et on leur a coupé directement au 1er janvier. Ils se retrouvent sans rien. Donc c'est y compris par rapport à des gens dont on nous dit qu'il faudrait que les gens acceptent de faire un effort de retrouver un travail, y compris ces gens-là qui ont eu des activités réduites, se retrouvent aujourd'hui sans rien, donc ce n'est pas normal."
Q- Alors ça c'est en contradiction avec la démarche du gouvernement, enfin la concertation Gouvernement-syndicats qui vise, justement, à établir un meilleur contrôle des chômeurs, des gens qui cherchent du travail, qui travaillent au noir. Vous, vous dîtes il faut d'abord contrôler les entreprises ?
R - "Bien entendu, c'est contrôler l'offre.."
Q- C'est un peu les deux, non ?
R - "Mais non, c'est contrôler l'offre d'emploi, quand on voit la masse du chômage aujourd'hui, c'est 2.700.000 personnes qui sont indemnisées aujourd'hui par le régime d'assurance chômage. C'est à peu 50% des gens au chômage qui sont indemnisés par les ASSEDIC. Donc on voit la masse du chômage aujourd'hui. On ne peut pas répondre à un phénomène de masse comme celui-là en disant : on va contrôler les chômeurs, comme si les gens ne retrouvaient pas de travail parce qu'ils ne faisaient pas l'effort d'en rechercher. Il suffit de regarder les chiffres : quand il y a 2,5 millions, officiellement, de chômeurs, il n'y a pas en face 2,5 millions d'offres d'emplois. Donc, on regarde.."
Q- Il y en a à peu près 300 000 - 400 000 ?
R - "Mais attendez, même ça, mais ça, ça fait partie des chiffres que l'on ressort quand on n'a pas d'idée d'une certaine manière, quand les gouvernements quels qu'ils soient, disent : il y a 300 000 postes qui ne sont pas occupés, donc il faut.."
Q- C'est pas mieux..
R - "Oui, mais c'est toujours, ça existe toujours, c'est un volant qui existe qui est un volant permanent et regardons dans quel secteur. Si c'est dans le secteur de la restauration par exemple, si les gens, les salariés hésitent à pouvoir y aller, c'est que les salaires y sont faibles, c'est parce que les conditions de travail y sont mauvaises. A partir de là, il faut donc d'abord répondre à ce problème de salaire, répondre à ce problème de conditions de travail. Mais même à la limite.."
Q- Là, vous mettez le doigt sur un problème vaste puisqu'il y a le problème de la TVA, il y a la question des 35 heures, j'allais y venir, donc..
R - "Oui mais à la limite, 300 000 ça ne correspond pas à l'ampleur du problème. S'il y au moins 2,5 millions, au moins officiellement, de gens qui cherchent du travail, donc le problème, c'est quand même développer l'emploi et on ne développe pas l'ampleur artificiellement. Nous, nous avons toujours expliqué qu'il faut relancer l'activité économique, ça passe par des augmentations du pouvoir d'achat, notamment, ça passe par une activité et une politique industrielle de la part de l'Etat. Or, là-dessus, en ce moment, c'est le vide."
Q- Mais ça passe aussi par une conjoncture internationale et pour l'instant, elle n'y est pas.
R - "Par une conjoncture internationale, mais pas uniquement par une conjoncture internationale. Regardez, on nous a toujours dit : ne vous inquiétez pas, ça va repartir parce que ça repart aux Etats-Unis. Or on se rend compte aujourd'hui qu'aux Etats-Unis, la reprise est fragile, que cette reprise se fait sans création d'emploi et on commence à se dire, finalement, est-ce qu'en Europe il y aura des répercussions, et est-ce qu'en France il y aura des répercussions."
Q- Et est-ce qu'en France, on ne risque pas aussi d'avoir une reprise sans emploi ?
R - "Eh bien c'est à craindre effectivement, c'est à craindre que dans l'immédiat, on dans tous les cas, si reprise il y a les statistiques, et les prévisions sont nuancées en la matière, on puisse avoir, effectivement, une reprise qui ne soit pas très prometteuse en terme d'emploi."
Q- Alors justement, hier, il y a eu une indiscrétion publiée par notre confrère Le Figaro sur le rapport parlementaire sur les 35 heures, qui parle d'augmentation du coût du travail d'environ 10%. Il y a toujours la querelle sur le nombre de créations d'emplois et évidemment, ce rapport va dans le sens d'un assouplissement de ces 35 heures. C'était une mauvaise mesure au départ ?
R - "Les 35 heures en tant que telles, on était pour, on avait critiqué à l'époque, nous, la manière de procéder."
Q- Le moyen.
R - "Non la manière de procéder, sur la réduction du temps de travail bien entendu qu'on était favorable. On avait critiqué lé manière de faire. Maintenant de le voir aujourd'hui, des rapports qui sont faits sur le bilan des 35 heures, d'abord on ne peut pas encore le faire puisqu'il y a une partie des salariés, je le rappelle, qui ne sont pas encore aux 35 heures. Ensuite de savoir combien d'emplois ont été créés ou préservés, ça sera toujours des évaluations, on ne le saura vraiment jamais, bon, les chiffres qui tournent c'est 300.000 ou 350.000 mais ça se discute. Donc, à partir de là, de dire que ça conduit à une augmentation du coût du travail, ça il faut regarder dans les entreprises la manière dont les 35 heures ont été mises en place. Pour les salariés bien souvent, il y a eu des gains de productivité, il y a eu des allégements de charges. A partir de là de dire que ça alourdi le coût du travail, ça ce n'est pas vrai."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 mars 2004)