Texte intégral
Richard ARZT : Bonjour Catherine Vautrin. Vous êtes ministre de la Cohésion Sociale. Aujourd'hui dans la société française vous diriez qu'il y a un risque de brouillage, de cassure de la cohésion sociale ?
Catherine VAUTRIN : Ce que je dirais c'est qu'il y a surtout la place pour un immense gisement. C'est la force d'une nation rassemblée. Et c'est ça la cohésion sociale, telle que le président de la République la définissait lui-même d'ailleurs, dès octobre 2002 dans son discours de Troyes.
Q - C'est un sujet auquel on attache plus d'importance dans le gouvernement Villepin que sous Jean-Pierre Raffarin ?
R - C'est un sujet sur lequel on a toujours travaillé, mais aujourd'hui c'est une de nos priorités parce qu'après l'emploi, c'est incontestablement la priorité de nos concitoyens que de se sentir écoutés, entendus, rassemblés.
Q - Prenons quelques exemples dans d'autres domaines. Vous avez annoncé dix millions d'euros pour le programme "villes, vie, vacances", qui permet à des jeunes de quartiers sensibles d'avoir accès à des activités culturelles, sportives ou éducatives. Qu'est-ce que ça donne en cette fin juillet ?
R - Ça se passe bien avec de belles initiatives. Déjà, trois chiffres : 800.000 jeunes concernés, 34.000 personnes qui les encadrent, 14.000 actions. C'est dire si quelque part, dans nos quartiers aujourd'hui nous avons de nombreuses activités. L'intérêt c'est que nous sommes loin de la partie occupationnelle. Nous sommes sur des opérations de découvertes, des possibilités de sortir de son quartier, de se réaliser, de se valoriser, donc quelque part une ouverture et je pense notamment à un exemple que j'ai vu à Torcy début juillet des filles des quartiers qui, pendant une semaine, peuvent accès à tous les sports qu'elles doivent pratiquer. C'est important que de leur permettre de sortir de la cité, de découvrir des sports, et pourquoi pas de continuer à les pratiquer tout au long de l'année.
Q - Alors il y a un autre exemple dont on a beaucoup parlé en juin, à cause de la mort d'un jeune garçon au cours d'une fusillade, c'est La Courneuve. Quand Nicolas Sarkozy y est allé, il n'avait pas seulement parlé de "nettoyage au karcher", il avait aussi annoncé des pistes pour venir en aide aux habitants, d'ailleurs vous étiez avec lui lors de sa deuxième visite, alors ? Les pistes.
R - Mais tout à fait, j'étais avec lui parce que bien évidemment c'est typiquement un sujet de cohésion sociale. Les pistes, il y en a plusieurs : nous avons travaillé sur les opérations de renouvellement urbain, puisque La Courneuve fait l'objet de très nombreux travaux de reconstruction, de façon à ce que l'environnement urbain soit mieux adapté, plus agréable pour les populations concernées, tout un travail autour de l'emploi parce que, bien évidemment, c'est par l'emploi qu'on accède au logement et quelque part on peut se reconstruire. Et puis une action également vers les tout-petits. Cette action, ce sont les espaces de réussite éducative. J'ai reçu il y a quinze jours le maire de La Courneuve, le député de la circonscription, et ensemble nous préparons pour la rentrée un accueil des tout-petits.
Q - Pourquoi vous n'êtes pas avec Nicolas Sarkozy cet après-midi puisqu'il y retourne ?
R - Parce que cet après-midi les sujets ne me concernent pas. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas malheureusement être systématiquement sur tous les fronts.
Q - Vous ne pouvez pas suivre Nicolas Sarkozy dans tous ses déplacements, tellement il se déplace.
R - Ce n'est pas que je ne peux pas le faire, l'intérêt c'est que nous démultiplions l'énergie pour aller, les uns et les autres, sur de plus en plus de sites, pour être le plus possible au contact de nos concitoyens.
Q - Un des chapitres de la Cohésion Sociale, et donc de votre action, c'est de permettre aux immigrés en situation régulière de s'intégrer dans la société française et vous insistez depuis quelque temps beaucoup sur l'apprentissage du Français, qui deviendrait une condition pour obtenir un titre de séjour prolongé en France.
R - Soyons clairs sur le sujet. Je crois que ce qui nous préoccupe c'est que l'intégration des personnes qui viennent vivre en France, ces personnes souhaitent une intégration réussie. Pour cela il y a un passeport indispensable, c'est la capacité à parler Français. Parce que pour vivre correctement dans un pays, pour y trouver un emploi, pour pouvoir s'y loger, pour pouvoir y accueillir sa famille, c'est quand même nettement plus simple quand on parle Français. Pour cela le gouvernement, dès 2002, a mis en place un contrat d'accueil et d'intégration. Nous sommes passés d'une situation d'indifférence à une situation de contrat. L'Etat s'engage à accompagner, à former, à proposer des cours de Français. La personne qui arrive, en situation régulière, s'engage à apprendre notre langue.
Q - Ça c'est le contrat d'accueil et d'intégration.
R - C'est le contrat. Pour autant, aujourd'hui ce que l'on constate, c'est que si ceux qui s'engagent à suivre le contrat sont nombreux - plus de 90 % - les taux d'assiduité, notamment aux cours de Français, ne sont pas aussi bons qu'on pourrait le souhaiter. Ils sont inférieurs à 70 %. C'est pour cela que je souhaite renforcer cette assiduité, et travailler à un lien entre l'obtention d'une carte de séjour de dix ans, et la capacité à parler notre langue.
Q - Ce contrat d'accueil et d'intégration, pourquoi est-ce qu'il n'est pas obligatoire ? Pourquoi ce n'est pas obligatoire qu'il soit signé par l'immigré ?
R - Nous étions sur une phase de mise en place sur l'ensemble du territoire, qui faisait qu'il y avait la nécessité d'être capable d'accueillir partout en France. Ça sera opérationnel à la fin de cette année 2005, ce qui nous permettra de revoir l'ensemble des conditions.
Q - Il y a une réunion cet après-midi du comité interministériel de contrôle de l'immigration, présidé par Nicolas Sarkozy, et vous parlerez justement de l'évolution du contrat.
R - Nous évoquerons tous ces sujets bien évidemment.
Q - Vous êtes aussi ministre de la Parité, je crois que ça vous tient à coeur.
R - Tout à fait.
Q - Le projet de loi sur l'égalité salariale, ça c'est en cours.
R - Nous avons fini la première lecture. Nous aurons donc à la rentrée parlementaire la seconde lecture.
Q - A terme, une femme qui constaterait qu'à emploi et ancienneté égale, elle est moins payée qu'un homme, pourra porter plainte ?
R - L'objectif, c'est pas qu'elle porte plainte, c'est surtout l'objectif qui est fixé, qui a été fixé d'ailleurs par le président de la République dans ses voeux à la nation en début d'année, c'est que d'ici cinq ans il n'y ait plus aucun écart salarial entre un homme et une femme. Il faut savoir qu'il y a des entreprises qui ont déjà bien avancé. La stratégie du gouvernement, c'est d'allier la négociation, le bilan 2007/2008. L'idée, ce n'est pas de porter des contraintes supplémentaires aux entreprises. Nous savons combien aujourd'hui la création d'emplois est indispensable. Pour autant, à travail égal, salaire égal.
Q - Un mot sur le temps partiel subi pour les femmes, je sais que vous travaillez là-dessus.
R - C'est une vraie trappe à pauvreté. Deux pistes. La première : accompagner de façon à ce qu'on puisse réduire l'amplitude horaire, parce que deux heures le matin, trois heures le soir, c'est compliqué.
Q - Dans les grandes surfaces notamment.
R - Notamment dans la grande distribution.
Q - Pour les caissières.
R - Et également l'activité de nettoyage. Il faut donc qu'on travaille avec les entreprises sur ce sujet. Deuxième idée : la formation, pour leur permettre à chaque fois que c'est possible d'aller vers un temps complet.
Q - Vous allez travailler par décret là-dessus ? Il y aura une loi ?
R - Je travaille avec Gérard Larcher et les partenaires sociaux sur le sujet.
Q - Vous avez été députée avant d'être dans le gouvernement Raffarin en 2004, députée de la Marne, on vous prête l'intention d'être candidate à la mairie de Reims. Est-ce que vous confirmez ? Ce sera en 2008.
R - Deux choses. D'abord, je vous annonce que je serai candidate à ma succession, en 2007, aux Législatives. En 2008, il y aura les Municipales. Une candidature aux Municipales, c'est le fruit d'un consensus. Et bien évidemment, je ferai partie de l'équipe qui s'occupera de Reims, mais ça je le fais dès maintenant.
Q - Vous êtes au courant qu'un autre membre du gouvernement, Renaud Dutreil, a annoncé son intention de se présenter à Reims aux Municipales.
R - Vous savez, les Municipales, il n'y a pas de place pour les initiatives individuelles. Il y a de la place pour les consensus.
Q - Mais les consensus, ça se fera par accords entre vous ? Ou bien il faudra que la direction de l'UMP s'en mêle ?
R - Ça se fait avec les Rémoises et les Rémois.
Q - Merci Catherine Vautrin. Je rappelle que vous êtes la ministre de la Cohésion sociale et de la Parité.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 2 août 2005)
Catherine VAUTRIN : Ce que je dirais c'est qu'il y a surtout la place pour un immense gisement. C'est la force d'une nation rassemblée. Et c'est ça la cohésion sociale, telle que le président de la République la définissait lui-même d'ailleurs, dès octobre 2002 dans son discours de Troyes.
Q - C'est un sujet auquel on attache plus d'importance dans le gouvernement Villepin que sous Jean-Pierre Raffarin ?
R - C'est un sujet sur lequel on a toujours travaillé, mais aujourd'hui c'est une de nos priorités parce qu'après l'emploi, c'est incontestablement la priorité de nos concitoyens que de se sentir écoutés, entendus, rassemblés.
Q - Prenons quelques exemples dans d'autres domaines. Vous avez annoncé dix millions d'euros pour le programme "villes, vie, vacances", qui permet à des jeunes de quartiers sensibles d'avoir accès à des activités culturelles, sportives ou éducatives. Qu'est-ce que ça donne en cette fin juillet ?
R - Ça se passe bien avec de belles initiatives. Déjà, trois chiffres : 800.000 jeunes concernés, 34.000 personnes qui les encadrent, 14.000 actions. C'est dire si quelque part, dans nos quartiers aujourd'hui nous avons de nombreuses activités. L'intérêt c'est que nous sommes loin de la partie occupationnelle. Nous sommes sur des opérations de découvertes, des possibilités de sortir de son quartier, de se réaliser, de se valoriser, donc quelque part une ouverture et je pense notamment à un exemple que j'ai vu à Torcy début juillet des filles des quartiers qui, pendant une semaine, peuvent accès à tous les sports qu'elles doivent pratiquer. C'est important que de leur permettre de sortir de la cité, de découvrir des sports, et pourquoi pas de continuer à les pratiquer tout au long de l'année.
Q - Alors il y a un autre exemple dont on a beaucoup parlé en juin, à cause de la mort d'un jeune garçon au cours d'une fusillade, c'est La Courneuve. Quand Nicolas Sarkozy y est allé, il n'avait pas seulement parlé de "nettoyage au karcher", il avait aussi annoncé des pistes pour venir en aide aux habitants, d'ailleurs vous étiez avec lui lors de sa deuxième visite, alors ? Les pistes.
R - Mais tout à fait, j'étais avec lui parce que bien évidemment c'est typiquement un sujet de cohésion sociale. Les pistes, il y en a plusieurs : nous avons travaillé sur les opérations de renouvellement urbain, puisque La Courneuve fait l'objet de très nombreux travaux de reconstruction, de façon à ce que l'environnement urbain soit mieux adapté, plus agréable pour les populations concernées, tout un travail autour de l'emploi parce que, bien évidemment, c'est par l'emploi qu'on accède au logement et quelque part on peut se reconstruire. Et puis une action également vers les tout-petits. Cette action, ce sont les espaces de réussite éducative. J'ai reçu il y a quinze jours le maire de La Courneuve, le député de la circonscription, et ensemble nous préparons pour la rentrée un accueil des tout-petits.
Q - Pourquoi vous n'êtes pas avec Nicolas Sarkozy cet après-midi puisqu'il y retourne ?
R - Parce que cet après-midi les sujets ne me concernent pas. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas malheureusement être systématiquement sur tous les fronts.
Q - Vous ne pouvez pas suivre Nicolas Sarkozy dans tous ses déplacements, tellement il se déplace.
R - Ce n'est pas que je ne peux pas le faire, l'intérêt c'est que nous démultiplions l'énergie pour aller, les uns et les autres, sur de plus en plus de sites, pour être le plus possible au contact de nos concitoyens.
Q - Un des chapitres de la Cohésion Sociale, et donc de votre action, c'est de permettre aux immigrés en situation régulière de s'intégrer dans la société française et vous insistez depuis quelque temps beaucoup sur l'apprentissage du Français, qui deviendrait une condition pour obtenir un titre de séjour prolongé en France.
R - Soyons clairs sur le sujet. Je crois que ce qui nous préoccupe c'est que l'intégration des personnes qui viennent vivre en France, ces personnes souhaitent une intégration réussie. Pour cela il y a un passeport indispensable, c'est la capacité à parler Français. Parce que pour vivre correctement dans un pays, pour y trouver un emploi, pour pouvoir s'y loger, pour pouvoir y accueillir sa famille, c'est quand même nettement plus simple quand on parle Français. Pour cela le gouvernement, dès 2002, a mis en place un contrat d'accueil et d'intégration. Nous sommes passés d'une situation d'indifférence à une situation de contrat. L'Etat s'engage à accompagner, à former, à proposer des cours de Français. La personne qui arrive, en situation régulière, s'engage à apprendre notre langue.
Q - Ça c'est le contrat d'accueil et d'intégration.
R - C'est le contrat. Pour autant, aujourd'hui ce que l'on constate, c'est que si ceux qui s'engagent à suivre le contrat sont nombreux - plus de 90 % - les taux d'assiduité, notamment aux cours de Français, ne sont pas aussi bons qu'on pourrait le souhaiter. Ils sont inférieurs à 70 %. C'est pour cela que je souhaite renforcer cette assiduité, et travailler à un lien entre l'obtention d'une carte de séjour de dix ans, et la capacité à parler notre langue.
Q - Ce contrat d'accueil et d'intégration, pourquoi est-ce qu'il n'est pas obligatoire ? Pourquoi ce n'est pas obligatoire qu'il soit signé par l'immigré ?
R - Nous étions sur une phase de mise en place sur l'ensemble du territoire, qui faisait qu'il y avait la nécessité d'être capable d'accueillir partout en France. Ça sera opérationnel à la fin de cette année 2005, ce qui nous permettra de revoir l'ensemble des conditions.
Q - Il y a une réunion cet après-midi du comité interministériel de contrôle de l'immigration, présidé par Nicolas Sarkozy, et vous parlerez justement de l'évolution du contrat.
R - Nous évoquerons tous ces sujets bien évidemment.
Q - Vous êtes aussi ministre de la Parité, je crois que ça vous tient à coeur.
R - Tout à fait.
Q - Le projet de loi sur l'égalité salariale, ça c'est en cours.
R - Nous avons fini la première lecture. Nous aurons donc à la rentrée parlementaire la seconde lecture.
Q - A terme, une femme qui constaterait qu'à emploi et ancienneté égale, elle est moins payée qu'un homme, pourra porter plainte ?
R - L'objectif, c'est pas qu'elle porte plainte, c'est surtout l'objectif qui est fixé, qui a été fixé d'ailleurs par le président de la République dans ses voeux à la nation en début d'année, c'est que d'ici cinq ans il n'y ait plus aucun écart salarial entre un homme et une femme. Il faut savoir qu'il y a des entreprises qui ont déjà bien avancé. La stratégie du gouvernement, c'est d'allier la négociation, le bilan 2007/2008. L'idée, ce n'est pas de porter des contraintes supplémentaires aux entreprises. Nous savons combien aujourd'hui la création d'emplois est indispensable. Pour autant, à travail égal, salaire égal.
Q - Un mot sur le temps partiel subi pour les femmes, je sais que vous travaillez là-dessus.
R - C'est une vraie trappe à pauvreté. Deux pistes. La première : accompagner de façon à ce qu'on puisse réduire l'amplitude horaire, parce que deux heures le matin, trois heures le soir, c'est compliqué.
Q - Dans les grandes surfaces notamment.
R - Notamment dans la grande distribution.
Q - Pour les caissières.
R - Et également l'activité de nettoyage. Il faut donc qu'on travaille avec les entreprises sur ce sujet. Deuxième idée : la formation, pour leur permettre à chaque fois que c'est possible d'aller vers un temps complet.
Q - Vous allez travailler par décret là-dessus ? Il y aura une loi ?
R - Je travaille avec Gérard Larcher et les partenaires sociaux sur le sujet.
Q - Vous avez été députée avant d'être dans le gouvernement Raffarin en 2004, députée de la Marne, on vous prête l'intention d'être candidate à la mairie de Reims. Est-ce que vous confirmez ? Ce sera en 2008.
R - Deux choses. D'abord, je vous annonce que je serai candidate à ma succession, en 2007, aux Législatives. En 2008, il y aura les Municipales. Une candidature aux Municipales, c'est le fruit d'un consensus. Et bien évidemment, je ferai partie de l'équipe qui s'occupera de Reims, mais ça je le fais dès maintenant.
Q - Vous êtes au courant qu'un autre membre du gouvernement, Renaud Dutreil, a annoncé son intention de se présenter à Reims aux Municipales.
R - Vous savez, les Municipales, il n'y a pas de place pour les initiatives individuelles. Il y a de la place pour les consensus.
Q - Mais les consensus, ça se fera par accords entre vous ? Ou bien il faudra que la direction de l'UMP s'en mêle ?
R - Ça se fait avec les Rémoises et les Rémois.
Q - Merci Catherine Vautrin. Je rappelle que vous êtes la ministre de la Cohésion sociale et de la Parité.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 2 août 2005)