Point de presse de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les cent premiers jours de son gouvernement, Beauvais le 8 septembre 2005.

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Circonstance : Déplacement de Dominique de Villepin au lycée d'enseignement professionnel Jean-Baptiste Corot, à Beauvais le 8 septembre 2005

Texte intégral

Permettez-moi de vous dire tout d'abord le plaisir que j'ai à être aujourd'hui ici, dans ce lycée Jean-Baptiste COROT, à Beauvais, un établissement de plus de 800 élèves. Vous savez qu'il y a plus de 700 000 élèves dans l'enseignement professionnel en France, plus de 1 700 lycées d'enseignement professionnel. Et je dois dire que, c'est un vrai bonheur pour un Premier ministre que de visiter un établissement comme celui qui m'a été présenté aujourd'hui.
C'est en effet un enjeu essentiel pour notre pays, un enjeu d'éducation, tout à fait important. C'est aussi un enjeu en termes d'emploi, et j'ai pu observer à quel point les liens avec le monde de l'entreprise, avec la vie active étaient des liens quotidiens. Et puis bien sûr, aussi, un enjeu pour l'égalité des chances de l'insertion professionnelle. C'est là aussi une dimension très importante qui répond tout à fait aux vux qui sont les nôtres.
La clé de ce que j'ai vu et entendu aujourd'hui, c'est bien sûr la solidarité. La solidarité qui s'exprime entre chacun - partenariats avec les collectivités locales, avec la ville de Beauvais, avec le Conseil régional, partenariats, avec les entreprises, solidarité avec les parents d'élèves, les anciens élèves - et puis la communauté éducative toute entière rassemblée - le proviseur, Madame la rectrice -, tout une équipe qui s'anime et qui se mobilise pour obtenir des résultats au service des élèves. Et j'ai été très frappé de voir à quel point il y a là, ici, une volonté d'avancer, une volonté de donner à chacun sa place, et l'unité pédagogique en direction des jeunes handicapés en est un excellent exemple. Donner à chacun sa place, donner à chacun sa chance, et lui permettre de donner le meilleur de lui-même avec cette perspective d'une issue professionnelle favorable et la multiplication des stages, la multiplication des contacts qui sont noués tout au long de ce parcours d'enseignement professionnel, dont des atouts très importants pour cette réussite.
Voilà brièvement ce que je voulais vous dire en propos introductifs. Et je serais ravi, bien sûr, de répondre à vos questions."
Question : M. le Premier ministre, vous venez de dire que c'est un vrai bonheur pour vous d'être ici, de passer vos "100 jours" ici ?
De les passer ici, à Beauvais, et dans un lycée d'enseignement professionnel comme celui-ci, oui. Parce que c'est bien de nos jeunes dont il s'agit. Si l'on se bat au quotidien, les uns et les autres, c'est pour eux, c'est pour faire que ce pays soit plus grand, pour que l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants soit ce que nous souhaitons. Donc, ce sont bien les raisons de ce combat. Et vous l'imaginez, ce n'est pas un hasard si je suis à Beauvais aujourd'hui et si je suis dans ce lycée d'enseignement professionnel. Parce que je crois que la clé de tout, c'est la solidarité. Quand on est confrontés à des difficultés, et Madame la rectrice et le proviseur me disaient à quel point ils s'étaient battus pour éviter justement les échecs répétés de certains élèves, pour faire en sorte que, tous ceux qui sortent de cet établissement, puissent avoir une qualification. C'est bien notre préoccupation à tous au niveau national : ne laisser personne au bord du chemin, et la clé ce n'est pas la polémique, ce n'est pas la surenchère. La clé c'est la réponse aux préoccupations de nos compatriotes, c'est la solidarité. Et c'est ce que le Gouvernement veut faire, très simplement, sans fanfare, sans trompette, très simplement, au quotidien. Nous savons que la route est difficile, nous savons que les résultats sont parfois longs, trop longs pour beaucoup de nos compatriotes. Mais croyez bien, c'est tous les jours que nous nous battons pour faire en sorte que, les réponses puissent être plus en rapport avec leurs aspirations."
Question : Monsieur le Premier ministre, quelle a été, pendant ces 100 jours, votre plus grande satisfaction ? Avez-vous eu un regret ?
C'est difficile de faire une hiérarchie. Mais ce qui est vrai, c'est que, j'ai ressenti, comme tous ceux qui étaient avec moi, beaucoup d'émotion en visitant cet établissement. Parce que vous êtes devant des hommes, des femmes, des jeunes qui donnent le meilleur d'eux-mêmes. Et j'avoue que, quand on est Premier ministre, ce que l'on attend de ses ministres, ce que l'on attend de la fonction publique, de l'Etat, c'est cela : donner le meilleur de soi-même. Et vous le voyez, nous sommes très au-delà de toute polémique.
Je souhaite que ce pays puisse, pendant les vingt mois qui sont ceux de l'action gouvernementale, fidèle au cap tracé par le président de la République, pour que notre pays puisse se mobiliser dans cette bataille pour l'emploi. Je souhaite que notre pays ne se disperse pas, que nous ne nous égarions pas dans des batailles stériles. Concentrons-nous sur l'essentiel ! Il y a beaucoup à faire, et c'est bien cette urgence de la tâche, cette nécessité, cette nécessité qui a fait que ce lycée Jean-Baptiste COROT, il y a quelques années, selon le dire d'un élève, était un ghetto - ce n'était pas le lycée dont on pouvait rêver - ; eh bien, aujourd'hui, ils sont tous fiers d'appartenir à ce lycée professionnel, tous convaincus que le travail qui est fait par les uns et par les autres sera payant. Eh bien, je veux que ce qui est vrai ici soit vrai au niveau national. Et je suis convaincu que l'effort de tous, cet effort qui nous mobilise, aura les résultats que nous espérons.
Question : Vous aviez fait une promesse en arrivant, pour les cent jours à venir. Quel bilan pouvez-vous dresser aujourd'hui ?
J'avais dit que je souhaitais recréer les conditions de la confiance. Quand vous arrivez dans des fonctions comme Premier ministre, il faut un objectif, il faut fixer un cap ; c'est ce que j'ai voulu faire, une fois de plus, on a parfois sollicité mes propos. Je n'ai pas voulu le faire avec forfanterie ; j'ai voulu le faire avec le souci de fixer à l'action gouvernementale un objectif, ce n'est bien sûr pas à moi à tirer des leçons et un bilan, et je fais suffisamment confiance à nos compatriotes, et en tout cas il leur appartient, à eux, de dire ce qu'il en est. Je ne suis pas là au service d'une ambition quelconque, en tout cas pas d'autre ambition que celle de la France. Et c'est la seule chose qui nous guide.
Question : Est-il important de venir ici en Picardie, sur les terres de Gilles de Robien, pour célébrer les 100 jours ?
Nous ne sommes pas dans un esprit de célébration. Ce dont je suis fier, c'est de venir sur une terre de gens qui ont de l'énergie, de l'enthousiasme. Ce dont je suis fier, c'est de venir dans une ville qui a relevé un défi formidable. Quand je regarde ce qui a été fait en matière de sécurité - la bataille qui a été menée ; quand je regarde ce qui est fait sur le front de l'emploi - voilà une ville qui s'était fixé, il y a quelques années, pour objectif, en 2008, de créer mille emplois et qui, en 2004, avait réussi sa mission et qui s'est fixé à nouveau mille emplois pour 2008, je vous le dis franchement, c'est cet esprit là que j'aime. J'aime cette France qui se bat, j'aime cette France qui n'a pas d'arrière-pensée, j'aime cette France qui se rassemble pour gagner et je trouve que c'est un merveilleux exemple, et j'en tire profit, j'en retiens la leçon
Question : Vous aviez dit que ne pas avoir d'état de grâce ça permettait de ne pas faire de bêtise. Aujourd'hui, alors que les sondages vous donnent une côte de confiance meilleure, que le chômage baisse, ce risque n'existe-t-il pas ?
Vous savez, quand on est au contact quotidien de nos compatriotes, ma première préoccupation, c'est de savoir ce qu'ils attendent, ce qu'ils souhaitent, et nous savons tous que les attentes sont très grandes, les inquiétudes aussi ; les impatiences sont très fortes. Donc, je sais ce que doit être notre chemin, ce que doit être notre route, et si les nuits sont si courtes, c'est bien parce que nous avons ce sentiment impérieux d'un devoir à faire, je dis bien d'un devoir, d'un devoir pour la Nation. C'est bien ça, l'esprit qui est le nôtre ; c'est bien ça qui sera l'esprit de ces vingt mois. Il ne s'agit pas à aucun moment de vouloir tirer la couverture à soi. Il s'agit de penser à la Nation, de penser à nos compatriotes, aux Françaises et aux Français qui ont un quotidien souvent difficile, de donner l'espoir à ce pays. Et je crois que nous serons d'autant plus forts que nous serons tous rassemblés.
Question : Avez-vous des nouvelles du Président de la République ?
Oui, oui, bien sûr. Je l'ai eu au téléphone. Les nouvelles sont très bonnes, et je l'avais dit quand je l'ai rencontré le premier jour, il a hâte de sortir. C'est peu dire. Merci
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 septembre 2005)