Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur l'action de l'ADIFLOR en faveur de la francophonie, au Sénat le 11 octobre 2005.

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Circonstance : Célébration des 20 ans de l'ADIFLOR, au Sénat le 11 octobre 2005

Texte intégral

Monsieur le Président et cher Collègue, Cher Louis Duvernois,
Chers amis Députés et Sénateurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir pour saluer l'action de votre association, aussi discrète qu'efficace.
En effet, le Président de la République a voulu faire de l'année 2006 l'année de la francophonie et c'est une bonne manière pour nous de prendre de l'avance en saluant des militants de terrains.
Vous me direz peut-être que vous n'êtes pas étonnés de cet accueil ici car votre association connaît bien le monde politique. Elle lui doit d'ailleurs, ainsi qu'à la réserve parlementaire parfois, sa survie.
Xavier Deniau, Daniel Goulet, Bruno Bourg-Broc, aujourd'hui Louis Duvernois, tous des élus de sensibilité gaulliste, -est-ce un hasard ?-, ont suivi de près vos actions. Le résultat, c'est qu'en vingt ans, des milliers de tonnes de livres ont pu grâce à vous rejoindre des pays francophones qui en étaient avides.
On mesure mal ce que cette action représente d'énergie : il faut collecter les livres, passer des accords avec des éditeurs, organiser des ramassages. Payer les transports ou mieux, trouver des transporteurs bénévoles. Stocker des palettes lourdes et encombrantes, les envoyer par bateau ou par avion dans des pays lointains.
Votre oeuvre a reposé aussi sur les épaules de quelques mécènes passionnés : qu'il me soit permis de citer le Président de la BRED, Steve Gentili, militant francophone passionné ; il est l'un des trop rares dans le monde des affaires à ne pas suivre cette idée infantile selon laquelle la compétitivité passerait par l'abandon du français et par le renoncement à sa culture. C'est pour cette raison notamment que je viens de redire au Premier Ministre mon opposition à la ratification du Protocole de Londres sur les brevets qui signifierait l'abandon de la langue française dans ce secteur stratégique.
Face à ces enjeux, qui dépassent notre pays pour épouser la cause de la diversité culturelle, l'action de votre association se déploie au plus près du terrain, du désir de France, de l'amour de la langue française.
Il y a bien sûr la francophonie des sommets de Chefs d'État qui semble parfois bien lointaine et formelle, voire rituelle. Il y a celle des centres culturels français qui longtemps a pu ressembler à cette caricature en se vantant de proposer à quelques exemplaires l'envoi d'ouvrages de pseudos intellectuels, là où l'on était surtout avide de belle langue française. Et il y avait votre action, concrète, pratique, qui permet à des millions d'enfants d'adultes, de lire en français, des écrits qui résonnent de la musique de notre belle langue mais si elles sont moins torturées que du Sartre ou du Paul Nizan.
Paul Nizan qui disait : " je ne laisserai personne dire que vingt ans est le plus bel âge de la vie ". Nous lui apportons aujourd'hui la meilleure des réponses.
C'est parce que votre action était une action concrète, éloignée aussi des errements de l'action culturelle extérieure que Louis Duvernois connaît bien pour y avoir consacré l'an dernier un excellent rapport d'information, que le Parlement l'a toujours soutenu, alors même que vous cultiviez plutôt la discrétion. Et que l'exécutif ne jugeait pas toujours vos actions assez médiatiques.
Cette amicale réception de ce soir sonne donc à mes yeux comme une consécration. A cet égard, il me paraît heureux, comme nous l'avions envisagé avec Louis Duvernois, qu'une exposition se tienne simultanément au foyer Clemenceau sur vos vingt ans et pour célébrer la francophonie aux multiples visages, exposition que le Président Abdou Diouf nous a fait l'honneur d'inaugurer.
Je vous remercie.
(Source http://www.senat.fr, le 13 octobre 2005)