Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les efforts de la communauté internationale en faveur du développement, à New York le 30 juin 2005.

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Circonstance : Session plénière du segment de haut niveau du Conseil économique et social des Nations unies, à New York (Etats-Unis) le 30 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de m'associer au discours prononcé par le Luxembourg au nom de l'Union européenne, qui a rappelé avec force la détermination des Etats membres de l'Union européenne à contribuer activement, dans un esprit de solidarité, à la mise en oeuvre des objectifs de développement agréés au plan international.
Le segment de haut niveau du Conseil économique et social revêt cette année, tant par sa thématique que par sa place dans le calendrier international, une importance particulière. Il a pour horizon le Sommet des Nations unies de septembre, dont nous ne devons oublier ni les attentes qu'il fait naître, ni les ambitions qu'il suscite.
C'est dans cette perspective que l'ECOSOC est amenée cette année à faire le bilan de la réalisation des Objectifs de développement agréés sur le plan international, y compris de ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire.
Le bilan que nous dressons aujourd'hui est contrasté. Positif pour certaines régions, où la croissance et le développement ont permis de parvenir à une réduction réelle de la pauvreté, le bilan reste modeste, trop modeste dans beaucoup d'autres, où la survie même d'une partie de l'humanité n'est pas assurée.
Face à ce constat, le devoir de la communauté internationale est clair. La décennie passée a permis de constituer un corpus d'objectifs et de principes qui doivent guider notre action, en faveur d'un développement que nous voulons durable. Ces principes peuvent être complétés, mais ils doivent surtout être mis en oeuvre.
Dans ce contexte, la question centrale est donc bien aujourd'hui celle de la responsabilité et des moyens.
La responsabilité, dans ce domaine, est d'abord celle des pays du Sud. La Conférence de Monterrey l'a clairement affirmé : la responsabilité première du développement repose sur les pays en développement eux-mêmes. Mais cette responsabilité a pour corollaire l'impératif de solidarité. Nous, pays développés, ne pouvons fermer les yeux sur les injustices du Sud et devons nous engager pleinement dans le partenariat international pour le développement.
Dans ce double domaine de la responsabilité et des moyens, des progrès ont été accomplis.
Je tiens ici en particulier à rendre hommage aux pays africains qui ont engagé, à travers le NEPAD et dans le cadre de l'Union africaine, des réformes ambitieuses en matière de gouvernance, de renforcement de l'Etat de droit ou de cadre économique. La revue par les pairs en est le symbole le plus vivace.
De leur côté, les pays développés ont pris la mesure des défis et se sont engagés dans ce partenariat pour le développement. L'augmentation de l'aide publique au développement, les décisions qui vont être prises par le G8 concernant l'annulation de la dette des pays les plus pauvres en sont le signe. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir.
Pour garantir l'intégration des plus pauvres, la France entend jouer un rôle actif dans ce partenariat solidaire. Elle a rendu public un calendrier pour atteindre, d'ici 2012, l'objectif d'aide de 0,7 % du PIB. Elle est, avec ses partenaires du groupe quadripartite aujourd'hui élargi, à l'origine des réflexions internationales sur des sources innovantes de financement du développement. Elle entend ainsi lancer dès septembre un projet pilote de contribution assise sur les billets d'avion, afin de concrétiser dès aujourd'hui les espoirs suscités par cette initiative du président de la République, M. Jacques Chirac.
Parmi les moyens indispensables pour atteindre les objectifs fixés par la communauté internationale, figure aussi le cadre de gouvernance dans lequel s'inscrivent les actions. Dans le domaine de l'environnement, la France partage le constat du Secrétaire général des Nations Unies selon lequel il existe aujourd'hui un manque de cohérence, préjudiciable aussi bien à l'environnement mondial qu'au développement. Nous avons donc la conviction qu'une structure plus intégrée en matière d'environnement, reposant sur les institutions existantes, est nécessaire. A cet égard, 26 pays ont mené, au sein d'un groupe de travail informel, une réflexion qui a abouti à des observations convergeant avec celles du Secrétaire général. Ce groupe a également examiné la valeur ajoutée qu'apporterait une Organisation des Nations unies pour l'Environnement (ONUE), qui devrait être réalisée par la transformation du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE).
La France se réjouit que l'idée d'une ONUE soit soutenue par un nombre croissant d'Etats. C'est le cas de l'Union européenne, mais aussi des Etats francophones depuis le sommet de Ouagadougou de novembre dernier. De nombreux pays, de tous les continents, ont également marqué leur appui.
Avec le sommet de septembre se présente une occasion cruciale pour lancer un processus de réflexion au sein des Nations unies sur ce sujet essentiel. A nous de savoir la saisir.
Au total, cette session de l'ECOSOC est sans nul doute une étape fondamentale dans l'évaluation de nos engagements.
Mais comment s'assurer que l'élan donné cette année sera suivi d'effet ?
Dans ce défi de l'avenir, l'ECOSOC doit jouer tout son rôle. Des propositions intéressantes de réforme ont été présentées par le Secrétaire général dans son rapport, et plus récemment par le président du Conseil économique et social. Ces pistes utiles, notamment lorsqu'il s'agit de redonner à l'ECOSOC son rôle de coordination du secteur économique et social des Nations unies, en confortant son rôle d'analyse et de proposition, mais aussi d'évaluation et de suivi des Objectifs du Millénaire.
Sur ces bases, un ECOSOC renouvelé, répondant pleinement au mandat que lui confie la Charte, sera l'instrument de coordination, de réflexion et de concertation au service du développement durable.
Pour conclure, je souhaite que nos débats de cette année puissent contribuer au renouveau des Nations unies, et qu'ils renforcent la volonté de tous d'oeuvrer en faveur du développement durable
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(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juillet 2005)