Déclaration à la presse de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la réaction de la France à la décision de l'Iran de poursuivre le développement de son programme nucléaire, New York le 18 septembre 2005.

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Circonstance : Réunion plénière de la 60è session de l'Assemblée générale des Nations unies du 13 au 19 septembre à New York

Texte intégral

Q - Qu'attendez-vous de la réunion du "Core Group" sur le Liban demain ?
R - D'abord, je suis heureux de participer à cette réunion où il y aura aussi l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Russie et l'Italie. Après avoir vu hier le Premier ministre libanais, ce sera l'occasion de demander à la communauté internationale d'aider le Liban qui réalise actuellement des réformes structurelles importantes en matière économique, budgétaire mais aussi politique.
Q - Quelle est la probabilité que l'Iran vienne demain à l'ordre du jour du Conseil de sécurité ?
R - Comme vous le savez, il y a demain une réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA. J'ai dit que les déclarations iraniennes faites hier sont de telle nature que nous pouvons dire que la transmission du rapport de l'AIEA au Conseil de Sécurité reste d'actualité ; pour renforcer d'ailleurs l'autorité, la crédibilité de l'AIEA. Nous verrons demain.
Q - Après les consultations que vous avez pu avoir avec vos collègues, est-ce que les fronts ont bougé ? Est-ce que vous avez plus de soutiens parmi les indécis ?
R - Les consultations continuent. Pour l'instant, je ne peux pas vous répondre.
Q - En terme de "timing", Monsieur le Ministre êtes vous prêt à donner un peu plus de temps à la diplomatie ?
R - La seule chose qui compte pour nous, c'est un sentiment de confiance concernant les activités nucléaires de l'Iran. L'Iran a droit à une activité nucléaire à des fins pacifiques. Nous avons toujours préféré la négociation. En 2003, Allemands, Britanniques et Français ont arrêté la position du transfert au Conseil de sécurité pour négocier. Nous continuons à tendre la main, nous pensons qu'il faut écrire une nouvelle page de l'histoire entre ce grand pays et la communauté internationale. La meilleure solution pour que la confiance règne, c'est que l'Iran apporte les garanties objectives du caractère pacifique de son programme nucléaire. Ce que j'ai entendu à la tribune des Nations unies de la part du président iranien me fait dire que la saisine du Conseil de sécurité reste d'actualité.

Q - Qu'attendez-vous d'un renvoi au Conseil de sécurité et, en quoi cela pourrait-il aider ?
R - Aujourd'hui, deux choses me paraissent importantes. D'abord montrer à la communauté internationale que le droit de l'Iran, comme de tout autre pays à disposer d'un programme nucléaire civil est évident. L'Iran a droit a un programme nucléaire civil. Ensuite, l'AIEA doit amener la preuve que les activités nucléaires de l'Iran sont de nature pacifique. Donc, comme je crois au multilatéralisme, comme je crois à l'agence, comme je crois au Conseil des gouverneurs, je crois que l'agence doit nous apporter des preuves que ce programme nucléaire iranien est bien pacifique et civil et non à des fins nucléaires.
Q - Et sur l'Irak ?
R - Nous avons toujours dit que ce qui comptait en Irak c'était le respect de la souveraineté. Souveraineté territoriale, cohésion nationale et droit des Irakiens à disposer de leur avenir politique. Il nous paraît important que toutes les forces politiques pacifiques participent à l'avenir politique de l'Irak. Il nous paraît important de dire que la logique sécuritaire seule ne peut aboutir qu'à une communautarisation. Nous croyons au processus politique de l'Irak. Pour nous c'est la seule solution pour conserver la cohésion de l'Irak et empêcher toute partition. Bien évidement, si les problèmes de sécurité sont résolus, la France est prête à participer à la reconstruction de l'Irak, à participer à la formation de fonctionnaires irakiens. La France sera aux côtés des Irakiens pour cela.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2005)