Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur le rôle de la francophonie dans le monde, à Paris le 23 juin 2005.

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Circonstance : Remise des prix du Concours international des 10 mots de la francophonie, à Paris le 23 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Membres du jury,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'associations,
Mesdames et Messieurs,
C'est un réel plaisir pour moi de me trouver parmi vous ce soir, à l'occasion de cette cérémonie de remise des prix des "Dix mots de la francophonie 2005".
Permettez-moi tout d'abord de saluer cette belle initiative prise par l'Association francophone d'Amitié et de Liaison (AFAL), qui, depuis quatre ans déjà, organise chaque année ce concours international à la renommée grandissante.
Permettez-moi aussi, Monsieur le Président de l'Assemblée nationale, de vous remercier tout particulièrement pour avoir accepté d'accueillir cette manifestation dans le cadre solennel et républicain de l'Hôtel de Lassay. A travers vous, je veux saluer l'engagement personnel de nombreux parlementaires au service de la promotion de la langue française. Aux députés et sénateurs présents parmi nous, je veux dire mon souhait d'associer étroitement les élus aux actions initiées par mon ministère, et je les convie à venir en débattre avec moi, afin d'enrichir nos réflexions communes. J'aurai d'ailleurs l'occasion d'engager cet échange dès le 8 juillet prochain à Bruxelles, dans le cadre de la réunion plénière de l'Assemblée des parlementaires francophones. Soyez assurés de ma conviction quant au rôle essentiel qui doit être celui de cette Assemblée dans la promotion de la Francophonie.
La francophonie, on en parle beaucoup sans en percevoir toujours les contours.
C'est avant tout, me semble-t-il, une forme de connivence autour de mots, dont le sens est partagé et qui permettent de se comprendre, d'échanger, de dialoguer, ou de ressentir des émotions. Au-delà du sens littéral des mots, il y a aussi leur sonorité, ou encore leur assemblage, qui font la beauté de notre langue.
Mais la Francophonie, c'est aussi la rencontre de cultures à la fois diverses et complémentaires, au travers du partage d'une langue commune. Vous en êtes d'ailleurs ce soir l'illustration parfaite, vous, jeunes lauréats issus de tous ces pays si différents, mais réunis par votre passion commune pour le français.
Par la variété de vos productions, vous nous montrez aussi ce soir combien cette langue française que vous avez apprise à manier si élégamment reste une matière vivante, une aventure humaine en perpétuel mouvement. Au-delà des universitaires ou des écrivains, elle est l'affaire de tous ceux qui en ont l'usage. C'est en la bousculant parfois qu'elle s'enrichit peu à peu d'apports venus de tous les horizons : audaces poétiques, néologismes de la jeunesse, ou encore expressions venues de nos régions ou de contrées plus lointaines.
Ce faisant, la langue et l'écriture constituent des espaces dans lesquels se déploient les imaginaires et les identités culturelles. Par son histoire et sa géographie, la langue française est ainsi devenue un instrument d'expression et de communication pour de nombreuses cultures qui, sans elle, risqueraient le confinement. C'est en cela que la francophonie constitue ce formidable terrain de rencontre, et cet espace de dialogue entre les cultures que nous voulons préserver et même conforter.
C'est précisément la mission qui vient de m'être confiée à la tête de ce ministère par le président de la République et le Premier ministre : en ma qualité de ministre déléguée à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, j'ai en effet la charge d'exercer le rôle de chef de file de l'aide publique française au développement, et de promouvoir la francophonie, ainsi que le dialogue culturel international.
Soyez assurés que j'aborde cette nouvelle mission avec détermination : la cause de la francophonie est noble, la tâche est exaltante, son contenu est passionnant. J'entends donc agir rapidement, en liaison étroite avec les autres acteurs institutionnels de la Francophonie. Et je voudrais saluer à cet égard le travail accompli par mes prédécesseurs et par les services de l'Etat pour la promotion de notre langue dans le monde.
Car l'action du ministère des Affaires étrangères a permis au français, en ce début du XXIe siècle, d'affirmer davantage son rôle de grande langue d'échanges et de communication. Ainsi le français est-il aujourd'hui la cinquième langue la plus parlée au monde et la deuxième langue étrangère enseignée. On compte à ce jour, à travers le monde, un peu plus de 180 millions de francophones et 82,5 millions de personnes apprenant le français en tant que langue étrangère. Bien entendu, beaucoup reste à faire, mais je suis confiante : j'ai été frappée de relever au cours de mes premiers déplacements, combien l'attente de nos partenaires étrangers est forte en matière linguistique. Contrairement à certaines idées reçues, la francophonie n'est pas portée à bout de bras par une France en perte de vitesse et qui ne chercherait qu'à défendre son influence extérieure. La Francophonie est d'abord une demande croissante d'enseignement de la langue française, venue d'un peu partout dans le monde, et à laquelle la France entend répondre. Je compte pour ma part y veiller.
Pour conclure, je voudrais revenir un instant aux acteurs principaux de ce concours.
D'abord pour remercier les membres du jury, pour leur engagement au service de la francophonie, et avec une pensée toute particulière pour l'écrivain originaire de Guadeloupe, Gisèle Pineau. Si la France porte haut les couleurs de la diversité culturelle dans le monde, c'est aussi parce que notre pays a une dimension ultramarine. La Caraïbe française, riche de ses écrivains de renommée internationale, est l'illustration même de cette France forte et fière de sa diversité culturelle.
Enfin, je veux adresser mes félicitations les plus chaleureuses aux jeunes talents lauréats du concours des 10 mots : je vous souhaite à toutes et à tous d'aller jusqu'au bout de vos rêves et de vos envies. Certains d'entre vous seront peut-être les écrivains reconnus de demain. D'autres suivront des voies différentes, auront d'autres parcours. Je souhaite simplement qu'aucun d'entre vous n'oublie l'expérience d'aujourd'hui : restez au service de cette belle langue française, tout simplement parce que l'écriture est l'une des plus belles conquêtes de l'esprit, à la fois outil de connaissance de soi et de partage avec autrui.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2005)