Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur l'apport des politiques de l'Union européenne, notamment en matière de santé, à Mantes-la-jolie le 27 octobre 2005.

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Circonstance : Inauguration de l'Institut de formation des soins infirmiers de la Croix-Rouge, à Mantes-la-Jolie (Yvelines) le 27 octobre 2005

Texte intégral

Monsieur le Maire,
Monsieur le Préfet, Cher Bernard,
Madame la Directrice,
Mesdames et Messieurs,
Vous avez dit, Monsieur le Maire, comme la santé est importante et vous, Monsieur le Président du Conseil général, comme l'Europe est importante, je vais donc vous parler de l'Europe et de la santé. Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour inaugurer les nouveaux locaux de l'Institut de formation aux soins infirmiers de la Croix-Rouge. Je remercie tout particulièrement Pierre Bédier, président du Conseil général, Jean-François Mattei, président de la Croix-Rouge, et Michel Vialay, maire de Mantes-la-Jolie, pour leur invitation.
Voilà une belle occasion de nous mobiliser, voilà aussi pour moi l'occasion de montrer que l'Europe est utile. Ma visite ici ne doit rien au hasard. Si je suis dans cette école aujourd'hui, c'est que l'Union européenne a apporté un soutien très important à cette école de formation. Non pas un simple soutien moral ou symbolique, mais une contribution financière, conséquente de 800 000 euros. Monsieur le Maire, merci d'avoir dit que sans l'aide de l'Europe, ce projet n'aurait peut-être pas été possible. Je suis sûre que les enseignants et les élèves de cette école en sont pleinement conscients.
D'une façon générale, nous devons le dire : nos concitoyens l'ignorent trop souvent : l'Europe contribue à de nombreuses initiatives locales dont ils bénéficient, qu'il s'agisse de grandes infrastructures, de pépinières d'entreprises ou de programmes d'insertion, de formation professionnelle, d'aide à la personne, et de bien d'autres projets.
La contribution de l'Union européenne à la création du nouvel Institut de formation s'inscrit dans le cadre d'un projet global dont bénéficie l'ensemble du Mantois, le programme d'intérêt communautaire URBAN, que l'on surnomme dans notre jargon "PIC URBAN". Ce programme européen est consacré à la revitalisation économique et sociale des villes et des quartiers en difficulté. Le PIC URBAN avait déjà apporté 5 millions d'euros à Mantes entre 1996 et 2000. Pour la période de 2000 à 2006, c'est 13 millions d'euros qui sont investis par l'Union européenne dans le Mantois. Les projets menés à bien, grâce aux crédits européens, sont nombreux : 1,2 million d'euros pour l'aménagement du boulevard Sully, 800 000 euros pour la création d'un centre de vie sociale au Val-Fourré sud, 450 000 euros pour le désenclavement du quartier du Bas du domaine de la Vallée. Je visiterai tout à l'heure un site d'entreprises, la SCI Sully, qui a reçu 250 000 euros de l'Europe, soit 25 % de son coût total. Il a permis d'attirer 4 PME, soit plusieurs dizaines d'emplois pour commencer, nous en espérons davantage.
Et ce n'est pas tout ! Le département des Yvelines bénéficie d'un autre PIC URBAN, dans les communes qui forment le Val de Seine. Et là, c'est encore 12 millions d'euros qui sont investis par l'Union européenne pour promouvoir le développement économique et pour renforcer le lien social.
Je ne veux pas trop parler chiffres, d'ailleurs je m'arrêterai là mais il faut tout de même dire les choses car on le ne fait pas assez. Et si on ne dit pas les choses nous sommes, nous, co-responsables de ce que les citoyens pensent : que l'Europe n'est pas assez concrète et qu'on en parle de façon trop théorique dans des débats et le plus souvent pour ne pas s'entendre. Je veux en parler plus concrètement, ce qu'elle est, ce qu'elle fait moins bien qu'elle ne devrait le faire mais en tout cas qu'on en parle réellement. Chacun en pensera ce qu'il veut. La liberté des citoyens est pleine et entière. Je veux qu'on parle davantage de la réalité.
A Mantes, l'action de l'Union européenne correspond aussi à nos priorités, aux priorités du gouvernement. Le président de la République et le Premier ministre, vous le savez, ont inscrit en tête de leurs priorités l'emploi, le développement économique et la solidarité. Tous nos efforts, ceux du gouvernement, les vôtres, doivent concourir à la lutte contre le chômage. Le président de la République l'a réaffirmé à Lyon la semaine passée et le Premier ministre l'a dit, à nouveau, aujourd'hui même, ce matin dans sa conférence de presse. C'est la première des priorités. On voit quelques résultats qui apparaissent, les chiffres de l'emploi sont un peu meilleurs depuis plusieurs mois, les contrats "nouvelle embauche" se multiplient. Continuons ! Il y a au moins un frémissement. Voilà l'action qui est menée sur le plan national.
Je suis ici pour vous parler de l'Europe et pour vous dire que l'Europe doit aussi nous aider à atteindre le même objectif : le développement économique et social. Elle le fait déjà, comme je vous l'ai dit, avec les quelques exemples que j'ai cités, elle doit faire encore plus, bien sûr, et notamment pour nous aider à faire face aux conséquences économiques et sociales de la mondialisation. C'est d'ailleurs aujourd'hui l'un des grands sujets de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne qui se tient près de Londres.
Je profite de la présence aujourd'hui de nombreux acteurs de la santé, et bien entendu d'un ancien ministre de la Santé, pour vous rappeler que l'Europe est aussi active dans le domaine de la santé, en témoigne par exemple la mobilisation face à la grippe aviaire et il y a beaucoup d'autres exemples. Je vais vous en donner quelques-uns.
Sur le sujet de la grippe aviaire : dès 1992, l'Europe avait adopté une directive établissant des mesures uniformes de lutte en cas d'apparition de l'épizootie. Les Etats membres sont ainsi tenus d'établir des plans d'urgence. Cette directive fait actuellement l'objet d'une actualisation.
Je citerai aussi les mesures prises récemment par l'Union européenne d'interdiction d'importations de volailles par l'Europe en provenance des pays à risque, ces jours derniers. J'évoquerai surtout d'autres domaines de santé publique.
La compétence de l'Union européenne est de compléter l'action des Etats. C'est une compétence subsidiaire et pourtant c'est une action essentielle car elle permet d'encourager la coopération et la coordination des mesures qui sont prises par les Etats. Le commissaire européen chargé de la santé et de la protection des consommateurs a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de promouvoir activement une meilleure coordination, à l'échelle européenne, des plans nationaux de préparation, qui ont été demandés puis mis en place à l'initiative de la Commission européenne.
L'Union européenne joue aussi un rôle important en matière de prévention et de surveillance. C'est le rôle du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies qui est opérationnel depuis le mois de mai 2005 et qui est basé en Suède. Ce centre met actuellement en place un dispositif de surveillance épidémiologique et de systèmes d'alerte précoce à l'échelle du continent.
Enfin, la Commission peut appeler, et elle l'a fait récemment, les Etats membres à coordonner leurs stocks de médicaments. C'est le cas en ce moment pour les antiviraux.
L'Europe agit. Mais les autorités françaises souhaiteraient que la Commission fasse plus.
Le rôle des Etats, et c'est vrai en matière de santé, reste essentiel. Ce que l'on voit, c'est que la mobilisation des Etats membres est très variable d'un pays à l'autre et la préparation à une menace de pandémie est d'intensité différente. Nous faisons partie des pays qui ont le plus avancé en termes de préparation et de mise au point des plans d'urgence mais il est bon d'avoir un échelon européen pour appeler tout le monde à se coordonner, pour être plus cohérents et, si nécessaire, pour faire davantage. Fort heureusement l'action de l'Union européenne ne se limite pas, en matière de santé publique, à la prévention et de mesures à prendre en cas de risques pandémiques.
L'Europe mène aussi une action de long terme, en particulier une politique de prévention des maladies graves. Elle soutient de nombreuses campagnes d'information, quand je dis "elle soutient", là aussi, je veux parler concrètement : elle soutient financièrement notamment sur le sida, sur la toxicomanie, sur les risques de cancer liés au tabac. Le 1er mars de cette année, la Commission européenne a lancé la campagne "Pour une vie sans tabac" qui se déroule sur l'ensemble des territoires de l'Union jusqu'en 2008 et qui s'adresse principalement aux jeunes, via des spots diffusés à la télévision et dans les cinémas.
Enfin, l'Europe contribue à la modernisation des hôpitaux français, grâce aux prêts consentis par la Banque européenne d'investissement, qui permettent de réaliser des investissements lourds à des conditions financières avantageuses. Depuis 2003, par exemple, pour la France, pour le secteur de la santé, 1,5 milliards d'euros de prêts ont ainsi été accordés.
Mesdames et Messieurs,
J'ai voulu prendre ces quelques exemples, la liste complète serait beaucoup plus longue, pour vous montrer que l'action de l'Union européenne est très concrète. Encore une fois, je ne suis pas là pour dire aux gens ce qu'il faut en penser, ne vous méprenez pas, mais je suis là, en revanche, pour dire ce qu'elle fait, y compris ce qu'elle ne fait pas bien ou ce qu'elle pourrait faire mieux, mais je m'emploie à parler de l'Europe pour ce qu'elle est. C'est cette Europe des projets que nous devons construire jour après jour, comme l'ont fait avant nous les pères fondateurs de l'Europe sur la base de solidarités concrètes pour tisser des liens entre les uns et les autres au service d'un projet pour assurer la paix et la prospérité, au service d'un projet économique avec une méthode de coopération et de solidarité. Pour chercher encore davantage d'inspiration, j'irai tout à l'heure visiter la maison de Jean Monnet, puisqu'il avait élu domicile ici et il avait trouvé matière à réflexion dans sa maison dans votre beau département.
Merci à tous ceux qui ont permis que ce projet se réalise ! Et en particulier à Mme Darmont.
Les élèves, attendez encore quelques instants, le président vous a promis de vous voir en particulier mais nous allons d'abord faire la visite.
Merci à tous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2005)