Interview de Mme Catherine Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, dans "La Lettre de la DIV" d'octobre 2005, sur le projet social à mettre en oeuvre pour rémédier aux difficultés sociales des banlieues.

Prononcé le 1er octobre 2005

Intervenant(s) : 

Média : La Lettre de la DIV

Texte intégral

L'Observatoire national des ZUS dresse, dans son rapport 2005, des constats inquiétants. Que cela vous inspire-t-il ?
Cela montre que certains territoires continuent à concentrer des difficultés sociales et urbaines. Une telle situation n'est pas acceptable. Elle justifie une approche territorialisée de nos politiques. Mais le rapport de l'Observatoire, présidé avec compétence par Bernadette Malgorn, apporte aussi quelques nuances. Notamment en ce qui concerne les trajectoires résidentielles des habitants et le taux d'activité dans les zones franches urbaines. Ceci montre qu'une politique volontariste et ciblée peut donner des résultats positifs. C'est pour cela que j'ai demandé au Premier ministre de présider un Comité interministériel à la ville, d'ici la fin de l'année.
Quel sera l'objectif de ce CIV ?
Il s'agira de préciser les objectifs de l'Etat pour les quartiers en difficulté. Et de dégager les priorités engageant les ministères concernés. Le CIV devra se prononcer sur le futur cadre de la politique de la ville à l'approche de l'échéance des contrats de ville. Je souhaite, notamment, que soit posée la question de la simplification des procédures afin que priorité soit donnée, sur le terrain, à l'action. Par ailleurs, l'accès à l'emploi me semble incontournable vu les taux de chômage très importants dans ces quartiers. Le projet social doit être aussi ambitieux que le projet de rénovation urbaine.
Quelles sont vos priorités pour l'année 2005-2006 ?
L'accès à l'emploi et la réussite éducative. D'autres sujets sont également essentiels comme l'accès à la santé. Concernant le programme de rénovation urbaine, la priorité doit aller à l'accompagnement de la mise en oeuvre des projets : il me semble essentiel de développer une ingénierie urbaine capable de piloter ces projets et de veiller à la qualité des réalisations : il s'agit de construire la ville de demain.

Vous avez souvent insisté sur l'importance de la médiation sociale dans les quartiers. Comment comptez-vous développer cette approche ?
La médiation sociale joue un rôle essentiel dans les quartiers. Elle maintient le lien social là où il peut être menacé par le repli identitaire ou par les situations de détresse, facilite l'accès aux services publics, favorise l'égalité des droits... Les métiers de la médiation sont désormais reconnus comme des métiers à part entière. Je souhaite que ces emplois puissent être développés et confortés. La médiation sociale repose aujourd'hui très largement sur l'emploi aidé. Elle le restera sans doute encore dans les années à venir, grâce aux contrats adultes-relais en cours et aux nouveaux contrats du Plan de cohésion sociale, en particulier le contrat d'accompagnement à l'emploi qui semble le plus adapté pour prendre le relais. Cependant, d'autres voies existent pour développer et pérenniser ces métiers : l'intégration dans la fonction publique territoriale, le recrutement par des services publics intervenant dans les quartiers... Il nous faut montrer que ces métiers, non seulement, présentent une utilité sociale incontestable, mais apportent aussi un " retour sur investissement " non négligeable (exemple : diminution des incivilités). Enfin, je suis très attachée à ce que soit mis en place pour les titulaires de ces emplois de vrais parcours de formation, notamment en termes de valorisation des acquis de l'expérience.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 28 octobre 2005)