Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la nécessité de réformer les institutions et l'administration de l'Albanie, pour arriver à la démocratisation et à la normalisation politique et économique, Tirana le 30 octobre 1998.

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Circonstance : Conférence internationale sur l'Albanie à Tirana le 30 octobre 1998

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, Monsieur le Président, de me référer à l'intervention à la Conférence de Rome du 17 octobre 1997 faite par la délégation française : "C'est au peuple albanais et à ses dirigeants qu'incombe la responsabilité de la normalisation politique et économique du pays. Mais la solidarité internationale ne doit pas faiblir. Tel est le signal fort qui doit sortir de cette conférence". Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, ce message conserve toute son actualité aujourd'hui. Sans doute faudrait-il ajouter que l'opposition porte également la responsabilité des succès et des échecs de ce pays.
Nous avons confiance en la capacité de l'Albanie et des Albanais à prendre leur avenir en mains. Nous sommes également conscients de l'ampleur des défis à relever dans le processus de démocratisation et de consolidation des institutions.
Le gouvernement de M. Nano avait entrepris des réformes courageuses et elles méritent d'être confortées. Le nouveau gouvernement de M. Majko souhaite visiblement s'en donner les moyens. Il a montré qu'il était animé par une grande détermination. Je fais notamment référence aux propos qu'il tenait au début de cette conférence. Une démocratie ne fonctionne en effet pleinement que si les règles du jeu sont clairement établies. A cet égard, il est indispensable que le processus constitutionnel en Albanie soit mené à son terme avec l'organisation à très court terme d'un référendum sur un nouveau projet de constitution. Il est également indispensable que l'Etat albanais assure pleinement ses fonctions régaliennes. Je pense notamment à la nécessité de faire respecter l'ordre public sur l'ensemble du territoire, ce qui passe par la mise en place d'une police bien formée, stable, respectueuse du droit des citoyens et apolitique. Les mêmes principes doivent régir le fonctionnement de l'administration publique. Il est enfin essentiel que l'ensemble des forces vives de la nation respectent les règles du jeu, celles-ci devant être fixées par ailleurs de manière transparente et dans un esprit de dialogue. L'Albanie ne peut connaître d'alternance en dehors de la démocratie. Sinon, elle s'éloignera des valeurs européennes.
La contribution de l'Union européenne à cette conférence présente de manière très précise les objectifs que la communauté internationale estime souhaitable d'atteindre. Le contenu de ce document est aux yeux de la France très important.
L'assistance de la communauté internationale à laquelle l'Union européenne prend une très large part ne trouvera à s'exercer de manière efficace que si ces objectifs sous-tendent l'action du gouvernement albanais.
C'est donc, je le répète, aux Albanais avant tout qu'il revient d'engager les réformes indispensables à la modernisation de leur Etat et de leur économie. Un environnement stable est nécessaire à la poursuite de l'assistance internationale comme au développement des investissements étrangers.
La communauté internationale a pris une série d'initiatives récentes. Celle de la création d'un "Groupe des amis de l'Albanie" sous double présidence de l'Union européenne et de l'OSCE illustre de manière très claire sa volonté de maintenir une étroite relation de coopération avec l'Albanie. Cette coopération se déploie notamment dans des domaines tels que la formation de la police avec la mise en place par l'UEO d'un Elément multinational de Conseil en matière de police, par la reconstruction de l'armée avec le Programme du partenariat pour la paix de l'OTAN, la réhabilitation des infrastructures, les réformes administratives, le développement de l'agriculture avec les programmes Phare de l'Union européenne, les réformes économiques avec le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne. Ces efforts doivent bien évidemment se poursuivre tout en tenant compte de l'expérience acquise et de l'évolution de l'Albanie eu égard aux attentes exprimées au cours de cette conférence.
Les documents présentés par la partie albanaise au cours de cette conférence témoignent du sérieux et de la volonté du gouvernement albanais d'aller de l'avant sur la voie des réformes. Je souhaite par ailleurs saluer tout particulièrement les mesures récentes adoptées par le gouvernement en vue de lutter contre la corruption et de faire respecter l'ordre public. Ces mesures nous paraissent aller dans le bon sens. Nous avons également noté avec satisfaction la volonté du gouvernement albanais d'entretenir avec l'opposition des relations dépassionnées permettant l'ouverture d'un dialogue constructif. C'est à nos yeux une condition essentielle de la réussite du processus engagé. Nous voulons croire que les représentants de l'opposition comprendront eux aussi ce message.
Nous souhaitons enfin rendre hommage à la politique étrangère de l'Albanie fondée sur la volonté de maintenir des relations de bon voisinage et de préserver la stabilité de la région. A cet égard, nous tenons à souligner la modération de vos prises de position sur la question du Kossovo.
Monsieur le Président, la communauté internationale dans son ensemble est attachée à la stabilité de l'Albanie. Votre pays compte de nombreux amis. Nous sommes là pour vous encourager à poursuivre les réformes efficaces mais indispensables à la poursuite d'une relation de coopération utile.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 octobre 2001)