Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député, cher Jean-Pierre,
Je ne sais pas, monsieur le député, ce que seront durablement dans l'avenir les prix du gaz et du pétrole, mais la volonté du Gouvernement est de peser dans les discussions qui vont bientôt avoir lieu et où C. Pierret nous représentera dans le sens d'un prix du pétrole et du gaz rémunérateur pour les producteurs, stables pour les données économiques internationales et en même temps, ne pénalisant pas la croissance dans l'ensemble du monde - notamment dans les pays les plus pauvres pour qui la facture pétrolière est un lourd fardeau. Mais ce que je sais, comme vous, c'est que le Gouvernement reconnaît les bénéfices que la France tire actuellement de l'existence d'un parc important de centrales nucléaires. Ce parc lui permet de disposer d'une énergie de bon marché et la place, comme vous l'avez dit, en bonne situation dans la lutte contre l'effet de serre. Il importe que ce parc continue de fonctionner avec le maximum de sûreté, comme c'est le cas aujourd'hui et nous y veillons ; que l'on ne perde pas de temps pour trouver pour la gestion des déchets radioactifs, au-delà des entreposages actuels - sûrs mais temporaires - des solutions définitives telles que le stockage et nous y travaillons.
Pour l'avenir, le Gouvernement compte - comme vous le savez et l'avez rappelé - annoncer avant la fin de l'année un grand programme d'économie d'énergie et de soutien à des énergies nouvelles et renouvelables. L'évolution de la place de l'énergie nucléaire dans le futur fera, le moment venu, - et comme je l'ai déjà dit - l'objet d'un débat scientifique et démocratique qui permettra d'examiner toutes les conséquences de choix possibles et de peser tous les arguments. Les modalités du renouvellement du parc seront évidemment centrales dans ce débat. EDF, les électriciens allemands ainsi que Framatome et Siemens mènent des études et des recherches sur une nouvelle génération de réacteurs électronucléaires à eau sous pression - le réacteur EPR - dotés des performances techniques et de caractéristiques de sûreté encore améliorées. Ces études et ces recherches peuvent également avoir des retombées tout à fait positives pour le maintien et l'augmentation de la sûreté du parc nucléaire. Ces études doivent se poursuivre et se poursuivent actuellement, mais elles ne sont pas aujourd'hui suffisamment avancées pour qu'un débat sur l'opportunité du lancement industriel d'un prototype du réacteur EPR soit posé. Vous savez, au demeurant, que la demande actuelle d'énergie électrique et que la durée de vie de nos centrales actuelles ne justifient pas une telle commande dans l'immédiat. Vous voyez donc que la volonté du Gouvernement est bien de préserver la cohérence de la filière énergétique française, sans brusquer ni hâter le déroulement normal des études et des recherches.
Comme vous l'avez souligné, monsieur le député, la politique énergétique de la France depuis 30 ans a fondé une compétence industrielle de tout premier plan autour d'EDF, de la COGEMA, de Framatome et de ses équipementiers, dont Alsthom et en particulier son établissement de Belfort. La qualité de la recherche en matière nucléaire avec le CEA est internationalement reconnue. La construction de centrales neuves pour la production d'électricité en France marque inévitablement une pause, le parc électronucléaire français étant aujourd'hui formaté à un niveau suffisant. Mais la mobilisation de cette filière, aujourd'hui arrivée à maturité, dans l'entretien du parc actuel, la participation aux études et aux recherches évoquées plus haut et l'exportation, lui permettront de maintenir ce patrimoine technologique et ses compétences, afin que toutes les possibilités soient en effet laissées ouvertes.
Enfin, la politique énergétique de la France est en effet une question d'intérêt national, par ce qu'elle induit comme enjeu pour notre développement économique et pour la qualité de notre environnement.
Je me réjouis de ce que ces questions font l'objet régulièrement de débats dans cette instance ou à l'intérieur de ces murs. J'ai moi-même pu y participer en juin 1998, et monsieur C. Pierret en octobre 1999, et encore cette année.
Les nombreux rapports publics réalisés à la demande du Gouvernement ou dans le cadre des travaux de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques ou technologiques, permettent également d'éclairer ces débats.
Mesdames et messieurs les députés, des choix déterminants pour notre politique énergétique devront être faits dans les années qui viennent. Le lancement du programme EPR en fait partie. Ce choix devra alors, compte tenu des enjeux, être fait en étroite concertation avec la représentation nationale.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 novembre 2000)