Texte intégral
La recherche est au coeur de l'e-Education
Les technologies de l'information et de la communication constituent, on le sait, une rupture technologique décisive pour les économies des pays industrialisés.
Elles créent de nouveaux marchés et de nouveaux services. Elles induisent de nouvelles organisations et de nouvelles façons de travailler. Elles bouleversent le fonctionnement de la société.
Cette révolution technologique, nous devons en saisir les opportunités pour la mettre au service de tous. Nous devons convertir la nécessité technologique en projet social, culturel et éducatif.
A cet égard, l'école est au cur de la lutte contre la fracture numérique. C'est grâce à l'école que nous pouvons espérer faire profiter l'ensemble de la population des bienfaits apportés par les technologies numériques.
Dans le même temps, les TIC représentent un enjeu décisif pour le secteur éducatif. C'est en se saisissant de ces nouveaux outils que nous pourrons espérer améliorer la réussite scolaire ; que nous parviendrons à réduire les disparités sociales.
En rénovant le cadre traditionnel de l'enseignement, les TIC apportent à cet égard de nouvelles solutions au problème de l'échec scolaire.
Elles cassent le modèle de l'enseignement qui s'est construit depuis des siècles autour d'une trilogie invariante, digne de la tragédie classique : "une unité de lieu"- la salle de classe ou l'amphithéâtre -, "une unité de temps" - un même horaire pour tous-, et "une unité d'action" - le même contenu au même moment, selon les mêmes modalités -.
La forme du cours de l'enseignant, sa durée, son inscription dans l'espace sont ainsi en pleine mutation après avoir si peu changé au cours des siècles.
Dans ce développement de l'e-Education, la recherche joue un rôle primordial. Ce rôle s'articule autour de trois axes principaux :
elle permet le développement d'infrastructures performantes et d'équipements accessibles à tous,
elle permet d'élaborer de nouveaux outils et de nouveaux contenus pour améliorer les services de formation.
elle permet de mieux utiliser les technologies de l'information dans les pratiques pédagogiques.
La recherche permet la mise à disposition d'infrastructures performantes, largement accessibles à tous.
Aujourd'hui les efforts et les besoins se portent sur ce que l'on appelle communément " l'internet du futur" ou de "nouvelle génération". L'accès aux hauts débits laisse présager l'émergence d'une gamme de services nettement améliorée, notamment dans le secteur éducatif.
L'accroissement des capacités des réseaux de recherche et d'éducation constitue un premier enjeu. J'ai signé le 6 novembre dernier à Nice avec le commissaire Liikanen le protocole d'accord qui marque le lancement du projet GEANT auquel nous attachons une grande importance. Ce projet permettra de multiplier par 16 dès la mi 2001 les débits d'interconnexions des réseaux européens d'enseignement et de recherche.
Ce réseau sera sans équivalent au plan mondial. Il réunira en effet l'ensemble des centres de recherche et d'enseignement, quel que soit leur domaine d'activité scientifique, et favorisera ainsi les échanges entre les différentes disciplines, échanges qui sont facteurs d'innovation et de progrès.
Il couvrira, avec les réseaux nationaux, l'ensemble du territoire de l'Union. Il permettra de relier à grande vitesse les universités d'Aix Marseille avec celles d'Heidelberg ou d'Oxford, les centres de recherche en informatique de Rennes avec ceux de Stockholm ou de Göteborg.
Il constituera l'instrument indispensable pour mettre en ligne des services de formation plus performants et de meilleure qualité, à la disposition de tous les enseignants et de tous les étudiants.
C'est un premier pas vers la société de l'information telle que la conçoit l'Union Européenne, partagée par tous, accessible à chacun.
Au delà des technologies existantes, et compte tenu de leur évolution à un rythme accéléré, il nous faut anticiper ce que seront l'internet du futur et les nouveaux services qu'il permettra d'offrir, notamment en matière d'éducation. Sans cela, nous ne pourrons parvenir à notre objectif décidé au dernier conseil de Lisbonne de faire de l'Europe, dans les 10 à ans à venir, "l'économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde".
Le Ministère de la Recherche, en partenariat avec le secrétariat à l'Industrie, a pour cela soutenu la mise en place de plates-formes d'expérimentation à la pointe de la technologie, destinées à accueillir et à valider l'émergence de projets de services innovants.
S'appuyant sur des technologies émergentes (très hauts débits, satellites, UMTS) elles permettent de valider en vraie grandeur les outils et services innovants qui verront le jour grâce à elles.
Le Ministère de la Recherche soutient également les projets de services innovants qui sont progressivement accueillis sur ces plates-formes, dans le cadre des réseaux de recherche et d'innovation technologique pour les télécommunications et les technologies logicielles (RNRT et RNTL). Plusieurs projets concernent plus directement l'éducation comme le projet PERCEVAL, didacticiel d'apprentissage de la langue utilisant les technologies de reconnaissance vocale, ou PHYSIS, logiciel d'apprentissage de la création musicale.
Au delà de la mise en place de nouvelles infrastructures, la recherche permet surtout le développement de nouveaux outils, de nouveaux contenus pour améliorer la formation.
Je citerai plusieurs exemples de ces nouveaux outils :
les techniques de numérisation, de stockage et d'organisation des données : elles permettent de stocker et de classer l'ensemble des données contenues dans nos bibliothèques et de donner chair à l'idée borgésienne d'une bibliothèque de Babel renfermant tous les livres.
Les techniques d'accès "intelligent" à l'information. A nouveaux territoires, nouveaux instruments de repérage. Les techniques de visualisation de la connaissance - agent intelligent, nouvelles interfaces homme-machine, outils de navigation - seront les boussoles des territoires numériques de demain. On en mesure aisément l'importance aujourd'hui par la place qu'ont prise les portails dans l'économie de l'Internet.
Les techniques de simulation et de réalité virtuelle. Ces techniques trouvent leur application directe, par exemple avec la mise au point de "mannequins virtuels" pour la formation des futurs dentistes et chirurgiens. Ils peuvent également apporter une aide précieuse pour l'enseignement de la géométrie, ou dans le secteur professionnel de la mécanique, en facilitant la vision dans l'espace.
Les techniques de communication généralisée entre les différents appareils qui feront notre quotidien de demain : terminaux numériques, livres électroniques, téléphones mobiles, Cela a été justement rappelé par Jean-Louis Gassée.
Ces outils ne doivent pas être développés pour eux-mêmes, ils doivent servir à de nouveaux usages éducatifs et permettre d'adapter la formation au tempérament, au rythme et à l'intelligence de chacun.
Là aussi plusieurs exemples peuvent donnés de ces nouveaux contenus éducatifs que nous essayons de stimuler au ministère de la Recherche :
Les livres électroniques : il permettront à chaque élève de disposer de supports de cours plus riches, plus interactifs, et au final plus légers. Cartable électronique, i-manuel, bureau virtuel de l'enseignant, sortent aujourd'hui du domaine de la science fiction pour entrer dans les projets des éditeurs et des constructeurs de matériel informatique.
Les logiciels de simulation : ils permettent de modéliser des phénomènes complexes, de mieux les comprendre et de procéder à des expérimentations virtuelles en modifiant certains de leurs paramètres. Un exemple, la tectonique des plaques : aujourd'hui nous pouvons simuler le déplacement des continents à la surface du globe et les forces qui interviennent dans ce processus.
Enfin, le développement de contenus culturels adaptés aux besoins des communautés éducatives. Les grands établissements publics nationaux (BNF, CSI, IRCAM, INA, ) pourront bientôt mettre leurs données à la disposition du plus grand nombre, dans les meilleures conditions, tirant ainsi parti de l'augmentation des débits.
Toutes ces réalisations supposent l'émergence d'entreprises conjuguant la recherche fondamentale et ses applications immédiates. L'avance française et, plus largement, européenne est réelle mais elle ne peut se maintenir sans un effort soutenu de la recherche dans le domaine du multimédia et des technologies de la connaissance.
A ce titre, je voudrais rappeler que l'action de mon ministère en faveur du secteur du multimédia éducatif et culturel :
le soutien à des projets coopératifs de recherche développement rapprochant recherche publique et entreprises, notamment dans le secteur du multimédia (12 MF en 1999, 14 MF en 2000),
Le soutien à des incubateurs d'entreprises technologiques innovantes. Parmi les 29 incubateurs que nous avons déjà mis en place, soit un par région métropolitaine, l'un est spécifiquement dédié au multimédia éducatif: l'incubateur de la Belle de mai à Marseille. Cet incubateur devrait accueillir une soixantaine de projets dans les trois années à venir. Il contribuera largement à l'émergence dans le sud-est de la France d'un pôle national d'industries de contenus,
L'incitation à la mobilité des enseignants et des enseignants-chercheurs dans les entreprises du multimédia, grâce à la loi sur l'innovation et la recherche,
La création d'un fonds de capital d'amorçage dans le domaine du multimédia, C-Source, qui atteindra 100 MF à terme, pour accompagner financièrement les projets de création d'entreprises.
Il y avait encore un chaînon manquant dans ce dispositif : la structuration en un réseau de recherche des coopérations entre la recherche publique et le tissu des industries du multimédia. C'est ce chaînon que nous allons combler avec la mise en place, dans les prochaines semaines, du réseau national de recherche et d'innovation pour l'audiovisuel et le multimédia, en partenariat avec les Ministères de la Culture et de l'Industrie. L'objectif fondamental de ce réseau, dédié à la création numérique, est de soutenir les industries de programmes pour l'audiovisuel et le multimédia en vue d'offrir au grand public les services et les contenus numériques du XXIème siècle.
Enfin, la recherche permet de mieux utiliser les technologies de l'information dans les pratiques pédagogiques
Je voudrais insister sur ce point : c'est grâce à la recherche, grâce à la collaboration entre la recherche et le monde éducatif que nous permettrons aux avancées technologiques d'aboutir à un enseignement plus démocratique et plus adapté au rythme de chacun.
Il convient, tout d'abord, de se faire une vision claire des compétences scientifiques disponibles dans le domaine -aux frontières encore mal définies- du multimédia. Conscient de cela, le Ministère de la Recherche vient de publier sur son site web une cartographie de plus de 150 laboratoires de recherche spécialisés dans les technologies de l'information et dans l'analyse de leurs usages, développée avec le soutien de l'Observatoire des Ressources Multimédias pour l'Enseignement (l'ORME). Cet annuaire est appelé à s'enrichir par de nouvelles contributions grâce, notamment, aux partenariats établis avec les réseaux de recherche et d'innovation technologique.
Il s'agit ensuite et surtout d'évaluer l'impact des NTIC dans l'apprentissage et de comprendre comment les élèves pourront, demain, mieux apprendre grâce aux nouvelles technologies.
Ce champ de recherche - que certains nomment déjà "technologies de la connaissance" - est par nature interdisciplinaire (informatique, sciences de l'ingénieur, design industriel, sciences cognitives, sciences du langage, sciences de l'éducation, arts plastiques, psychologie, management). De nombreux laboratoires travaillent déjà à l'intersection de ces disciplines mais ils restent encore trop isolés.
J'ai décidé d'encourager et de soutenir les collaborations entre les trois communautés impliquées dans les technologies de la connaissance - les cogniticiens et les psychologues d'une part , les concepteurs d'outils pédagogiques d'autre part, les pédagogues enfin - en créant une Action Concertée Incitative "Ecole et Sciences Cognitives" qui verra ses moyens augmentés de façon substantielle en 2001 (8 MF).
Cette action permettra de mieux comprendre les processus cognitifs impliqués dans l'apprentissage par les NTIC et d'arriver à l'élaboration de nouveaux outils pédagogiques plus performants et plus adaptés à la formation des élèves.
C'est l'optimisation de l'utilisation des technologies de l'information dans l'enseignement qui est en jeu, et à laquelle nous souhaitons ainsi répondre.
Enfin, le développement d'offres de formation en ligne -secteur sur lequel les Etats Unis se sont largement mobilisés- représente un véritable défi pour l'Europe. Le ministère de la Recherche et le ministère de l'Education Nationale ont souhaité, à travers l'appel à proposition pour les campus numériques, mobiliser l'ensemble des acteurs de la formation, tant initiale que continue, et leur permettre de se regrouper de façon cohérente afin de faire émerger une réelle offre française, et au-delà européenne, de formation à distance. Le succès rencontré par cet appel à propositions, avec 27 projets retenus sur les 86 soumis, portant sur diverses disciplines (médecine, mécanique, sciences de l'ingénieur, économie, gestion, droit) et impliquant à chaque fois plusieurs établissements dont certains étrangers, est une première victoire. Il importe de voir se positionner rapidement les acteurs européens, notamment afin que les standards en cours de définition dans le secteur de la formation en ligne ne leur soient pas imposés unilatéralement.
Je voudrais, pour conclure, évoquer un symbole de ce que peut représenter l'introduction des NTIC dans l'éducation des enfants et des citoyens du XXIème siècle.
Vers le milieu du XVIII° siècle, à un souper de philosophes, est né "le projet du plus beau monument qu'aucun siècle ait jamais élevé à la gloire et à l'instruction du genre humain". C'était à Paris. C'était l'Encyclopédie. Ce recueil raisonné de savoirs et de méthodes concernant les arts, les sciences, la poésie, connut bien des avatars techniques et subit le contrecoup des querelles et de la censure politique. Mais il introduisit un "nouvel ordre du savoir". Il permit la diffusion des Lumières à l'ensemble de la population. Il préfigura l'esprit de liberté et d'émancipation de la Révolution française.
Aujourd'hui, une nouvelle encyclopédie est en gestation. Elle dispose de nouvelles techniques. Elle permet d'incorporer au texte de l'image, de la vidéo, du son. Elle permet de naviguer entre les contenus et les savoirs. Elle permet d'accéder aux meilleurs cours, aux meilleurs enseignants, aux meilleures universités du monde. Elle permet à chacun d'apprendre, à son rythme, en fonction de ses capacités et des ses besoins.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 5 décembre 2000)
Les technologies de l'information et de la communication constituent, on le sait, une rupture technologique décisive pour les économies des pays industrialisés.
Elles créent de nouveaux marchés et de nouveaux services. Elles induisent de nouvelles organisations et de nouvelles façons de travailler. Elles bouleversent le fonctionnement de la société.
Cette révolution technologique, nous devons en saisir les opportunités pour la mettre au service de tous. Nous devons convertir la nécessité technologique en projet social, culturel et éducatif.
A cet égard, l'école est au cur de la lutte contre la fracture numérique. C'est grâce à l'école que nous pouvons espérer faire profiter l'ensemble de la population des bienfaits apportés par les technologies numériques.
Dans le même temps, les TIC représentent un enjeu décisif pour le secteur éducatif. C'est en se saisissant de ces nouveaux outils que nous pourrons espérer améliorer la réussite scolaire ; que nous parviendrons à réduire les disparités sociales.
En rénovant le cadre traditionnel de l'enseignement, les TIC apportent à cet égard de nouvelles solutions au problème de l'échec scolaire.
Elles cassent le modèle de l'enseignement qui s'est construit depuis des siècles autour d'une trilogie invariante, digne de la tragédie classique : "une unité de lieu"- la salle de classe ou l'amphithéâtre -, "une unité de temps" - un même horaire pour tous-, et "une unité d'action" - le même contenu au même moment, selon les mêmes modalités -.
La forme du cours de l'enseignant, sa durée, son inscription dans l'espace sont ainsi en pleine mutation après avoir si peu changé au cours des siècles.
Dans ce développement de l'e-Education, la recherche joue un rôle primordial. Ce rôle s'articule autour de trois axes principaux :
elle permet le développement d'infrastructures performantes et d'équipements accessibles à tous,
elle permet d'élaborer de nouveaux outils et de nouveaux contenus pour améliorer les services de formation.
elle permet de mieux utiliser les technologies de l'information dans les pratiques pédagogiques.
La recherche permet la mise à disposition d'infrastructures performantes, largement accessibles à tous.
Aujourd'hui les efforts et les besoins se portent sur ce que l'on appelle communément " l'internet du futur" ou de "nouvelle génération". L'accès aux hauts débits laisse présager l'émergence d'une gamme de services nettement améliorée, notamment dans le secteur éducatif.
L'accroissement des capacités des réseaux de recherche et d'éducation constitue un premier enjeu. J'ai signé le 6 novembre dernier à Nice avec le commissaire Liikanen le protocole d'accord qui marque le lancement du projet GEANT auquel nous attachons une grande importance. Ce projet permettra de multiplier par 16 dès la mi 2001 les débits d'interconnexions des réseaux européens d'enseignement et de recherche.
Ce réseau sera sans équivalent au plan mondial. Il réunira en effet l'ensemble des centres de recherche et d'enseignement, quel que soit leur domaine d'activité scientifique, et favorisera ainsi les échanges entre les différentes disciplines, échanges qui sont facteurs d'innovation et de progrès.
Il couvrira, avec les réseaux nationaux, l'ensemble du territoire de l'Union. Il permettra de relier à grande vitesse les universités d'Aix Marseille avec celles d'Heidelberg ou d'Oxford, les centres de recherche en informatique de Rennes avec ceux de Stockholm ou de Göteborg.
Il constituera l'instrument indispensable pour mettre en ligne des services de formation plus performants et de meilleure qualité, à la disposition de tous les enseignants et de tous les étudiants.
C'est un premier pas vers la société de l'information telle que la conçoit l'Union Européenne, partagée par tous, accessible à chacun.
Au delà des technologies existantes, et compte tenu de leur évolution à un rythme accéléré, il nous faut anticiper ce que seront l'internet du futur et les nouveaux services qu'il permettra d'offrir, notamment en matière d'éducation. Sans cela, nous ne pourrons parvenir à notre objectif décidé au dernier conseil de Lisbonne de faire de l'Europe, dans les 10 à ans à venir, "l'économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde".
Le Ministère de la Recherche, en partenariat avec le secrétariat à l'Industrie, a pour cela soutenu la mise en place de plates-formes d'expérimentation à la pointe de la technologie, destinées à accueillir et à valider l'émergence de projets de services innovants.
S'appuyant sur des technologies émergentes (très hauts débits, satellites, UMTS) elles permettent de valider en vraie grandeur les outils et services innovants qui verront le jour grâce à elles.
Le Ministère de la Recherche soutient également les projets de services innovants qui sont progressivement accueillis sur ces plates-formes, dans le cadre des réseaux de recherche et d'innovation technologique pour les télécommunications et les technologies logicielles (RNRT et RNTL). Plusieurs projets concernent plus directement l'éducation comme le projet PERCEVAL, didacticiel d'apprentissage de la langue utilisant les technologies de reconnaissance vocale, ou PHYSIS, logiciel d'apprentissage de la création musicale.
Au delà de la mise en place de nouvelles infrastructures, la recherche permet surtout le développement de nouveaux outils, de nouveaux contenus pour améliorer la formation.
Je citerai plusieurs exemples de ces nouveaux outils :
les techniques de numérisation, de stockage et d'organisation des données : elles permettent de stocker et de classer l'ensemble des données contenues dans nos bibliothèques et de donner chair à l'idée borgésienne d'une bibliothèque de Babel renfermant tous les livres.
Les techniques d'accès "intelligent" à l'information. A nouveaux territoires, nouveaux instruments de repérage. Les techniques de visualisation de la connaissance - agent intelligent, nouvelles interfaces homme-machine, outils de navigation - seront les boussoles des territoires numériques de demain. On en mesure aisément l'importance aujourd'hui par la place qu'ont prise les portails dans l'économie de l'Internet.
Les techniques de simulation et de réalité virtuelle. Ces techniques trouvent leur application directe, par exemple avec la mise au point de "mannequins virtuels" pour la formation des futurs dentistes et chirurgiens. Ils peuvent également apporter une aide précieuse pour l'enseignement de la géométrie, ou dans le secteur professionnel de la mécanique, en facilitant la vision dans l'espace.
Les techniques de communication généralisée entre les différents appareils qui feront notre quotidien de demain : terminaux numériques, livres électroniques, téléphones mobiles, Cela a été justement rappelé par Jean-Louis Gassée.
Ces outils ne doivent pas être développés pour eux-mêmes, ils doivent servir à de nouveaux usages éducatifs et permettre d'adapter la formation au tempérament, au rythme et à l'intelligence de chacun.
Là aussi plusieurs exemples peuvent donnés de ces nouveaux contenus éducatifs que nous essayons de stimuler au ministère de la Recherche :
Les livres électroniques : il permettront à chaque élève de disposer de supports de cours plus riches, plus interactifs, et au final plus légers. Cartable électronique, i-manuel, bureau virtuel de l'enseignant, sortent aujourd'hui du domaine de la science fiction pour entrer dans les projets des éditeurs et des constructeurs de matériel informatique.
Les logiciels de simulation : ils permettent de modéliser des phénomènes complexes, de mieux les comprendre et de procéder à des expérimentations virtuelles en modifiant certains de leurs paramètres. Un exemple, la tectonique des plaques : aujourd'hui nous pouvons simuler le déplacement des continents à la surface du globe et les forces qui interviennent dans ce processus.
Enfin, le développement de contenus culturels adaptés aux besoins des communautés éducatives. Les grands établissements publics nationaux (BNF, CSI, IRCAM, INA, ) pourront bientôt mettre leurs données à la disposition du plus grand nombre, dans les meilleures conditions, tirant ainsi parti de l'augmentation des débits.
Toutes ces réalisations supposent l'émergence d'entreprises conjuguant la recherche fondamentale et ses applications immédiates. L'avance française et, plus largement, européenne est réelle mais elle ne peut se maintenir sans un effort soutenu de la recherche dans le domaine du multimédia et des technologies de la connaissance.
A ce titre, je voudrais rappeler que l'action de mon ministère en faveur du secteur du multimédia éducatif et culturel :
le soutien à des projets coopératifs de recherche développement rapprochant recherche publique et entreprises, notamment dans le secteur du multimédia (12 MF en 1999, 14 MF en 2000),
Le soutien à des incubateurs d'entreprises technologiques innovantes. Parmi les 29 incubateurs que nous avons déjà mis en place, soit un par région métropolitaine, l'un est spécifiquement dédié au multimédia éducatif: l'incubateur de la Belle de mai à Marseille. Cet incubateur devrait accueillir une soixantaine de projets dans les trois années à venir. Il contribuera largement à l'émergence dans le sud-est de la France d'un pôle national d'industries de contenus,
L'incitation à la mobilité des enseignants et des enseignants-chercheurs dans les entreprises du multimédia, grâce à la loi sur l'innovation et la recherche,
La création d'un fonds de capital d'amorçage dans le domaine du multimédia, C-Source, qui atteindra 100 MF à terme, pour accompagner financièrement les projets de création d'entreprises.
Il y avait encore un chaînon manquant dans ce dispositif : la structuration en un réseau de recherche des coopérations entre la recherche publique et le tissu des industries du multimédia. C'est ce chaînon que nous allons combler avec la mise en place, dans les prochaines semaines, du réseau national de recherche et d'innovation pour l'audiovisuel et le multimédia, en partenariat avec les Ministères de la Culture et de l'Industrie. L'objectif fondamental de ce réseau, dédié à la création numérique, est de soutenir les industries de programmes pour l'audiovisuel et le multimédia en vue d'offrir au grand public les services et les contenus numériques du XXIème siècle.
Enfin, la recherche permet de mieux utiliser les technologies de l'information dans les pratiques pédagogiques
Je voudrais insister sur ce point : c'est grâce à la recherche, grâce à la collaboration entre la recherche et le monde éducatif que nous permettrons aux avancées technologiques d'aboutir à un enseignement plus démocratique et plus adapté au rythme de chacun.
Il convient, tout d'abord, de se faire une vision claire des compétences scientifiques disponibles dans le domaine -aux frontières encore mal définies- du multimédia. Conscient de cela, le Ministère de la Recherche vient de publier sur son site web une cartographie de plus de 150 laboratoires de recherche spécialisés dans les technologies de l'information et dans l'analyse de leurs usages, développée avec le soutien de l'Observatoire des Ressources Multimédias pour l'Enseignement (l'ORME). Cet annuaire est appelé à s'enrichir par de nouvelles contributions grâce, notamment, aux partenariats établis avec les réseaux de recherche et d'innovation technologique.
Il s'agit ensuite et surtout d'évaluer l'impact des NTIC dans l'apprentissage et de comprendre comment les élèves pourront, demain, mieux apprendre grâce aux nouvelles technologies.
Ce champ de recherche - que certains nomment déjà "technologies de la connaissance" - est par nature interdisciplinaire (informatique, sciences de l'ingénieur, design industriel, sciences cognitives, sciences du langage, sciences de l'éducation, arts plastiques, psychologie, management). De nombreux laboratoires travaillent déjà à l'intersection de ces disciplines mais ils restent encore trop isolés.
J'ai décidé d'encourager et de soutenir les collaborations entre les trois communautés impliquées dans les technologies de la connaissance - les cogniticiens et les psychologues d'une part , les concepteurs d'outils pédagogiques d'autre part, les pédagogues enfin - en créant une Action Concertée Incitative "Ecole et Sciences Cognitives" qui verra ses moyens augmentés de façon substantielle en 2001 (8 MF).
Cette action permettra de mieux comprendre les processus cognitifs impliqués dans l'apprentissage par les NTIC et d'arriver à l'élaboration de nouveaux outils pédagogiques plus performants et plus adaptés à la formation des élèves.
C'est l'optimisation de l'utilisation des technologies de l'information dans l'enseignement qui est en jeu, et à laquelle nous souhaitons ainsi répondre.
Enfin, le développement d'offres de formation en ligne -secteur sur lequel les Etats Unis se sont largement mobilisés- représente un véritable défi pour l'Europe. Le ministère de la Recherche et le ministère de l'Education Nationale ont souhaité, à travers l'appel à proposition pour les campus numériques, mobiliser l'ensemble des acteurs de la formation, tant initiale que continue, et leur permettre de se regrouper de façon cohérente afin de faire émerger une réelle offre française, et au-delà européenne, de formation à distance. Le succès rencontré par cet appel à propositions, avec 27 projets retenus sur les 86 soumis, portant sur diverses disciplines (médecine, mécanique, sciences de l'ingénieur, économie, gestion, droit) et impliquant à chaque fois plusieurs établissements dont certains étrangers, est une première victoire. Il importe de voir se positionner rapidement les acteurs européens, notamment afin que les standards en cours de définition dans le secteur de la formation en ligne ne leur soient pas imposés unilatéralement.
Je voudrais, pour conclure, évoquer un symbole de ce que peut représenter l'introduction des NTIC dans l'éducation des enfants et des citoyens du XXIème siècle.
Vers le milieu du XVIII° siècle, à un souper de philosophes, est né "le projet du plus beau monument qu'aucun siècle ait jamais élevé à la gloire et à l'instruction du genre humain". C'était à Paris. C'était l'Encyclopédie. Ce recueil raisonné de savoirs et de méthodes concernant les arts, les sciences, la poésie, connut bien des avatars techniques et subit le contrecoup des querelles et de la censure politique. Mais il introduisit un "nouvel ordre du savoir". Il permit la diffusion des Lumières à l'ensemble de la population. Il préfigura l'esprit de liberté et d'émancipation de la Révolution française.
Aujourd'hui, une nouvelle encyclopédie est en gestation. Elle dispose de nouvelles techniques. Elle permet d'incorporer au texte de l'image, de la vidéo, du son. Elle permet de naviguer entre les contenus et les savoirs. Elle permet d'accéder aux meilleurs cours, aux meilleurs enseignants, aux meilleures universités du monde. Elle permet à chacun d'apprendre, à son rythme, en fonction de ses capacités et des ses besoins.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 5 décembre 2000)