Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur la mission de réflexion du Centre franco-autrichien en matière d'avenir de l'Europe, Paris le 15 décembre 1998.

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Circonstance : Diner offert par M. Védrine à l'occasion du 20ème anniversaire du Centre franco-autrichien à Paris le 15 décembre 1998

Texte intégral

Monsieur le Chancelier,
Messieurs les Vice-Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre et le Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'accueille, ce soir, dans ces lieux, au Quai d'Orsay, au Palais des Affaires étrangères, autre nom pour désigner les mêmes lieux, ce dîner offert à l'occasion du 20è anniversaire du Centre franco-autrichien, dont nul parmi vous n'ignore qu'il a été le fruit d'une réflexion intelligente du chancelier Kreisky et du Premier ministre, de l'époque, Jacques Chirac.
Depuis lors, ce centre n'a jamais cessé d'enrichir, non seulement la relation bilatérale franco-autrichienne, mais la réflexion que chacun des deux pays portent sur l'environnement régional dans les deux sens et d'une façon plus générale, la réflexion sur l'avenir de l'Europe. Au fur et à mesure que le temps passait, ces réflexions prenaient une pertinence de plus en plus grande.
Un premier changement très important est intervenu quand l'Autriche est, à son tour, devenue membre de l'Union Européenne.
Et aujourd'hui, je dirais que ces rencontres, ces réflexions sont plus importantes que jamais, parce que l'Union européenne, doit résoudre presque toutes les difficultés en même temps. Elle y parviendra, il n'y a aucun doute à ce sujet.
Mais, elle doit se mettre d'accord sur le mode de financement pour les années 2000-2006. Elle doit réformer ses institutions pour éviter d'être, rapidement, complètement paralysée. Elle doit mener à terme, les négociations d'élargissement qui ont été ouvertes. De plus, elle réfléchit déjà à d'autres négociations d'élargissement qui pourraient être lancées. Elle doit lancer l'euro dans des conditions de réussite. Elle doit progresser pour la mise en oeuvre de la Politique étrangère et de sécurité commune. Elle commence à aller au-delà, en s'interrogeant sur les conditions d'une vraie défense européenne.
Les gouvernements ont également remis au centre de leurs préoccupations, comme les peuples d'Europe l'exigeaient, toutes les questions touchant à la croissance, à l'emploi et la lutte contre le chômage. On ne peut pas imaginer un programme plus chargé, et plus de contradictions.
Pourtant, je m'exprime ici avec une entière confiance. Nous trouverons des solutions à tous ces problèmes, à condition de les traiter dans le bon ordre.
Je voudrais dire tout particulièrement à ceux de nos amis, ce soir, qui viennent au sens large de l'Europe centrale ou de l'Europe centrale et orientale, la chose suivante : tout ce que nous faisons, nous Français, dans l'Union européenne aujourd'hui, pour trouver une solution sur la question du financement et pour nous doter d'institutions efficaces pour l'avenir, nous le faisons, dans l'intérêt des membres actuels de l'Union et dans l'intérêt de tous ses membres futurs.
Il n'y a aucune contradiction. Les pays candidats aujourd'hui à l'entrée dans l'Union européenne veulent entrer dans l'Union parce qu'elle marche, parce qu'elle fonctionne, parce qu'elle a un niveau de vie élevé, parce qu'elle est capable d'avoir des politiques communes. Eh bien, si les élargissements à venir et que nous souhaitons vivement étaient faits sans préparation sérieuse, tout cela disparaîtrait.
Je dis donc à nos amis les pays candidats : aidez-nous dans cette tâche. Complétons les procédures communautaires par un dialogue politique qui déjà s'intensifie sans arrêt, et nous arriverons, ainsi, le plus vite possible vers notre objectif commun.
Vous m'excuserez pour la brièveté de ce résumé. Je crois que vous avez beaucoup et utilement travaillé. Vous avez passé en revue, toute la journée, toutes les hypothèses, pour l'Europe. Moi, je n'en ai qu'une, c'est celle de la réussite, quelles que soient les crises - il s'en produira beaucoup encore - mais nous en avons l'habitude en Europe: nous avons une sorte de moteur à explosion... Je vais donc terminer là ce propos introductif, en vous souhaitant une amicale soirée et en levant mon verre à notre travail commun pour notre avenir commun.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2001)