Texte intégral
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Bonsoir, demain matin vous allez rencontrer Martine Aubry. C'est déjà présenté comme étant la réunion de la dernière chance sur l'UNEDIC, vous ne cessez de dire que vous allez claquer la porte, le gouvernement lui, ne cesse de vous demander de refaire votre copie. Qu'est-ce qui se passe si cela tourne mal demain matin ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Disons les choses comme il faut les dire. Si cela tourne mal cela veut dire que le gouvernement décide de faire un décret. C'est à dire qu'il dit aux partenaires sociaux : " vous n'existez pas, c'est moi qui décide à votre place ". Alors là, je peux vous le dire, les syndicats signataires et les organisations qui sont représentatives des entrepreneurs, des entreprises, nous ne sommes pas d'accord et cela sera donc d'une forme que je ne définirai pas ce soir, mais la rupture et la bagarre.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : La bagarre, cela veut dire que vous pouvez quitter complètement tous les organismes paritaires ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oui enfin, je ne veux pas définir aujourd'hui ce que cela sera les partenaires sociaux qui sont chargés du dialogue social, n'acceptent pas l'idée qu'une ministre pour des raisons qui sont les siennes, et qui sont peut-être un peu personnelles, veuille à tout prix imposer sa solution. Elle a l'a fait il y a quelques années pour les 35 heures dans des conditions que jugées inacceptables, eh bien nous n'accepterons pas de nous laisser sortir par une décision de Ministre, comme cela par décret, alors que c'est notre responsabilité de conduire le dialogue social pour le progrès social.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Quand vous dîtes une Ministre, cela veut dire que c'est Martine Aubry ,ce n'est pas Laurent Fabius, ce n'est pas Lionel Jospin non plus, vous pensez que c'est vraiment intuitu personae ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : C'est elle que nous avons comme interlocuteur mais elle est flanquée d'un représentant de monsieur Laurent Fabius parce qu'il s'agit bien entendu d'argent, de récupérer de l'argent sur l'Unedic, de prendre l'argent des chômeurs, l'argent des salariés pour les chômeurs pour financer je ne sais quoi, les 35 heures sans doute. Donc c'est bien en effet une politique et puis le Premier Ministre conduit une politique que nous ne comprenons pas parce qu'elle est hostile actuellement au dialogue social et cela, nous ne pouvons pas, nous les partenaires sociaux, les syndicats, les représentants des entreprises accepter.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Au fond, vous laissez entendre qu'il y a une cagnotte, un petit peu comme pour le gouvernement ,une cagnotte sur laquelle chacun veut essayer de se récupérer ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : C'est-à-dire que les entreprises ont créé 800 000 emplois en deux ans, il y a donc moins de chômage et de ce fait, ce qui rentre comme cotisations est évidemment abondant. Eh bien nous, nous nous voulons le rendre aux salariés, vous savez cela coûte 10 000 francs par salarié de financer le chômage, nous voulons rendre aux salariés du pouvoir d'achat, nous avons prévu de rendre sur trois ans 75 milliards de francs aux salariés et aux entreprises qui cotisent, parce qu'il n'y a plus besoin de cotiser à cette hauteur et bien entendu l'Etat, l'argent ça l'intéresse.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Ca, c'est pour la carotte pour vous. Mais il y a le bâton aussi et vous dîtes aux chômeurs qui auraient un peu trop de demande et qui finalement n'accepteraient pas ce qu'on leur propose, vous leur dîtes qu'il y aura des punitions.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Cela si vous voulez, c'est de la mauvaise lecture, parce que les punitions c'est un peu comme au lycée, on en donne très peu, ce n'est pas cela qui est important. Ce qui est important, c'est que cette nouvelle convention, elle donne plus d'argent aux chômeurs, elle donne aux chômeurs plus de possibilités de retrouver vite un emploi et c'est fait pour cela l'assurance chômage, c'est pas fait pour laisser des gens éternellement assis dans les administrations à attendre, c'est fait pour retrouver un emploi. Et donc nous avons fait là avec la CFDT, avec la CFTC, avec la CGC et avec les syndicats, avec les représentants des salariés
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Sauf la CGT et FO.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oui d'ailleurs, on ne sait pas pourquoi il ne sont pas là, ce sont des questions de rapports de forces entre les uns et les autres. Chacun sait que la nouvelle convention de chômage est une véritable amélioration pour les chômeurs, plus d'argent à leur donner, plus d'emploi à leur proposer. Et vite. Et tout ceci est, comme dit Madame Notat " hallucinant et grotesque". L'Etat ne peut pas se mettre en travers de ceci sans prendre une énorme responsabilité vis à vis des partenaires sociaux.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Comme cela semble être une affaire assez personnelle, Martine Aubry devant quitter dans les jours à venir le gouvernement,. est-ce que vous vous en réjouissez ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oh écoutez, on ne va pas sortir les mouchoirs et d'ailleurs je crois pas que l'on ne sera même pas là sur la gare de Paris-Lille, pour les agiter, disons les choses comme elles sont. Mais cela dit, cela ne change pas la politique d'un gouvernement qui peut choisir ou de s'opposer dialogue social ou au contraire de le favoriser. Ce que nous lui avons proposé, vous savez la Refondation sociale, nous avons été la proposer au gouvernement, en disant : attendez, même pour un gouvernement de gauche, c'est tout de même formidable d'avoir le dialogue social avec soi comme grand thème. Alors que l'intervention de l'Etat, le règlement, la taxation tout cela ce sont des thèmes dont l'opinion sait bien qu'ils ne sont pas finalement favorables. Alors pourquoi s'opposer au dialogue social ? On vous le demande.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Si vous lui en voulez tant, c'est aussi parce qu'elle a installé les 35 heures et finalement cela se passe plutôt bien. Mine de rien ,vous les absorbez les 35 heures ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Les 35 heures, cela coûte 85 milliards de francs au budget cette année. C'est à dire 2,50 francs par litre d'essence. Alors si vous voulez écouter les entrepreneurs et beaucoup de salariés, on ferait mieux de laisser les Français travailler, faire des heures supplémentaires et pas de les empêcher de travailler pour leur faire payer l'essence plus cher par la taxe. Non il y a quelque chose qui ne colle pas, d'ailleurs vous savez, les Français se sont mis dans la rue à différentes reprises par justement révolte vis à vis de trop de taxations, on ne veut pas écouter les entrepreneurs, on ne veut pas écouter les syndicats. Il y a une solitude, il y a une solitude du pouvoir qui naît, l'incompréhension avec l'opinion et nous les partenaires sociaux ,dans notre responsabilité, nous souhaitons faire entendre que nous voulons par le dialogue social faire progresser les choses.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : En disant cela, vous n'avez pas l'impression de faire de la politique vous même, quand vous aidez par exemple Lionel Jospin au moment de la grève des transporteurs ou en disant ce que vous dîtes ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Pour les transporteurs, nous avons dit clairement au bout de quelques jours : dans un pays qui veut que l'on puisse fonctionner normalement, que les entreprises fonctionnent, on ne peut pas accepter l'illégalité Vous savez quand on déverse de l'acide sulfurique dans les rivières pour se faire justice à soi-même, nous les entrepreneurs, nous ne sommes pas heureux, nous ne sommes pas heureux non plus quelles que soient bien entendu la compréhension et la solidarité que nous avons avec ceux qui sont surchargés de taxes mais nous ne pouvons pas accepter en effet que l'on ne soit pas dans la légalité, nous l'avons dit dans notre responsabilité de représentants des entrepreneurs.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : On vient de traverser une semaine assez terrible en matière d'affaire, d'affairisme. Comment réagit l'économique que vous êtes par rapport au politique qui est visiblement en recul d'influence ? Est-ce qu'il se réjouit, est-ce qu'il se dit, tiens je vais en profiter pour avoir encore un peu plus d'autonomie ou est-ce que vous dîtes c'est mauvais pour l'économie, plus généralement ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Non, nous disons, nous les gens d'entreprise, quand ça cafouille au niveau de l'Etat qui veut tout faire, cela n'est pas bon et donc cela inquiète. Il y a certainement de l'inquiétude, référendum déserté, cette révolte de la taxe dans les rues et puis il faut le dire aussi, cette grande grève du chemin du fer qui semble passer maintenant dans les choses normales, mais qui est totalement anormale, il n'y a pas un pays au monde où tout s'arrête à tout propos, n'est ce pas ? Et donc tout ceci donne le sentiment à ceux qui sont dans l'économie, à ceux qui font l'emploi, à ceux qui font les biens et les services, qui produisent, que cela ne marche pas comme cela devrait. Et cela inquiète.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Est-ce qu'il y a un risque pour la croissance, qu'il puisse y avoir un ralentissement à cause de cela par exemple ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oui les 35 heures, qui actuellement rationnent le travail qualifié, vous savez on manque de maçons, on manque d'informaticiens, on manque de spécialistes en tout.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Mais c'est trop tard, les 35 heures c'est voté.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Non, ce n'est pas tout à fait trop tard parce qu'il y a encore très peu d'entreprises qui les appliquent, vous avez 30 000 sur 1 200 000, et donc il y a encore beaucoup à espérer que ceux qui ont institué tout cela accepteront de le revoir, réviser la loi, c'est ce que nous demandons. Nous demandons même, comme l'on dit, un moratoire, que l'on arrête les mesures en cours de façon à ne pas peser sur la croissance. Encore une fois, vous savez, nous sommes dans la diversité de l'entreprise, dans la réalité et on a l'impression que dans les bureaux, on ne la voit plus et on fait un peu ce que l'on voudrait et non pas ce que les Français souhaiteraient.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : En 2002, vous allez voter Chirac ou Jospin ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : En voilà une question à laquelle je ne m'attendais pas, permettez à l'électeur que je suis de rester silencieux sur ces projets là.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Mais vous avez déjà voté une fois à gauche dans votre vie ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE :Là aussi je ne suis pas en politique, je suis représentant des entrepreneurs, il ne m'appartient de dire cela à l'opinion, vous me comprendrez.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Ernest-Antoine Seillière, je vous remercie d'avoir répondu à nos questions.
(source http://www.medef.fr, le 05 octobre 2000)
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Disons les choses comme il faut les dire. Si cela tourne mal cela veut dire que le gouvernement décide de faire un décret. C'est à dire qu'il dit aux partenaires sociaux : " vous n'existez pas, c'est moi qui décide à votre place ". Alors là, je peux vous le dire, les syndicats signataires et les organisations qui sont représentatives des entrepreneurs, des entreprises, nous ne sommes pas d'accord et cela sera donc d'une forme que je ne définirai pas ce soir, mais la rupture et la bagarre.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : La bagarre, cela veut dire que vous pouvez quitter complètement tous les organismes paritaires ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oui enfin, je ne veux pas définir aujourd'hui ce que cela sera les partenaires sociaux qui sont chargés du dialogue social, n'acceptent pas l'idée qu'une ministre pour des raisons qui sont les siennes, et qui sont peut-être un peu personnelles, veuille à tout prix imposer sa solution. Elle a l'a fait il y a quelques années pour les 35 heures dans des conditions que jugées inacceptables, eh bien nous n'accepterons pas de nous laisser sortir par une décision de Ministre, comme cela par décret, alors que c'est notre responsabilité de conduire le dialogue social pour le progrès social.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Quand vous dîtes une Ministre, cela veut dire que c'est Martine Aubry ,ce n'est pas Laurent Fabius, ce n'est pas Lionel Jospin non plus, vous pensez que c'est vraiment intuitu personae ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : C'est elle que nous avons comme interlocuteur mais elle est flanquée d'un représentant de monsieur Laurent Fabius parce qu'il s'agit bien entendu d'argent, de récupérer de l'argent sur l'Unedic, de prendre l'argent des chômeurs, l'argent des salariés pour les chômeurs pour financer je ne sais quoi, les 35 heures sans doute. Donc c'est bien en effet une politique et puis le Premier Ministre conduit une politique que nous ne comprenons pas parce qu'elle est hostile actuellement au dialogue social et cela, nous ne pouvons pas, nous les partenaires sociaux, les syndicats, les représentants des entreprises accepter.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Au fond, vous laissez entendre qu'il y a une cagnotte, un petit peu comme pour le gouvernement ,une cagnotte sur laquelle chacun veut essayer de se récupérer ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : C'est-à-dire que les entreprises ont créé 800 000 emplois en deux ans, il y a donc moins de chômage et de ce fait, ce qui rentre comme cotisations est évidemment abondant. Eh bien nous, nous nous voulons le rendre aux salariés, vous savez cela coûte 10 000 francs par salarié de financer le chômage, nous voulons rendre aux salariés du pouvoir d'achat, nous avons prévu de rendre sur trois ans 75 milliards de francs aux salariés et aux entreprises qui cotisent, parce qu'il n'y a plus besoin de cotiser à cette hauteur et bien entendu l'Etat, l'argent ça l'intéresse.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Ca, c'est pour la carotte pour vous. Mais il y a le bâton aussi et vous dîtes aux chômeurs qui auraient un peu trop de demande et qui finalement n'accepteraient pas ce qu'on leur propose, vous leur dîtes qu'il y aura des punitions.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Cela si vous voulez, c'est de la mauvaise lecture, parce que les punitions c'est un peu comme au lycée, on en donne très peu, ce n'est pas cela qui est important. Ce qui est important, c'est que cette nouvelle convention, elle donne plus d'argent aux chômeurs, elle donne aux chômeurs plus de possibilités de retrouver vite un emploi et c'est fait pour cela l'assurance chômage, c'est pas fait pour laisser des gens éternellement assis dans les administrations à attendre, c'est fait pour retrouver un emploi. Et donc nous avons fait là avec la CFDT, avec la CFTC, avec la CGC et avec les syndicats, avec les représentants des salariés
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Sauf la CGT et FO.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oui d'ailleurs, on ne sait pas pourquoi il ne sont pas là, ce sont des questions de rapports de forces entre les uns et les autres. Chacun sait que la nouvelle convention de chômage est une véritable amélioration pour les chômeurs, plus d'argent à leur donner, plus d'emploi à leur proposer. Et vite. Et tout ceci est, comme dit Madame Notat " hallucinant et grotesque". L'Etat ne peut pas se mettre en travers de ceci sans prendre une énorme responsabilité vis à vis des partenaires sociaux.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Comme cela semble être une affaire assez personnelle, Martine Aubry devant quitter dans les jours à venir le gouvernement,. est-ce que vous vous en réjouissez ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oh écoutez, on ne va pas sortir les mouchoirs et d'ailleurs je crois pas que l'on ne sera même pas là sur la gare de Paris-Lille, pour les agiter, disons les choses comme elles sont. Mais cela dit, cela ne change pas la politique d'un gouvernement qui peut choisir ou de s'opposer dialogue social ou au contraire de le favoriser. Ce que nous lui avons proposé, vous savez la Refondation sociale, nous avons été la proposer au gouvernement, en disant : attendez, même pour un gouvernement de gauche, c'est tout de même formidable d'avoir le dialogue social avec soi comme grand thème. Alors que l'intervention de l'Etat, le règlement, la taxation tout cela ce sont des thèmes dont l'opinion sait bien qu'ils ne sont pas finalement favorables. Alors pourquoi s'opposer au dialogue social ? On vous le demande.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Si vous lui en voulez tant, c'est aussi parce qu'elle a installé les 35 heures et finalement cela se passe plutôt bien. Mine de rien ,vous les absorbez les 35 heures ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Les 35 heures, cela coûte 85 milliards de francs au budget cette année. C'est à dire 2,50 francs par litre d'essence. Alors si vous voulez écouter les entrepreneurs et beaucoup de salariés, on ferait mieux de laisser les Français travailler, faire des heures supplémentaires et pas de les empêcher de travailler pour leur faire payer l'essence plus cher par la taxe. Non il y a quelque chose qui ne colle pas, d'ailleurs vous savez, les Français se sont mis dans la rue à différentes reprises par justement révolte vis à vis de trop de taxations, on ne veut pas écouter les entrepreneurs, on ne veut pas écouter les syndicats. Il y a une solitude, il y a une solitude du pouvoir qui naît, l'incompréhension avec l'opinion et nous les partenaires sociaux ,dans notre responsabilité, nous souhaitons faire entendre que nous voulons par le dialogue social faire progresser les choses.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : En disant cela, vous n'avez pas l'impression de faire de la politique vous même, quand vous aidez par exemple Lionel Jospin au moment de la grève des transporteurs ou en disant ce que vous dîtes ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Pour les transporteurs, nous avons dit clairement au bout de quelques jours : dans un pays qui veut que l'on puisse fonctionner normalement, que les entreprises fonctionnent, on ne peut pas accepter l'illégalité Vous savez quand on déverse de l'acide sulfurique dans les rivières pour se faire justice à soi-même, nous les entrepreneurs, nous ne sommes pas heureux, nous ne sommes pas heureux non plus quelles que soient bien entendu la compréhension et la solidarité que nous avons avec ceux qui sont surchargés de taxes mais nous ne pouvons pas accepter en effet que l'on ne soit pas dans la légalité, nous l'avons dit dans notre responsabilité de représentants des entrepreneurs.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : On vient de traverser une semaine assez terrible en matière d'affaire, d'affairisme. Comment réagit l'économique que vous êtes par rapport au politique qui est visiblement en recul d'influence ? Est-ce qu'il se réjouit, est-ce qu'il se dit, tiens je vais en profiter pour avoir encore un peu plus d'autonomie ou est-ce que vous dîtes c'est mauvais pour l'économie, plus généralement ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Non, nous disons, nous les gens d'entreprise, quand ça cafouille au niveau de l'Etat qui veut tout faire, cela n'est pas bon et donc cela inquiète. Il y a certainement de l'inquiétude, référendum déserté, cette révolte de la taxe dans les rues et puis il faut le dire aussi, cette grande grève du chemin du fer qui semble passer maintenant dans les choses normales, mais qui est totalement anormale, il n'y a pas un pays au monde où tout s'arrête à tout propos, n'est ce pas ? Et donc tout ceci donne le sentiment à ceux qui sont dans l'économie, à ceux qui font l'emploi, à ceux qui font les biens et les services, qui produisent, que cela ne marche pas comme cela devrait. Et cela inquiète.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Est-ce qu'il y a un risque pour la croissance, qu'il puisse y avoir un ralentissement à cause de cela par exemple ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oui les 35 heures, qui actuellement rationnent le travail qualifié, vous savez on manque de maçons, on manque d'informaticiens, on manque de spécialistes en tout.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Mais c'est trop tard, les 35 heures c'est voté.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Non, ce n'est pas tout à fait trop tard parce qu'il y a encore très peu d'entreprises qui les appliquent, vous avez 30 000 sur 1 200 000, et donc il y a encore beaucoup à espérer que ceux qui ont institué tout cela accepteront de le revoir, réviser la loi, c'est ce que nous demandons. Nous demandons même, comme l'on dit, un moratoire, que l'on arrête les mesures en cours de façon à ne pas peser sur la croissance. Encore une fois, vous savez, nous sommes dans la diversité de l'entreprise, dans la réalité et on a l'impression que dans les bureaux, on ne la voit plus et on fait un peu ce que l'on voudrait et non pas ce que les Français souhaiteraient.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : En 2002, vous allez voter Chirac ou Jospin ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : En voilà une question à laquelle je ne m'attendais pas, permettez à l'électeur que je suis de rester silencieux sur ces projets là.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Mais vous avez déjà voté une fois à gauche dans votre vie ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE :Là aussi je ne suis pas en politique, je suis représentant des entrepreneurs, il ne m'appartient de dire cela à l'opinion, vous me comprendrez.
PATRICK POIVRE D'ARVOR : Ernest-Antoine Seillière, je vous remercie d'avoir répondu à nos questions.
(source http://www.medef.fr, le 05 octobre 2000)