Texte intégral
NICOLAS BEYTOUT : Le patronat et les organisations syndicales signataires de la nouvelle convention Unedic on finalement transmis dans la journée le texte auquel ils sont arrivés. Alors Denis Kessler, vous êtes le numéro deux du MEDEF, vous êtes un des signataires de cet accord. Est-ce que c'est fait ?
DENIS KESSLER : C'est fait puisque nous avons signé ce matin ce texte, cette troisième mouture de la convention, dont la première mouture remonte au mois de juin. Nous avons trouvé un accord avec les pouvoirs publics qui refusaient jusqu'à présent d'agréer cette convention. Nous avons maintenant la certitude qu'ils vont l'agréer, et nous pouvons dire, heureusement, nous sommes au bout de ce long feuilleton.
NICOLAS BEYTOUT : Cet accord, il a été trouvé au téléphone, dans la nuit de dimanche à lundi, dans une conversation entre le Premier ministre, Lionel Jospin et Ernest-Antoine Seillière. Et pourtant, aujourd'hui à l'Assemblée, Lionel Jospin a dit : " non, non attendez. Ca n'est pas fait, avant toute chose, il faut une réunion des organisations y compris les non-signataires ". Alors vous allez vous soumettre à cette nouvelle péripétie avant de considérer que l'accord est fait ?
DENIS KESSLER : Ecoutez, ce matin nous nous sommes réunis, nous avons invité les deux organisations non-signataires
NICOLAS BEYTOUT : qui ne sont pas venues, ni FO ni la CGT.
DENIS KESSLER : Voilà. La CGT et FO ne sont pas venus alors qu'ils étaient invités. D'ailleurs, ils ont reconnu qu'ils avaient été invités, ils ont considéré que le délai est un peu court. Eh bien, le Premier ministre nous a demandé, si j'ai bien compris, d'avoir une réunion avec eux pour pouvoir entendre leurs doléances. Mais je vais vous dire très honnêtement, ils connaissent parfaitement la convention.
NICOLAS BEYTOUT : Mais vous allez le faire ou pas ? Est-ce que vous allez vous soumettre à cette dernière petite affaire ?
DENIS KESSLER : C'est une réunion technique, il faut qu'ils viennent pour qu'ils puissent faire part de leurs commentaires, de leur analyse sur la convention. Je ne vois pas pourquoi nous allons dire que cette réunion n'est pas possible. Nous avons beaucoup de respect pour l'ensemble des organisations syndicales et, en ce qui nous concerne, nous avons regretté qu'ils ne soient pas là ce matin. Faisons cette réunion technique, en ce qui nous concerne, c'est fait.
NICOLAS BEYTOUT : Et il n'y aura pas de modification ?
DENIS KESSLER : Non, il n'y a pas de modification, c'est signé, ça a même été porté à la Direction départementale du Travail, puisque c'est la loi, puis ensuite au ministère de l'Emploi. On nous avait demandé d'aller vite, nous sommes allés vite. Bien entendu quand on va vite certaines personnes ont du mal à suivre le rythme.
NICOLAS BEYTOUT : Quitte à ce qu'elles soient froissées, éventuellement ?
DENIS KESSLER : Enfin, je veux dire encore une fois, elles connaissent parfaitement la convention. Il faut vous rendre compte que nous avons passé tellement d'heures, des centaines d'heures de réunion, tous les détails ont été vus parce que depuis le mois de juin, le texte, l'architecture de la convention n'a pas changé. On a fait des précisions et ce matin les précisions qu'on a portées à la dernière convention sont relativement limitées, elles portent essentiellement sur le règlement d'un vieux contentieux financier avec l'Etat.
NICOLAS BEYTOUT : Est-ce que vous êtes, vous, satisfait du point d'équilibre auquel sont arrivés les partenaires sociaux ? Je vous pose la question parce que finalement vous n'avez pas été impliqué dans la phase finale. Cette conversation entre Ernest-Antoine Seillière et Lionel Jospin, vous n'y étiez pas, est-ce que vous avez l'impression que finalement le président du MEDEF a un peu trop lâché parce qu'il fallait un accord ?
DENIS KESSLER : Pas du tout, pas du tout. J'ai eu Ernest-Antoine Seillière avant sa conversation avec le Premier ministre, pendant et après. Donc tout ceci a été fait en parfaite concertation. Je vais vous dire très honnêtement, le MEDEF est très content d'avoir pu montrer qu'on était capable de faire une réforme majeure du système d'indemnisation du chômage et on y est arrivé uniquement par la concertation, par la négociation. Travail formidable. On a rénové un dispositif. On s'est inspiré de ce qui marche le mieux à l'étranger. Nous avons une baisse des cotisations formidable dans les trois prochaines années : 44 milliards d'allégement des charges pour les entreprises, pour tous les salariés, augmentation du pouvoir d'achat et dans le même temps un nouveau dispositif extrêmement performant pour aider les gens qui sont à la recherche d'un emploi à en trouver un le plus rapidement possible. Moi je dois dire, nous sommes extrêmement fiers, extrêmement fiers d'avoir fait tout ce travail. Avec qui ? Avec nos partenaires syndicaux. On a eu des bâtons dans les roues de la part des pouvoirs publics. On est arrivé à retirer ces bâtons des roues, à faire avancer cette réforme, allons-y !
NICOLAS BEYTOUT : Alors l'Unedic c'est fait. Aujourd'hui il vous reste tout le reste de la Refondation sociale parce que l'Unedic ça n'était qu'un maillon d'une chaîne que vous avez commencée à tirer il y a quelques mois déjà. Est-ce que l'attitude assez déçue, finalement de FO et de la CGT, n'augure très mal de la suite des négociations ?
DENIS KESSLER : Non, non. On garde le même enthousiasme. On garde la même volonté de réforme parce qu'il faut une volonté de réforme et nous avons des chantiers extraordinaires devant nous.
NICOLAS BEYTOUT : Encore une fois vous ne pourrez pas le faire seul, vous n'avez pas pu le faire seul cette fois-ci, vous ne pourrez pas le faire la prochaine fois. Hier, Jean-Luc Cazettes, le patron de la CGC, était notre invité et il disait : sur la retraite, attention, ce sera beaucoup plus difficile encore que sur l'Unedic. Alors si vous n'avez ni FO, ni la CGT, ni la CGC, ça va être compliqué.
DENIS KESSLER : Ne me désespérez pas, ne me désespérez pas. On y a, on a décidé de lancer ces énormes chantiers, ce grand mouvement qu'on appelle la Refondation sociale. On a amené la preuve qu'on était capable de réformer quelque chose en profondeur, c'est le système d'assurance chômage, nous avons des idées très novatrices en matière de formation professionnelle, nous allons ouvrir ce chantier dans les jours qui viennent, nous sommes prêts, nous avons des propositions à faire à l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble, y compris FO et CGT. Nous allons ouvrir également un grand, grand chantier dans le domaine d'assurance-maladie. Nous sommes prêts, nous sommes, j'allais dire, en capacité de réforme. Il faut y aller.
NICOLAS BEYTOUT : Jusqu'au dernier jour, Lionel Jospin donnait plutôt le sentiment qu'il était contre un mauvais accord et pour un décret. Au dernier moment, il semble avoir changé d'avis. Non pas que l'accord soit mauvais, mais en tout cas il a donné l'impulsion qu'il fallait pour que le gouvernement soit d'accord avec vous. Est-ce que vous estimez que c'est un changement de posture politique de la part du Premier ministre vis-à-vis des entreprises en général ?
DENIS KESSLER : Incontestablement, il y a une inflexion, me semble-t-il, à l'heure actuelle dans la politique sociale. Nous l'espérons en tout cas. Nous souhaitons qu'après trois ans où on a ignoré les partenaires sociaux et notamment les représentants des entreprises, on rentre dans une phase, j'allais dire, de relations apaisées.
NICOLAS BEYTOUT : Apaisées, parce que Martine Aubry ne sera plus au gouvernement ?
DENIS KESSLER : Incontestablement, je crois que ceci permet de placer nos relations dans des termes nouveaux.
NICOLAS BEYTOUT : C'est le bilan que vous faites de Martine Aubry ?
DENIS KESSLER : Oui, ça été trois ans extrêmement difficiles, très honnêtement, pour ceux qui voulaient réformer, qui voulaient, par le dialogue social, introduire en France des dispositifs nouveaux. Non, nous avons eu un excès de loi, de règlements, de décrets, de circulaires, d'impôts.
NICOLAS BEYTOUT : Et vous pensez que ça va changer aujourd'hui ?
DENIS KESSLER : Nous formons le souhait en tout cas. Allez, essayons que dans les années qui viennent on refasse confiance aux partenaires sociaux, qu'on leur donne la possibilité de montrer ce qu'ils savent faire. Nous venons d'en donner la preuve. Surtout, encourageons les réformateurs parce que c'est un bien très précieux dans notre pays.
(source http://www.medef.fr, le 30 octobre 2000)
DENIS KESSLER : C'est fait puisque nous avons signé ce matin ce texte, cette troisième mouture de la convention, dont la première mouture remonte au mois de juin. Nous avons trouvé un accord avec les pouvoirs publics qui refusaient jusqu'à présent d'agréer cette convention. Nous avons maintenant la certitude qu'ils vont l'agréer, et nous pouvons dire, heureusement, nous sommes au bout de ce long feuilleton.
NICOLAS BEYTOUT : Cet accord, il a été trouvé au téléphone, dans la nuit de dimanche à lundi, dans une conversation entre le Premier ministre, Lionel Jospin et Ernest-Antoine Seillière. Et pourtant, aujourd'hui à l'Assemblée, Lionel Jospin a dit : " non, non attendez. Ca n'est pas fait, avant toute chose, il faut une réunion des organisations y compris les non-signataires ". Alors vous allez vous soumettre à cette nouvelle péripétie avant de considérer que l'accord est fait ?
DENIS KESSLER : Ecoutez, ce matin nous nous sommes réunis, nous avons invité les deux organisations non-signataires
NICOLAS BEYTOUT : qui ne sont pas venues, ni FO ni la CGT.
DENIS KESSLER : Voilà. La CGT et FO ne sont pas venus alors qu'ils étaient invités. D'ailleurs, ils ont reconnu qu'ils avaient été invités, ils ont considéré que le délai est un peu court. Eh bien, le Premier ministre nous a demandé, si j'ai bien compris, d'avoir une réunion avec eux pour pouvoir entendre leurs doléances. Mais je vais vous dire très honnêtement, ils connaissent parfaitement la convention.
NICOLAS BEYTOUT : Mais vous allez le faire ou pas ? Est-ce que vous allez vous soumettre à cette dernière petite affaire ?
DENIS KESSLER : C'est une réunion technique, il faut qu'ils viennent pour qu'ils puissent faire part de leurs commentaires, de leur analyse sur la convention. Je ne vois pas pourquoi nous allons dire que cette réunion n'est pas possible. Nous avons beaucoup de respect pour l'ensemble des organisations syndicales et, en ce qui nous concerne, nous avons regretté qu'ils ne soient pas là ce matin. Faisons cette réunion technique, en ce qui nous concerne, c'est fait.
NICOLAS BEYTOUT : Et il n'y aura pas de modification ?
DENIS KESSLER : Non, il n'y a pas de modification, c'est signé, ça a même été porté à la Direction départementale du Travail, puisque c'est la loi, puis ensuite au ministère de l'Emploi. On nous avait demandé d'aller vite, nous sommes allés vite. Bien entendu quand on va vite certaines personnes ont du mal à suivre le rythme.
NICOLAS BEYTOUT : Quitte à ce qu'elles soient froissées, éventuellement ?
DENIS KESSLER : Enfin, je veux dire encore une fois, elles connaissent parfaitement la convention. Il faut vous rendre compte que nous avons passé tellement d'heures, des centaines d'heures de réunion, tous les détails ont été vus parce que depuis le mois de juin, le texte, l'architecture de la convention n'a pas changé. On a fait des précisions et ce matin les précisions qu'on a portées à la dernière convention sont relativement limitées, elles portent essentiellement sur le règlement d'un vieux contentieux financier avec l'Etat.
NICOLAS BEYTOUT : Est-ce que vous êtes, vous, satisfait du point d'équilibre auquel sont arrivés les partenaires sociaux ? Je vous pose la question parce que finalement vous n'avez pas été impliqué dans la phase finale. Cette conversation entre Ernest-Antoine Seillière et Lionel Jospin, vous n'y étiez pas, est-ce que vous avez l'impression que finalement le président du MEDEF a un peu trop lâché parce qu'il fallait un accord ?
DENIS KESSLER : Pas du tout, pas du tout. J'ai eu Ernest-Antoine Seillière avant sa conversation avec le Premier ministre, pendant et après. Donc tout ceci a été fait en parfaite concertation. Je vais vous dire très honnêtement, le MEDEF est très content d'avoir pu montrer qu'on était capable de faire une réforme majeure du système d'indemnisation du chômage et on y est arrivé uniquement par la concertation, par la négociation. Travail formidable. On a rénové un dispositif. On s'est inspiré de ce qui marche le mieux à l'étranger. Nous avons une baisse des cotisations formidable dans les trois prochaines années : 44 milliards d'allégement des charges pour les entreprises, pour tous les salariés, augmentation du pouvoir d'achat et dans le même temps un nouveau dispositif extrêmement performant pour aider les gens qui sont à la recherche d'un emploi à en trouver un le plus rapidement possible. Moi je dois dire, nous sommes extrêmement fiers, extrêmement fiers d'avoir fait tout ce travail. Avec qui ? Avec nos partenaires syndicaux. On a eu des bâtons dans les roues de la part des pouvoirs publics. On est arrivé à retirer ces bâtons des roues, à faire avancer cette réforme, allons-y !
NICOLAS BEYTOUT : Alors l'Unedic c'est fait. Aujourd'hui il vous reste tout le reste de la Refondation sociale parce que l'Unedic ça n'était qu'un maillon d'une chaîne que vous avez commencée à tirer il y a quelques mois déjà. Est-ce que l'attitude assez déçue, finalement de FO et de la CGT, n'augure très mal de la suite des négociations ?
DENIS KESSLER : Non, non. On garde le même enthousiasme. On garde la même volonté de réforme parce qu'il faut une volonté de réforme et nous avons des chantiers extraordinaires devant nous.
NICOLAS BEYTOUT : Encore une fois vous ne pourrez pas le faire seul, vous n'avez pas pu le faire seul cette fois-ci, vous ne pourrez pas le faire la prochaine fois. Hier, Jean-Luc Cazettes, le patron de la CGC, était notre invité et il disait : sur la retraite, attention, ce sera beaucoup plus difficile encore que sur l'Unedic. Alors si vous n'avez ni FO, ni la CGT, ni la CGC, ça va être compliqué.
DENIS KESSLER : Ne me désespérez pas, ne me désespérez pas. On y a, on a décidé de lancer ces énormes chantiers, ce grand mouvement qu'on appelle la Refondation sociale. On a amené la preuve qu'on était capable de réformer quelque chose en profondeur, c'est le système d'assurance chômage, nous avons des idées très novatrices en matière de formation professionnelle, nous allons ouvrir ce chantier dans les jours qui viennent, nous sommes prêts, nous avons des propositions à faire à l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble, y compris FO et CGT. Nous allons ouvrir également un grand, grand chantier dans le domaine d'assurance-maladie. Nous sommes prêts, nous sommes, j'allais dire, en capacité de réforme. Il faut y aller.
NICOLAS BEYTOUT : Jusqu'au dernier jour, Lionel Jospin donnait plutôt le sentiment qu'il était contre un mauvais accord et pour un décret. Au dernier moment, il semble avoir changé d'avis. Non pas que l'accord soit mauvais, mais en tout cas il a donné l'impulsion qu'il fallait pour que le gouvernement soit d'accord avec vous. Est-ce que vous estimez que c'est un changement de posture politique de la part du Premier ministre vis-à-vis des entreprises en général ?
DENIS KESSLER : Incontestablement, il y a une inflexion, me semble-t-il, à l'heure actuelle dans la politique sociale. Nous l'espérons en tout cas. Nous souhaitons qu'après trois ans où on a ignoré les partenaires sociaux et notamment les représentants des entreprises, on rentre dans une phase, j'allais dire, de relations apaisées.
NICOLAS BEYTOUT : Apaisées, parce que Martine Aubry ne sera plus au gouvernement ?
DENIS KESSLER : Incontestablement, je crois que ceci permet de placer nos relations dans des termes nouveaux.
NICOLAS BEYTOUT : C'est le bilan que vous faites de Martine Aubry ?
DENIS KESSLER : Oui, ça été trois ans extrêmement difficiles, très honnêtement, pour ceux qui voulaient réformer, qui voulaient, par le dialogue social, introduire en France des dispositifs nouveaux. Non, nous avons eu un excès de loi, de règlements, de décrets, de circulaires, d'impôts.
NICOLAS BEYTOUT : Et vous pensez que ça va changer aujourd'hui ?
DENIS KESSLER : Nous formons le souhait en tout cas. Allez, essayons que dans les années qui viennent on refasse confiance aux partenaires sociaux, qu'on leur donne la possibilité de montrer ce qu'ils savent faire. Nous venons d'en donner la preuve. Surtout, encourageons les réformateurs parce que c'est un bien très précieux dans notre pays.
(source http://www.medef.fr, le 30 octobre 2000)