Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monseigneur,
Messieurs les Préfets,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est dans un haut lieu de l'histoire que nous sommes réunis aujourd'hui ; Histoire de France, histoire de l'Europe - entre les Flandres et l'Italie, histoire de l'art.
Cet événement lié à la Cathédrale de Blois nous offre le bonheur d'admirer et de parcourir un patrimoine majeur de la ville - son illustre château - lui-même objet d'une campagne de restauration et de mise en valeur depuis une décennie. On peut parler de grands travaux pour ce qui constitue - déjà - la plus grande métamorphose d'un monument de cette ampleur, qui se poursuivra dans les années à venir par la restauration de l'escalier, chef d'oeuvre de la Renaissance.
Mais c'est un acte artistique contemporain - les vitraux réalisés, dans le cadre de la commande publique, par l'artiste Hollandais Jan Dibbets et le maître-verrier Jean Mauret, qui nous rassemble aujourd'hui. Ils nous montrent avec éclat que la création, au même titre que le patrimoine, est désormais une composante importante du cadre de vie des français. Le territoire du patrimoine s'est heureusement élargi, au-delà des frontières historiques et thématiques et vous y avez beaucoup contribué Monsieur le Ministre, dans vos fonctions antérieures. Leur éclatement permet aujourd'hui à chacun, selon sa sensibilité, une approche et une appropriation nouvelle.
Un édifice religieux est un lieu privilégié qui concentre les valeurs et le sens. Le public peut y retrouver, plus qu'ailleurs cet héritage patrimonial commun et la création contemporaine de vitraux, comme ceux de Jan Dibbets et de Jean Mauret, à l'évidence le transcende.
Le ministère de la Culture avait déjà fait appel à Jan Dibbets pour réaliser un hommage au savant François Arago. Sa réponse à cette commande, que l'on qualifierait aujourd'hui de commémorative, en écho à ce qui se pratiquait au XIXème siècle, demeure une référence nationale et internationale en matière d'art public. Puis, dès 1992, Jan Dibbets a été retenu pour réaliser l'ensemble des vitraux de la cathédrale Saint-Louis de Blois. Pour cette nouvelle commande publique, le travail de Jan Dibbets aux côtés du maître verrier Jean Mauret s'est étendu sur presque une décennie. Notre attente et celle des Blésois est, aujourd'hui comblée.
La puissance de l'abstraction formelle de Jan Dibbets redonne au vitrail sa pleine valeur poétique et sa fonction première, celle de son art, qui n'est pas de " reproduire ce qui est visible mais de la rendre visible " selon la formule de Paul Klee. Nous découvrons ainsi que le véritable sujet de ces vitraux, c'est la lumière, la lumière sacrée, symbole d'absolu renvoyant à la pensée de Malraux " l'art est monnaie d'absolu ".
Grâce au regard de Jan Dibbets sur les textes bibliques, ces trente-trois baies qui scandent l'édifice ont retrouvé toute leur dimension spirituelle et immatérielle. Ici, Jan Dibbets s'est mesuré à la rationalité de l'espace architectural, inscrivant au cur de son travail le désir de maîtriser la lumière de la Loire.
C'est de la rencontre de Jean Mauret et de Jan Dibbets qu'est née cette harmonie de tonalités colorées et de motifs quasi abstraits qui animent la nudité de la pierre et répondent aux paroles de l'Ancien et du Nouveau testament. Tout ceci dans un souci de perception globale de l'édifice.
En remerciant ces deux artistes pour cette remarquable réalisation, je veux également saluer le travail exemplaire de tous ceux qui ont participé à la restauration de la cathédrale Saint Louis, restauration qui a ouvert la voie à la création contemporaine des vitraux.
Je pense particulièrement aux services de la direction régionale des Affaires Culturelles de la région Centre (la conservation régionale des monuments historiques), aux architectes en chef des monuments historiques, au service départemental de l'Architecture et du Patrimoine du Loir et Cher et à tous ceux qui ont travaillé au succès de cet important chantier. Je veux aussi signaler l'excellence des rapports qui se sont engagés avec les représentants du Clergé. Enfin, je tiens à saluer le rôle éminent de Jack Lang comme maire de Blois.
La cathédrale de Blois a fait l'objet depuis 1992 d'une importante campagne de travaux totalement financée par l'Etat. Celle-ci vient de s'achever par la restauration des grandes orgues après celles de la Tour clocher de la Renaissance, de la façade principale et de son porche et, après la mise en conformité de l'ensemble des installations techniques.
De tels travaux me donnent l'occasion de rendre hommage à toutes les petites et moyennes entreprises, aux ateliers artisanaux, qui travaillent à la restauration des monuments historiques et qui n'emploient pas moins de 34 000 salariés.
Le ministère de la Culture et de la Communication dirige ou contribue à la réalisation de nombreux chantiers qui valorisent les métiers de la restauration et permettent ainsi le maintien de cette activité créatrice, celle des artisans, des ateliers et des entreprises hautement spécialisés qui constituent un véritable réseau des savoir-faire. Catherine Tasca et moi-même sommes déterminés à soutenir et valoriser ces métiers d'art et les formations qui leur correspondent.
C'est ainsi que la restauration intégrale du grand orgue de Merklin, construit en 1880 et logé dans un buffet sculpté du XVIIIème siècle, a nécessité 7000 heures de travail.
Je veux vous dire ici ma conviction, qu'en ce début de troisième millénaire, l'opposition entre le "tout patrimoine" et le "tout création " m'apparaît totalement dépassée. Le patrimoine se doit d'être un hôte pour la création d'aujourd'hui, dans tous les domaines, de la musique, au théâtre et aux arts plastiques.
Depuis 20 ans, l'Etat a su associer les plus grands artistes contemporains aux restaurations des édifices. Nous en admirons les effets aujourd'hui à Blois, comme j'ai pu admirer, il y a quelques jours, à Romans la réalisation de George Ettl associé au maître verrier Thomas.
Nous assistons aujourd'hui au renouveau du vitrail qui engage désormais de nouvelles générations d'artistes, et le champ esthétique s'est élargi considérablement. Cette inscription du travail de l'artiste dans une architecture religieuse confère à son oeuvre une nouvelle lisibilité et, par là même, questionne l'art d'aujourd'hui.
Nous nous réjouissons d'avoir bénéficié à Blois du grand talent de Jan Dibbets. Cette réussite encourage le ministère français de la culture et de la communication à poursuivre et intensifier le dialogue avec les artistes du monde, et plus particulièrement avec les artistes européens, selon une tradition séculaire d'accueil et d'échanges féconds qui a fait de la France le creuset artistique qu'elle doit demeurer.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 29 décembre 2000)
Monseigneur,
Messieurs les Préfets,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est dans un haut lieu de l'histoire que nous sommes réunis aujourd'hui ; Histoire de France, histoire de l'Europe - entre les Flandres et l'Italie, histoire de l'art.
Cet événement lié à la Cathédrale de Blois nous offre le bonheur d'admirer et de parcourir un patrimoine majeur de la ville - son illustre château - lui-même objet d'une campagne de restauration et de mise en valeur depuis une décennie. On peut parler de grands travaux pour ce qui constitue - déjà - la plus grande métamorphose d'un monument de cette ampleur, qui se poursuivra dans les années à venir par la restauration de l'escalier, chef d'oeuvre de la Renaissance.
Mais c'est un acte artistique contemporain - les vitraux réalisés, dans le cadre de la commande publique, par l'artiste Hollandais Jan Dibbets et le maître-verrier Jean Mauret, qui nous rassemble aujourd'hui. Ils nous montrent avec éclat que la création, au même titre que le patrimoine, est désormais une composante importante du cadre de vie des français. Le territoire du patrimoine s'est heureusement élargi, au-delà des frontières historiques et thématiques et vous y avez beaucoup contribué Monsieur le Ministre, dans vos fonctions antérieures. Leur éclatement permet aujourd'hui à chacun, selon sa sensibilité, une approche et une appropriation nouvelle.
Un édifice religieux est un lieu privilégié qui concentre les valeurs et le sens. Le public peut y retrouver, plus qu'ailleurs cet héritage patrimonial commun et la création contemporaine de vitraux, comme ceux de Jan Dibbets et de Jean Mauret, à l'évidence le transcende.
Le ministère de la Culture avait déjà fait appel à Jan Dibbets pour réaliser un hommage au savant François Arago. Sa réponse à cette commande, que l'on qualifierait aujourd'hui de commémorative, en écho à ce qui se pratiquait au XIXème siècle, demeure une référence nationale et internationale en matière d'art public. Puis, dès 1992, Jan Dibbets a été retenu pour réaliser l'ensemble des vitraux de la cathédrale Saint-Louis de Blois. Pour cette nouvelle commande publique, le travail de Jan Dibbets aux côtés du maître verrier Jean Mauret s'est étendu sur presque une décennie. Notre attente et celle des Blésois est, aujourd'hui comblée.
La puissance de l'abstraction formelle de Jan Dibbets redonne au vitrail sa pleine valeur poétique et sa fonction première, celle de son art, qui n'est pas de " reproduire ce qui est visible mais de la rendre visible " selon la formule de Paul Klee. Nous découvrons ainsi que le véritable sujet de ces vitraux, c'est la lumière, la lumière sacrée, symbole d'absolu renvoyant à la pensée de Malraux " l'art est monnaie d'absolu ".
Grâce au regard de Jan Dibbets sur les textes bibliques, ces trente-trois baies qui scandent l'édifice ont retrouvé toute leur dimension spirituelle et immatérielle. Ici, Jan Dibbets s'est mesuré à la rationalité de l'espace architectural, inscrivant au cur de son travail le désir de maîtriser la lumière de la Loire.
C'est de la rencontre de Jean Mauret et de Jan Dibbets qu'est née cette harmonie de tonalités colorées et de motifs quasi abstraits qui animent la nudité de la pierre et répondent aux paroles de l'Ancien et du Nouveau testament. Tout ceci dans un souci de perception globale de l'édifice.
En remerciant ces deux artistes pour cette remarquable réalisation, je veux également saluer le travail exemplaire de tous ceux qui ont participé à la restauration de la cathédrale Saint Louis, restauration qui a ouvert la voie à la création contemporaine des vitraux.
Je pense particulièrement aux services de la direction régionale des Affaires Culturelles de la région Centre (la conservation régionale des monuments historiques), aux architectes en chef des monuments historiques, au service départemental de l'Architecture et du Patrimoine du Loir et Cher et à tous ceux qui ont travaillé au succès de cet important chantier. Je veux aussi signaler l'excellence des rapports qui se sont engagés avec les représentants du Clergé. Enfin, je tiens à saluer le rôle éminent de Jack Lang comme maire de Blois.
La cathédrale de Blois a fait l'objet depuis 1992 d'une importante campagne de travaux totalement financée par l'Etat. Celle-ci vient de s'achever par la restauration des grandes orgues après celles de la Tour clocher de la Renaissance, de la façade principale et de son porche et, après la mise en conformité de l'ensemble des installations techniques.
De tels travaux me donnent l'occasion de rendre hommage à toutes les petites et moyennes entreprises, aux ateliers artisanaux, qui travaillent à la restauration des monuments historiques et qui n'emploient pas moins de 34 000 salariés.
Le ministère de la Culture et de la Communication dirige ou contribue à la réalisation de nombreux chantiers qui valorisent les métiers de la restauration et permettent ainsi le maintien de cette activité créatrice, celle des artisans, des ateliers et des entreprises hautement spécialisés qui constituent un véritable réseau des savoir-faire. Catherine Tasca et moi-même sommes déterminés à soutenir et valoriser ces métiers d'art et les formations qui leur correspondent.
C'est ainsi que la restauration intégrale du grand orgue de Merklin, construit en 1880 et logé dans un buffet sculpté du XVIIIème siècle, a nécessité 7000 heures de travail.
Je veux vous dire ici ma conviction, qu'en ce début de troisième millénaire, l'opposition entre le "tout patrimoine" et le "tout création " m'apparaît totalement dépassée. Le patrimoine se doit d'être un hôte pour la création d'aujourd'hui, dans tous les domaines, de la musique, au théâtre et aux arts plastiques.
Depuis 20 ans, l'Etat a su associer les plus grands artistes contemporains aux restaurations des édifices. Nous en admirons les effets aujourd'hui à Blois, comme j'ai pu admirer, il y a quelques jours, à Romans la réalisation de George Ettl associé au maître verrier Thomas.
Nous assistons aujourd'hui au renouveau du vitrail qui engage désormais de nouvelles générations d'artistes, et le champ esthétique s'est élargi considérablement. Cette inscription du travail de l'artiste dans une architecture religieuse confère à son oeuvre une nouvelle lisibilité et, par là même, questionne l'art d'aujourd'hui.
Nous nous réjouissons d'avoir bénéficié à Blois du grand talent de Jan Dibbets. Cette réussite encourage le ministère français de la culture et de la communication à poursuivre et intensifier le dialogue avec les artistes du monde, et plus particulièrement avec les artistes européens, selon une tradition séculaire d'accueil et d'échanges féconds qui a fait de la France le creuset artistique qu'elle doit demeurer.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 29 décembre 2000)