Texte intégral
Q - Je voulais vous demander une précision par rapport à tout ce que vous avez dit. D'abord sur la correspondance entre le FAC et la Zone de solidarité prioritaire : l'idée est-elle de faire correspondre exactement le FAC à la liste des pays de la Zone de solidarité prioritaire, c'est-à-dire que le FAC serait exclusif pour les aides AFD ?
R - Je voudrais rappeler que le FAC demeurera un outil emblématique de coopération à l'intérieur de la Zone de solidarité prioritaire, ce qui veut dire que le FAC n'a pas vocation à intervenir en dehors de la Zone. Cela ne signifie pas non plus que le FAC peut intervenir nécessairement partout à l'intérieur de la Zone. Nous entendons garder une grande souplesse dans l'utilisation des outils de coopération, dont le FAC est un des plus importants. De toute évidence, pour que le FAC intervienne, il faut que les projets soient de qualité.
Q - Vous avez parlé du franc CFA. Que va-t-il se passer à l'horizon 2000 avec l'euro ? Avez-vous déjà réfléchi à la situation, car les problèmes se posent déjà aujourd'hui ?
R - Nous avons passé beaucoup de temps à convaincre nos partenaires que le passage à l'euro ne modifierait pas la relation entre le CFA et le franc. En réalité, c'est une relation à l'euro, via le franc, qui était offerte au franc CFA, sans qu'il soit question de modifier la parité existante. Nous considérons que l'arrimage à l'euro est une chance pour la Zone franc et probablement aussi pour les pays voisins de la Zone franc. Cela va permettre de sécuriser les investisseurs français et aussi européens qui voudraient s'intéresser au continent africain. J'ai le sentiment que depuis la dernière réunion des ministres de la Zone franc, à Paris, en présence du ministre autrichien de l'Economie et des Finances, président en exercice de l'ECOFIN, qui a lui-même confirmé ce rattachement, les esprits sont à peu près aujourd'hui pénétrés de l'idée que les choses vont bien se passer. Il faut continuer à en faire la démonstration. Je vous rappelle d'abord que cet arrimage à l'euro, juridiquement, ne pose aucun problème, puisqu'il s'agit d'une convention budgétaire qui concerne le Trésor français - et non pas monétaire -, ce qui aurait à ce moment-là impliqué la Banque centrale européenne. Economiquement, ensuite, hormis évidemment la situation difficile de certains pays qui sont aujourd'hui menacés de conflits, ce rattachement permettra, qu'il s'agisse de la maîtrise de l'inflation, de l'amélioration des finances publiques, du taux de croissance, de préserver l'actuelle parité.
Q - Je voudrais vous poser deux questions qui sont un petit peu en dehors du thème d'aujourd'hui mais qui concernent les sujets d'actualité : Pouvez-vous nous faire un point de la situation à Brazzaville ? A la suite du Sommet de l'OUA à Ouagadougou, n'estimez-vous pas qu'on a crié victoire un peu trop vite au Sommet Afrique-France de Paris, en annonçant un cessez-le-feu au Congo démocratique ?
R - S'agissant de la République du Congo, les dernières informations que nous avons reçues - j'ai eu plusieurs fois notre ambassadeur au téléphone - font état de beaucoup de dégâts subis du fait de tirs de mortiers dans les quartiers sud de Brazzaville. Ces quartiers ont été, ces derniers jours, vidés de leur population, qui s'est mise à l'abri même si tous n'ont pas réussi à se mettre à l'abri. On déplore de nombreuses victimes. Je serais bien, actuellement, dans l'incapacité de vous donner un ordre de grandeur ; des corps ont été aperçus dans certaines rues touchées par ces tirs de mortiers. L'aéroport est resté sous contrôle, les vols commerciaux ont été interrompus, ce qui a obligé à faire transiter par Pointe-Noire les Français qui souhaitaient revenir en France.
On peut considérer qu'il y a à peu près 600 français qui résident à Brazzaville. Du fait des vacances, c'est entre 350 à 400 Français qui restaient encore à Brazzaville, au moment où les événements se sont déclenchés. Actuellement, là encore à quelques unités près, on peut considérer qu'environ 150 à 200 français ont été évacués sur Pointe-Noire, à leur demande. Il n'y a pas eu de mot d'ordre d'évacuation. Certains ont fait le choix, à partir de Pointe-Noire de revenir sur Paris, d'autres ont préféré rester à Pointe-Noire en attendant de revenir sur Brazzaville, quand la situation sera régularisée.
Sur les causes de ces événements, il reste encore un peu de confusion quant aux responsabilités respectives des différents groupes qui ont été en présence. On a parlé des Ninjas de M. Kolelas, on a parlé des anciens Cobras de M. Sassou N'guesso, l'armée régulière, elle, essayant de rétablir l'ordre et en particulier de faire face à ce qui apparaissait un peu comme l'infiltration des Ninjas de M. Kolelas.
Voilà ce que l'on peut dire de la situation. Nous suivons de près la question de l'alimentation des populations, car certains circuits économiques ont été évidemment désorganisés, notamment ceux qui amenaient vers le sud de Brazzaville les fruits et légumes produits dans la région proche.
Q - Combien de Français sont actuellement à l'ambassade ?
R - Il y en avait une centaine. Ceux qui étaient dans les quartiers non touchés ont été invités à rester chez eux, ceux qui se sentaient plus menacés, se sont réfugiés à la chancellerie. J'en profite pour souligner l'attitude tout à fait exemplaire de nos coopérants en général, et singulièrement de ceux qui étaient un peu plus en charge de la sécurité, je veux parler des gendarmes et des policiers. L'ambassadeur m'a dit qu'ils avaient eu une attitude tout à fait exemplaire quand il a fallu, dans des conditions pas toujours faciles, aller négocier par exemple avec les forces de l'ordre pour éviter que les tirs de mortiers ne viennent toucher certaines des villas de nos compatriotes. Cela ne veut pas dire que toutes auront échappé aux dégâts ni aux pillages. A partir du moment ou l'on quitte sa villa pour trouver refuge ailleurs, on risque évidemment de la voir envahie par d'autres.
Hormis les villas situées autour de la chancellerie qui ont pu faire l'objet d'une protection globale, celles qui étaient plus isolées auront sans doute mal échappé aux pillages. Nous ne sommes pas aujourd'hui en mesure de vous en faire un état plus précis. Voilà ce que je voulais vous dire en ce qui concerne le Congo-Brazzaville. Aujourd'hui, la situation semble plus calme. Nous avions étudié - la presse en a fait état et j'avais moi-même communiqué pendant le voyage de M. Jospin au Canada et au Québec sur ce sujet - la possibilité, en cas de besoin, d'évacuer l'ensemble de la communauté française. Le plan qui était préparé n'a pas été heureusement mis à exécution.
Sur le Congo-Kinshasa, vous vous souvenez de ce qui avait été dit à l'occasion du Sommet de Paris. J'avais exprimé quelque optimisme, quelque espoir que m'avaient inspiré les conversations que j'avais eues avec un certain nombre d'acteurs. Le Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan lui-même, s'était déclaré optimiste après avoir participé à la rencontre, organisée en marge du Sommet de Paris, entre les protagonistes. Depuis, une première réunion à Lusaka a été annulée. Nous comptions sur celle-là pour faire avancer le dossier de la paix et du cessez-le-feu. A Ouagadougou, ces jours derniers, les chefs d'Etat africains étaient réunis. Cela a été l'occasion de reparler de ce dossier, et dans le cadre de l'OUA qui était réunie à Ouagadougou qui est la capitale du président Compaore, il a été convenu qu'une nouvelle réunion aurait lieu à Lusaka dans quelques jours, ce qui a autorisé au moins l'un de vos confrères à exprimer une note d'optimisme. L'année n'est pas tout à fait terminée.
Le point dur, vous le savez, c'est quand même très largement la question de la rébellion. Un certain nombre d'acteurs présents dans ce conflit pensent que les rebelles, à commencer par eux-mêmes, doivent prendre partie aux discussions et du côté de M. Kabila et de ses alliés on pense que cette rébellion n'étant selon eux que le produit de l'Ouganda et le Rwanda, on n'a pas à les prendre en considération. C'est un des points durs par rapport aux perspectives de cessez-le-feu. Si la rébellion correspond à une réalité spécifique, si on veut que le cessez-le-feu soit obtenu, mis en oeuvre, il faut que cette rébellion soit à la table des négociations. Je comprends que cela pose des problèmes de principe puisqu'elle ne représente pas un Etat. Est-il possible de les associer d'une manière là aussi spécifique, l'objectif étant de faire prévaloir la paix ? Je voudrais simplement dire que j'ai noté une déclaration du leader déclaré de la rébellion disant qu'il était prêt au cessez-le-feu. C'était aussi une manière pour lui de se faire inviter.
La question de la Conférence des Grands lacs recueille un soutien croissant. C'était le cas déjà en ce qui concerne les pays africains réunis lors du Sommet, mais nous savons aussi que cette idée progresse chez les Américains, sachant qu'il s'agirait d'une conférence qui aurait lieu sous l'égide des Nations unies et de l'Organisation de l'unité africaine.
Parmi les projets FAC, il y avait un projet Burundi qui nous a donné l'occasion d'évoquer la situation au Burundi, impliqué dans ce conflit, même de manière indirecte, et surtout affecté par l'embargo qui lui est imposé depuis plusieurs mois. Nous pouvons espérer que cet embargo sera levé dans les mois qui viennent et peut-être même dans les semaines qui viennent. Le médiateur chargé de suivre l'application des accords d'Arusha, l'ancien président tanzanien, M. Nyerere, qui avait été pendant longtemps un peu réservé par rapport à cette levée de l'embargo, nous l'a dit lors d'une rencontre des ministres du Développement à Bruxelles le 30 novembre. Je pense que puisque la communauté internationale souhaitait cette levée de l'embargo, celle-ci devrait se faire assez rapidement désormais.
Q - Sans préjuger de la réunion du 28 janvier, vous avez annoncé un Comité interministériel qui définira la Zone de solidarité prioritaire, est-ce qu'à titre personnel, vous pourriez donner une appréciation sur la participation d'un pays comme le Gabon au sein de cette zone, en raison, notamment, de son niveau de richesse et des pratiques de bonne gouvernance et à la suite des récentes élections ?
Dans le schéma de réforme de la Coopération, vous n'avez pas mentionné du tout le Haut Conseil de Coopération, cette instance passerelle avec les protagonistes de la coopération ?
R - Je n'ai pas voulu ce matin vous représenter tout le dispositif. Le Haut Conseil demeure évidemment un des moyens, à nos yeux tout à fait essentiel, d'implication de la société civile et des autres acteurs de la coopération et du développement dans ce qui sera mis en place au lendemain de la réunion du CICID puisque c'est lui qui va valider le texte créant le Haut Conseil. Cela figurera à l'agenda du CICID.
S'agissant de la situation du Gabon et de quelques autres pays qui peuvent susciter des interrogations, à la fois en ce qui concerne leur situation relative du point de vue économique, financier, et aussi du point de vue du respect des Droits de l'Homme, je voudrais vous rappeler que l'éligibilité à la Zone de solidarité prioritaire n'entraîne pas nécessairement le bénéfice de tous les outils de l'opération et nous nous réservons la possibilité d'apprécier la situation, à la fois sur le plan économique, à la fois sur le plan de la démocratie, pour mettre en oeuvre dans ces pays certaines aides, qu'il s'agisse de la procédure FAC, qu'il s'agisse des dons, qu'il s'agisse des aides budgétaires. Nous suivrons évidemment la situation, mais aussi l'évolution de la situation. Il est vrai qu'on a parfois l'impression que l'histoire fait du surplace, que la démocratie fait du surplace.
S'agissant du Gabon sur le plan économique, il est vrai que si l'on ramène le chiffre de la population - un million d'habitants - à celui des ressources tirées du pétrole, ce pays se situe à un niveau statistiquement plus élevé. Mais cette ressource, le pétrole, soulève actuellement un certain nombre d'interrogations. L'effondrement du prix du baril remet en question certains équilibres, certains budgets.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)
R - Je voudrais rappeler que le FAC demeurera un outil emblématique de coopération à l'intérieur de la Zone de solidarité prioritaire, ce qui veut dire que le FAC n'a pas vocation à intervenir en dehors de la Zone. Cela ne signifie pas non plus que le FAC peut intervenir nécessairement partout à l'intérieur de la Zone. Nous entendons garder une grande souplesse dans l'utilisation des outils de coopération, dont le FAC est un des plus importants. De toute évidence, pour que le FAC intervienne, il faut que les projets soient de qualité.
Q - Vous avez parlé du franc CFA. Que va-t-il se passer à l'horizon 2000 avec l'euro ? Avez-vous déjà réfléchi à la situation, car les problèmes se posent déjà aujourd'hui ?
R - Nous avons passé beaucoup de temps à convaincre nos partenaires que le passage à l'euro ne modifierait pas la relation entre le CFA et le franc. En réalité, c'est une relation à l'euro, via le franc, qui était offerte au franc CFA, sans qu'il soit question de modifier la parité existante. Nous considérons que l'arrimage à l'euro est une chance pour la Zone franc et probablement aussi pour les pays voisins de la Zone franc. Cela va permettre de sécuriser les investisseurs français et aussi européens qui voudraient s'intéresser au continent africain. J'ai le sentiment que depuis la dernière réunion des ministres de la Zone franc, à Paris, en présence du ministre autrichien de l'Economie et des Finances, président en exercice de l'ECOFIN, qui a lui-même confirmé ce rattachement, les esprits sont à peu près aujourd'hui pénétrés de l'idée que les choses vont bien se passer. Il faut continuer à en faire la démonstration. Je vous rappelle d'abord que cet arrimage à l'euro, juridiquement, ne pose aucun problème, puisqu'il s'agit d'une convention budgétaire qui concerne le Trésor français - et non pas monétaire -, ce qui aurait à ce moment-là impliqué la Banque centrale européenne. Economiquement, ensuite, hormis évidemment la situation difficile de certains pays qui sont aujourd'hui menacés de conflits, ce rattachement permettra, qu'il s'agisse de la maîtrise de l'inflation, de l'amélioration des finances publiques, du taux de croissance, de préserver l'actuelle parité.
Q - Je voudrais vous poser deux questions qui sont un petit peu en dehors du thème d'aujourd'hui mais qui concernent les sujets d'actualité : Pouvez-vous nous faire un point de la situation à Brazzaville ? A la suite du Sommet de l'OUA à Ouagadougou, n'estimez-vous pas qu'on a crié victoire un peu trop vite au Sommet Afrique-France de Paris, en annonçant un cessez-le-feu au Congo démocratique ?
R - S'agissant de la République du Congo, les dernières informations que nous avons reçues - j'ai eu plusieurs fois notre ambassadeur au téléphone - font état de beaucoup de dégâts subis du fait de tirs de mortiers dans les quartiers sud de Brazzaville. Ces quartiers ont été, ces derniers jours, vidés de leur population, qui s'est mise à l'abri même si tous n'ont pas réussi à se mettre à l'abri. On déplore de nombreuses victimes. Je serais bien, actuellement, dans l'incapacité de vous donner un ordre de grandeur ; des corps ont été aperçus dans certaines rues touchées par ces tirs de mortiers. L'aéroport est resté sous contrôle, les vols commerciaux ont été interrompus, ce qui a obligé à faire transiter par Pointe-Noire les Français qui souhaitaient revenir en France.
On peut considérer qu'il y a à peu près 600 français qui résident à Brazzaville. Du fait des vacances, c'est entre 350 à 400 Français qui restaient encore à Brazzaville, au moment où les événements se sont déclenchés. Actuellement, là encore à quelques unités près, on peut considérer qu'environ 150 à 200 français ont été évacués sur Pointe-Noire, à leur demande. Il n'y a pas eu de mot d'ordre d'évacuation. Certains ont fait le choix, à partir de Pointe-Noire de revenir sur Paris, d'autres ont préféré rester à Pointe-Noire en attendant de revenir sur Brazzaville, quand la situation sera régularisée.
Sur les causes de ces événements, il reste encore un peu de confusion quant aux responsabilités respectives des différents groupes qui ont été en présence. On a parlé des Ninjas de M. Kolelas, on a parlé des anciens Cobras de M. Sassou N'guesso, l'armée régulière, elle, essayant de rétablir l'ordre et en particulier de faire face à ce qui apparaissait un peu comme l'infiltration des Ninjas de M. Kolelas.
Voilà ce que l'on peut dire de la situation. Nous suivons de près la question de l'alimentation des populations, car certains circuits économiques ont été évidemment désorganisés, notamment ceux qui amenaient vers le sud de Brazzaville les fruits et légumes produits dans la région proche.
Q - Combien de Français sont actuellement à l'ambassade ?
R - Il y en avait une centaine. Ceux qui étaient dans les quartiers non touchés ont été invités à rester chez eux, ceux qui se sentaient plus menacés, se sont réfugiés à la chancellerie. J'en profite pour souligner l'attitude tout à fait exemplaire de nos coopérants en général, et singulièrement de ceux qui étaient un peu plus en charge de la sécurité, je veux parler des gendarmes et des policiers. L'ambassadeur m'a dit qu'ils avaient eu une attitude tout à fait exemplaire quand il a fallu, dans des conditions pas toujours faciles, aller négocier par exemple avec les forces de l'ordre pour éviter que les tirs de mortiers ne viennent toucher certaines des villas de nos compatriotes. Cela ne veut pas dire que toutes auront échappé aux dégâts ni aux pillages. A partir du moment ou l'on quitte sa villa pour trouver refuge ailleurs, on risque évidemment de la voir envahie par d'autres.
Hormis les villas situées autour de la chancellerie qui ont pu faire l'objet d'une protection globale, celles qui étaient plus isolées auront sans doute mal échappé aux pillages. Nous ne sommes pas aujourd'hui en mesure de vous en faire un état plus précis. Voilà ce que je voulais vous dire en ce qui concerne le Congo-Brazzaville. Aujourd'hui, la situation semble plus calme. Nous avions étudié - la presse en a fait état et j'avais moi-même communiqué pendant le voyage de M. Jospin au Canada et au Québec sur ce sujet - la possibilité, en cas de besoin, d'évacuer l'ensemble de la communauté française. Le plan qui était préparé n'a pas été heureusement mis à exécution.
Sur le Congo-Kinshasa, vous vous souvenez de ce qui avait été dit à l'occasion du Sommet de Paris. J'avais exprimé quelque optimisme, quelque espoir que m'avaient inspiré les conversations que j'avais eues avec un certain nombre d'acteurs. Le Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan lui-même, s'était déclaré optimiste après avoir participé à la rencontre, organisée en marge du Sommet de Paris, entre les protagonistes. Depuis, une première réunion à Lusaka a été annulée. Nous comptions sur celle-là pour faire avancer le dossier de la paix et du cessez-le-feu. A Ouagadougou, ces jours derniers, les chefs d'Etat africains étaient réunis. Cela a été l'occasion de reparler de ce dossier, et dans le cadre de l'OUA qui était réunie à Ouagadougou qui est la capitale du président Compaore, il a été convenu qu'une nouvelle réunion aurait lieu à Lusaka dans quelques jours, ce qui a autorisé au moins l'un de vos confrères à exprimer une note d'optimisme. L'année n'est pas tout à fait terminée.
Le point dur, vous le savez, c'est quand même très largement la question de la rébellion. Un certain nombre d'acteurs présents dans ce conflit pensent que les rebelles, à commencer par eux-mêmes, doivent prendre partie aux discussions et du côté de M. Kabila et de ses alliés on pense que cette rébellion n'étant selon eux que le produit de l'Ouganda et le Rwanda, on n'a pas à les prendre en considération. C'est un des points durs par rapport aux perspectives de cessez-le-feu. Si la rébellion correspond à une réalité spécifique, si on veut que le cessez-le-feu soit obtenu, mis en oeuvre, il faut que cette rébellion soit à la table des négociations. Je comprends que cela pose des problèmes de principe puisqu'elle ne représente pas un Etat. Est-il possible de les associer d'une manière là aussi spécifique, l'objectif étant de faire prévaloir la paix ? Je voudrais simplement dire que j'ai noté une déclaration du leader déclaré de la rébellion disant qu'il était prêt au cessez-le-feu. C'était aussi une manière pour lui de se faire inviter.
La question de la Conférence des Grands lacs recueille un soutien croissant. C'était le cas déjà en ce qui concerne les pays africains réunis lors du Sommet, mais nous savons aussi que cette idée progresse chez les Américains, sachant qu'il s'agirait d'une conférence qui aurait lieu sous l'égide des Nations unies et de l'Organisation de l'unité africaine.
Parmi les projets FAC, il y avait un projet Burundi qui nous a donné l'occasion d'évoquer la situation au Burundi, impliqué dans ce conflit, même de manière indirecte, et surtout affecté par l'embargo qui lui est imposé depuis plusieurs mois. Nous pouvons espérer que cet embargo sera levé dans les mois qui viennent et peut-être même dans les semaines qui viennent. Le médiateur chargé de suivre l'application des accords d'Arusha, l'ancien président tanzanien, M. Nyerere, qui avait été pendant longtemps un peu réservé par rapport à cette levée de l'embargo, nous l'a dit lors d'une rencontre des ministres du Développement à Bruxelles le 30 novembre. Je pense que puisque la communauté internationale souhaitait cette levée de l'embargo, celle-ci devrait se faire assez rapidement désormais.
Q - Sans préjuger de la réunion du 28 janvier, vous avez annoncé un Comité interministériel qui définira la Zone de solidarité prioritaire, est-ce qu'à titre personnel, vous pourriez donner une appréciation sur la participation d'un pays comme le Gabon au sein de cette zone, en raison, notamment, de son niveau de richesse et des pratiques de bonne gouvernance et à la suite des récentes élections ?
Dans le schéma de réforme de la Coopération, vous n'avez pas mentionné du tout le Haut Conseil de Coopération, cette instance passerelle avec les protagonistes de la coopération ?
R - Je n'ai pas voulu ce matin vous représenter tout le dispositif. Le Haut Conseil demeure évidemment un des moyens, à nos yeux tout à fait essentiel, d'implication de la société civile et des autres acteurs de la coopération et du développement dans ce qui sera mis en place au lendemain de la réunion du CICID puisque c'est lui qui va valider le texte créant le Haut Conseil. Cela figurera à l'agenda du CICID.
S'agissant de la situation du Gabon et de quelques autres pays qui peuvent susciter des interrogations, à la fois en ce qui concerne leur situation relative du point de vue économique, financier, et aussi du point de vue du respect des Droits de l'Homme, je voudrais vous rappeler que l'éligibilité à la Zone de solidarité prioritaire n'entraîne pas nécessairement le bénéfice de tous les outils de l'opération et nous nous réservons la possibilité d'apprécier la situation, à la fois sur le plan économique, à la fois sur le plan de la démocratie, pour mettre en oeuvre dans ces pays certaines aides, qu'il s'agisse de la procédure FAC, qu'il s'agisse des dons, qu'il s'agisse des aides budgétaires. Nous suivrons évidemment la situation, mais aussi l'évolution de la situation. Il est vrai qu'on a parfois l'impression que l'histoire fait du surplace, que la démocratie fait du surplace.
S'agissant du Gabon sur le plan économique, il est vrai que si l'on ramène le chiffre de la population - un million d'habitants - à celui des ressources tirées du pétrole, ce pays se situe à un niveau statistiquement plus élevé. Mais cette ressource, le pétrole, soulève actuellement un certain nombre d'interrogations. L'effondrement du prix du baril remet en question certains équilibres, certains budgets.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)