Texte intégral
Mesdames, messieurs les journalistes,
Je voudrais dabord remercier Pierre Babey des voeux quil ma adressés en votre nom. Lui qui navait pu en formuler lan dernier la fait cette année en multipliant les traits desprit et dimagination. Et je voudrais dire amicalement que ces voeux sont à limage de ce que moi-même, et les personnels du ministère, nous apprécions chez beaucoup dentre vous : un rapport fait à la fois de sympathie, de cordialité, desprit critique mais le plus souvent assorti dune certaine jovialité, dune réelle compréhension et puis dune certaine clairvoyance quon ne saurait vous dénier. A loccasion des voeux que jai à former, je ne voudrais pas métendre trop sur lactivité du ministère, car nous avons heureusement, les uns et les autres, dautres occasions de parler travail, dapprofondir nos « sujets professionnels « . Je voudrais simplement rappeler, pour cette année 1999, les objectifs permanents que poursuit ce ministère.
Les objectifs, pour 1999, cest dabord une armée professionnelle bien préparée à laction, et prête à sadapter à des circonstances opérationnelles de plus en plus variées. Cest une gestion des hommes et des moyens responsabilisante, efficiente et visible. Cest une industrie européenne de défense compétitive, équilibrée, où toutes les composantes françaises auront leur place. Cest une coopération extérieure, un dialogue en matière de défense qui dégagent la voie à une Europe indépendante et influente, qui traite les crises dans un esprit coopératif. Et cest une relation vivante et confiante entre les militaires de ce pays et leurs concitoyens.
Voilà des idées qui sinscrivent dans le moyen terme. Je crois que notre métier est dessayer de rendre lisible, logique, le déroulement dactions qui ont une continuité et une cohérence. Cest un sujet dont je voudrais dire deux mots parce quil mintéresse dans nos rapports de presse, et pas spécialement dans ce ministère parce que, encore une fois, je les trouve satisfaisants, sympathiques et solides dans la durée. Toutefois, métant parfois laissé aller, avez-vous remarqué, à un petit dérapage, à une dérive dobjection ou dirrévérence vis-à-vis de la presse, jessaie de minterroger moi-même sur la façon dont peuvent se traiter certains sujets de moyen terme alors quon est un peu sous la pression de limmédiat et du quotidien. Comment, par exemple, faire comprendre à nos concitoyens comment ce pays est devenu lun des plus largement excédentaires au monde en matière déchanges commerciaux, ce qui est en soi un événement, même sil sest construit sur 10-15 ans ? Comment leuro est devenu une réalité politique, alors que lactualité ne cessait dégrener les rigidités, les refus, les méfiances ? Un autre exemple va se présenter à la fin de cette année avec larrivée des résultats du recensement : il va falloir expliquer par quel miracle sest inversée la désertification rurale qui produit tant de larmes de crocodile dans ce beau pays alors que tout le monde sait quune grande majorité de communes rurales et de petites villes verront que leur population a augmenté au cours de cette décennie.
Cest là un défi que nous avons en commun. Je comprends parfaitement la difficulté qui est la votre de prendre de la distance, et donc de courir le risque de vous décaler par rapport à votre public, à votre auditoire ou votre lectorat. Mais comment, en même temps, pouvons-nous faire en sorte, et jen reviens là à mes responsabilités propres, de rendre lisibles des évolutions profondes qui changent la condition de nos concitoyens et de notre pays, et qui ne sont pas leffet de complots secrets ou dopérations troubles mais simplement celui dune société qui avance.
En tout cas, pour ce qui relève de ce ministère, une de nos forces est, je crois que vous le percevez, de chercher la largeur de perspective et la profondeur dexplication. Jemploie rarement, ou parfois à contre sens, le terme de transparence. La transparence est parfois le propre de linexistence et je ne crois pas, moi, que les actions construites dans la durée, en responsabilité face à des contradictions et face à des oppositions, puissent se dérouler dans la totale transparence. Vous le savez très bien, vous-mêmes qui avez appris, dès votre entrée à lentrée à lécole de journalisme, le secret des sources. Cest le coeur de votre métier et donc il nest pas diffusable, ce qui est vrai pour tout le monde. Laction que mène ce ministère, notamment à travers la DICOD, dans la durée, avec professionnalisme, est guidée par la volonté de faire en sorte que « la montagne défense « ne soit pas infranchissable et inexplorable mais quelle soit au contraire compréhensible, et que son évolution parfois lente puisse être à la fois prévue et analysée, voire critiquée.
Je veux vous dire, indépendamment des traits un peu originaux et finalement éphémères de mon caractère, ce qui me paraît faire la richesse et la valeur de notre relation, sur le plan humain comme sur le plan civique, et, en tout cas, pour mon équipe et moi-même, lagrément et lintérêt que nous y trouvons. Je crois quil est rare pour une grande fonction de la République davoir une collectivité de femmes et dhommes intéressés à informer nos concitoyens et qui aient spontanément des objectifs, des sentiments et des aspirations en commun. Je crois que cest une chance que nous devons apprécier - je nai peut être pas assez le réflexe de le dire en dautres circonstances - que de disposer de votre contribution importante à un élément essentiel à la vie de la République : assurer léchange, la relation de compréhension, et jusquà un certain point, de confiance, entre nos concitoyens et leur défense. Quand les nécessités de ma fonction, et aussi mon intérêt personnel pour les questions internationales, me mènent à tenter dapprofondir ce quest la relation de la défense avec la nation dans beaucoup dautres pays, en Europe ou plus loin, je découvre un tableau étonnant et pas toujours rassurant. Dans notre pays, nous avons des valeurs solides, nous avons des relations qui sont, me semble-t-il, pacifiées et qui sont fondées sur une grande confiance : je ne suis pas un grand amateur de sondages, mais nous avons régulièrement des données sur la perception de la défense par nos concitoyens qui sont franchement encourageantes.
Nous avons encore des efforts à faire pour clarifier cette relation. Cest pourquoi je voudrais vous faire part dun souhait, que je vais mettre en oeuvre cette année : il sagit de rendre publics les comptes rendus des débats des conseils de fonction militaire, qui sont le lieu du dialogue social dans les armées. Jy ai réfléchi, jai maintenant la pratique de ces instances depuis plus dun an et demi, et je trouve que les gens qui y siègent font du bon travail. Sil existe des zones dombres, dincertitude, qui peuvent légitimement rester pour vous et pour nos concitoyens, concernant les insatisfactions, les préoccupations ou au contraire les choses qui vont bien, dans la condition sociale et professionnelle des hommes et des femmes de la communauté militaire, ces instances offrent je crois, un reflet fidèle de ce qui se passe. Je pense donc quil est plutôt sain pour létat de notre communauté de défense et pour notre démocratie que ce qui sy dit, notamment sous forme de comptes rendus, soit désormais public.
Je voudrais en terminer en vous disant dabord mes regrets de ne pas être encore plus souvent avec beaucoup dentre vous, car je tire la plupart du temps une satisfaction réelle des moments de disponibilité que jai pu sauvegarder avec les uns et les autres. Et je voudrais dire que jai, entre autres, comme désir et comme souhait pour lannée 1999 dêtre personnellement plus fréquemment à votre contact, parce que je dois apporter ma vision de laction de nos armées. Je tirerai, je crois, de ces réflexions partagées entre vous et moi, ou entre vous et des membres de mon équipe, des conclusions qui, grâce à votre approche critique, nous obligeront à des efforts supplémentaires de « cadrage « . Je connais les charges et parfois les tiraillements de votre métier : je sais bien que, vous aussi, rencontrez parfois des obstacles à vos satisfactions professionnelles et jespère que nous vous en apporterons le moins possible. Je vous souhaite la meilleure année possible pour la réussite dans vos projets professionnels. Je vous souhaite, comme le disait Pierre Babey tout à lheure, que nous arrivions à susciter des événements et des moments dintérêts pour la défense qui ne soient pas uniquement fondés sur des conflits, cela fait partie de lambiguïté fondamentale de notre situation. Donc, je crois que nous aurons beaucoup loccasion de travailler en commun. Je veux vous dire que toute léquipe du cabinet, de la DICOD, et plus globalement, lensemble des membres du ministère qui ont à travailler avec vous sen réjouissent et que nous vous adressons, outre les remerciements pour la qualité de votre travail, tous les souhaits de réussite professionnelle et personnelle.
(Source http://www.defense.gouv.fr)
Je voudrais dabord remercier Pierre Babey des voeux quil ma adressés en votre nom. Lui qui navait pu en formuler lan dernier la fait cette année en multipliant les traits desprit et dimagination. Et je voudrais dire amicalement que ces voeux sont à limage de ce que moi-même, et les personnels du ministère, nous apprécions chez beaucoup dentre vous : un rapport fait à la fois de sympathie, de cordialité, desprit critique mais le plus souvent assorti dune certaine jovialité, dune réelle compréhension et puis dune certaine clairvoyance quon ne saurait vous dénier. A loccasion des voeux que jai à former, je ne voudrais pas métendre trop sur lactivité du ministère, car nous avons heureusement, les uns et les autres, dautres occasions de parler travail, dapprofondir nos « sujets professionnels « . Je voudrais simplement rappeler, pour cette année 1999, les objectifs permanents que poursuit ce ministère.
Les objectifs, pour 1999, cest dabord une armée professionnelle bien préparée à laction, et prête à sadapter à des circonstances opérationnelles de plus en plus variées. Cest une gestion des hommes et des moyens responsabilisante, efficiente et visible. Cest une industrie européenne de défense compétitive, équilibrée, où toutes les composantes françaises auront leur place. Cest une coopération extérieure, un dialogue en matière de défense qui dégagent la voie à une Europe indépendante et influente, qui traite les crises dans un esprit coopératif. Et cest une relation vivante et confiante entre les militaires de ce pays et leurs concitoyens.
Voilà des idées qui sinscrivent dans le moyen terme. Je crois que notre métier est dessayer de rendre lisible, logique, le déroulement dactions qui ont une continuité et une cohérence. Cest un sujet dont je voudrais dire deux mots parce quil mintéresse dans nos rapports de presse, et pas spécialement dans ce ministère parce que, encore une fois, je les trouve satisfaisants, sympathiques et solides dans la durée. Toutefois, métant parfois laissé aller, avez-vous remarqué, à un petit dérapage, à une dérive dobjection ou dirrévérence vis-à-vis de la presse, jessaie de minterroger moi-même sur la façon dont peuvent se traiter certains sujets de moyen terme alors quon est un peu sous la pression de limmédiat et du quotidien. Comment, par exemple, faire comprendre à nos concitoyens comment ce pays est devenu lun des plus largement excédentaires au monde en matière déchanges commerciaux, ce qui est en soi un événement, même sil sest construit sur 10-15 ans ? Comment leuro est devenu une réalité politique, alors que lactualité ne cessait dégrener les rigidités, les refus, les méfiances ? Un autre exemple va se présenter à la fin de cette année avec larrivée des résultats du recensement : il va falloir expliquer par quel miracle sest inversée la désertification rurale qui produit tant de larmes de crocodile dans ce beau pays alors que tout le monde sait quune grande majorité de communes rurales et de petites villes verront que leur population a augmenté au cours de cette décennie.
Cest là un défi que nous avons en commun. Je comprends parfaitement la difficulté qui est la votre de prendre de la distance, et donc de courir le risque de vous décaler par rapport à votre public, à votre auditoire ou votre lectorat. Mais comment, en même temps, pouvons-nous faire en sorte, et jen reviens là à mes responsabilités propres, de rendre lisibles des évolutions profondes qui changent la condition de nos concitoyens et de notre pays, et qui ne sont pas leffet de complots secrets ou dopérations troubles mais simplement celui dune société qui avance.
En tout cas, pour ce qui relève de ce ministère, une de nos forces est, je crois que vous le percevez, de chercher la largeur de perspective et la profondeur dexplication. Jemploie rarement, ou parfois à contre sens, le terme de transparence. La transparence est parfois le propre de linexistence et je ne crois pas, moi, que les actions construites dans la durée, en responsabilité face à des contradictions et face à des oppositions, puissent se dérouler dans la totale transparence. Vous le savez très bien, vous-mêmes qui avez appris, dès votre entrée à lentrée à lécole de journalisme, le secret des sources. Cest le coeur de votre métier et donc il nest pas diffusable, ce qui est vrai pour tout le monde. Laction que mène ce ministère, notamment à travers la DICOD, dans la durée, avec professionnalisme, est guidée par la volonté de faire en sorte que « la montagne défense « ne soit pas infranchissable et inexplorable mais quelle soit au contraire compréhensible, et que son évolution parfois lente puisse être à la fois prévue et analysée, voire critiquée.
Je veux vous dire, indépendamment des traits un peu originaux et finalement éphémères de mon caractère, ce qui me paraît faire la richesse et la valeur de notre relation, sur le plan humain comme sur le plan civique, et, en tout cas, pour mon équipe et moi-même, lagrément et lintérêt que nous y trouvons. Je crois quil est rare pour une grande fonction de la République davoir une collectivité de femmes et dhommes intéressés à informer nos concitoyens et qui aient spontanément des objectifs, des sentiments et des aspirations en commun. Je crois que cest une chance que nous devons apprécier - je nai peut être pas assez le réflexe de le dire en dautres circonstances - que de disposer de votre contribution importante à un élément essentiel à la vie de la République : assurer léchange, la relation de compréhension, et jusquà un certain point, de confiance, entre nos concitoyens et leur défense. Quand les nécessités de ma fonction, et aussi mon intérêt personnel pour les questions internationales, me mènent à tenter dapprofondir ce quest la relation de la défense avec la nation dans beaucoup dautres pays, en Europe ou plus loin, je découvre un tableau étonnant et pas toujours rassurant. Dans notre pays, nous avons des valeurs solides, nous avons des relations qui sont, me semble-t-il, pacifiées et qui sont fondées sur une grande confiance : je ne suis pas un grand amateur de sondages, mais nous avons régulièrement des données sur la perception de la défense par nos concitoyens qui sont franchement encourageantes.
Nous avons encore des efforts à faire pour clarifier cette relation. Cest pourquoi je voudrais vous faire part dun souhait, que je vais mettre en oeuvre cette année : il sagit de rendre publics les comptes rendus des débats des conseils de fonction militaire, qui sont le lieu du dialogue social dans les armées. Jy ai réfléchi, jai maintenant la pratique de ces instances depuis plus dun an et demi, et je trouve que les gens qui y siègent font du bon travail. Sil existe des zones dombres, dincertitude, qui peuvent légitimement rester pour vous et pour nos concitoyens, concernant les insatisfactions, les préoccupations ou au contraire les choses qui vont bien, dans la condition sociale et professionnelle des hommes et des femmes de la communauté militaire, ces instances offrent je crois, un reflet fidèle de ce qui se passe. Je pense donc quil est plutôt sain pour létat de notre communauté de défense et pour notre démocratie que ce qui sy dit, notamment sous forme de comptes rendus, soit désormais public.
Je voudrais en terminer en vous disant dabord mes regrets de ne pas être encore plus souvent avec beaucoup dentre vous, car je tire la plupart du temps une satisfaction réelle des moments de disponibilité que jai pu sauvegarder avec les uns et les autres. Et je voudrais dire que jai, entre autres, comme désir et comme souhait pour lannée 1999 dêtre personnellement plus fréquemment à votre contact, parce que je dois apporter ma vision de laction de nos armées. Je tirerai, je crois, de ces réflexions partagées entre vous et moi, ou entre vous et des membres de mon équipe, des conclusions qui, grâce à votre approche critique, nous obligeront à des efforts supplémentaires de « cadrage « . Je connais les charges et parfois les tiraillements de votre métier : je sais bien que, vous aussi, rencontrez parfois des obstacles à vos satisfactions professionnelles et jespère que nous vous en apporterons le moins possible. Je vous souhaite la meilleure année possible pour la réussite dans vos projets professionnels. Je vous souhaite, comme le disait Pierre Babey tout à lheure, que nous arrivions à susciter des événements et des moments dintérêts pour la défense qui ne soient pas uniquement fondés sur des conflits, cela fait partie de lambiguïté fondamentale de notre situation. Donc, je crois que nous aurons beaucoup loccasion de travailler en commun. Je veux vous dire que toute léquipe du cabinet, de la DICOD, et plus globalement, lensemble des membres du ministère qui ont à travailler avec vous sen réjouissent et que nous vous adressons, outre les remerciements pour la qualité de votre travail, tous les souhaits de réussite professionnelle et personnelle.
(Source http://www.defense.gouv.fr)