Texte intégral
Q - Selon le Secrétaire général de lUEO, lEurope doit un jouer un rôle plus important.
Quel doit être ce rôle ? Quelle est la position française sur cette question ?
R - LUnion européenne a décidé, quand elle a adopté le Traité de Maastricht, délaborer petit à petit une politique étrangère et de sécurité commune. Certes il y a dans lEurope daujourdhui des pays comme la France ou la Grande-Bretagne qui ont une politique étrangère importante, globale, très active, mais les quinze membres de lUnion européenne actuels, en attendant les autres, voient bien quils auraient un poids et une influence dans le monde beaucoup plus considérables sils pouvaient définir ensemble une politique étrangère ; cest une des actions des membres de lEurope. Cela ne se voit pas beaucoup parce que cest une action tranquille, méthodique qui se poursuit progressivement. Il y a de plus en plus de sujets sur lesquels les Quinze ont une position commune, comme par exemple sur la Russie, sur le processus de paix au Proche-Orient, ils sont à peu près tous daccord, mais cest un processus qui prendra du temps. Il y a aussi des sujets sur lesquels, en raison des traditions nationales, les habitudes et les approches ne sont pas les mêmes. Il y a un programme de travail pour quil y ait une vraie politique étrangère, homogène de tous les membres de lUnion et la France y travaille très activement.
En ce qui concerne la Défense, cest un peu différent, puisquil y a déjà une organisation, lOTAN, dans laquelle entre maintenant la Hongrie. Ce qui est en jeu, cest de savoir si lon peut créer, au sein de lOTAN, et en bonne coordination avec les Etats-Unis, un « pilier européen » de défense. Nous, Français, nous le pensons et maintenant nous sommes deux pays importants à partager cette conviction : la France et la Grande-Bretagne. Nous sommes en train dessayer de développer cette idée.
Q - Pouvez-vous développer un peu. Dans la pratique, quest-ce que doit signifier ce pilier
?
R - Le point de départ, cest que tout le monde admet lutilité de lOTAN, mais à lheure actuelle, à lintérieur de lOTAN, les Européens ne sont pas organisés, et nont donc pas de point de vue particulier. Il y a un déséquilibre qui se crée avec les progrès de lEurope. Elle vient de lancer sa monnaie unique, - ce qui est un changement considérable pour le monde entier, et connaît des progrès sur le plan des politiques communes -, de nouvelles politiques se développent en particulier sur le plan social. Il y a un déséquilibre entre tout cela et la Défense où jusquà maintenant, il ny a pas dexpression européenne en la matière. La Grande-Bretagne, la France, lAllemagne aussi et dautres pays encore pensent quil est possible de combiner, au sein de lAlliance atlantique, le fonctionnement général de lAlliance (une très bonne entente avec les Etats-Unis, le pays-clé de lAlliance) et aussi une capacité européenne dans certains cas. Selon le cas, cest lAlliance tout entière qui traitera les menaces mais dans dautres, ce sera un problème dont les Européens soccuperont plus particulièrement. Ce que nous sommes en train dexaminer en ce moment, cest de voir précisément quelles formes concrètes cela peut prendre : allons-nous utiliser lUnion de lEurope occidentale ou bien une autre organisation ? Allons-nous garder des arrangements pragmatiques entre les Etats concernés ? Ce nest pas encore tranché, nous sommes en train dy travailler en ce moment-même.
Q - La clé de la coopération de lUnion européenne est dans les mains de la France et de lAllemagne. Quelle est la perspective de cette coopération franco-germanique maintenant que lAllemagne est gouvernée par la gauche ?
R - Il est vrai que dans lhistoire moderne de la construction européenne, depuis le Traité de Rome, la France et lAllemagne ont joué un rôle essentiel. Ce sont souvent des responsables français et allemands qui ont donné les impulsions décisives. Le général de Gaulle et le chancelier Adenaüer, M. Giscard dEstaing et le chancelier Schmitt, le président Mitterrand et le chancelier Kohl, par exemple. A chaque fois, cela a été des moments très importants dans les avancées européennes.
Cest tout à fait indépendant des couleurs politiques, cela na pas de rapport avec le parti au pouvoir. Nous avons assez de recul maintenant pour voir que cette entente franco-allemande est plus forte que la conjoncture politique, quelle est un élément de fond. Ce qui est vrai aussi, cest que dans lEurope daujourdhui, lentente franco-allemande est indispensable, mais elle ne suffit pas : il y a dautres pays très importants. Il faut donc compléter cet accord et cette avancée, par une discussion plus large pour que, finalement, lensemble des Quinze se mettent daccord. Il ne faut donc pas trop isoler cette entente franco-allemande - qui est une très bonne chose, indispensable - de laccord plus général. Nous allons le voir encore cette année à propos de tous les problèmes que lEurope doit traiter : Agenda 2000, réforme des institutions, etc...
Q - Quelles sont les attentes à Paris au sujet de leuro et que peut dire la France aux pays qui ont décidé de ne pas entrer dans ce système ?
R - Lentrée en vigueur de leuro correspond à une longue attente et à un très long travail de la France, mais pas uniquement de la France : il y a eu dautres pays. La France a fait beaucoup depuis des années, cest donc un sujet de satisfaction. Nous pensons que cela entraîne un rééquilibrage dans le monde et que nous allons avoir un système monétaire international mieux équilibré et sans doute plus stable entre le dollar, leuro et le yen.
Les pays qui étaient prêts sont entrés dans leuro ; certains pays ne se sentaient pas prêts ou navaient pas encore décidé dy entrer. La porte est ouverte, ils viendront quand ils rempliront les critères : il faut remplir un certain nombre de critères pour que la gestion de la monnaie unique puisse se faire de façon efficace et il y a aussi une décision politique. Nous attendons par exemple la Grande-Bretagne, nous savons très bien que la Grande-Bretagne rejoindra leuro. Cest aux Britanniques de décider à quel moment. Nous les attendons avec confiance. De même que nous attendons les autres pays qui, le jour venu, décideront de venir à leur tour. Cela donnera de plus en plus de force à cette monnaie qui est dores et déjà une des grandes monnaies du monde.
Q - Quel rôle peut jouer la Hongrie dans la région des Balkans ?
R - La Hongrie a un rôle très important à jouer dans cette nouvelle Europe qui est une Europe qui na plus de coupure, qui nest plus fractionnée en deux. On voit que dores et déjà la Hongrie rejoue un rôle très important. Si vous prenez lexemple des relations bilatérales franco-hongroises, elles nont jamais été aussi intenses quaujourdhui. Maintenant, il y a une relation politique forte au niveau des dirigeants, au niveau des forces politiques, au niveau culturel. Il y a un vrai dialogue sur tous les sujets : lEurope, lOTAN, sur la région précisément, sur les Balkans. La première réponse à votre question, cest que la Hongrie a un rôle à jouer dans lUnion européenne élargie de demain.
La deuxième réponse, cest que, même sans attendre, cette perspective qui nest pas très éloignée, la Hongrie est un pays qui peut jeter un regard très sage, très raisonnable et très utile par rapport aux crises de la région, parce que la Hongrie a une politique étrangère équilibrée, intelligente et quelle est à côté de régions qui, elles, sont troublées. Elle peut donc nous aider à comprendre la situation, elle peut apporter un diagnostic, elle peut faire des suggestions. On peut travailler avec la Hongrie. Par exemple aujourdhui, puisque malheureusement lactualité est dominée par les atrocités au Kossovo, nous avons consacré une partie importante de nos discussions à échanger nos analyses qui sont très complémentaires. Cest un exemple de la richesse de lEurope : sa diversité. Cest en mettant ensemble ces diversités que nous aurons encore plus de capacités daméliorer les choses sur tous les plans.
Q - Le président Chirac, il y a deux ans a déclaré que la Pologne rentrerait dans lUnion en 2000 puis il la répété ici à Budapest, mais ces temps derniers, cette date a été repoussée ?
R - Aujourdhui la question des dates paraît en réalité dépassée. Nous navons plus besoin de discuter de façon un peu artificielle sur des dates, tout simplement parce que le mouvement est vraiment engagé et quil ny a plus aucun doute sur laboutissement. Dautre part, nous sommes entrés dans la vraie négociation. Le travail sérieux a commencé, il faut maintenant négocier. On ne peut pas dire à lavance de façon artificielle combien de temps va durer la négociation. Tout le monde sait bien quen ce qui concerne la Hongrie, il ny a pas de difficultés considérables à surmonter. Il y a donc une perspective qui peut se permettre dêtre en même temps raisonnable et optimiste. Nous navons plus besoin de fixer la date parce quelle viendra toute seule. Dores et déjà la Hongrie est dans la concertation politique générale de lUnion européenne, un partenaire à part entière. Pendant ce temps-là, la Hongrie travaille, se prépare à être tout à fait au point pour le moment où elle adhérera complètement à lUnion. Cela suppose un travail sérieux qui était encore sous-estimé il y a encore quelques années : un travail sérieux sur le plan législatif, sur le plan administratif... Cest une sorte de rendez-vous qui se prépare au mieux et je suis très confiant.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)
Quel doit être ce rôle ? Quelle est la position française sur cette question ?
R - LUnion européenne a décidé, quand elle a adopté le Traité de Maastricht, délaborer petit à petit une politique étrangère et de sécurité commune. Certes il y a dans lEurope daujourdhui des pays comme la France ou la Grande-Bretagne qui ont une politique étrangère importante, globale, très active, mais les quinze membres de lUnion européenne actuels, en attendant les autres, voient bien quils auraient un poids et une influence dans le monde beaucoup plus considérables sils pouvaient définir ensemble une politique étrangère ; cest une des actions des membres de lEurope. Cela ne se voit pas beaucoup parce que cest une action tranquille, méthodique qui se poursuit progressivement. Il y a de plus en plus de sujets sur lesquels les Quinze ont une position commune, comme par exemple sur la Russie, sur le processus de paix au Proche-Orient, ils sont à peu près tous daccord, mais cest un processus qui prendra du temps. Il y a aussi des sujets sur lesquels, en raison des traditions nationales, les habitudes et les approches ne sont pas les mêmes. Il y a un programme de travail pour quil y ait une vraie politique étrangère, homogène de tous les membres de lUnion et la France y travaille très activement.
En ce qui concerne la Défense, cest un peu différent, puisquil y a déjà une organisation, lOTAN, dans laquelle entre maintenant la Hongrie. Ce qui est en jeu, cest de savoir si lon peut créer, au sein de lOTAN, et en bonne coordination avec les Etats-Unis, un « pilier européen » de défense. Nous, Français, nous le pensons et maintenant nous sommes deux pays importants à partager cette conviction : la France et la Grande-Bretagne. Nous sommes en train dessayer de développer cette idée.
Q - Pouvez-vous développer un peu. Dans la pratique, quest-ce que doit signifier ce pilier
?
R - Le point de départ, cest que tout le monde admet lutilité de lOTAN, mais à lheure actuelle, à lintérieur de lOTAN, les Européens ne sont pas organisés, et nont donc pas de point de vue particulier. Il y a un déséquilibre qui se crée avec les progrès de lEurope. Elle vient de lancer sa monnaie unique, - ce qui est un changement considérable pour le monde entier, et connaît des progrès sur le plan des politiques communes -, de nouvelles politiques se développent en particulier sur le plan social. Il y a un déséquilibre entre tout cela et la Défense où jusquà maintenant, il ny a pas dexpression européenne en la matière. La Grande-Bretagne, la France, lAllemagne aussi et dautres pays encore pensent quil est possible de combiner, au sein de lAlliance atlantique, le fonctionnement général de lAlliance (une très bonne entente avec les Etats-Unis, le pays-clé de lAlliance) et aussi une capacité européenne dans certains cas. Selon le cas, cest lAlliance tout entière qui traitera les menaces mais dans dautres, ce sera un problème dont les Européens soccuperont plus particulièrement. Ce que nous sommes en train dexaminer en ce moment, cest de voir précisément quelles formes concrètes cela peut prendre : allons-nous utiliser lUnion de lEurope occidentale ou bien une autre organisation ? Allons-nous garder des arrangements pragmatiques entre les Etats concernés ? Ce nest pas encore tranché, nous sommes en train dy travailler en ce moment-même.
Q - La clé de la coopération de lUnion européenne est dans les mains de la France et de lAllemagne. Quelle est la perspective de cette coopération franco-germanique maintenant que lAllemagne est gouvernée par la gauche ?
R - Il est vrai que dans lhistoire moderne de la construction européenne, depuis le Traité de Rome, la France et lAllemagne ont joué un rôle essentiel. Ce sont souvent des responsables français et allemands qui ont donné les impulsions décisives. Le général de Gaulle et le chancelier Adenaüer, M. Giscard dEstaing et le chancelier Schmitt, le président Mitterrand et le chancelier Kohl, par exemple. A chaque fois, cela a été des moments très importants dans les avancées européennes.
Cest tout à fait indépendant des couleurs politiques, cela na pas de rapport avec le parti au pouvoir. Nous avons assez de recul maintenant pour voir que cette entente franco-allemande est plus forte que la conjoncture politique, quelle est un élément de fond. Ce qui est vrai aussi, cest que dans lEurope daujourdhui, lentente franco-allemande est indispensable, mais elle ne suffit pas : il y a dautres pays très importants. Il faut donc compléter cet accord et cette avancée, par une discussion plus large pour que, finalement, lensemble des Quinze se mettent daccord. Il ne faut donc pas trop isoler cette entente franco-allemande - qui est une très bonne chose, indispensable - de laccord plus général. Nous allons le voir encore cette année à propos de tous les problèmes que lEurope doit traiter : Agenda 2000, réforme des institutions, etc...
Q - Quelles sont les attentes à Paris au sujet de leuro et que peut dire la France aux pays qui ont décidé de ne pas entrer dans ce système ?
R - Lentrée en vigueur de leuro correspond à une longue attente et à un très long travail de la France, mais pas uniquement de la France : il y a eu dautres pays. La France a fait beaucoup depuis des années, cest donc un sujet de satisfaction. Nous pensons que cela entraîne un rééquilibrage dans le monde et que nous allons avoir un système monétaire international mieux équilibré et sans doute plus stable entre le dollar, leuro et le yen.
Les pays qui étaient prêts sont entrés dans leuro ; certains pays ne se sentaient pas prêts ou navaient pas encore décidé dy entrer. La porte est ouverte, ils viendront quand ils rempliront les critères : il faut remplir un certain nombre de critères pour que la gestion de la monnaie unique puisse se faire de façon efficace et il y a aussi une décision politique. Nous attendons par exemple la Grande-Bretagne, nous savons très bien que la Grande-Bretagne rejoindra leuro. Cest aux Britanniques de décider à quel moment. Nous les attendons avec confiance. De même que nous attendons les autres pays qui, le jour venu, décideront de venir à leur tour. Cela donnera de plus en plus de force à cette monnaie qui est dores et déjà une des grandes monnaies du monde.
Q - Quel rôle peut jouer la Hongrie dans la région des Balkans ?
R - La Hongrie a un rôle très important à jouer dans cette nouvelle Europe qui est une Europe qui na plus de coupure, qui nest plus fractionnée en deux. On voit que dores et déjà la Hongrie rejoue un rôle très important. Si vous prenez lexemple des relations bilatérales franco-hongroises, elles nont jamais été aussi intenses quaujourdhui. Maintenant, il y a une relation politique forte au niveau des dirigeants, au niveau des forces politiques, au niveau culturel. Il y a un vrai dialogue sur tous les sujets : lEurope, lOTAN, sur la région précisément, sur les Balkans. La première réponse à votre question, cest que la Hongrie a un rôle à jouer dans lUnion européenne élargie de demain.
La deuxième réponse, cest que, même sans attendre, cette perspective qui nest pas très éloignée, la Hongrie est un pays qui peut jeter un regard très sage, très raisonnable et très utile par rapport aux crises de la région, parce que la Hongrie a une politique étrangère équilibrée, intelligente et quelle est à côté de régions qui, elles, sont troublées. Elle peut donc nous aider à comprendre la situation, elle peut apporter un diagnostic, elle peut faire des suggestions. On peut travailler avec la Hongrie. Par exemple aujourdhui, puisque malheureusement lactualité est dominée par les atrocités au Kossovo, nous avons consacré une partie importante de nos discussions à échanger nos analyses qui sont très complémentaires. Cest un exemple de la richesse de lEurope : sa diversité. Cest en mettant ensemble ces diversités que nous aurons encore plus de capacités daméliorer les choses sur tous les plans.
Q - Le président Chirac, il y a deux ans a déclaré que la Pologne rentrerait dans lUnion en 2000 puis il la répété ici à Budapest, mais ces temps derniers, cette date a été repoussée ?
R - Aujourdhui la question des dates paraît en réalité dépassée. Nous navons plus besoin de discuter de façon un peu artificielle sur des dates, tout simplement parce que le mouvement est vraiment engagé et quil ny a plus aucun doute sur laboutissement. Dautre part, nous sommes entrés dans la vraie négociation. Le travail sérieux a commencé, il faut maintenant négocier. On ne peut pas dire à lavance de façon artificielle combien de temps va durer la négociation. Tout le monde sait bien quen ce qui concerne la Hongrie, il ny a pas de difficultés considérables à surmonter. Il y a donc une perspective qui peut se permettre dêtre en même temps raisonnable et optimiste. Nous navons plus besoin de fixer la date parce quelle viendra toute seule. Dores et déjà la Hongrie est dans la concertation politique générale de lUnion européenne, un partenaire à part entière. Pendant ce temps-là, la Hongrie travaille, se prépare à être tout à fait au point pour le moment où elle adhérera complètement à lUnion. Cela suppose un travail sérieux qui était encore sous-estimé il y a encore quelques années : un travail sérieux sur le plan législatif, sur le plan administratif... Cest une sorte de rendez-vous qui se prépare au mieux et je suis très confiant.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)