Conseil des ministres du 5 mai 1999. Compte-rendu des réunions du G7, du FMI et de la Banque mondiale.

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a rendu compte des réunions du G7, du Comité intérimaire du FMI et du Comité du développement de la Banque Mondiale qui se sont tenues du 26 au 28 avril à Washington.
Ces réunions se sont déroulées dans un contexte meilleur que celles d'octobre dernier. Même si toutes les inquiétudes ne sont pas dissipées, les perspectives de l'économie mondiale paraissent plus encourageantes.
Ces perspectives tiennent notamment aux mesures prises depuis l'automne, dans la ligne des propositions françaises : baisses de taux d'intérêt significatives en Europe et aux Etats-Unis, ressources accrues confiées au FMI via l'augmentation de ses moyens financiers d'intervention, création d'une facilité d'intervention préventive du FMI et création récente du forum de stabilité financière. Ce forum va se consacrer au cours des prochains mois aux questions touchant à la régulation des fonds d'investissements spéculatifs, aux moyens de faire pression sur les paradis bancaires, fiscaux ou judiciaires ainsi qu'à la façon de limiter le caractère déstabilisant des mouvements de capitaux à court terme.
Les marchés financiers se sont repris depuis l'automne dernier. Les prévisions du FMI montrent une accélération des perspectives de croissance, de +2,3 % en 1999 à +3,4 % en 2000 pour l'économie mondiale (de +2 % à +2,9 % pour la zone euro, et de +2,2 % à +2,9 % pour la France).
Pour autant, les travaux visant à un système financier international plus stable et mieux régulé doivent continuer à un rythme soutenu. La France souhaite que les travaux du forum de stabilité puissent aboutir à des mesures dès cette année, notamment à l'égard des fonds spéculatifs.
Par ailleurs, les questions de l'association du secteur privé à la résolution des crises et des régimes de change souhaitables pour les pays émergents ne font pas encore l'objet de consensus.
Enfin, l'aspect institutionnel a encore trop peu progressé. Si chacun reconnaît que la France a raison d'insister sur le besoin d'une meilleure légitimité politique des institutions financières internationales, notamment du FMI, et d'une plus grande transparence de leurs actions et de leurs décisions, le consensus n'existe pas encore sur les solutions institutionnelles. La France continuera de plaider pour l'organisation d'un dialogue plus efficace entre pays industrialisés et pays émergents, dans le cadre des institutions financières internationales.
La réunion du Comité du Développement s'est concentrée sur la question de l'allégement de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés. Un consensus existe pour tenter d'aller plus loin par rapport aux actions déjà engagées. La France, pays le plus généreux du G7 en matière d'aide publique au développement, a souhaité que la générosité affichée par tous se traduise par une équité dans les contributions financières de chacun. Des progrès sont apparus dans ce qui pourrait être apporté par les institutions financières internationales (ventes d'or du FMI, réserve spéciale constituée au sein de l'AID), mais le partage de la charge entre pays fait encore l'objet de débats.
Les réunions de Washington ont également été l'occasion de tenir, à la demande de la France, une réunion ad hoc consacrée à la situation du Kossovo et au soutien aux pays de la région. Outre les mesures arrêtées - différé d'un an, renouvelable, du service de la dette de l'Albanie et de la Macédoine décidé par les créanciers du Club de Paris, aides d'urgence - un cadre d'action a été agréé. Conformément à une suggestion de la France, et en se fondant sur l'expérience de la gestion de la crise en Bosnie, l'Union Européenne et la Banque Mondiale co-piloteront les aides à la région. Un cadre d'action détaillé sera présenté très rapidement.