Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR, sur les propositions du RPR pour instaurer un débat politique sur l'éducation, Paris le 2 décembre 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Rencontres nationales pour l'éducation à Paris le 2 décembre 2000

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Vous avez été nombreux à répondre à notre invitation et je tiens à vous remercier d'avoir ainsi accepté de consacrer une partie de votre week-end à ces Rencontres nationales pour l'Education.
Mes remerciements vont, bien entendu, à l'ensemble des intervenants que nous avons eu le plaisir d'écouter avec intérêt tout au long de la journée. Acteurs du système éducatif ou représentants, à un titre ou à un autre, des différentes composantes de la Nation, aucun n'a hésité, indépendamment de ses convictions politiques personnelles, à venir jusqu'ici, au siège du RPR, engager ce débat avec nous.
J'adresse un remerciement particulier à ceux qui étaient, ce matin encore, devant leurs élèves. Permettez aussi à un ancien Secrétaire d'Etat à l'Enseignement de vous dire qu'elle a conservé beaucoup de respect pour ceux qui sont quotidiennement au service de l'Education.
Ces Rencontres nationales, cela fait longtemps que beaucoup d'entre vous les attendent. Parmi les adhérents du Rassemblement pour la République, nombreux étaient ceux qui m'en avaient fait la demande, notamment à Clermont-Ferrand en mai dernier.
Avec Adrien GOUTEYRON, malheureusement absent, et Pierre-André PERISSOL, nous souhaitons que cette journée soit avant tout une rencontre entre tous ceux qui veulent que le débat sur l'École soit un véritable débat politique national dans lequel le RPR, parmi d'autres, a sa place.
C'est dans le dialogue avec l'ensemble des acteurs du monde éducatif que nous souhaitons réfléchir, élaborer des propositions et construire notre projet.
Dans cet esprit nous organisons, avec Démocratie Libérale et l'UDF, les Ateliers de l'Alternance. Ces rencontres permettent de confronter les propositions des uns et des autres, de se mettre à l'écoute des acteurs de chaque grand secteur, afin de déterminer une plate-forme commune issue du dialogue.
L'École doit redevenir l'objet d'un débat politique
Certains considèrent que la droite en général, et le RPR en particulier, par négligence, complexe ou préjugé, s'est éloignée du débat sur l'École. Ainsi, l'idée selon laquelle certaines forces politiques seraient seules habilitées à parler sur l'École s'est répandue.
Or, les Français rejettent largement cette idée. Ils ont compris que seul un débat contradictoire et démocratique, permettrait à l'École de sortir de l'impasse dans laquelle elle est aujourd'hui. Ils souhaitent que la droite fasse des propositions de fond pour améliorer le système éducatif.
Est-il normal, qu'aucun débat parlementaire général sur la question n'ait eu lieu depuis 1989, mis à part les discussions techniques des lois de finances ?
Aujourd'hui, l'éducation est gérée plutôt que gouvernée. Or, cette situation ne résulte pas d'une passivité, mais bien d'une volonté affichée par le gouvernement. Jack Lang n'a t-il pas déclaré, devant les inspecteurs de l'Éducation nationale, qu'il préférait un travail avec les seuls professionnels, plutôt que de mettre le débat sur la place publique ?
Le débat politique, portant sur les missions, qui engage l'ensemble de la Nation sans ce préalable indispensable, considéré comme urgent par 82 % des Français.
Le débat sur l'École doit donc être celui des fins avant d'être celui des moyens
La politique engagée depuis six mois par le gouvernement ne constitue pas une véritable politique éducative. Les moyens sont présents, ou du moins apparemment, mais les objectifs ne sont pas fixés. Tous les observateurs l'ont regretté, aux premiers rangs desquels, les syndicats.
C'est en fonction de ses fins que l'efficacité du système éducatif doit être estimée.
Ce débat aboutira à des propositions concrètes du Rassemblement pour la République au printemps
L'Ecole, l'Education ont toute leur place dans notre projet qui s'articulera autour de trois axes fondamentaux :
L'épanouissement de la personne humaine comme unique
préoccupation du politique,
La proximité comme obligation d'une démocratie nouvelle,
Et la modernité comme exigence.
La personne humaine, tout d'abord. On parle de réussite scolaire en fixant comme objectif au système éducatif 80 % d'une classe d'âge au Bac . Que deviennent les 20 % restants ? Une politique digne de ce nom ne peut résonner en terme de pourcentages quant il s'agit des enfants de ce pays, mais en terme d'individu. Il est de notre ambition et de notre devoir d'amener chaque enfant, chaque élève, au niveau le plus haut possible de formation, de connaissances, de préparation à sa vie future en fonction de ses goûts et de ses aptitudes. A nous d'en trouver les modalités, en adaptant le système éducatif.
Deuxième axe : la proximité. Si l'Ecole doit rester au service de tous, si l'Education doit être nationale, il faut qu'elle intègre les données du milieu dans lequel elle est implantée, que les décisions soient prises localement.
Un simple exemple, nos enfants sont appelés à évoluer professionnellement, culturellement ou, simplement en terme de loisirs ou de voyages, dans un ensemble européen. Le bilinguisme, voire le trilinguisme, doit donc devenir la norme et non plus l'exception. Nos régions frontalières constituent du fait des échanges quotidiens le vrai bain linguistique qui permet d'appuyer une formation scolaire pour peu que celle-ci soit organisée, ce qui n'est pas le cas dans bien des régions de France.
Troisième axe : la Modernité. Ouvrons les yeux. Nos enfants utilisent pour leur apprentissage de la vie, que nous le voulions ou non, les nouvelles technologies qui font désormais partie de leur quotidien. Ayons le courage de reconnaître que l'école les intègre très insuffisamment, que ce soit pour la pédagogie ou l'articulation entre formation intra-muros et formation extérieure. C'est en préparant les enfants au monde numérique, que l'école retrouvera une vocation qui reste la sienne : nous apprendre à apprendre.
Après ces quelques mots, laissez-moi vous dire combien je souscris à la démarche qui est la vôtre aujourd'hui. A travers vos débats, les témoignages des uns et des autres, vous avez démontré que l'Education Nationale n'est pas le gigantesque fossile décrié par certains. Vous avez témoigné que le dialogue et la confrontation des idées permettent de construire et de proposer.
C'est pourquoi, en vous remerciant encore d'avoir accepté de passer cette journée avec nous ici, je vous dis à bientôt.
(source http://www.rpr.org, le 8 janvier 2001)