Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la nécessité de développer l'intérêt des étudiants en direction des entreprises et des entrepreneurs, Agen, le 29 novembre 2000.

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Circonstance : Débat avec les étudiants de l'université du Pin à Agen (Lot-et-Garonne), le 29 novembre 2000

Texte intégral

Mesdames,
Mesdemoiselles
Messieurs,
chers amis,
Je suis très honoré d'être ici aujourd'hui parmi vous et très heureux que ce déplacement coïncide avec le dixième anniversaire de l'Agropole d'Agen. A cette occasion, je souhaite rendre hommage publiquement à mon collègue et ami, le sénateur Jean François-Ponçet, président du conseil général, pour cette magnifique réalisation qui lui doit beaucoup.
Je souhaite également remercier le directeur général de cette Agropole, M. Gilles Recour, pour avoir contribué à l'organisation de ce déplacement, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, M. Jean-Alain Mariotti, le président de la Chambre des métiers, M. Michel Dréano, ainsi que tous les entrepreneurs qui ont accepté de jouer le jeu et de nous consacrer un peu de leur temps.
De quoi s'agit-il exactement ?
Je suppose que lorsque vous avez été conviés à venir me rencontrer vous avez été surpris. Certains d'entre vous se sont peut être dit : " que vient faire le Président du Sénat dans notre belle région ? Il a choisi un prétexte pour faire du tourisme ".
Et bien non, je ne souhaite pas faire du tourisme dans votre belle région que je connais fort bien. Si je suis venu ici aujourd'hui c'est pour écouter, pour comprendre et surtout pour susciter votre intérêt en direction des entreprises et des entrepreneurs.
Beaucoup d'entre vous sont en effet à un âge où ils vont devoir prendre une décision importante qui va engager pour une bonne part, le restant de leur vie. Vous allez en effet devoir répondre à la question que nous nous sommes tous posés à un moment ou à un autre : " qu'est-ce que je veux faire dans la vie ? "
Certains ont déjà fait un choix et s'y sont engagés résolument. D'autres hésitent, s'interrogent et suivront peut être l'orientation que leur indiqueront leurs parents ou leurs professeurs. Mais combien d'entre vous se sont-ils dits : " moi, je veux être entrepreneur " ? Si l'on faisait un sondage dans cette salle, je suis prêt à prendre le pari qu'il y en aurait fort peu.
Or, entreprendre c'est au commencement, l'envie de vivre une passion, comme l'ont montré les personnes que j'ai rencontré ce matin et comme vont le montrer les entrepreneurs ici présents. Et c'est précisément pour cela que j'ai souhaité vous réunir aujourd'hui afin que vous puissiez les interrogez et prendre conscience que ce qu'ils font, vous pouvez le faire aussi.
On dit souvent que l'esprit d'entreprise ne s'apprend pas, mais se transmet. C'est vrai. Il n'en reste pas moins que le système éducatif a, me semble-t-il, un rôle plus important à jouer dans la compréhension de l'entreprise, de son activité, de ses ressorts.
Car si l'on y réfléchit bien, tout notre système éducatif privilégie la réussite individuelle sur l'esprit d'équipe, les connaissances livresques sur les expériences pratiques. Tout se passe en effet comme si vous deviez jouer votre avenir sur un seul coup, un peu à quitte ou double, en présentant le baccalauréat de la " bonne série ", le bon diplôme, le bon concours, la bonne école...
Face à cela, l'école de l'entreprise est une école formidable. Elle apporte l'expérience, cette dure école où chacun est assuré de retenir quelque chose. Elle y enseigne que les diplômes, les concours sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes pour réussir et que la valeur des hommes se prouve tous les jours, pas seulement celui du diplôme ou du concours. L'échec n'est pas forcément rédhibitoire. Bien sûr, il vaut mieux réussir du premier coup. Mais l'échec peut être utile, s'il donne le courage de se relever. Enfin, il y a place pour tout le monde dans les entreprises, du dirigeant aux détenteurs de savoir manuel.
C'est pour vous dire cela, pour vous faire partager cette passion de l'entreprise qui m'anime et qui m'a conduit à faire de la promotion des valeurs entrepreneuriales l'une des deux priorités de ma présidence, que je suis venu ici, dans cette Agropole, unique en France et qui constitue un écosystème favorable à la création d'entreprises, dans un secteur d'avenir. Je suis en effet persuadé que nous aurons fait un grand pas en avant lorsque les enfants de ce pays - vous les jeunes - comprendrez qu'une belle façon de réussir dans la vie, c'est de créer son entreprise.
Alors pourquoi, me direz-vous, le Président du Sénat s'intéresse-t-il autant aux entreprises ? Il a sûrement des arrières pensées. C'est un homme politique. Et bien oui, je suis un homme politique, c'est à dire que je m'intéresse aux affaires de la République. Or, pour moi, l'entreprise c'est l'emploi. Et l'emploi, comme vous le savez, est au coeur du débat public.
Si du reste, j'ai choisi de venir ici à Agen, après avoir été à Sophia Antipolis, à l'école supérieure de management de Lyon et à la technopole de l'Aube, c'est aussi parce que cette Agropole, comme à Nice, comme à Troyes et comme à Lyon, a été fondée par un sénateur, en l'occurrence mon ami Jean François-Poncet. Jean François-Poncet, chacun le sait Au Sénat, est un législateur d'avant garde, un orfèvre en matière d'entreprises. Et c'est, en grande partie grâce à lui, grâce à des initiatives telles que l'Agropole, que le Lot-et-Garonne mène la course en tête de la région Aquitaine pour ce qui est de la création d'entreprises et la création d'emplois. Oui, votre département fait mieux que l'Aquitaine, et fait mieux que la moyenne nationale. Il faut le savoir et le faire savoir. Et c'est pourquoi je suis fier, au nom de l'Assemblée que j'ai l'honneur de présider, que ce soit sous l'impulsion d'un sénateur. Autrement que par des discours, le Sénat montre ainsi son engagement en faveur de l'entreprise et donc de l'emploi.
Du reste, en ce moment même, quarante sénateurs, pour la deuxième année consécutive, sont en train d'effectuer des stages d'immersion en entreprise afin de comprendre les attentes, les difficultés, mais aussi les espoirs des hommes et des femmes d'entreprise. Ils en tireront les enseignements qu'ils jugent utiles dans leur mission de législateur et le 7 février prochain nous organiserons les " rencontres sénatoriales de l'entreprise " où mon ami Jean François-Poncet, en sa qualité de président de la commission des affaires économiques du Sénat, dirigera les travaux d'une table ronde.
Par ailleurs, le Sénat est la seule assemblée parlementaire au monde à organiser - en partenariat avec une grande école de commerce, l'ESSEC - des rencontres de capital-risque - Tremplin entreprises - afin d'aider de jeunes entrepreneurs, porteurs de projets innovants, à trouver les financements nécessaires auprès d'investisseurs privés susceptibles de les accompagner dans leur développement. Si l'aventure vous tente, il est encore temps de s'inscrire !
C'est ainsi, en montrant que les hommes politiques ne savent pas seulement faire des discours mais s'engager de façon utile et concrète dans les combats qu'ils estiment devoir être menés, que nous ferons avancer les choses.
Il n'y a que les combats que l'on n'engage pas que l'on est sûr de perdre et, assurément, le combat pour la liberté et la responsabilité, qui sont au coeur des valeurs entrepreneuriales, fait partie des combats qui méritent d'être livrés.
Je vous remercie de m'avoir prêté votre attention et si, un jour, ne serait-ce qu'un seul d'entre vous devient entrepreneur, créé des emplois et des richesses, je pense que je n'aurais pas fait ce déplacement en vain.
(Source http://www.senat.gouv.fr, le 1er décembre 2000)