Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, en réponse à une question sur la libération des deux pilotes français par les Serbes bosniaques, à l'Assemblée nationale le 12 décembre 1995.

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Circonstance : Libération par les Serbes de Bosnie le 12 décembre 1995 de deux pilotes français détenus depuis le 31 août

Texte intégral

Monsieur le Député, je souhaiterais que cet instant soit un instant d'unanimité nationale.
En effet, nous venons d'apprendre que le Capitaine Chiffot et que le Lieutenant Souvignet ont été remis à Zvornik au chef d'état-major des armées françaises, le général Douin, que M. le Président de la République avait dépêché sur place.

Cette libération que nous attendions tous, qu'attendait d'abord bien sûr leur famille depuis plus de cent jours, nous le devons d'abord et avant tout, tous les ministres qui ont suivi les événements le savent, à l'engagement personnel et à la ténacité quotidienne du Président de la République.

Il n'y a pas eu de jour, depuis le moment où l'avion de ces deux pilotes a été abattu, où le Président de la République n'ait multiplié ses interventions pour obtenir d'abord des nouvelles de nos pilotes, puis leur libération : interventions auprès des autorités de Belgrade et du Président Milosevic qui, après les différents ultimatums que vous connaissez, a oeuvré à cette libération qui ouvre la voie à la restauration de bonnes relations entre la République fédérative de Yougoslavie et la France ; interventions auprès du Président russe Boris Eltsine - et je voudrais ici exprimer, au nom du gouvernement, notre gratitude au Président russe pour le concours personnel qu'il nous a apporté tout au long de cette douloureuse épreuve -, interventions aussi auprès de nos alliés américains, britanniques, de nos amis allemands, de l'ensemble de tous ceux qui ont oeuvré à cette libération.

Je voudrais saluer le courage et la dignité des familles, de ces femmes que nous avons vues à la télévision, de leurs enfants qui ont traversé cent jours de peine, d'inquiétudes et de douleur avec un grand courage.

Je voudrais m'adresser aux forces armées françaises déployées dans cette région. Elles ont eu à déplorer, vous le savez, Mesdames et Messieurs les Députés, cinquante-huit morts et près de six cents blessés depuis le début de ces événements en Yougoslavie.

A quelques jours de la signature, à Paris, de l'accord de paix qui va arrêter ce drame, ce véritable scandale au cur de l'Europe, la guerre en Bosnie et en Yougoslavie, nous pouvons dire - même si cela n'efface rien, bien sûr - que le sacrifice de nos soldats n'aura pas été vain.

Oui, pour sa présence sur le terrain, pour le courage de ses soldats, pour son effort humanitaire, financier, diplomatique et politique, jeudi, la France pourra être fière de la paix conclue à Paris pour la Yougoslavie.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 novembre 2002)