Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur l'avènement de l'euro, la capacité des collectivités locales à développer une véritable démocratie de proximité et la justice, Paris le 5 janvier 1999.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voeux de M. Christian Poncelet, président du Sénat, adressés au Président de la République à l'Elysée le 5 janvier 1999

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
Cest la première fois que me revient lhonneur de vous présenter les voeux de la Haute Assemblée. Je vous exprimerai donc, simplement mais cordialement, à titre personnel et au nom de mes collègues, les voeux chaleureux que nous formons pour vous-même et ceux qui vous sont chers.
Le Sénat, dont laction sinscrit dans la durée, en raison de sa permanence, de sa stabilité et de sa sagesse, nest pas pour autant indifférent, vous le savez, aux changements des saisons et des années, et même aux changements de siècles et de millénaire.
Au cours de lannée 1998, il sest renouvelé et il sadapte constamment pour mieux répondre à la mission que la Constitution lui confie en plus de son rôle dassemblée parlementaire à part entière.
Ce bonus constitutionnel de représentant des collectivités territoriales de la République, le Sénat entend lexercer avec encore plus defficacité et de légitimité, celles que lui confère sa grande connaissance des réalités locales induite par lexercice des fonctions exécutives locales.
Monsieur le Président de la République, nous savons que vous aurez à coeur, en votre qualité de garant des institutions, de veiller au respect de leur équilibre et de préserver la spécificité du Sénat afin quil puisse continuer à remplir sa mission, avec la même efficacité, et déployer son savoir-faire de législateur en apportant un éclairage différent aux textes soumis à son examen.
En outre, le Sénat doit éclairer lavenir des Françaises et des Français : il doit devenir un laboratoire didées en vue de laction politique.
Lannée 1999, qui vient de souvrir, est marquée par lavènement de la monnaie unique, auquel le Sénat a apporté toute sa part et qui constitue un événement historique.
Cette dernière année du siècle nest donc pas une année sacrifiée par lattente impatiente de lan 2000.
Au contraire, ce millésime est celui de tous les espoirs puisque ses premiers jours ont été placés sous le signe heureux de la naissance de leuro.
Certes, leuro nest pas lavatar moderne du veau dor : il nest quun instrument, mais un instrument essentiel au service de la survie de la civilisation européenne dans un monde de plus en plus global et caractérisé par lhégémonie dune monnaie et limpérialisme dune culture ou plutôt dun certain mode de vie.
Déjà leuro, avant même son acte de baptême, a fait la preuve de sa fonction de stabilisateur, damortisseur et danti-dépresseur. Tout au long de lannée 1998, lEuroland est apparu comme un ilot de stabilité dans un océan de tempêtes.
Demain, leuro va devenir un révélateur et un amplificateur de nos handicaps qui découlent notamment du montant trop élevé de nos dépenses publiques et du niveau trop contraignant de nos prélèvements obligatoires.
Demain, leuro doit devenir laccélérateur des réformes indispensables dont notre pays a besoin pour affronter le choc de la mondialisation qui constitue un processus inéluctable et irréversible.
A ces réformes vitales pour lavenir de notre pays, le Sénat saura apporter sa contribution éclairée.
A ce sujet, gardons nous de la démagogie et des idées à la mode. Cessons de vouloir toujours tout remettre à plat et contentons nous de remettre les choses debout. Les gens de bonne volonté, les élus de terrain, les parlementaires connaissent les problèmes et souvent les solutions.
Monsieur le Président, dans le grand discours que vous avez prononcé à Rennes, vous avez rendu hommage aux élus locaux. Ecartant les éternelles remises en cause stériles et les redécoupages technocratiques de la carte de France, vous avez su reconnaître le rôle essentiel des élus de proximité.
Sur les affaires relatives à la magistrature, vous avez su également ramener le balancier de la Justice, emporté un moment trop loin, sous leffet de la mode, vers une position équilibrée qui nous préserve du risque dune justice irresponsable et livrée à elle-même, ou plutôt aux médias.
Sur ces sujets essentiels, les sénateurs vous sont reconnaissants davoir exprimé, avec force, leur conviction profonde. Je forme le voeu, Monsieur le Président de la République, que durant lannée 1999, vous puissiez vous faire lécho des préoccupations du Sénat, donner les impulsions nécessaires et tracer les voies de lavenir.
Bonne année, Monsieur le Président. Bonne année, la France et bonne année, lEurope.
(Source http://www.senat.fr)