Texte intégral
S. Paoli - Entre les enjeux de l'économie mondialisée et les enjeux sociaux, où la France trouvera-t-elle sa voie de passage ? L'accord conclu directement entre le Premier ministre et le président du Medef sur la nouvelle convention Unedic, est-il une indication de ce "réalisme de gauche" déjà invoqué par L. Jospin ? Et la mauvaise image de la France aux yeux des investisseurs internationaux, est-elle de nature à influencer les décisions à venir concernant la fiscalité des entreprises ou l'application des 35 heures ?
Ce coup de fil que vous a passé L. Jospin après sept mois de négociations difficiles, comment le prenez-vous ? C'est un signal du Premier ministre sur une volonté de s'impliquer lui-même, de changer les choses ? Il paraît qu'il vous aurait dit : "Je ne veux pas avoir les entreprises contre moi." C'est vrai ou pas ?
- "Je ne vais pas vous dire ce qu'on s'est dit parce que c'était un coup de téléphone qui n'était pas censé être public. Il est normal que le représentant des entrepreneurs et des entreprises dans un pays parle avec le Premier ministre. On est le seul pays au monde qui semble s'en étonner. C'est de pratique courante partout dans le monde où il existe des rapports que je qualifierais de fraternels entre ceux qui font la richesse d'un pays et ceux qui dirigent le pays."
Vous comprenez que c'est le moment qui nous intrigue. Ce coup de fil intervient au moment où part une certaine M. Aubry, avec qui vous avez eu des conversations difficiles.
- "Je crois que le Premier ministre s'est trouvé devant un choix, celui de prendre un décret pour régler la manière dont on indemniserait et organiserait l'assurance-chômage dans notre pays, ou au contraire suivre l'accord que les partenaires sociaux - les syndicats et les entrepreneurs - avaient négocié entre eux et qui était bloqué par l'Etat. Il a eu une décision à prendre, je ne sais pas si elle est sociale ou politique, peu importe. Il a pris son parti d'aller dans le sens de l'accord et du dialogue et de dire feu vert à cette manière de faire moyennant des adaptations de négociation que j'ai négociées en tant que représentant des signataires et en ayant à mes côtés, également au téléphone, pendant cette soirée, bien entendu, tous ceux qui avaient signé cet accord. C'est donc une décision du Premier ministre, il en assume probablement certaines conséquences politiques, mais il a pris son parti. Je ne peux pas interpréter moi-même la signification politique de cela. Mais c'est vrai qu'il a choisi le dialogue et le contrat contre le décret. Pour nous, c'est en effet très important."
Considérez-vous que tout est fait maintenant. Vous n'irez pas à la réunion de clarification réclamée par FO et la CGT aujourd'hui ?
- "Je crois en effet que l'affaire est réglée. Il y a quelques palinodies finales qui rappellent un peu l'administration chinoise au 15ème siècle. Réunion de clarification ..."
Cela ne va pas les mettre de bonne humeur s'ils vous écoutent en ce moment ...
- "Ce n'est pas mon affaire. Personnellement, une réunion de clarification de la vie administrative sociale française, je n'avais jamais vu cela."
Reconnaissez-vous le PARE ? Qu'en reste-t-il ce matin après cet accord conclu entre vous et le Premier ministre ?
- "Il en reste tout, c'est-à-dire en réalité un système dans lequel les chômeurs seront mieux indemnisés. Pour un chômeur de longue durée qui a du mal à trouver du travail, ce sera environ entre 20 % et 30 % de plus d'indemnités sur la durée de son assurance-chômage. Deuxièmement, c'est un système personnalisé, un plan individuel dans lequel le chômeur, qui est forcément quelqu'un en détresse, sera pris en main par un système d'appui et d'aide personnalisée. Voilà ce qu'est le PARE. On a fait des histoires politiques effroyables autour de ce système, qui est une réforme positive pour les chômeurs et pour les salariés aussi, puisque finalement cela va permettre de rendre un peu de cotisations, donc d'augmenter un peu le pouvoir d'achat des salariés. J'avoue qu'on peut tout comprendre, mais que l'on ait pris sept mois et que cela la réforme soit devenue une affaire majeure alors qu'en réalité personne ne peut contester comme autre chose la caractère positif pour les chômeurs et pour les salariés, et que la plupart de ceux qui le critiquent d'ailleurs n'ont jamais lu ! Qui a lu l'accord Unedic ? Je vous le demande ! Les gens se déchaînent."
Il n'est pas simple à lire, honnêtement il est assez compliqué.
- "Il n'est pas simple, parce que les choses ne sont pas simples quand elles sont sérieuses. C'est quand on les simplifie pour des raisons largement politiques qu'alors elles deviennent simples, mais elles deviennent aussi fausses."
Sur l'évolution des choses, on peut légitimement se poser des questions. Une enquête vient d'être publiée, à votre demande d'ailleurs, une enquête réclamée par le Medef, sur l'image de la France et sur le fait que les investisseurs internationaux commencent à trouver que la France n'est peut-être pas le meilleur endroit pour investir. Est-ce un levier que vous mettez en place maintenant, et encore une fois, après que M. Aubry est partie, pour dire : "il faut reposer la question des 35 heures, il faut reposer la question de la fiscalité des entreprises ?"
- "Nous avons été très au contact des entreprises de terrain depuis que nous avons créé le Medef. Nous représentons 700 000 entrepreneurs de terrain, notamment les très petits, les moyens et également quelques grands. Là, nous avons décidé, après trois ans de ce travail de terrain, de réunir les grands, les représentants des 350 multinationales installées en France. Nous avons fait une enquête pour leur demander : comment trouvez-vous la France par rapport à d'autres pays ? Malheureusement, le résultat est très inquiétant et nous le savons. Ils disent : "c'est un pays qui a plein d'atouts, la jeunesse est formidable, une infrastructure parfaite, on peut être optimiste. Mais malheureusement nous rencontrons sur le plan des obligations administratives, sur le plan des restrictions, des réglementations en tous genres, sur le plan de la fiscalité, des obstacles qui font que maintenant les maisons centrales du monde entier disent "La France ? Non, désolé on ira ailleurs." Nous voulons donc jeter un cri d'alarme, parce que notre métier de représentants des entrepreneurs, c'est de faire en sorte qu'il y ait des entreprises en France. Mais comme on ne semble pas vouloir le comprendre, nous mettons maintenant les grands après les petits afin qu'on prenne conscience de ce que, dans notre pays, la réforme et l'accord et le dialogue social sont nécessaires si on veut arriver."
Cette rigidité sociale, je reprends le terme de l'enquête, qu'on reproche à la France, est-ce que vous n'en portez pas vous aussi votre part de responsabilité ? On ne sait toujours pas en France, comme on le fait par exemple en Allemagne, organiser un vrai partenariat social.
- "Dire "on n'a pas été bons", pourquoi pas !Cela ne nous gêne pas."
Ce n'est pas une question, c'est la méthode qui est en cause.
- "Ce qui m'intéresse c'est de savoir si on va être capable en effet de suivre dans notre pays une méthode de réforme inspirée de ce qu'on appelle la société civile, où on écoute les gens, les entrepreneurs, les salariés. Regardez sur les 35 heures. A peine madame Aubry est partie, on ose parler. Et qui parle ? L. Fabius, madame Guigou, monsieur Patriat, le nouveau secrétaire d'Etat aux PME. Que disent-ils ? "Les 35 heures, il va falloir assouplir." Mais attendez ! Nous le disons, nous, depuis trois ans que cette réglementation est beaucoup trop excessive. On le sait bien, tout le monde le sait bien ! Eh bien voilà, maintenant on y va. Donc la méthode, qu'est-ce que c'est ? L'écoute et le respect des gens qui, sur le terrain connaissent les choses. Ce n'est pas décréter de là-haut n'importe quoi."
Mais il va falloir éclaircir cela aussi. Madame Guigou, en effet, à l'Assemblée nationale, dit : "On va peut-être assouplir, notamment pour les PME si c'est difficile." Mais dans le même temps elle dit : "on ne touche pas aux 35 heures de M. Aubry."
- "Non, elle n'a pas dit cela. Elle a dit : "On garde le cap." Je regarde ce qu'elle dit, moi. Elle dit : "On garde le cap." On peut parfaitement garder le cap en baissant un peu la voile, en réorganisant un peu l'équipage, faire en sorte que quelque chose qui va très vite sur le récif ralentit pour ne pas y aller. C'est de cela dont il s'agit. Nous ne demandons pas l'abrogation des 35 heures, c'est une chose qui a pénétré maintenant dans la sociologie française, à coups de slogans, à coups de propagande, ça y est, cela a fait ses effets sociologiques. Nous souhaitons simplement que le million d'entreprises qui n'ont rien fait et qui ne savent pas comment faire, ne soient pas placées devant l'impossibilité. Or vous le savez, si on n'assouplit pas, si on ne modifie pas - nous demandons le moratoire ..."
Assouplir ou modifier ?
- "Assouplir et modifier c'est la même chose. Donc, le 1er janvier prochain, vous allez avoir un durcissement. Vous vous rendez compte qu'on va travailler dans notre pays huit semaines et demi de moins par an à cause des 35 heures ! Près de 300 heures de moins ! Que depuis le début de l'année on a déjà perdu 5 millions d'heures de travail en dépit de la croissance ! Qu'il manque partout de la main-d'oeuvre qualifiée ! Et que l'on est en train actuellement de restreindre encore l'offre de travail ! Non mais tout ceci est à ce point absurde qu'on peut peut-être garder le cap, mais s'il vous plaît, abattez les voiles."
Qu'est-ce que cela veut dire "assouplir" ou "modifier" à vos yeux ? C'est l'appliquer plus tard ?
- "Nous demandons un moratoire, c'est-à-dire qu'on ne fasse pas au 1er janvier les durcissement d'application de la loi qui sont demandés. Nous avons actuellement une vaste enquête en cours dans l'ensemble des entreprises, nous avons déjà remonté plusieurs dizaines de milliers de réponses. Nous allons proposer des modifications à madame Guigou, puisque celle-ci va nous recevoir bientôt, nous c'est-à-dire les partenaires sociaux, notamment sur cette question."
Quid de la compétitivité des entreprises françaises qui manquent maintenant de main-d'oeuvre, et notamment la question de la formation ? Est-elle encore posée ?
- "Dans notre pays où on a tant de mal à réformer - l'assurance-chômage est une réforme importante, et elle a eu beaucoup de mal à se mettre en place - nous allons proposer, au plan de la formation professionnelle, des changements profonds, de même que nous en demandons sur la retraite,
de même que nous en proposerons sur le système de santé. "
C'est la suite de la refondation sociale ?
"C'est la suite de la refondation sociale. La refondation sociale a été très encouragée par le fait qu'elle a fait un accord avec la signature de trois syndicats, que le Gouvernement va l'accepter. Nous allons donc continuer à proposer des réformes fondamentales, dans notre domaine de compétence, bien entendu, économique et social, de façon à ce que notre pays conserve ses chances de réussite et de compétitivité. C'est notre objectif à nous les entrepreneurs."
(source http://www.medef.fr, le 15 janvier 2003)
Ce coup de fil que vous a passé L. Jospin après sept mois de négociations difficiles, comment le prenez-vous ? C'est un signal du Premier ministre sur une volonté de s'impliquer lui-même, de changer les choses ? Il paraît qu'il vous aurait dit : "Je ne veux pas avoir les entreprises contre moi." C'est vrai ou pas ?
- "Je ne vais pas vous dire ce qu'on s'est dit parce que c'était un coup de téléphone qui n'était pas censé être public. Il est normal que le représentant des entrepreneurs et des entreprises dans un pays parle avec le Premier ministre. On est le seul pays au monde qui semble s'en étonner. C'est de pratique courante partout dans le monde où il existe des rapports que je qualifierais de fraternels entre ceux qui font la richesse d'un pays et ceux qui dirigent le pays."
Vous comprenez que c'est le moment qui nous intrigue. Ce coup de fil intervient au moment où part une certaine M. Aubry, avec qui vous avez eu des conversations difficiles.
- "Je crois que le Premier ministre s'est trouvé devant un choix, celui de prendre un décret pour régler la manière dont on indemniserait et organiserait l'assurance-chômage dans notre pays, ou au contraire suivre l'accord que les partenaires sociaux - les syndicats et les entrepreneurs - avaient négocié entre eux et qui était bloqué par l'Etat. Il a eu une décision à prendre, je ne sais pas si elle est sociale ou politique, peu importe. Il a pris son parti d'aller dans le sens de l'accord et du dialogue et de dire feu vert à cette manière de faire moyennant des adaptations de négociation que j'ai négociées en tant que représentant des signataires et en ayant à mes côtés, également au téléphone, pendant cette soirée, bien entendu, tous ceux qui avaient signé cet accord. C'est donc une décision du Premier ministre, il en assume probablement certaines conséquences politiques, mais il a pris son parti. Je ne peux pas interpréter moi-même la signification politique de cela. Mais c'est vrai qu'il a choisi le dialogue et le contrat contre le décret. Pour nous, c'est en effet très important."
Considérez-vous que tout est fait maintenant. Vous n'irez pas à la réunion de clarification réclamée par FO et la CGT aujourd'hui ?
- "Je crois en effet que l'affaire est réglée. Il y a quelques palinodies finales qui rappellent un peu l'administration chinoise au 15ème siècle. Réunion de clarification ..."
Cela ne va pas les mettre de bonne humeur s'ils vous écoutent en ce moment ...
- "Ce n'est pas mon affaire. Personnellement, une réunion de clarification de la vie administrative sociale française, je n'avais jamais vu cela."
Reconnaissez-vous le PARE ? Qu'en reste-t-il ce matin après cet accord conclu entre vous et le Premier ministre ?
- "Il en reste tout, c'est-à-dire en réalité un système dans lequel les chômeurs seront mieux indemnisés. Pour un chômeur de longue durée qui a du mal à trouver du travail, ce sera environ entre 20 % et 30 % de plus d'indemnités sur la durée de son assurance-chômage. Deuxièmement, c'est un système personnalisé, un plan individuel dans lequel le chômeur, qui est forcément quelqu'un en détresse, sera pris en main par un système d'appui et d'aide personnalisée. Voilà ce qu'est le PARE. On a fait des histoires politiques effroyables autour de ce système, qui est une réforme positive pour les chômeurs et pour les salariés aussi, puisque finalement cela va permettre de rendre un peu de cotisations, donc d'augmenter un peu le pouvoir d'achat des salariés. J'avoue qu'on peut tout comprendre, mais que l'on ait pris sept mois et que cela la réforme soit devenue une affaire majeure alors qu'en réalité personne ne peut contester comme autre chose la caractère positif pour les chômeurs et pour les salariés, et que la plupart de ceux qui le critiquent d'ailleurs n'ont jamais lu ! Qui a lu l'accord Unedic ? Je vous le demande ! Les gens se déchaînent."
Il n'est pas simple à lire, honnêtement il est assez compliqué.
- "Il n'est pas simple, parce que les choses ne sont pas simples quand elles sont sérieuses. C'est quand on les simplifie pour des raisons largement politiques qu'alors elles deviennent simples, mais elles deviennent aussi fausses."
Sur l'évolution des choses, on peut légitimement se poser des questions. Une enquête vient d'être publiée, à votre demande d'ailleurs, une enquête réclamée par le Medef, sur l'image de la France et sur le fait que les investisseurs internationaux commencent à trouver que la France n'est peut-être pas le meilleur endroit pour investir. Est-ce un levier que vous mettez en place maintenant, et encore une fois, après que M. Aubry est partie, pour dire : "il faut reposer la question des 35 heures, il faut reposer la question de la fiscalité des entreprises ?"
- "Nous avons été très au contact des entreprises de terrain depuis que nous avons créé le Medef. Nous représentons 700 000 entrepreneurs de terrain, notamment les très petits, les moyens et également quelques grands. Là, nous avons décidé, après trois ans de ce travail de terrain, de réunir les grands, les représentants des 350 multinationales installées en France. Nous avons fait une enquête pour leur demander : comment trouvez-vous la France par rapport à d'autres pays ? Malheureusement, le résultat est très inquiétant et nous le savons. Ils disent : "c'est un pays qui a plein d'atouts, la jeunesse est formidable, une infrastructure parfaite, on peut être optimiste. Mais malheureusement nous rencontrons sur le plan des obligations administratives, sur le plan des restrictions, des réglementations en tous genres, sur le plan de la fiscalité, des obstacles qui font que maintenant les maisons centrales du monde entier disent "La France ? Non, désolé on ira ailleurs." Nous voulons donc jeter un cri d'alarme, parce que notre métier de représentants des entrepreneurs, c'est de faire en sorte qu'il y ait des entreprises en France. Mais comme on ne semble pas vouloir le comprendre, nous mettons maintenant les grands après les petits afin qu'on prenne conscience de ce que, dans notre pays, la réforme et l'accord et le dialogue social sont nécessaires si on veut arriver."
Cette rigidité sociale, je reprends le terme de l'enquête, qu'on reproche à la France, est-ce que vous n'en portez pas vous aussi votre part de responsabilité ? On ne sait toujours pas en France, comme on le fait par exemple en Allemagne, organiser un vrai partenariat social.
- "Dire "on n'a pas été bons", pourquoi pas !Cela ne nous gêne pas."
Ce n'est pas une question, c'est la méthode qui est en cause.
- "Ce qui m'intéresse c'est de savoir si on va être capable en effet de suivre dans notre pays une méthode de réforme inspirée de ce qu'on appelle la société civile, où on écoute les gens, les entrepreneurs, les salariés. Regardez sur les 35 heures. A peine madame Aubry est partie, on ose parler. Et qui parle ? L. Fabius, madame Guigou, monsieur Patriat, le nouveau secrétaire d'Etat aux PME. Que disent-ils ? "Les 35 heures, il va falloir assouplir." Mais attendez ! Nous le disons, nous, depuis trois ans que cette réglementation est beaucoup trop excessive. On le sait bien, tout le monde le sait bien ! Eh bien voilà, maintenant on y va. Donc la méthode, qu'est-ce que c'est ? L'écoute et le respect des gens qui, sur le terrain connaissent les choses. Ce n'est pas décréter de là-haut n'importe quoi."
Mais il va falloir éclaircir cela aussi. Madame Guigou, en effet, à l'Assemblée nationale, dit : "On va peut-être assouplir, notamment pour les PME si c'est difficile." Mais dans le même temps elle dit : "on ne touche pas aux 35 heures de M. Aubry."
- "Non, elle n'a pas dit cela. Elle a dit : "On garde le cap." Je regarde ce qu'elle dit, moi. Elle dit : "On garde le cap." On peut parfaitement garder le cap en baissant un peu la voile, en réorganisant un peu l'équipage, faire en sorte que quelque chose qui va très vite sur le récif ralentit pour ne pas y aller. C'est de cela dont il s'agit. Nous ne demandons pas l'abrogation des 35 heures, c'est une chose qui a pénétré maintenant dans la sociologie française, à coups de slogans, à coups de propagande, ça y est, cela a fait ses effets sociologiques. Nous souhaitons simplement que le million d'entreprises qui n'ont rien fait et qui ne savent pas comment faire, ne soient pas placées devant l'impossibilité. Or vous le savez, si on n'assouplit pas, si on ne modifie pas - nous demandons le moratoire ..."
Assouplir ou modifier ?
- "Assouplir et modifier c'est la même chose. Donc, le 1er janvier prochain, vous allez avoir un durcissement. Vous vous rendez compte qu'on va travailler dans notre pays huit semaines et demi de moins par an à cause des 35 heures ! Près de 300 heures de moins ! Que depuis le début de l'année on a déjà perdu 5 millions d'heures de travail en dépit de la croissance ! Qu'il manque partout de la main-d'oeuvre qualifiée ! Et que l'on est en train actuellement de restreindre encore l'offre de travail ! Non mais tout ceci est à ce point absurde qu'on peut peut-être garder le cap, mais s'il vous plaît, abattez les voiles."
Qu'est-ce que cela veut dire "assouplir" ou "modifier" à vos yeux ? C'est l'appliquer plus tard ?
- "Nous demandons un moratoire, c'est-à-dire qu'on ne fasse pas au 1er janvier les durcissement d'application de la loi qui sont demandés. Nous avons actuellement une vaste enquête en cours dans l'ensemble des entreprises, nous avons déjà remonté plusieurs dizaines de milliers de réponses. Nous allons proposer des modifications à madame Guigou, puisque celle-ci va nous recevoir bientôt, nous c'est-à-dire les partenaires sociaux, notamment sur cette question."
Quid de la compétitivité des entreprises françaises qui manquent maintenant de main-d'oeuvre, et notamment la question de la formation ? Est-elle encore posée ?
- "Dans notre pays où on a tant de mal à réformer - l'assurance-chômage est une réforme importante, et elle a eu beaucoup de mal à se mettre en place - nous allons proposer, au plan de la formation professionnelle, des changements profonds, de même que nous en demandons sur la retraite,
de même que nous en proposerons sur le système de santé. "
C'est la suite de la refondation sociale ?
"C'est la suite de la refondation sociale. La refondation sociale a été très encouragée par le fait qu'elle a fait un accord avec la signature de trois syndicats, que le Gouvernement va l'accepter. Nous allons donc continuer à proposer des réformes fondamentales, dans notre domaine de compétence, bien entendu, économique et social, de façon à ce que notre pays conserve ses chances de réussite et de compétitivité. C'est notre objectif à nous les entrepreneurs."
(source http://www.medef.fr, le 15 janvier 2003)