Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur le bilan de l'action du gouvernement des 6 derniers mois de 2005 et sur les perspectives pour 2006.

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Circonstance : 3eme séminaire gouvernemental du gouvernement de Dominique de Villepin, à Paris le 19 décembre 2005

Texte intégral

Nous venons de tenir le troisième séminaire gouvernemental. Cela a été l'occasion de faire un rapide bilan des six derniers mois et de fixer quelques perspectives pour l'année 2006. En ce qui concerne le bilan, on a pu constater quelques premiers résultats dans le domaine de l'emploi, sur le fond de la croissance, sur le fond industriel aussi avec des succès pour nos entreprises à l'étranger, des grands contrats - 150 Airbus vendus à la Chine - et des succès aussi en ce qui concerne des implantations en France - je pense à Iter à Cadarache où encore Galiléo à Toulouse.
Nous avons rencontré également des difficultés au cours des derniers mois : la journée du 4 octobre, un certain nombre de grèves dans le secteur public, des plans de restructuration dans notre pays. A chaque étape, nous avons essayé d'apporter des réponses, tout comme face à la crise des banlieues qui a été une épreuve pour l'ensemble de notre pays.
Nous avons conscience aussi qu'il y a encore beaucoup à faire. Beaucoup à faire face à des grands défis comme le chômage des jeunes, le pouvoir d'achat. Beaucoup à faire aussi dans des domaines où une action importante a été engagée ; je pense à la sécurité, je pense à l'éducation, je pense à la recherche. Il faudra donc confirmer les efforts engagés pendant l'année 2006, continuer aussi à nous battre pour la place de la France à travers le monde.
Fidèles au cap qu'a fixé le président de la République, fidèles à la priorité de l'emploi, fidèles à notre exigence d'une croissance sociale, nous voulons avancer dans trois grandes directions prioritaires au cours de cette année 2006. L'emploi bien sûr, cela reste la priorité de l'action gouvernementale. Et si nous voulons gagner cette bataille pour l'emploi, il nous faut avancer dans deux directions : d'abord créer davantage d'emplois dans notre pays et c'est tout le sens de la deuxième étape du plan que nous présenterons au début de l'année prochaine. Il faut également avancer dans la voie d'un accompagnement personnalisé de chacun. Nos compatriotes font face à des difficultés différentes, il faut prendre en compte chacune de ces difficultés, apporter des réponses. J'ai présenté lundi dernier un certain nombre de pistes et de propositions. Je pense à l'orientation, une meilleure orientation, un service public de l'orientation ; je pense à la formation, un droit universel à la formation d'un an ; je pense dans le domaine des stages à une charte des stages ; sur tous ces sujets, il faut donc continuer d'avancer.
Deuxième priorité, c'est la modernisation de l'Etat. Si nous voulons pouvoir trouver de nouvelles marges de man?uvre, il faut engager ce grand chantier de la modernisation de l'Etat avec deux défis. Le premier défi, c'est l'endettement. Prenant en compte les résultats de la mission de M. Pébereau, nous devons réduire nos déficits, réduire notre endettement. Et nous avons deux grands rendez-vous : le premier au début de l'année avec la Conférence nationale des finances publiques qui réunira l'ensemble de ceux qui ont une responsabilité dans le domaine de la dépense - l'Etat, les Collectivités territoriales, la Sécurité sociale avec les partenaires sociaux -, et puis au mois de juin, lors du débat d'orientation budgétaire, nous prendrons un engagement chiffré devant le Parlement pour l'année 2007. Première étape donc de ces cinq années qui devront nous conduire au retour à l'équilibre. Donc premier élément de cette mobilisation : le désendettement de la France.
Il faut aussi avancer dans la réforme des structures et des missions de l'Etat et nous serons amenés à continuer les audits qui ont été engagés par J.-F. Copé à la fin de cette année ; ils se poursuivront jusqu'au mois de juin. Il faudra en tirer toutes les conclusions et je souhaite le faire dans un esprit de transparence et faire en sorte que ces missions, ces structures, soient adaptées aux exigences et aux attentes de nos compatriotes ; c'est là aussi un rendez-vous important.
Troisième priorité, c'est bien sûr l'exigence républicaine. Cette exigence républicaine, elle nous conduira à continuer notre action dans le domaine de la sécurité ; nous avons obtenu beaucoup de résultats au cours des dernières années. Il faut aller plus loin et c'est tout le sens du plan de prévention de la délinquance, de lutte contre la délinquance, qui sera présenté d'ici quelques semaines. N. Sarkozy a proposé les bases d'un plan. Nous allons maintenant rentrer avec l'ensemble des ministres concernés dans les arbitrages ministériels et très rapidement, nous proposerons donc ce plan.
De la même façon, l'égalité des chances, c'est aussi un rendez-vous important puisque l'égalité des chances, ce sera la grande cause nationale pour l'année 2006 et nos compatriotes, partout dans le pays, chacun prend conscience de l'importance de cette notion d'égalité et la crise des banlieues n'a fait que renforcer la conscience de l'importance de ce sujet. Une loi sur l'égalité des chances sera présentée en janvier et nous ferons en sorte dans tous les domaines que cette égalité des chances puisse faire vivre nos grands principes républicains.
Et puis, l'immigration. Nous continuerons le renforcement dans le domaine de la lutte contre l'immigration irrégulière mais nous souhaitons aussi des règles fermes, vous le savez, dans tout ce qui concerne l'immigration régulière, regroupement familial, accueil des étudiants étrangers mais aussi mariages mixtes à l'étranger. Nous avons pris un certain nombre de mesures ; elles seront adoptées sur le plan législatif dans le courant de cette année 2006.
Donc vous le voyez, une année 2006 qui sera une année d'action, une année utile pour l'ensemble des Françaises et des Français et le Gouvernement l'appuiera avec toute sa mobilisation et toute son énergie.
Deux mots sur les rendez-vous internationaux des derniers jours. D'abord sur le Conseil européen où vous le savez, l'Europe a maintenant un budget ; c'est une véritable relance pour l'Europe qui peut regarder vers l'avant et ouvrir de nouvelles perspectives. Le président de la République sera amené à faire dans ce domaine, le domaine institutionnel, vous le savez, des propositions. Et le rendez-vous de l'OMC également qui est un rendez-vous d'étape, un compromis a été trouvé qui préserve nos intérêts dans le domaine agricole. Nous avons pu aussi réaliser quelques avancées encore trop insuffisantes en direction des pays les moins avancés ; nous aurions souhaité aller plus loin dans le domaine du développement, l'accès au médicaments, le coton, tout ce qui concerne aussi le principe "Tout sauf les armes", principe européen que nous souhaitons voir étendre partout. Dans ces domaines, il y a encore beaucoup de progrès à faire, en particulier sur les autres volets de la négociation ; je pense à tout ce qui touche aux services et à l'industrie. Donc des négociations qui sont des étapes vers la relance de l'Europe d'un côté et vers de nouveaux progrès, nous le souhaitons rapidement, à Genève.
Voilà brièvement ce que nous souhaitions vous dire et peut-être répondre à quelques unes de vos questions si vous en avez. Alors j'en profite aussi pour bien sûr souhaiter à chacune et chacun, avec l'ensemble du Gouvernement, tous nos v?ux pour ces fêtes de Noël et l'ensemble des efforts du Gouvernement dans ce domaine.(Source http://www,premier-ministre,gouv,fr, le 19 décembre 2005)