Texte intégral
Le Journal du Dimanche. Vous êtes très critique vis-à-vis des grèves menées récemment par la CGT à la SNCF ou à la RTM à Marseille. Pourquoi ?
R - À la SNCF, nous avons démontré que nous pouvions obtenir davantage par la négociation que par la grève. Quant à Marseille, ce n'est pas normal qu'une grève dure 46 jours. Peut-on défendre le service public en bloquant si longtemps les usagers ? La question se pose aussi au maire de cette ville [Jean-Claude Gaudin (UMP)] qui a refusé tout contact avec les salariés pendant 40 jours, et qui décide seul. Sans parler de l'entreprise qui a attendu un mois avant de négocier. Je rappelle qu'il n'y a aucun accord dans les transports de province sur la prévention des conflits.
Le Journal du Dimanche. Pourtant la CFDT a participé à la grève à la RTM?
R - Certes. Mais l'intransigeance des directions dans les entreprises publiques marseillaises conduit à l'exacerbation des conflits. C'est catastrophique ! On ne voit pas cela chez nos voisins européens. Il faut vraiment que nous inventions en France de nouvelles relations sociales, en particulier dans les services publics. Et cela n'exonère pas la CFDT de ses responsabilités.
Le Journal du Dimanche. Nicolas Sarkozy estime que la contrepartie du monopole est le service minimum. Qu'en pensez-vous ?
R - Il ne croit pas au dialogue social. Il dit vouloir changer le modèle social français sans les syndicats. C'est un choix classique : les politiques décident seuls, les syndicats manifestent. Ce n'est pas comme cela que l'on fait vivre le dialogue !
Le Journal du Dimanche. Après les émeutes dans les banlieues, les syndicats vont négocier avec le Medef en décembre sur la « diversité » des salariés dans les entreprises. Il s'agit de promouvoir l'emploi des minorités. Que proposez-vous ?
R - Je préfère parler d'égalité des chances. Ce ne sera pas une négociation simple car la discrimination est complexe à définir et à combattre. Mais il y a un consensus pour aboutir. Au-delà de cette négociation, nous proposons un contrat d'accompagnement vers l'emploi pour les jeunes, avec une formation s'ils sont sortis du système scolaire sans qualification. En contrepartie, ils recevraient une allocation d'insertion et une aide au logement.
Le Journal du Dimanche. Pourquoi êtes-vous opposé aux quotas ?
R - Tout le monde les rejette. Les quotas supposent un classement douteux des personnes en fonction de leur couleur de peau, de leur handicap, leur orientation sexuelle? C'est à l'opposé des valeurs que nous défendons.
Le Journal du Dimanche. Êtes-vous favorable au CV anonyme ?
R - Au départ, nous n'y étions pas favorables. Aujourd'hui, on se rend compte que cela donne quelques résultats. Quand le jeune va jusqu'à l'entretien d'embauche, il a sa chance. Le CV anonyme peut-être expérimenté par des accords d'entreprise. Mais il n'empêche pas totalement toute discrimination. On peut aussi s'appuyer sur des exemples, comme celui de Peugeot, qui dispose d'un accord sur la diversité.
Le Journal du Dimanche. Et l'apprentissage dès 14 ans comme le préconise le Premier ministre ?
R - La CFDT est très favorable à l'apprentissage comme filière de qualification. Mais il ne peut s'agir d'un moyen de rattraper l'échec scolaire. Pour devenir apprenti, il faut déjà avoir un certain niveau de connaissance. À 14 ans, c'est trop tôt. Il me semble difficile de faire un choix professionnel si jeune. Mais nous ne sommes pas opposés à des passages en entreprise, en alternance, et à des enseignements plus adaptés pour aider les jeunes.
Le Journal du Dimanche. À propos du chômage, le patronat veut baisser la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi. Pour vous, c'est non ?
R - La CFDT ne peut pas l'accepter. Une telle mesure a déjà été prise en 2002. La durée d'indemnisation baissera quand le retour à l'emploi des chômeurs sera plus rapide. Pour cela, il leur faut un meilleur accompagnement. Le retournement démographique commence à produire ses effets. En 2006, de très nombreux salariés vont partir en retraite. C'est une chance pour l'emploi à ne pas manquer. Il faut que les entreprises remplacent ces départs. Elles ont une forte responsabilité en la matière.
Le Journal du Dimanche. Un accord sur l'assurance-chômage est-il possible ?
R - Les négociations ne font que commencer. C'est normal que les positions soient encore très éloignées. En particulier sur l'emploi précaire : nous voulons que celui-ci soit moins attractif pour les employeurs, en le rendant plus coûteux. Le Medef ne le veut pas. Mais en l'absence d'accord, l'État déciderait seul. Ce serait une claque pour le paritarisme. Je ne veux pas y croire.
Le Journal du Dimanche. Comment sortir de l'impasse pour les intermittents du spectacle ?R - La CFDT tient à garder le régime des intermittents dans le giron de la solidarité interprofessionnelle. Il faut d'abord conclure les négociations sur le régime général. Ensuite, nous mettons une condition : le gouvernement doit pérenniser le fonds crée en 2003 [en faveur des artistes dont les droits avaient baissé], financé par l'État, les collectivités locales et les employeurs. S'il ne le fait pas, la CFDT ne signera pas pour les intermittents.
R - À la SNCF, nous avons démontré que nous pouvions obtenir davantage par la négociation que par la grève. Quant à Marseille, ce n'est pas normal qu'une grève dure 46 jours. Peut-on défendre le service public en bloquant si longtemps les usagers ? La question se pose aussi au maire de cette ville [Jean-Claude Gaudin (UMP)] qui a refusé tout contact avec les salariés pendant 40 jours, et qui décide seul. Sans parler de l'entreprise qui a attendu un mois avant de négocier. Je rappelle qu'il n'y a aucun accord dans les transports de province sur la prévention des conflits.
Le Journal du Dimanche. Pourtant la CFDT a participé à la grève à la RTM?
R - Certes. Mais l'intransigeance des directions dans les entreprises publiques marseillaises conduit à l'exacerbation des conflits. C'est catastrophique ! On ne voit pas cela chez nos voisins européens. Il faut vraiment que nous inventions en France de nouvelles relations sociales, en particulier dans les services publics. Et cela n'exonère pas la CFDT de ses responsabilités.
Le Journal du Dimanche. Nicolas Sarkozy estime que la contrepartie du monopole est le service minimum. Qu'en pensez-vous ?
R - Il ne croit pas au dialogue social. Il dit vouloir changer le modèle social français sans les syndicats. C'est un choix classique : les politiques décident seuls, les syndicats manifestent. Ce n'est pas comme cela que l'on fait vivre le dialogue !
Le Journal du Dimanche. Après les émeutes dans les banlieues, les syndicats vont négocier avec le Medef en décembre sur la « diversité » des salariés dans les entreprises. Il s'agit de promouvoir l'emploi des minorités. Que proposez-vous ?
R - Je préfère parler d'égalité des chances. Ce ne sera pas une négociation simple car la discrimination est complexe à définir et à combattre. Mais il y a un consensus pour aboutir. Au-delà de cette négociation, nous proposons un contrat d'accompagnement vers l'emploi pour les jeunes, avec une formation s'ils sont sortis du système scolaire sans qualification. En contrepartie, ils recevraient une allocation d'insertion et une aide au logement.
Le Journal du Dimanche. Pourquoi êtes-vous opposé aux quotas ?
R - Tout le monde les rejette. Les quotas supposent un classement douteux des personnes en fonction de leur couleur de peau, de leur handicap, leur orientation sexuelle? C'est à l'opposé des valeurs que nous défendons.
Le Journal du Dimanche. Êtes-vous favorable au CV anonyme ?
R - Au départ, nous n'y étions pas favorables. Aujourd'hui, on se rend compte que cela donne quelques résultats. Quand le jeune va jusqu'à l'entretien d'embauche, il a sa chance. Le CV anonyme peut-être expérimenté par des accords d'entreprise. Mais il n'empêche pas totalement toute discrimination. On peut aussi s'appuyer sur des exemples, comme celui de Peugeot, qui dispose d'un accord sur la diversité.
Le Journal du Dimanche. Et l'apprentissage dès 14 ans comme le préconise le Premier ministre ?
R - La CFDT est très favorable à l'apprentissage comme filière de qualification. Mais il ne peut s'agir d'un moyen de rattraper l'échec scolaire. Pour devenir apprenti, il faut déjà avoir un certain niveau de connaissance. À 14 ans, c'est trop tôt. Il me semble difficile de faire un choix professionnel si jeune. Mais nous ne sommes pas opposés à des passages en entreprise, en alternance, et à des enseignements plus adaptés pour aider les jeunes.
Le Journal du Dimanche. À propos du chômage, le patronat veut baisser la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi. Pour vous, c'est non ?
R - La CFDT ne peut pas l'accepter. Une telle mesure a déjà été prise en 2002. La durée d'indemnisation baissera quand le retour à l'emploi des chômeurs sera plus rapide. Pour cela, il leur faut un meilleur accompagnement. Le retournement démographique commence à produire ses effets. En 2006, de très nombreux salariés vont partir en retraite. C'est une chance pour l'emploi à ne pas manquer. Il faut que les entreprises remplacent ces départs. Elles ont une forte responsabilité en la matière.
Le Journal du Dimanche. Un accord sur l'assurance-chômage est-il possible ?
R - Les négociations ne font que commencer. C'est normal que les positions soient encore très éloignées. En particulier sur l'emploi précaire : nous voulons que celui-ci soit moins attractif pour les employeurs, en le rendant plus coûteux. Le Medef ne le veut pas. Mais en l'absence d'accord, l'État déciderait seul. Ce serait une claque pour le paritarisme. Je ne veux pas y croire.
Le Journal du Dimanche. Comment sortir de l'impasse pour les intermittents du spectacle ?R - La CFDT tient à garder le régime des intermittents dans le giron de la solidarité interprofessionnelle. Il faut d'abord conclure les négociations sur le régime général. Ensuite, nous mettons une condition : le gouvernement doit pérenniser le fonds crée en 2003 [en faveur des artistes dont les droits avaient baissé], financé par l'État, les collectivités locales et les employeurs. S'il ne le fait pas, la CFDT ne signera pas pour les intermittents.