Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, du 10 janvier 2006, sur un bilan de l'année 2005 et sur les priorités de la politique gouvernementale en 2006, Paris le 10 janvier 2006.

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Circonstance : Cérémonie des voeux du Premier ministre à la presse, à Paris le 10 janvier 2006

Texte intégral

Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à mon invitation, pour ces voeux à la presse.
Je voudrais commencer bien sûr, par vous souhaiter les meilleurs voeux possibles, pour vous-mêmes, pour vos familles, ainsi que pour l'ensemble des médias que vous représentez. La radio, la télévision, la presse écrite, régionale ou nationale, les sites Internet. Tous ensemble, je vous souhaite le meilleur pour cette année, qui sera, une fois de plus, une année de grands changements à travers le monde et en France.
Cette année, je le sais, et vous l'avez rappelé, Chantal Didier, la liberté de la presse à nouveau a été un grand combat. Et vous avez payé un très lourd tribut. Je salue, bien sûr, Christian Chesnot, Georges Malbrunot, Florence Aubenas, et vous avez cité, plus récemment notre otage, libéré hier, et puis Ingrid Betancourt. Et c'est vrai, que nous continuons à nous battre au quotidien, pour tout faire, en vue de sa libération et de celles et ceux qui sont avec elle.
Ce combat pour la liberté de la presse, il est indispensable, parce que c'est un combat pour la démocratie, c'est un combat pour l'information. Et vous savez que la conviction qui est la mienne, c'est que tout ce qui va dans le sens de la transparence, tout ce qui va dans le sens de la vérité, est bon, pour vous, pour la politique, pour la Nation, et pour le monde.
Alors, c'est vrai qu'il y a de nouveaux défis pour les médias : des défis économiques, des défis technologiques importants. On voit l'apparition des journaux gratuits, la révolution du numérique, tout cela exige des adaptations. Eh bien nous sommes là pour vous accompagner, et c'est vrai que nous voulons trouver les moyens de faire en sorte que cette mutation puisse se faire dans cette exigence d'information et de transparence indispensables à toute démocratie.
L'année 2005 a été une année importante avec, à la fois, des succès et en même temps des difficultés, voire des crises. Mais c'est une année où nous avons, les uns et les autres, appris beaucoup. Beaucoup de leçons. Et la conviction qui est la mienne, c'est que la France en sort fortifiée, davantage mûrie, plus riche d'expériences. Alors, en 2006, j'ai émis le souhait d'"une année utile". Qu'est-ce que cela veut dire "une année utile" pour la France en 2006 ? Eh bien d'abord, une année d'engagements, une année de vérité aussi, et une année de détermination et de courage.
Une année d'engagements : je suis têtu ! Et le Président de la République m'a confié une mission. Cette mission, c'est de mener à la tête de notre pays la bataille pour l'emploi. La bataille pour l'emploi, qui est la grande préoccupation de nos compatriotes. Cette préoccupation, je voudrais, si vous le voulez bien, m'y attarder.
Quelle est sa signification profonde ? Eh bien d'abord, c'est que cela concerne toutes les Françaises et tous les Français. L'ouvrier, qui a peur que son entreprise soit délocalisée ; les parents qui s'inquiètent de l'entrée dans la vie active de leur fils ou de leur fille ; la jeune maman, qui est en intérim ou en travail temporaire ; la personne de plus de 50 ans, senior, que l'on voudrait pousser vers la fin de l'activité. Cela concerne tout le monde. Et cela fragilise tout le monde et tout le pays. Parce qu'en effet, il y a ceux qui souffrent de ne pas avoir d'emploi, et il y a tous ceux qui craignent de perdre l'emploi qu'ils ont. Et cela veut dire, qu'aujourd'hui, le chômage, ce n'est pas simplement un problème économique, un problème social, c'est aussi, aujourd'hui, dans notre pays, un problème politique majeur. Et quand je dis "problème politique", je veux dire un problème démocratique.
Comment croire dans la politique, comment croire dans la puissance publique, si, quand elle s'investit pour apporter des réponses à nos problèmes, elle n'obtient pas de résultats ? Voilà le grand défi d'aujourd'hui : faire reculer le chômage. Alors, nous nous sommes battus. En 2005, nous avons eu des premiers résultats, nous avons ciblé l'action sur les très petites entreprises, et nous avons créé "le contrat nouvelles embauches", le chèque "très petites entreprises". Nous constatons aujourd'hui, un sondage vient de le dire : près de 30% des "contrats nouvelles embauches" n'auraient pas été signés si ce contrat spécifique n'avait pas été inventé. Et puis, ces contrats s'adressent aussi à des gens qui étaient dans l'extrême précarité, et qui, grâce à ce contrat peuvent retrouver pied sur l'emploi dans le cadre d'un vrai contrat à durée indéterminée.
Nous avons engagé la modernisation du service public de l'emploi, et je veux rendre hommage aux hommes et aux femmes, dans notre pays, qui se sont mobilisés pour apporter des réponses à ces inquiétudes du quotidien, et à qui j'ai demandé de recevoir, tous les mois, les demandeurs d'emploi dans notre pays. C'est une chose que de "pointer" comme on dit à l'ANPE, une fois par an ou une fois tous les deux ans. C'est autre chose que d'y être reçu, avec un référent, qui, tous les mois, appuie vos efforts, guide votre travail, vers un stage, vers un contrat, et qui vous aide et vous appuie au quotidien. Un référent, un dossier unique, un dossier informatique qui vous suit, autant d'éléments nouveaux. Et puis, un contrôle, parce qu'il faut bien que dans notre pays les règles élémentaires soient respectées si l'on veut avancer ; un contrôle du suivi, du retour à l'emploi. Oui, cela n'a rien de choquant. C'est le principe d'une démocratie mûre, c'est le principe d'une démocratie courageuse, c'est le principe d'une démocratie qui s'assume en fixant des règles, et les mêmes pour tous.
Et puis aussi, nous avons remis de l'ordre dans "les contrats aidés" pour qu'ils redeviennent lisibles, utilisables, compréhensibles. Et c'est vrai, nous avons aujourd'hui de premiers résultats.
Je ne m'en satisfais pas, et c'est pour cela que j'ai décidé d'annoncer d'ici quelques jours, la deuxième étape de la bataille pour l'emploi.
Lors de la première étape, nous avions fixé les très petites entreprises. Il fallait consolider l'emploi dans un partenariat entre le salarié et l'employeur. La deuxième étape, nous allons cibler notre effort sur les jeunes.
Pourquoi les jeunes ? Partons d'un constat : 20% de chômage des jeunes dans notre pays. Il faut de 8 à 11 ans à un jeune pour rentrer durablement sur le marché du travail. Cela veut dire quoi ? Des stages, des CDD, des périodes d'inactivité, de l'inquiétude, de la difficulté à trouver un logement, de la grande difficulté à s'engager dans une vie personnelle et familiale. Tout ceci doit être changé.
Et c'est pour cela que nous aborderons cette deuxième phase avec la même détermination et la même énergie que la première.
Alors, cela ne suffit pas encore, nous le savons. Le marché de l'emploi évolue ; la démographie française et européenne évolue. Et nous avons besoin de défendre et de développer davantage l'activité dans notre pays. Cela veut dire, permettre à tous ceux qui le souhaitent de travailler ou de travailler plus : les seniors, les femmes, tous ceux qui souhaitent développer leur activité doivent pouvoir le faire dans notre pays. C'est un défi essentiel pour la compétition française.
Cette mobilisation, elle est indispensable pour redonner confiance à notre pays. Elle est indispensable aussi, pour adapter notre pays à la mondialisation. Si cet effort n'est pas fait, eh bien nous verrons nos chances et nos forces péricliter. Donc, nous devons le faire, et nous devons le faire vite.
Une année d'engagements donc, mais aussi, et cela va de pair, une année de vérité. La vérité, c'est votre métier et c'est l'exigence de mon métier à moi de responsable politique. Il n'y a pas d'action politique qui ne s'appuie sur la vérité. Le faux-semblant, le mensonge, la fuite en avant, cela fait illusion quelques mois ; parfois quelques années. On ne bâtit rien sur le faux-semblant. La première vérité, c'est que la croissance, dans notre pays, n'est pas suffisante et que, quand nous voyons la croissance mondiale, nous nous disons que nous n'en profitons pas assez, que nous ne nous sommes pas donnés les moyens suffisants pour en bénéficier. Alors, nous avons engagé une bataille pour la compétitivité, pour l'attractivité, nous avons renforcé nos moyens avec la création d'OSEO, l'Agence nationale pour la recherche, l'Agence nationale pour l'innovation industrielle. Nous avons une grande réforme fiscale ; nous avons réformé la taxe professionnelle ; nous avons créé une délégation à l'aménagement et à la compétitivité des territoires. Tout cela n'est pas suffisant.
Il faut aller plus loin pour profiter de l'énergie, de l'enthousiasme de nos compatriotes, leur donner les moyens véritablement de s'exprimer, libérer ces énergies. D'autres chantiers doivent s'ouvrir. Le Président de la République a fixé là encore une feuille de route : le nucléaire, le numérique, autant d'exemples, autant de nécessités pour la France, pour gagner la bataille de l'économie de la connaissance. Et nous relèverons tous ensemble ces défis. Le Président de la République a ouvert une nouvelle voie pour le financement de la protection sociale. Nous allons explorer cette voie. Et je réunirai très prochainement un comité interministériel rassemblant l'ensemble des ministres compétents et j'ai demandé au Centre d'Analyse Stratégique de bien vouloir éclairer les différents scénarios, les différents impacts possibles de telles réformes sur notre économie. Nous voulons avancer avec la garantie de l'équilibre, avec la connaissance exacte des répercussions des différentes mesures que nous pourrions prendre.
La deuxième vérité indispensable, c'est celle de la modernisation de l'État. Nous ne pouvons pas avancer avec des boulets aux pieds. Nous ne pouvons pas accepter des rigidités, des lourdeurs, des réflexes par trop bureaucratiques. Or, cela tombe bien, parce que l'État en France, et les serviteurs de l'État en France, sont les premiers demandeurs de la réforme. Ils veulent s'adapter, moderniser, mieux servir nos concitoyens. Et là aussi, il faut ouvrir les yeux, et ce Gouvernement a voulu le faire dans la plus totale clarté. Et c'est pour cela que nous avons voulu dire aux Français la réelle situation financière de notre pays : 1.100 milliards de dette, 17.000 euros pour chaque enfant qui naît dans notre pays. Là encore, ce n'est pas acceptable. Et j'ai fixé un objectif : d'ici à cinq ans, nous allons stabiliser la dépense publique ; nous allons faire en sorte que de 66% aujourd'hui, nous arrivions à 60 % dans cinq ans, c'est-à-dire l'équilibre de nos finances publiques. C'est une exigence absolue et je réunirai demain la Conférence nationale des finances publiques, rassemblant tous les grands partenaires, l'État bien sûr, mais aussi les collectivités territoriales et les représentants, partenaires sociaux de la Sécurité sociale. Et au mois de juin, lors du débat d'orientation budgétaire, nous fixerons un engagement chiffré de réduction de la dette. C'est dire que nous voulons prendre toutes nos responsabilités et le faire en toute transparence devant les Français. La modernisation, c'est bien sûr aussi clarifier les missions, redéfinir le contour des structures de l'État : tout cela, c'est bien ce que nous ferons en 2006. Je l'ai dit :il ne s'agit pas d'avancer dans la réforme avec un rabot, il s'agit de définir une vision, une exigence, et d'en tirer ensemble, dans le dialogue et la concertation, toutes les conclusions.
La troisième exigence de vérité, et qui est peut-être l'une des plus importantes - et certainement même - c'est l'impatience de nos compatriotes. Nos compatriotes attendent de nous des résultats. Ils veulent des décisions et ils veulent d'abord plus de choix, plus de liberté, d'activité, davantage de retours sur le pouvoir d'achat. Ils veulent une société où ils puissent s'épanouir et s'exprimer plus librement, et en même temps, ils souhaitent être mieux armés : plus d'éducation, plus de formation pour affronter les changements du monde, et en même temps être mieux protégés face aux risques de la santé ou du chômage. Eh bien, tout cela, il faut que nous arrivions à l'intégrer et à y répondre. Et c'est pour cela que j'ai mis au coeur de la politique de ce Gouvernement le principe de l'accompagnement personnalisé. Bien sûr, un socle de principes républicains pour tous, mais la possibilité aussi à chaque âge de la vie, à chaque étape de la vie, en matière d'éducation et de formation, en matière d'emploi, en matière de solidarité face aux situations d'urgence, d'apporter les réponses qui correspondent à la situation de chacun. Quand vous rendez visite à un centre d'hébergement d'urgence, il y a, bien sûr, une âpreté, une dureté, une épreuve derrière le parcours de chacun, mais les difficultés sont souvent très différentes, même si, parfois, plusieurs d'entre elles sont communes - difficultés personnelles, difficultés psychologiques, problèmes de santé, problème familial - et à chaque fois, il faut apporter les bonnes réponses pour permettre la réinsertion. Et il faut faire tout cela en même temps. C'est bien le défi aujourd'hui, de la société française, compte tenu de ce qu'est notre tradition, compte tenu de ce qu'est notre esprit national : des principes communs, mais aussi un accompagnement personnalisé, qui prend en compte la situation de chacun et qui ne laisse personne au bord du chemin.
Engagement, vérité, mais aussi, je vous l'ai dit, détermination et courage. Et cela passe par un combat essentiel, la défense de notre unité nationale. Nous l'avons vu à l'occasion de la crise des banlieues, cette unité n'est pas donnée, ce travail, il n'est pas gagné, c'est un combat de tous les jours. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire des règles pour défendre une autorité et un ordre républicain ; cela veut dire une politique de sécurité qui, tous les jours, est soucieuse de mieux répondre aux problèmes qui se posent : les violences aux personnes, les violences urbaines, aller apporter son concours pour aider au règlement des violences intrafamiliales qui se développent. À chaque fois de nouveaux outils, de nouveaux moyens, de nouveaux dispositifs.
De la même façon, il faut renforcer nos règles face au problème de l'immigration. Certes, lutter efficacement et fortement contre l'immigration irrégulière, mais aussi renforcer nos règles vis-à-vis de l'immigration régulière. Et nous avançons dans cette voie. Le regroupement familial, les étudiants étrangers, les mariages mixtes à l'étranger : à chaque fois, trouvons des solutions adaptées, conformes à l'esprit à la fois d'ouverture et d'humanisme de notre pays, et en même temps, à notre exigence républicaine. Des règles, mais aussi des valeurs, des principes qu'il nous faut respecter à chaque étape : la laïcité, l'un des socles de notre vie républicaine ; le respect, le respect de l'autre, l'attention aux autres, l'égalité des chances, qui sera la grande cause nationale pour 2006.
Et puis, ne l'oublions pas, il nous faut une raison de vivre ensemble. Vivre ensemble, alors que nous sommes parfois si différents de par nos origines, de par notre histoire, de par nos mémoires, de par nos identités, si différents et pourtant si riches de ces différences, richesse de la métropole et de nos provinces, richesse de l'Outre-mer. Tout cela c'est une chance formidable pour la France. Dans ce monde si divers qui est le nôtre, dans un monde où l'échange, le partage, le dialogue des cultures est la clé, nous avons autant de passerelles, de ponts, autant de cultures qui sont des ferments pour mieux comprendre ce monde dans lequel nous vivons. Et puis, à côté de cette diversité, dont il faut se nourrir, il y a bien sûr cette exigence d'unité. Il y a une ambition commune, une fierté commune ; nous sommes tous fiers d'être Français, nous voulons affirmer cette identité française. Et ça aussi, c'est une force dans le monde d'aujourd'hui.
Combat pour l'unité nationale, combat aussi - et c'est un combat auquel je suis personnellement très attaché, parce que je crois qu'on ne peut pas bien faire ce que l'on fait si on ne l'assume pas complètement tel que l'on est -, combat pour une certaine idée de la politique. Alors, je sais, beaucoup d'entre vous sont amoureux des fables et ils rêvent de grandes épopées en 2006. J'ai peur d'en décevoir un certain nombre. Je ne sais pas s'il y aura beaucoup de fables à raconter dans cette année 2006, mais ce dont je suis convaincu, c'est que nous en retiendrons la morale, jour après jour et que la famille politique qui est la mienne a pris l'engagement : c'est de servir notre pays, nos concitoyens jusqu'au bout. C'est l'engagement que j'ai pris devant les Français, c'est la mission que m'a confiée le Président de la République, et c'est l'honneur de la politique que d'être fidèle à cet engagement. Dans l'idée que je me fais de la politique, il y a bien sûr des étapes et des exigences incontournables. Un diagnostic : comment agir, dans quelque secteur que ce soit, sur quelque sujet que ce soit, sans partir d'un diagnostic clair, d'un constat partagé ? Comment agir sans être capable après concertation de prendre les décisions, même si le consensus ne se fait pas toujours spontanément et naturellement ? Comment agir durablement si les résultats ne sont pas au rendez-vous pour épauler votre action et l'encourager. Je vous le dit : en 2006, parce que le combat sera mené pied à pied, nous devons avoir des résultats, nous aurons des résultats et c'est un enjeu démocratique majeur. Si nous voulons éviter que les échéances de 2007 ne soient pas qu'un simple exutoire - et nous savons que le risque existe ; que le choix ne soit que le jeu d'une alternance mécanique - eh bien les Français doivent pouvoir faire un choix serein. Ils doivent croire en la politique, ils doivent croire à la parole du politique ; ils doivent croire que la politique peut changer les choses. Alors, oui, la démocratie peut s'exercer ; alors, oui, nous ne risquons pas de connaître ce que nous avons connu en 2002.
Les Français doivent pouvoir se déterminer sur une vision de l'avenir. Et pour cela je voudrais vous exprimer deux convictions. La première, c'est que la France a une vocation. Elle a les vocations européenne et internationale ; elle a quelque chose à dire de particulier sur la scène mondiale ; elle a des valeurs et des principes de justice, de liberté de paix à défendre, et elle doit apporter sa contribution, tous les jours davantage, dans un monde et nous le savons en 2006 qui non seulement ne sera pas facile, mais connaîtra sans doute de plus grandes incertitudes encore que celles que nous avons connu. Oui, c'est un monde de grand danger dans lequel nous vivons. Grand danger compte tenu des crises régionales, grand danger compte tenu de la pauvreté, grand danger compte tenu de la prolifération, grand danger compte tenu du terrorisme et face à cela la France doit parler, doit agir, doit se faire entendre, parce que l'expérience qui est la nôtre, la conviction qui est la nôtre, l'esprit d'humanisme et d'universalisme qui est le nôtre, dans bien des cas, peut faire la différence.
Alors nous avons terminé l'année 2005 sur une note d'optimisme, d'encouragement en Europe. Nous avons un budget et nous avons été capables d'adopter une position commune à l'OMC à Hong Kong. Eh bien, nous devons faire mieux, mieux pour nous même, mais aussi mieux pour les autres et mieux pour le monde là où la voix de la France, là où la voix de l'Europe est attendue et entendue.
Et puis, ce sera ma deuxième conclusion, ma deuxième conviction : il y a un devenir français. Oh, je sais qu'il est de bon ton de douter, de s'interroger. Sortons des jeux du petit périphérique politique. Et c'est votre responsabilité formidable que de pouvoir donner la parole aux Français. Quelle chance de pouvoir les écouter à travers les radios, les télévisions, sur Internet, dans la presse écrite s'exprimer ! C'est un bon sens qui est souvent rafraîchissant. Quelle chance que de pouvoir trouver des exemples d'enthousiasme, d'esprit d'entreprise, d'optimisme, des parcours exceptionnels de ceux qui ont su renverser le cours de l'histoire, faire fi des obstacles pour tracer un destin personnel, pour changer leur vie et celle de leur entourage. Oui ! Autant d'exemples dont nous avons tous besoin et vous ne pouvez pas vous imaginer - et je ne le dis pas comme Premier Ministre, je le dis comme lecteur, je le dis comme téléspectateur, je le dis comme auditeur - se lever le matin avec une bonne nouvelle, une bonne nouvelle pour la France, une bonne nouvelle pour les Français, oui, cela change une journée. Et, ne l'oublions pas, nous sommes le plus jeune pays de notre « vieux continent ». En 2030, nous serons le pays le plus peuplé d'Europe. Cela crée des devoirs et cela fait des lecteurs, des auditeurs, des téléspectateurs. Réjouissez-vous ! Alors, au moment où je vois, au-delà de professions éminemment respectables - les météorologues, les astrologues - je vois surgir une nouvelle population dans notre pays, de nouveaux experts : les "déclinologues". De grâce, il y a vingt siècles d'Histoire dans notre pays pour nous rappeler qui nous sommes et où nous allons. Alors, ce n'est pas en levant le doigt pour savoir dans quel sens va le vent que nous devons chercher à comprendre quel est le destin de la France. C'est en regardant en nous, c'est en puisant dans nos forces, c'est en regardant autour de nous. Et c'est fort de cette conviction que nous ferons que la France restera la France.
Alors, et ce sera mon dernier voeux, nous aurons une année dense, une année intense en 2006. Eh bien, je forme le voeu que chacun d'entre vous, avec l'encre, avec l'image, avec le son, avec les derniers moyens de la technologie, ait à coeur, à chaque étape de sa journée, de mettre quelques gouttes d'humour et quelques gouttes de tendresse. Car croyez-moi, cela rend la vie plus belle. Je vous remercie."http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 janvier 2006