Texte intégral
Q ? Bernard Planche est retenu en otage depuis le 5 décembre dernier. Il est apparu aux mains de ses ravisseurs, dans une cassette diffusée mardi soir sur les antennes françaises. Comment réagissez-vous aux menaces des ravisseurs ?
R ? Rien ne justifie la captivité de Bernard Planche, qui travaillait en Irak en qualité d'ingénieur dans la distribution d'eau. Il est inacceptable de priver illégalement un être de sa liberté. J'en appelle à nouveau aux ravisseurs pour qu'ils libèrent sans délai notre compatriote. Je rappelle également que la France n'est pas présente militairement en Irak. Nous avons toujours pensé qu'il ne s'agissait pas de se substituer aux Irakiens, mais au contraire de les aider à retrouver la pleine maîtrise de leur destin.
Q ? Quelle est la mobilisation réelle des services de l'Etat ?
R ? Notre diplomatie a pour objectif prioritaire d'assurer la sécurité de nos concitoyens à l'étranger. Il est donc normal que nous soyons mobilisés pour Bernard Planche. Je pense aux exemples récents du travail accompli pour que Florence Aubenas, Christian Chesnot et Georges Malbrunot retrouvent leur liberté. Nous continuerons à travailler de manière plus intense pour que Bernard Planche, Ingrid Betancourt, mais aussi d'autres otages dont on parle moins, retrouvent la liberté. Je peux vous assurer que l'ensemble des services de l'Etat est pleinement mobilisé, tout particulièrement l'ambassade de France à Bagdad. C'est notre préoccupation constante et j'y attache une attention particulière. Nous sommes en contact quasi quotidien avec la famille de M. Planche, dont je salue le courage.
Q ? La mobilisation pour la libération de Bernard Planche est moins importante que celle exprimée précédemment pour d'autres Français également otages ?
R ? N'ayez aucun doute là-dessus : la mobilisation des services de l'Etat est la même aujourd'hui pour Bernard Planche, qu'hier pour d'autres otages. Mais la discrétion est un gage d'efficacité. Rappelons-nous également que chaque cas d'enlèvement est particulier et répond à des circonstances spécifiques. Gardons-nous donc de toute tentative de comparaison.
Q ? Jean-Paul Kauffman, ancien otage au Liban, a toujours affirmé que la médiatisation était positive en cas d'enlèvement ?
R ? Il y a ce que la presse choisit de dire, et je ne me permettrai pas de lui donner de conseils. A l'inverse, dans toute affaire d'otage, le travail de l'Etat est facilité lorsque la discrétion est de mise. Il y a toujours ce terrible dilemme, que ce soit pour la presse ou les responsables politiques, entre ne pas en parler et risquer l'oubli ou trop en parler et tomber dans une hypermédiatisation qui peut faire aussi le jeu des ravisseurs. C'est un équilibre à trouver.
Q ? De quelle façon la France aide-t-elle l'Irak aujourd'hui ?
R ? Nous accueillons des Irakiens dans des programmes de formation de fonctionnaires, en particulier de policiers et de magistrats. Plus que jamais, dans la situation de l'Irak actuelle, une approche purement sécuritaire est impuissante à ramener la paix. Seule une politique associant l'ensemble des composantes de la société irakienne et comportant un horizon pour le retrait des forces étrangères pourra enrayer le cycle de la violence. Ce n'est que dans le cas d'une souveraineté retrouvée qu'un Etat de droit peut vraiment se mettre en place. La France appuie donc les efforts déployés par la Ligue arabe pour favoriser un vrai dialogue politique entre les différentes formations irakiennes et qui devraient se concrétiser par une conférence d'entente nationale à Bagdad, à la fin de mois de février 2006.
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 janvier 2006