Texte intégral
Q- Toute la nuit, les partenaires sociaux ont discuté autour des négociations sur le
financement et la nouvelle convention de l'Unedic, l'assurance chômage. Apparemment, la
négociation est bloquée. Pourtant, le Medef avait fait une concession, c'est-à-dire qu'il ne
veut pas le retour, comme il l'avait souhaité à un moment donné, à la dégressivité des
allocations chômage. Premièrement, est-ce une concession que vous appréciez ? Deuxièmement,
qu'est ce qui pourrait aujourd'hui débloquer la situation ?
R- C'est une concession que l'on apprécie, mais c'est une concession qui est déjà ancienne
dans la négociation. Les propositions du Medef, aujourd'hui, c'est de faire payer aux
chômeurs toutes les économies qu'on peut faire sur le système d'assurance chômage, en plus
de celles que nous avons faites lors de l'accord de fin 2002. Il ne faut jamais oublier que
fin 2002, il y a eu une réduction importante de la durée d'indemnisation des chômeurs. Et
ces effets-là n'ont pas eu lieu dans l'économie de l'Unedic. Deuxième chose : nous avons
proposé, et tout le monde est d'accord là-dessus, des mesures importantes pour mieux
accompagner les chômeurs et faire en sorte qu'on ait un lien plus fort entre la demande
d'emploi, son souhait et la réalité de l'emploi. Ces démarches doivent apporter deux
milliards d'euros d'économie, le temps de la convention.
Q- Mais vous êtes d'accord avec le Medef, que les mesures d'accompagnement à l'emploi sont
un facteur de financement de l'Unedic ?
R- Bien évidemment, et c'est aussi un facteur de retour à l'emploi plus rapide, c'est quand
même cela le plus positif. Donc ce sont des démarches positives qui nous permettent, nous
pensons, de passer le moment de la convention, c'est-à-dire de nous permettre de ne pas
remettre l'Unedic en difficulté et même de faire des économies. Le patronat, lui, nous
demande encore plus sur le dos des chômeurs. On ne peut pas accompagner le patronat aussi
loin qu'il le désire.
Q- Vous avez quand même espoir que d'ici au 31 décembre, on puisse aboutir à un accord ?
R- Tout d'abord, il ne faut pas dramatiser, la négociation reprend vendredi après-midi et
j'ai deux propositions à faire, qui sont très claires. D'une part, puisque nous savons que
l'année 2006 sera une année positive, c'est-à-dire que l'on ne va pas augmenter le déficit
parce qu'il y a un retour important à l'emploi, une baisse du chômage, on propose au Medef
de se dire qu'on reste sur les mesures d'économie que l'on a décidé sur l'accompagnement des
chômeurs et à la fin de l'année, si par malheur il y a un retournement de conjoncture et
qu'il y a un nouveau déficit, à ce moment là, on revoit le système d'indemnisation. Dans
tousles cas, on propose que dans les deux années qui viennent, ou dans l'année qui vient,
que l'on revoie en globalité le système d'indemnisation des chômeurs pour une raison simple
: ce système n'est plus adapté au type d'emplois qu'il y a dans notre pays, il est fait pour
des gens qui des carrières longues. Il n'est plus fait pour la précarité qui se développe
dans le pays. Il faut donc revoir l'ensemble. Et on s'engage, au plus tard en 2006, à
renégocier l'ensemble du système.
Q- Il y a un aspect particulier, qui est celui des intermittents du spectacle. Certains
d'entre eux ont occupé le théâtre de la Ville. On soupçonne la CFDT de vouloir, au fond, en
rester à l'accord qui
était jugé bancal, de 2003...
R- Tout d'abord, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne peut pas négocier sur le fond, un
accord pour les intermittents, si on n'a pas de convention pour les chômeurs, parce qu'on ne
peut pas négocier une annexe, si on n'a pas le corps de la convention...
Q- L'un et l'autre sont liés ?
R- Bien évidemment ! Comment voulez-vous négocier quelque chose pour une catégorie, alors
que tous les autres salariés du pays n'auraient pas leur assurance chômage ? Donc d'abord la
convention. Deuxièmement, on avait une exigence et on a gagné : le Gouvernement laisse le
fonds pour accompagner ce système d'intermittents du spectacle. Donc pour la première fois
dans notre pays, ce ne sera pas uniquement les salariés du privé qui financeront, ce sera
aussi l'Etat...
Q- Ce sera une mesure pérenne ?
R- Le Premier ministre, mardi, a dit que c'était une mesure pérenne. Maintenant, il faut
débattre entre nous de son utilisation. Donc à partir de ce moment-là, nous ne sommes pas
contre le fait de revoir certains éléments du précédent accord, pour faire en sorte que l'on
ait un accord. Et nous, on le veut cet accord pour les intermittents, on veut garder ce
système avec, en plus l'aide de l'Etat.
Q- Tout autre sujet : les passagers des trains de banlieues souffrent aujourd'hui à cause de
cette grève localisées sur l'Ile-de-France, du RER. Le président de la République, hier,
dans ses réponses aux lecteurs du Parisien disait que c'était incompréhensible,
disproportionné. Dites-vous, comme vous l'avez dit à propos de la grève de la SNCF, que
c'est inutile ?
R- Ce conflit est un conflit dans lequel la CFDT n'est pas impliquée, premièrement...
Q- Mais vous avez une opinion...
R- C'est un conflit local, donc je ne vais pas juger la raison du conflit. Ce que je puis
dire, et j'ai dit la même chose la dernière fois, c'est qu'il faut absolument que nous,
syndicalistes, nous réfléchissions à nos modes d'action dans les services publics. On ne
peut pas continuer à avoir des actions qui pénalisent les usagers. Je ne veux pas rejeter le
principe de la grève, la grève sera toujours utile pour l'expression des salariés quand il y
a un blocage. Mais comment faisons-nous pour arriver à d'autres types d'actions ou faire en
sorte que l'on règle les problèmes en amont ? C'est quand même un sujet sur lequel cela fait
maintenant un an qu'on sait qu'il va y avoir une modification du trafic pour ces lignes ;
tous les ans, on a un problème au changement d'horaires été-hiver. Il serait quand même bien
que l'on revoie le système de dialogue social dans cette entreprise pour éviter ce
problème...
Q- Mais la faute en est aux organisations syndicales ou à la direction ?
R- La faute en est au système. Donc la CFDT dit de façon très claire qu'on ne peut plus
continuer, syndicalement, à se couper de la population, à faire en sorte qu'a chaque fois,
on pénalise les usagers pour défendre le service public. Il faut que l'on réfléchisse à un
autre mode d'actions syndicales.
Q- Il y a une chose qui m'a frappé dans votre réaction aux propositions du Premier ministre,
que vous avez jugées décevantes : ne faites-vous pas preuve de mauvaise foi ? Je me souviens
que la CFDT a toujours prôné une sécurisation du parcours professionnel. Le Premier ministre
propose un contrat de transition professionnelle, d'abord à titre expérimental, et vous,
vous dites que c'est décevant !
R- Je n'ai pas dit tout à fait cela. J'ai dit que les propositions sur le pouvoir d'achat
étaient décevantes, parce qu'il n'y avait rien de nouveau...
Q- Avez-vous le sentiment que le Premier ministre vous balade par d'autres propositions ?
R- Sur le pouvoir d'achat, il n'a fait que répéter tout ce qu'il avait fait ou dit depuis
maintenant six mois, c'est-à-dire qu'il y a une confusion. Il nous avait même proposé une
prime transport, tout le monde s'en souvient, et maintenant, il nous dit "négociez entre
vous ? les partenaires sociaux - la prime transport". Ce qui veut dire qu'il l'a retirée !
Donc là, il y a un jeu de bonneteau : il y a une annonce et on la retire. Donc il y a
confusion. Par contre, sur les ouvertures de débats, sur la sécurisation des parcours
professionnels, c'est-à-dire réfléchir comment on peut aider chaque salarié, pour que tout
le long de sa carrière professionnelle, il y ait une solution quand il y a une difficulté
sur l'emploi, nous disons, allons-y, on est d'accord pour entrer dans cette démarche-là. Sur
la caisse complémentaire pour les intermittents,on a dit que c'était une bonne mesure. Que
l'on fasse une priorité pour les jeunes dans le cadre de cette sécurisation des parcours
professionnels, c'est très bien. On a besoin de réfléchir à la manière d'aider les jeunes
qui n'ont pas de formation ou qui ont une formation et qui ne trouvent pas d'emploi, ou ceux
qui sont victimes de discrimination dans les banlieues. On est favorables à ces chantiers,
maintenant, il faut que l'on travaille.
Q- Le ministre de l'Economie a demandé à monsieur Pébereau, l'ancien président de la BNP, un
rapport sur la fameuse dette ; on dit qu'elle est colossale, avec peut-être plus de 17.000
euros par citoyen. Pensez-vous que la France vit au-dessus de ces moyens ou, au contraire,
qu'il faut, comme parfois le Premier ministre en donne le sentiment, dépenser pour prendre
un certain nombre d'engagements sociaux ?
R- D'abord, je ferais deux remarques. Le Gouvernement a un double discours. Le ministre des
Finances a aussi un double discours : il nous donne une leçon - "on vit au-dessus de nos
moyens" - mais il baisse les impôts. Donc imaginez un ménage qui est endetté et qui dit,
volontairement, je me prive d'une partie de mes revenus, c'est-à-dire je passe à temps
partiel alors que je suis endetté ! Ce n'est pas très logique. On ne le fait pas parce qu'on
ne peut pas le faire ; l'Etat le fait ! Simplement, il se prive des impôts en privilégiant
une partie de la population. Ensuite, il augmente effectivement les dépenses. On n'a pas de
débat dans notre pays, sur ce que l'on attend de l'Etat, quelles sont ses missions, quelles
sont nos priorités. Le débat sur les ZEP est un débat intéressant, par exemple ce que fait
monsieur de Robien : a-t-on une priorité pour lutter contre l'échec scolaire dans les
banlieues, quels sont les moyens que l'on y met ? Et puis, deuxième remarque : la CFDT n'a
pas accepté de soutenir la réforme de l'assurance maladie, puisque l'on a décidé,
collectivement, dans notre pays, de transmettre la dette aux futures générations. J'ai dit
qu'on était la génération égoïste. Donc globalement, il faut que l'on reprenne ces problèmes
sur le fond. Et maintenant, transmettre la dette aux jeunes, demain, ce n'est plus
supportable !(Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 décembre 2005)
financement et la nouvelle convention de l'Unedic, l'assurance chômage. Apparemment, la
négociation est bloquée. Pourtant, le Medef avait fait une concession, c'est-à-dire qu'il ne
veut pas le retour, comme il l'avait souhaité à un moment donné, à la dégressivité des
allocations chômage. Premièrement, est-ce une concession que vous appréciez ? Deuxièmement,
qu'est ce qui pourrait aujourd'hui débloquer la situation ?
R- C'est une concession que l'on apprécie, mais c'est une concession qui est déjà ancienne
dans la négociation. Les propositions du Medef, aujourd'hui, c'est de faire payer aux
chômeurs toutes les économies qu'on peut faire sur le système d'assurance chômage, en plus
de celles que nous avons faites lors de l'accord de fin 2002. Il ne faut jamais oublier que
fin 2002, il y a eu une réduction importante de la durée d'indemnisation des chômeurs. Et
ces effets-là n'ont pas eu lieu dans l'économie de l'Unedic. Deuxième chose : nous avons
proposé, et tout le monde est d'accord là-dessus, des mesures importantes pour mieux
accompagner les chômeurs et faire en sorte qu'on ait un lien plus fort entre la demande
d'emploi, son souhait et la réalité de l'emploi. Ces démarches doivent apporter deux
milliards d'euros d'économie, le temps de la convention.
Q- Mais vous êtes d'accord avec le Medef, que les mesures d'accompagnement à l'emploi sont
un facteur de financement de l'Unedic ?
R- Bien évidemment, et c'est aussi un facteur de retour à l'emploi plus rapide, c'est quand
même cela le plus positif. Donc ce sont des démarches positives qui nous permettent, nous
pensons, de passer le moment de la convention, c'est-à-dire de nous permettre de ne pas
remettre l'Unedic en difficulté et même de faire des économies. Le patronat, lui, nous
demande encore plus sur le dos des chômeurs. On ne peut pas accompagner le patronat aussi
loin qu'il le désire.
Q- Vous avez quand même espoir que d'ici au 31 décembre, on puisse aboutir à un accord ?
R- Tout d'abord, il ne faut pas dramatiser, la négociation reprend vendredi après-midi et
j'ai deux propositions à faire, qui sont très claires. D'une part, puisque nous savons que
l'année 2006 sera une année positive, c'est-à-dire que l'on ne va pas augmenter le déficit
parce qu'il y a un retour important à l'emploi, une baisse du chômage, on propose au Medef
de se dire qu'on reste sur les mesures d'économie que l'on a décidé sur l'accompagnement des
chômeurs et à la fin de l'année, si par malheur il y a un retournement de conjoncture et
qu'il y a un nouveau déficit, à ce moment là, on revoit le système d'indemnisation. Dans
tousles cas, on propose que dans les deux années qui viennent, ou dans l'année qui vient,
que l'on revoie en globalité le système d'indemnisation des chômeurs pour une raison simple
: ce système n'est plus adapté au type d'emplois qu'il y a dans notre pays, il est fait pour
des gens qui des carrières longues. Il n'est plus fait pour la précarité qui se développe
dans le pays. Il faut donc revoir l'ensemble. Et on s'engage, au plus tard en 2006, à
renégocier l'ensemble du système.
Q- Il y a un aspect particulier, qui est celui des intermittents du spectacle. Certains
d'entre eux ont occupé le théâtre de la Ville. On soupçonne la CFDT de vouloir, au fond, en
rester à l'accord qui
était jugé bancal, de 2003...
R- Tout d'abord, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on ne peut pas négocier sur le fond, un
accord pour les intermittents, si on n'a pas de convention pour les chômeurs, parce qu'on ne
peut pas négocier une annexe, si on n'a pas le corps de la convention...
Q- L'un et l'autre sont liés ?
R- Bien évidemment ! Comment voulez-vous négocier quelque chose pour une catégorie, alors
que tous les autres salariés du pays n'auraient pas leur assurance chômage ? Donc d'abord la
convention. Deuxièmement, on avait une exigence et on a gagné : le Gouvernement laisse le
fonds pour accompagner ce système d'intermittents du spectacle. Donc pour la première fois
dans notre pays, ce ne sera pas uniquement les salariés du privé qui financeront, ce sera
aussi l'Etat...
Q- Ce sera une mesure pérenne ?
R- Le Premier ministre, mardi, a dit que c'était une mesure pérenne. Maintenant, il faut
débattre entre nous de son utilisation. Donc à partir de ce moment-là, nous ne sommes pas
contre le fait de revoir certains éléments du précédent accord, pour faire en sorte que l'on
ait un accord. Et nous, on le veut cet accord pour les intermittents, on veut garder ce
système avec, en plus l'aide de l'Etat.
Q- Tout autre sujet : les passagers des trains de banlieues souffrent aujourd'hui à cause de
cette grève localisées sur l'Ile-de-France, du RER. Le président de la République, hier,
dans ses réponses aux lecteurs du Parisien disait que c'était incompréhensible,
disproportionné. Dites-vous, comme vous l'avez dit à propos de la grève de la SNCF, que
c'est inutile ?
R- Ce conflit est un conflit dans lequel la CFDT n'est pas impliquée, premièrement...
Q- Mais vous avez une opinion...
R- C'est un conflit local, donc je ne vais pas juger la raison du conflit. Ce que je puis
dire, et j'ai dit la même chose la dernière fois, c'est qu'il faut absolument que nous,
syndicalistes, nous réfléchissions à nos modes d'action dans les services publics. On ne
peut pas continuer à avoir des actions qui pénalisent les usagers. Je ne veux pas rejeter le
principe de la grève, la grève sera toujours utile pour l'expression des salariés quand il y
a un blocage. Mais comment faisons-nous pour arriver à d'autres types d'actions ou faire en
sorte que l'on règle les problèmes en amont ? C'est quand même un sujet sur lequel cela fait
maintenant un an qu'on sait qu'il va y avoir une modification du trafic pour ces lignes ;
tous les ans, on a un problème au changement d'horaires été-hiver. Il serait quand même bien
que l'on revoie le système de dialogue social dans cette entreprise pour éviter ce
problème...
Q- Mais la faute en est aux organisations syndicales ou à la direction ?
R- La faute en est au système. Donc la CFDT dit de façon très claire qu'on ne peut plus
continuer, syndicalement, à se couper de la population, à faire en sorte qu'a chaque fois,
on pénalise les usagers pour défendre le service public. Il faut que l'on réfléchisse à un
autre mode d'actions syndicales.
Q- Il y a une chose qui m'a frappé dans votre réaction aux propositions du Premier ministre,
que vous avez jugées décevantes : ne faites-vous pas preuve de mauvaise foi ? Je me souviens
que la CFDT a toujours prôné une sécurisation du parcours professionnel. Le Premier ministre
propose un contrat de transition professionnelle, d'abord à titre expérimental, et vous,
vous dites que c'est décevant !
R- Je n'ai pas dit tout à fait cela. J'ai dit que les propositions sur le pouvoir d'achat
étaient décevantes, parce qu'il n'y avait rien de nouveau...
Q- Avez-vous le sentiment que le Premier ministre vous balade par d'autres propositions ?
R- Sur le pouvoir d'achat, il n'a fait que répéter tout ce qu'il avait fait ou dit depuis
maintenant six mois, c'est-à-dire qu'il y a une confusion. Il nous avait même proposé une
prime transport, tout le monde s'en souvient, et maintenant, il nous dit "négociez entre
vous ? les partenaires sociaux - la prime transport". Ce qui veut dire qu'il l'a retirée !
Donc là, il y a un jeu de bonneteau : il y a une annonce et on la retire. Donc il y a
confusion. Par contre, sur les ouvertures de débats, sur la sécurisation des parcours
professionnels, c'est-à-dire réfléchir comment on peut aider chaque salarié, pour que tout
le long de sa carrière professionnelle, il y ait une solution quand il y a une difficulté
sur l'emploi, nous disons, allons-y, on est d'accord pour entrer dans cette démarche-là. Sur
la caisse complémentaire pour les intermittents,on a dit que c'était une bonne mesure. Que
l'on fasse une priorité pour les jeunes dans le cadre de cette sécurisation des parcours
professionnels, c'est très bien. On a besoin de réfléchir à la manière d'aider les jeunes
qui n'ont pas de formation ou qui ont une formation et qui ne trouvent pas d'emploi, ou ceux
qui sont victimes de discrimination dans les banlieues. On est favorables à ces chantiers,
maintenant, il faut que l'on travaille.
Q- Le ministre de l'Economie a demandé à monsieur Pébereau, l'ancien président de la BNP, un
rapport sur la fameuse dette ; on dit qu'elle est colossale, avec peut-être plus de 17.000
euros par citoyen. Pensez-vous que la France vit au-dessus de ces moyens ou, au contraire,
qu'il faut, comme parfois le Premier ministre en donne le sentiment, dépenser pour prendre
un certain nombre d'engagements sociaux ?
R- D'abord, je ferais deux remarques. Le Gouvernement a un double discours. Le ministre des
Finances a aussi un double discours : il nous donne une leçon - "on vit au-dessus de nos
moyens" - mais il baisse les impôts. Donc imaginez un ménage qui est endetté et qui dit,
volontairement, je me prive d'une partie de mes revenus, c'est-à-dire je passe à temps
partiel alors que je suis endetté ! Ce n'est pas très logique. On ne le fait pas parce qu'on
ne peut pas le faire ; l'Etat le fait ! Simplement, il se prive des impôts en privilégiant
une partie de la population. Ensuite, il augmente effectivement les dépenses. On n'a pas de
débat dans notre pays, sur ce que l'on attend de l'Etat, quelles sont ses missions, quelles
sont nos priorités. Le débat sur les ZEP est un débat intéressant, par exemple ce que fait
monsieur de Robien : a-t-on une priorité pour lutter contre l'échec scolaire dans les
banlieues, quels sont les moyens que l'on y met ? Et puis, deuxième remarque : la CFDT n'a
pas accepté de soutenir la réforme de l'assurance maladie, puisque l'on a décidé,
collectivement, dans notre pays, de transmettre la dette aux futures générations. J'ai dit
qu'on était la génération égoïste. Donc globalement, il faut que l'on reprenne ces problèmes
sur le fond. Et maintenant, transmettre la dette aux jeunes, demain, ce n'est plus
supportable !(Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 décembre 2005)