Texte intégral
Q- Les négociations de l'Unedic, en vue de renouveler la convention d'assurance chômage, ont été suspendues hier. Elles reprennent cet après-midi : quel est votre pronostic ? Pensez-vous que l'on va aboutir à un accord et que le protocole proposé va être ratifié ?
R- Oui, je pense que l'on pourrait, effectivement, cet après-midi, aboutir à un accord, un accord à au moins quatre organisations syndicales plus, bien sûr, le patronat - le Medef, la CGPME et l'UPA. On est sur des points importants, autour des questions posées par la précarité, mais on peut effectivement trouver un terrain d'entente cet après-midi à quatre. Et j'espère que ce sera à quatre. En tout cas, les choses se présentent quand même pas mal.
Q- Quand vous dites à quatre, cela veut dire que FO reviendrait dans le jeu après avoir claqué la porte hier matin ?
R- FO n'a pas tort sur le fond. Une vraie question qui est posée, c'est celle de la précarité : comment intègre-t-on cette question de la précarité dans le régime de l'indemnisation du chômage ? Il faut savoir que 60 % des entrées au régime d'assurance chômage, c'est quand même du contrat précaire, c'est du CDD, c'est de l'intérim etc. Ce sera du CNE demain... Donc effectivement, le régime, aujourd'hui, doit regarder les choses et poser la question à ceux qui participent, à ceux qui cotisent, pour leur dire qu'il faut quand même intégrer cette question de la précarité et trouver des réponses au moins pour soulager, pour soutenir les demandeurs d'emploi qui seront face à cette difficulté.
Q- Donc vous soutenez la revendication de FO et, d'une certaine manière, vous comprenez pourquoi FO a claqué la porte hier ?
R- C'est un peu difficile. La raison, à mon avis, le regard que l'on peut porter à l'extérieur, elle est plus technique : il y a eu incompréhension entre la délégation patronale et la délégation de FO... Je l'interprète comme cela, maintenant...
Q- De votre point de vue, c'est un malentendu entre FO et le Medef, ce n'est pas une volonté du Medef de ...
R- J'ose penser que c'est un malentendu. Mais il n'y a pas un problème de fond. Vous savez, on est en contact entre nous, avec les différentes organisations syndicales, pour essayer de porter cette négociation ensemble et on regarde les choses. La question posée est bonne ; il faut l'écrire correctement et savoir que c'est quand même très, très technique. Vous savez, la formation professionnelle, c'est d'une complexité assez extraordinaire.
Q- Cet aménagement supposé, estimez-vous, correction faite, que leprotocole qui a été élaboré est satisfaisant ? J'ai eu le sentiment que le négociateur de votre syndicat, la CFTC, disait que ce n'était pas satisfaisant, même s'il est prêt à le ratifier...
R- Ce n'est pas satisfaisant, dans le sens où l'on n'a pas forcément un bon accord. On a un accord qui tient compte d'un contexte, d'une difficulté. Le régime d'assurance chômage est en train de souffrir de ce qu'il doit supporter 9 % de demandeurs d'emploi. Il n'est pas profilé pour cela. Et la difficulté, c'est qu'il faut - et c'est ce que nous avons prévu - que derrière cette négociation, nous regardions au fond du dispositif, comment le reprofiler, parce qu'il ne peut pas supporter les 10 % de chômeurs. Cela nécessite que l'on prenne d'autres dispositions, c'est-à-dire qu'on retrouve ce qu'on appelle des mesures actives pour le retour à l'emploi. On n'est pas vraiment satisfaits mais il faut lui donner ...
Q- Donc c'est une médication provisoire, de votre point de vue ?
R- Une "médication provisoire"... C'est comment, avec ce traitement, nous pouvons, dans la durée, assurer la convalescence, pour que dans les trois ou quatre ans, on puisse retrouver un bon équilibre de notre régime.
Q- Le Medef a fait un geste. Estimez-vous qu'il a reculé ?
R- Je ne vais pas le dire comme ça. Vous savez, on vient de loin dans cette négociation. On était, notamment, sur la dégressivité ...
Q- Pour être clair : madame Parisot a-t-elle joué un rôle important, derrière monsieur Gautier-Sauvagnac ?
R- Madame Parisot s'est posée la question d'une cotisation supplémentaire aux entreprises. Nous nous sommes aussi posés la question d'une cotisation supplémentaire pour les salariés et nous ne la souhaitions pas. Nous pensions que le régime pouvait éviter - alors, il fallait effectivement prolonger la convalescence - une cotisation des entreprises et une cotisation des salariés. Au bout, la négociation ne nous a pas donné raison. On a essayé de jouer a minima, c'est-à-dire qu'un 0,04 pour les salariés, c'est la solidarité, c'est nécessaire, mais ce n'est pas conséquent. Il fallait aussi éviter que l'on aille trop loin sur la remise en cause des périodes d'indemnisation et de la durée d'indemnisation.
Q- Allez-vous marginaliser la CGT ? La CGT estime que vous avez négocié dans les couloirs, dans son dos, pendant qu'elle restait en séance. Est-ce vrai ou faux ?
R- J'ai entendu cela... C'est faux, cela fait partie de la négociation. Il y a l'autre solution qui consiste à dire que l'on va se caler avant la négociation et que les couloirs, c'est avant la négociation. Tandis que là, on est en négociation, on se retrouve à quatre acteurs et on échange un peu sur les solutions, on n'est pas en vraie séance. Mais ce n'est pas gênant, cela fait partie du jeu, cela fait partie de la négociation. C'est important, les négociations, c'est l'échange, c'est parler !
Q- J'entends bien. Vous dites que cela fait partie du jeu mais si vous estimez - et vous allez le faire - nécessaire d'ouvrir le grand chantier de la réforme de fond l'année prochaine, pouvez-vous, de la même manière, avoir une CGT qui soit hors le jeu ?
R- Nous ne demandons pas mieux que la CGT soit dans le jeu et on a vraiment le sentiment qu'elle se met toujours à côté du jeu. Vous savez, il y a des positions faciles, celles qui consistent à dire "faites, faites, faites et moi, je serai derrière pour critiquer et j'en tire tous les avantages". Et il y a ceux qui, avec les organisations patronales, disent qu'ils vont assumer leurs responsabilités, qu'ils vont aller au bout, qu'il faut faire des efforts. Eh bien effectivement, on va s'engager [inaud.], on prend des risques ! C'est facile d'être en retrait et de dire un peu ce que l'on veut, que cela se négocie dans les couloirs, que cela se négocie ailleurs ! Non, cela se négocie là, et cela se négocie avec ceux qui sont capables de prendre leurs responsabilités quand la situation le demande.
Q- Un problème qui est posé est celui des intermittents du spectacle, dont certains manifestent aujourd'hui. Si j'ai bien compris, au fond, on va se contenter de reconduire le protocole de 2003, qui était un peu bancal, quitte à ce que l'Etat remette un peu au pot avec son fonds, en le rendant sinon pérenne, du moins en le prolongeant jusqu'à une éventuelle réforme. Comment expliquer 2003, 2004, 2005, on arrive en 2006 et que l'on n'ait toujours pas réussi à réformer cette assurance chômage, dans le cas particulier des intermittents ?
R- Vous posez bien la question...
Q- Oui, mais je trouve que vous, les organisations syndicales, vous répondez mal à la question !
R- Absolument, je le reconnais simplement. Et nous avons souvent dit à madame Parisot, au Medef et à nos partenaires de ne pas attendre le dernier moment pour regarder les choses. Et c'est d'ailleurs ce que l'on va faire sur l'assurance chômage : on ne va pas attendre 2008 pour regarder un peu, reprofiler les choses à l'intérieur du régime... Il fallait faire la même chose pour les intermittents en regardant deux choses : la part de chacun, la responsabilité de chacun dans le dispositif. Nous sommes dans un régime général et nous pouvons effectivement considérer qu'il y a un cas particulier. Mais il ne nous en faut pas de trop : vous savez, demain, le bâtiment peut venir... C'est la première chose. Comment allons-nous regarder les choses ? On n'a pas dit qu'on allait reconduire a minima ou reconduire en l'état l'accord 2003. Ce que l'on dit, c'est qu'il faut un accord, que nous allons écouter ce que sont les revendications essentielles, voir si aujourd'hui ou dans les jours prochains nous pouvons les intégrer dans le dispositif. En attendant - et là, la CGT est d'accord il me semble - que l'on puisse aller sur une négociation sur le fond et non pas attendre la prochaine échéance, c'est-à-dire dans deux ans, mais ouvrir ce dossier en début d'année, dès le mois de janvier, de manière un peu plus sereine peut-être.
Q- Cela fait-il partie du chantier de la réforme générale de l'Unedic que vous envisagez ?
R- Absolument !(Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 décembre 2005)
R- Oui, je pense que l'on pourrait, effectivement, cet après-midi, aboutir à un accord, un accord à au moins quatre organisations syndicales plus, bien sûr, le patronat - le Medef, la CGPME et l'UPA. On est sur des points importants, autour des questions posées par la précarité, mais on peut effectivement trouver un terrain d'entente cet après-midi à quatre. Et j'espère que ce sera à quatre. En tout cas, les choses se présentent quand même pas mal.
Q- Quand vous dites à quatre, cela veut dire que FO reviendrait dans le jeu après avoir claqué la porte hier matin ?
R- FO n'a pas tort sur le fond. Une vraie question qui est posée, c'est celle de la précarité : comment intègre-t-on cette question de la précarité dans le régime de l'indemnisation du chômage ? Il faut savoir que 60 % des entrées au régime d'assurance chômage, c'est quand même du contrat précaire, c'est du CDD, c'est de l'intérim etc. Ce sera du CNE demain... Donc effectivement, le régime, aujourd'hui, doit regarder les choses et poser la question à ceux qui participent, à ceux qui cotisent, pour leur dire qu'il faut quand même intégrer cette question de la précarité et trouver des réponses au moins pour soulager, pour soutenir les demandeurs d'emploi qui seront face à cette difficulté.
Q- Donc vous soutenez la revendication de FO et, d'une certaine manière, vous comprenez pourquoi FO a claqué la porte hier ?
R- C'est un peu difficile. La raison, à mon avis, le regard que l'on peut porter à l'extérieur, elle est plus technique : il y a eu incompréhension entre la délégation patronale et la délégation de FO... Je l'interprète comme cela, maintenant...
Q- De votre point de vue, c'est un malentendu entre FO et le Medef, ce n'est pas une volonté du Medef de ...
R- J'ose penser que c'est un malentendu. Mais il n'y a pas un problème de fond. Vous savez, on est en contact entre nous, avec les différentes organisations syndicales, pour essayer de porter cette négociation ensemble et on regarde les choses. La question posée est bonne ; il faut l'écrire correctement et savoir que c'est quand même très, très technique. Vous savez, la formation professionnelle, c'est d'une complexité assez extraordinaire.
Q- Cet aménagement supposé, estimez-vous, correction faite, que leprotocole qui a été élaboré est satisfaisant ? J'ai eu le sentiment que le négociateur de votre syndicat, la CFTC, disait que ce n'était pas satisfaisant, même s'il est prêt à le ratifier...
R- Ce n'est pas satisfaisant, dans le sens où l'on n'a pas forcément un bon accord. On a un accord qui tient compte d'un contexte, d'une difficulté. Le régime d'assurance chômage est en train de souffrir de ce qu'il doit supporter 9 % de demandeurs d'emploi. Il n'est pas profilé pour cela. Et la difficulté, c'est qu'il faut - et c'est ce que nous avons prévu - que derrière cette négociation, nous regardions au fond du dispositif, comment le reprofiler, parce qu'il ne peut pas supporter les 10 % de chômeurs. Cela nécessite que l'on prenne d'autres dispositions, c'est-à-dire qu'on retrouve ce qu'on appelle des mesures actives pour le retour à l'emploi. On n'est pas vraiment satisfaits mais il faut lui donner ...
Q- Donc c'est une médication provisoire, de votre point de vue ?
R- Une "médication provisoire"... C'est comment, avec ce traitement, nous pouvons, dans la durée, assurer la convalescence, pour que dans les trois ou quatre ans, on puisse retrouver un bon équilibre de notre régime.
Q- Le Medef a fait un geste. Estimez-vous qu'il a reculé ?
R- Je ne vais pas le dire comme ça. Vous savez, on vient de loin dans cette négociation. On était, notamment, sur la dégressivité ...
Q- Pour être clair : madame Parisot a-t-elle joué un rôle important, derrière monsieur Gautier-Sauvagnac ?
R- Madame Parisot s'est posée la question d'une cotisation supplémentaire aux entreprises. Nous nous sommes aussi posés la question d'une cotisation supplémentaire pour les salariés et nous ne la souhaitions pas. Nous pensions que le régime pouvait éviter - alors, il fallait effectivement prolonger la convalescence - une cotisation des entreprises et une cotisation des salariés. Au bout, la négociation ne nous a pas donné raison. On a essayé de jouer a minima, c'est-à-dire qu'un 0,04 pour les salariés, c'est la solidarité, c'est nécessaire, mais ce n'est pas conséquent. Il fallait aussi éviter que l'on aille trop loin sur la remise en cause des périodes d'indemnisation et de la durée d'indemnisation.
Q- Allez-vous marginaliser la CGT ? La CGT estime que vous avez négocié dans les couloirs, dans son dos, pendant qu'elle restait en séance. Est-ce vrai ou faux ?
R- J'ai entendu cela... C'est faux, cela fait partie de la négociation. Il y a l'autre solution qui consiste à dire que l'on va se caler avant la négociation et que les couloirs, c'est avant la négociation. Tandis que là, on est en négociation, on se retrouve à quatre acteurs et on échange un peu sur les solutions, on n'est pas en vraie séance. Mais ce n'est pas gênant, cela fait partie du jeu, cela fait partie de la négociation. C'est important, les négociations, c'est l'échange, c'est parler !
Q- J'entends bien. Vous dites que cela fait partie du jeu mais si vous estimez - et vous allez le faire - nécessaire d'ouvrir le grand chantier de la réforme de fond l'année prochaine, pouvez-vous, de la même manière, avoir une CGT qui soit hors le jeu ?
R- Nous ne demandons pas mieux que la CGT soit dans le jeu et on a vraiment le sentiment qu'elle se met toujours à côté du jeu. Vous savez, il y a des positions faciles, celles qui consistent à dire "faites, faites, faites et moi, je serai derrière pour critiquer et j'en tire tous les avantages". Et il y a ceux qui, avec les organisations patronales, disent qu'ils vont assumer leurs responsabilités, qu'ils vont aller au bout, qu'il faut faire des efforts. Eh bien effectivement, on va s'engager [inaud.], on prend des risques ! C'est facile d'être en retrait et de dire un peu ce que l'on veut, que cela se négocie dans les couloirs, que cela se négocie ailleurs ! Non, cela se négocie là, et cela se négocie avec ceux qui sont capables de prendre leurs responsabilités quand la situation le demande.
Q- Un problème qui est posé est celui des intermittents du spectacle, dont certains manifestent aujourd'hui. Si j'ai bien compris, au fond, on va se contenter de reconduire le protocole de 2003, qui était un peu bancal, quitte à ce que l'Etat remette un peu au pot avec son fonds, en le rendant sinon pérenne, du moins en le prolongeant jusqu'à une éventuelle réforme. Comment expliquer 2003, 2004, 2005, on arrive en 2006 et que l'on n'ait toujours pas réussi à réformer cette assurance chômage, dans le cas particulier des intermittents ?
R- Vous posez bien la question...
Q- Oui, mais je trouve que vous, les organisations syndicales, vous répondez mal à la question !
R- Absolument, je le reconnais simplement. Et nous avons souvent dit à madame Parisot, au Medef et à nos partenaires de ne pas attendre le dernier moment pour regarder les choses. Et c'est d'ailleurs ce que l'on va faire sur l'assurance chômage : on ne va pas attendre 2008 pour regarder un peu, reprofiler les choses à l'intérieur du régime... Il fallait faire la même chose pour les intermittents en regardant deux choses : la part de chacun, la responsabilité de chacun dans le dispositif. Nous sommes dans un régime général et nous pouvons effectivement considérer qu'il y a un cas particulier. Mais il ne nous en faut pas de trop : vous savez, demain, le bâtiment peut venir... C'est la première chose. Comment allons-nous regarder les choses ? On n'a pas dit qu'on allait reconduire a minima ou reconduire en l'état l'accord 2003. Ce que l'on dit, c'est qu'il faut un accord, que nous allons écouter ce que sont les revendications essentielles, voir si aujourd'hui ou dans les jours prochains nous pouvons les intégrer dans le dispositif. En attendant - et là, la CGT est d'accord il me semble - que l'on puisse aller sur une négociation sur le fond et non pas attendre la prochaine échéance, c'est-à-dire dans deux ans, mais ouvrir ce dossier en début d'année, dès le mois de janvier, de manière un peu plus sereine peut-être.
Q- Cela fait-il partie du chantier de la réforme générale de l'Unedic que vous envisagez ?
R- Absolument !(Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 décembre 2005)