Texte intégral
Q- En un temps record, sur la colonisation, vous avez fait disparaître
l'article scandale. Est-il pratiquement supprimé, ce matin ?
R- Il va être supprimé très rapidement. C'était la sagesse, l'intérêt
de la France et la nécessité d'éviter des divisions inutiles. Et, à ma
demande, le président de la République - et je lui en suis très
reconnaissant ? a décidé de supprimer l'alinéa 2 de l'article 4 de la
loi du 23 février 2005.
Q- Cela veut-il dire que ce matin, il ne s'agit plus de réécrire ?
R- Il ne s'agit plus de réécrire, il s'agit d'avoir un langage clair,
précis et sans ambiguïté, à savoir que le rôle de la loi n'est pas
d'écrire, de formuler un jugement ou une opinion sur l'histoire. Le
législateur n'est pas là pour faire les programmes scolaires. C'est
clair, c'est précis et c'est sans ambiguïté. Mais il n'y a ni
repentance, ni reniement, ni renoncement à notre passé.
Q- Vous avez vous-même évolué, parce qu'ici, il y a quelques semaines,
dès le début de toute cette affaire, vous affirmiez qu'il n'y aurait
pas de suppression, mais plutôt réécriture...
R- Je pensais qu'il fallait réécrire et je pensais qu'on pourrait le
faire par un débat parlementaire. Mais cela aurait montré que la France
n'avait pas de langage clair, cela aurait montré que nous alimentions
des passions. Et il faut arrêter de revisiter son passé. Sans oublier
son passé, en rendant hommage à ceux qui ont servi la France, il faut
construire l'avenir. Et on ne construit pas l'avenir en regardant
éternellement derrière son passé. La France est une puissance
méditerranéenne, la France doit entretenir des relations excellentes,
en tout cas cordiales, avec l'ensemble des pays de la Méditerranée. Ce
point-là était un point qui nous empêchait d'avoir une certaine vision
de la France en Méditerranée. Et ce n'était pas à la loi d'écrire
l'histoire. Ces deux points m'ont incité à éviter un débat et à
proposer au président de la République de supprimer cet [alinéa].
Q- Tout cela est bien dit, mais vous n'auriez pas eu de majorité dans
votre propre majorité, sur ce thème, à l'Assemblée nationale...
R- Il y aurait eu une majorité, de part et d'autre. Il y avait des gens
qui ne voulaient pas que l'on revienne sur cette disposition. Mais tous
avaient le sentiment que l'écriture de cet alinéa n'était pas bonne. Eh
bien, au lieu de tergiverser, j'ai préféré une solution qui est
brutale, j'en conviens, mais qui convient à l'image de la France, une
image volontaire, une imagine d'une France audacieuse.
Q- Le Conseil constitutionnel a donc été saisi - cela va vite ! - dès
hier soir, par le Premier ministre. Réponse dans... ?
R- Je pense que le Conseil constitutionnel va répondre, je le souhaite,
dans les huit jours. Après, il y aura un décret de suppression et toute
cette affaire sera terminée, je le souhaite, d'ici trois semaines.
Q- Vous vous êtes exposé...
R- J'assume la responsabilité...
Q- On peut dire que c'est une réussite ou une mission personnelle.
Combien d'associations, de groupes, de Blancs, de Noirs, d'historiens,
de philosophes avez-vous consultées ?
R- J'ai passé près de deux mois à faire cela, trois jours par semaine,
à temps complet. J'ai la conviction d'avoir entendu, écouté les
arguments des uns et des autres, et j'assume la responsabilité d'avoir
proposé au président de la République cette suppression. Je ne demande
à personne d'assumer cette responsabilité.
Q- D'accord, mais on ne vous le reproche pas. Autrement dit, vous avez
entendu s'exprimer les mémoires blessées de Français, qui ont des
racines et des passés différents ?
R- J'ai entendu des hommes et des femmes qui souffraient, qui ont
souffert. J'ai entendu des hommes et des femmes pleins d'angoisses sur
ce passé qu'ils n'avaient pas retrouvé. J'ai rencontré aussi des hommes
et des femmes qui voulaient se tourner délibérément vers l'avenir et
qui voulaient que la France entretienne avec l'Algérie, ce grand pays,
des relations qui soient cordiales, de coopération...
Q- Vous avez sans doute entendu tout à l'heure l'historien B. Stora qui
disait qu'il y a là une perspective pour que le traité historique
d'amitié entre la France et l'Algérie, qui est en préparation depuis
quelque temps entre M. Bouteflika et M. Chirac, soit accéléré...
R- Je le souhaite très profondément pour la France. Mais tout cela ne
veut pas dire que nous oublions le passé et ces hommes qui ont souffert
pour la France. Je crois que c'est très important de bien montrer que
cette suppression n'est ni le reniement, ni le renoncement, ni la
repentance.
Q- L'article dit que "les programmes scolaires reconnaissent le rôle
positif de la présence Outremer, notamment en Afrique du Nord". Donc
les programmes scolaires, on n'en parle plus ?
R- On n'en parle plus. La phrase que vous venez de citer est
supprimée...
Q- Elle a fait du mal en Outremer, aux Ultra marins et en Afrique du
Nord...
R- Elle a blessé et il est inutile qu'une loi blesse...
Q- Que le Parlement, le législateur n'écrit pas, n'impose pas
l'histoire... Il n'y a pas, sauf en dictature, d'histoire d'état... Il
n'y a pas d'histoire d'état. Chaque historien fait son travail et les
hommes regardent leur passé, le passé de leur pays, en leur âme et
conscience.
R- Vous m'aviez annoncé ici même, toujours au début de l'affaire,
qu'après l'article de cette loi, quand il serait supprimé ou réécrit,
il faudrait revoir d'autres lois votées par le Parlement : la loi
Gayssot, la loi Taubira...
Q- Je vais essayer de réunir un certain nombre de parlementaires pour
qu'on ne revienne pas aux lois qui écrivent la mémoire ou qui disent
qu'elle doit être la mémoire d'un peuple. Je pense qu'il est très
important, à travers cette affaire, que nous évitions les erreurs du
passé. La loi est là pour fixer des normes, elle n'est pas là ni pour
faire la morale, ni imposer une version de l'histoire.
Q- On peut constater que le président de la République a tranché, au
début de 2006, ce qu'il n'a pas fait et peut-être qu'il ne pouvait pas
faire à la fin de 2005. Là, il passe - vous l'avez dit vous-même -
"brutalement", en force. Est-ce à dire qu'il lui reste de la force
politique et symbolique aujourd'hui ?
R- Dans cette affaire, le président de la République n'avait qu'un seul
souci : rassembler les Français et préparer l'avenir de la France...
Q- D'accord, mais il pouvait le faire il y a deux mois ! Pourquoi le
fait il maintenant ?
R- Parce qu'il a souhaité, il y deux mois, que je consulte, que
j'écoute, que je comprenne et que je lui fasse un rapport précis sur
l'état de ces femmes et de ces hommes.
Q- Mais qu'est-ce qui a changé en lui, dans le climat politique, pour
qu'il fasse cela ?
R- Il considère qu'il est pleinement dans sa fonction de guide de la
nation et c'est lui qui impose, c'est lui qui décide et qui fixe la
ligne. Et dans cette affaire, je suis très reconnaissant, parce que
j'ai eu un soutien, j'ai eu un appui : le président de la République.
Je savais qu'à travers ce qu'il disait, c'était l'intérêt de la France.
Q- Il a invité tous les élus, tous les parlementaires, à une réception
exceptionnelle, le 1er février. Que va-t-il vous dire ?
R- Je ne sais pas, il faut lui demander. Je crois qu'il est important
qu'il montre que dans cette période difficile, où les passions
politiques s'exacerbent, il y a un homme qui conduit la France, avec
une vision de l'avenir de notre pays, et il veut leur montrer qu'il
faut peut-être éviter de nous diviser, peut-être éviter d'exacerber les
ambitions des uns et des autres et avoir présent à l'esprit que le
temps presse et que l'intérêt de la France suppose que le monde
politique se rassemble au lieu de se diviser.
Q- Il va dire cela aussi à sa majorité... Je note que ce n'est pas
toute la majorité présidentielle : c'est l'UMP, mais pas l'UDF.
Ceux-là, vous ne les voyez pas ?
R- Si, je les vois !
Q- Mais je veux dire qu'ils ne viendront pas à l'Elysée ?
R- Je ne le pense pas...
Q- Le CSA a dit, par exemple, hier à B. Accoyer qu'il fallait compter
l'UDF dans la majorité...
R- Tout cela est très difficile. Il y a un acte essentiel dans la vie
d'une nation : c'est le vote du budget, c'est-à-dire ce qui va
permettre au Gouvernement de faire sa politique. Or je constate
simplement que mes amis, ou une partie seulement de mes amis UDF, a
choisi de voter contre le budget proposé par le Gouvernement, voulant
ainsi montrer qu'ils ne voulaient pas donner les moyens au Gouvernement
de l'accomplir.
Q- Ils sont donc entre la majorité et l'opposition ?
R- Pour moi, ils sont ailleurs. Et à force d'être ailleurs, on n'est
nulle part...
Q- Le Premier ministre accélère apparemment le débat à l'Assemblée sur
le contrat "première embauche". Il aura lieu le 31 janvier. Et il
déclenche un tollé classique à gauche. D'ailleurs, à l'Assemblée, cela
a bardé hier. F. Hollande répète que la précarité des jeunes augmente
et la gauche dit aussi que M. de Villepin ne respecte pas le Parlement.
Vous en êtes le président...
R- Si, le Premier ministre respecte le Parlement. D'ailleurs, je
constate qu'il vient régulièrement s'exprimer. Le problème n'est pas
là. Il y a une précarité. Les jeunes, en France, sont en nombre trop
important sans emploi. Il faut trouver une solution. Alors, il y a ceux
qui parlent, il y a ceux qui disent, il y a ceux qui ne font rien et il
y a ceux qui agissent. Eh bien, je veux qu'on agisse et je suis
satisfait de voir qu'on agit avec le Parlement.
Q- Faut-il assouplir le code du travail, aujourd'hui en France ?
R- Il faut faire en sorte que ceux qui ne trouvent pas d'emploi
puissent en trouver et qu'il y ait une adéquation entre l'offre et la
demande. Le maire de la grande ville que je suis, Evreux, ne peut que
se féliciter de ces mesures qui vont permettre aux jeunes de trouver un
emploi.
Q- J.-P. Raffarin réapparaît, ce matin, dans Le Figaro. Il dit : "N.
Sarkozy a de l'avance, Villepin fait un sans faute". Jusqu'ici, ça va ?
R- D'abord, un, J.-P. Raffarin n'avait pas disparu, même s'il
réapparaît dans Le Figaro. Deuxièmement, je souhaite qu'il n'y ait, en
finale, qu'un candidat pour la majorité aux élections présidentielles
prochaines. Mais nous en parlerons le moment venu.
Q- Vous êtes d'accord, J.-P. Raffarin dit justement qu'il faudra "un
candidat et un seul". Vous êtes donc de cet avis, mais comment
choisissez-vous l'un et sortez-vous l'autre ?
R- Les autres... Eh bien, nous verrons le moment venu. Je crois que
justement, concentrons-nous sur l'essentiel, à savoir l'image de la
France et l'emploi !
Q- Aujourd'hui, on est dans l'histoire. Merci d'être venu parler
justement de la suppression de cet article qui a fait tant de mal
pendant deux mois !
R- Eh bien, c'est déjà beaucoup...
Trop !
Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 janvier 2006
l'article scandale. Est-il pratiquement supprimé, ce matin ?
R- Il va être supprimé très rapidement. C'était la sagesse, l'intérêt
de la France et la nécessité d'éviter des divisions inutiles. Et, à ma
demande, le président de la République - et je lui en suis très
reconnaissant ? a décidé de supprimer l'alinéa 2 de l'article 4 de la
loi du 23 février 2005.
Q- Cela veut-il dire que ce matin, il ne s'agit plus de réécrire ?
R- Il ne s'agit plus de réécrire, il s'agit d'avoir un langage clair,
précis et sans ambiguïté, à savoir que le rôle de la loi n'est pas
d'écrire, de formuler un jugement ou une opinion sur l'histoire. Le
législateur n'est pas là pour faire les programmes scolaires. C'est
clair, c'est précis et c'est sans ambiguïté. Mais il n'y a ni
repentance, ni reniement, ni renoncement à notre passé.
Q- Vous avez vous-même évolué, parce qu'ici, il y a quelques semaines,
dès le début de toute cette affaire, vous affirmiez qu'il n'y aurait
pas de suppression, mais plutôt réécriture...
R- Je pensais qu'il fallait réécrire et je pensais qu'on pourrait le
faire par un débat parlementaire. Mais cela aurait montré que la France
n'avait pas de langage clair, cela aurait montré que nous alimentions
des passions. Et il faut arrêter de revisiter son passé. Sans oublier
son passé, en rendant hommage à ceux qui ont servi la France, il faut
construire l'avenir. Et on ne construit pas l'avenir en regardant
éternellement derrière son passé. La France est une puissance
méditerranéenne, la France doit entretenir des relations excellentes,
en tout cas cordiales, avec l'ensemble des pays de la Méditerranée. Ce
point-là était un point qui nous empêchait d'avoir une certaine vision
de la France en Méditerranée. Et ce n'était pas à la loi d'écrire
l'histoire. Ces deux points m'ont incité à éviter un débat et à
proposer au président de la République de supprimer cet [alinéa].
Q- Tout cela est bien dit, mais vous n'auriez pas eu de majorité dans
votre propre majorité, sur ce thème, à l'Assemblée nationale...
R- Il y aurait eu une majorité, de part et d'autre. Il y avait des gens
qui ne voulaient pas que l'on revienne sur cette disposition. Mais tous
avaient le sentiment que l'écriture de cet alinéa n'était pas bonne. Eh
bien, au lieu de tergiverser, j'ai préféré une solution qui est
brutale, j'en conviens, mais qui convient à l'image de la France, une
image volontaire, une imagine d'une France audacieuse.
Q- Le Conseil constitutionnel a donc été saisi - cela va vite ! - dès
hier soir, par le Premier ministre. Réponse dans... ?
R- Je pense que le Conseil constitutionnel va répondre, je le souhaite,
dans les huit jours. Après, il y aura un décret de suppression et toute
cette affaire sera terminée, je le souhaite, d'ici trois semaines.
Q- Vous vous êtes exposé...
R- J'assume la responsabilité...
Q- On peut dire que c'est une réussite ou une mission personnelle.
Combien d'associations, de groupes, de Blancs, de Noirs, d'historiens,
de philosophes avez-vous consultées ?
R- J'ai passé près de deux mois à faire cela, trois jours par semaine,
à temps complet. J'ai la conviction d'avoir entendu, écouté les
arguments des uns et des autres, et j'assume la responsabilité d'avoir
proposé au président de la République cette suppression. Je ne demande
à personne d'assumer cette responsabilité.
Q- D'accord, mais on ne vous le reproche pas. Autrement dit, vous avez
entendu s'exprimer les mémoires blessées de Français, qui ont des
racines et des passés différents ?
R- J'ai entendu des hommes et des femmes qui souffraient, qui ont
souffert. J'ai entendu des hommes et des femmes pleins d'angoisses sur
ce passé qu'ils n'avaient pas retrouvé. J'ai rencontré aussi des hommes
et des femmes qui voulaient se tourner délibérément vers l'avenir et
qui voulaient que la France entretienne avec l'Algérie, ce grand pays,
des relations qui soient cordiales, de coopération...
Q- Vous avez sans doute entendu tout à l'heure l'historien B. Stora qui
disait qu'il y a là une perspective pour que le traité historique
d'amitié entre la France et l'Algérie, qui est en préparation depuis
quelque temps entre M. Bouteflika et M. Chirac, soit accéléré...
R- Je le souhaite très profondément pour la France. Mais tout cela ne
veut pas dire que nous oublions le passé et ces hommes qui ont souffert
pour la France. Je crois que c'est très important de bien montrer que
cette suppression n'est ni le reniement, ni le renoncement, ni la
repentance.
Q- L'article dit que "les programmes scolaires reconnaissent le rôle
positif de la présence Outremer, notamment en Afrique du Nord". Donc
les programmes scolaires, on n'en parle plus ?
R- On n'en parle plus. La phrase que vous venez de citer est
supprimée...
Q- Elle a fait du mal en Outremer, aux Ultra marins et en Afrique du
Nord...
R- Elle a blessé et il est inutile qu'une loi blesse...
Q- Que le Parlement, le législateur n'écrit pas, n'impose pas
l'histoire... Il n'y a pas, sauf en dictature, d'histoire d'état... Il
n'y a pas d'histoire d'état. Chaque historien fait son travail et les
hommes regardent leur passé, le passé de leur pays, en leur âme et
conscience.
R- Vous m'aviez annoncé ici même, toujours au début de l'affaire,
qu'après l'article de cette loi, quand il serait supprimé ou réécrit,
il faudrait revoir d'autres lois votées par le Parlement : la loi
Gayssot, la loi Taubira...
Q- Je vais essayer de réunir un certain nombre de parlementaires pour
qu'on ne revienne pas aux lois qui écrivent la mémoire ou qui disent
qu'elle doit être la mémoire d'un peuple. Je pense qu'il est très
important, à travers cette affaire, que nous évitions les erreurs du
passé. La loi est là pour fixer des normes, elle n'est pas là ni pour
faire la morale, ni imposer une version de l'histoire.
Q- On peut constater que le président de la République a tranché, au
début de 2006, ce qu'il n'a pas fait et peut-être qu'il ne pouvait pas
faire à la fin de 2005. Là, il passe - vous l'avez dit vous-même -
"brutalement", en force. Est-ce à dire qu'il lui reste de la force
politique et symbolique aujourd'hui ?
R- Dans cette affaire, le président de la République n'avait qu'un seul
souci : rassembler les Français et préparer l'avenir de la France...
Q- D'accord, mais il pouvait le faire il y a deux mois ! Pourquoi le
fait il maintenant ?
R- Parce qu'il a souhaité, il y deux mois, que je consulte, que
j'écoute, que je comprenne et que je lui fasse un rapport précis sur
l'état de ces femmes et de ces hommes.
Q- Mais qu'est-ce qui a changé en lui, dans le climat politique, pour
qu'il fasse cela ?
R- Il considère qu'il est pleinement dans sa fonction de guide de la
nation et c'est lui qui impose, c'est lui qui décide et qui fixe la
ligne. Et dans cette affaire, je suis très reconnaissant, parce que
j'ai eu un soutien, j'ai eu un appui : le président de la République.
Je savais qu'à travers ce qu'il disait, c'était l'intérêt de la France.
Q- Il a invité tous les élus, tous les parlementaires, à une réception
exceptionnelle, le 1er février. Que va-t-il vous dire ?
R- Je ne sais pas, il faut lui demander. Je crois qu'il est important
qu'il montre que dans cette période difficile, où les passions
politiques s'exacerbent, il y a un homme qui conduit la France, avec
une vision de l'avenir de notre pays, et il veut leur montrer qu'il
faut peut-être éviter de nous diviser, peut-être éviter d'exacerber les
ambitions des uns et des autres et avoir présent à l'esprit que le
temps presse et que l'intérêt de la France suppose que le monde
politique se rassemble au lieu de se diviser.
Q- Il va dire cela aussi à sa majorité... Je note que ce n'est pas
toute la majorité présidentielle : c'est l'UMP, mais pas l'UDF.
Ceux-là, vous ne les voyez pas ?
R- Si, je les vois !
Q- Mais je veux dire qu'ils ne viendront pas à l'Elysée ?
R- Je ne le pense pas...
Q- Le CSA a dit, par exemple, hier à B. Accoyer qu'il fallait compter
l'UDF dans la majorité...
R- Tout cela est très difficile. Il y a un acte essentiel dans la vie
d'une nation : c'est le vote du budget, c'est-à-dire ce qui va
permettre au Gouvernement de faire sa politique. Or je constate
simplement que mes amis, ou une partie seulement de mes amis UDF, a
choisi de voter contre le budget proposé par le Gouvernement, voulant
ainsi montrer qu'ils ne voulaient pas donner les moyens au Gouvernement
de l'accomplir.
Q- Ils sont donc entre la majorité et l'opposition ?
R- Pour moi, ils sont ailleurs. Et à force d'être ailleurs, on n'est
nulle part...
Q- Le Premier ministre accélère apparemment le débat à l'Assemblée sur
le contrat "première embauche". Il aura lieu le 31 janvier. Et il
déclenche un tollé classique à gauche. D'ailleurs, à l'Assemblée, cela
a bardé hier. F. Hollande répète que la précarité des jeunes augmente
et la gauche dit aussi que M. de Villepin ne respecte pas le Parlement.
Vous en êtes le président...
R- Si, le Premier ministre respecte le Parlement. D'ailleurs, je
constate qu'il vient régulièrement s'exprimer. Le problème n'est pas
là. Il y a une précarité. Les jeunes, en France, sont en nombre trop
important sans emploi. Il faut trouver une solution. Alors, il y a ceux
qui parlent, il y a ceux qui disent, il y a ceux qui ne font rien et il
y a ceux qui agissent. Eh bien, je veux qu'on agisse et je suis
satisfait de voir qu'on agit avec le Parlement.
Q- Faut-il assouplir le code du travail, aujourd'hui en France ?
R- Il faut faire en sorte que ceux qui ne trouvent pas d'emploi
puissent en trouver et qu'il y ait une adéquation entre l'offre et la
demande. Le maire de la grande ville que je suis, Evreux, ne peut que
se féliciter de ces mesures qui vont permettre aux jeunes de trouver un
emploi.
Q- J.-P. Raffarin réapparaît, ce matin, dans Le Figaro. Il dit : "N.
Sarkozy a de l'avance, Villepin fait un sans faute". Jusqu'ici, ça va ?
R- D'abord, un, J.-P. Raffarin n'avait pas disparu, même s'il
réapparaît dans Le Figaro. Deuxièmement, je souhaite qu'il n'y ait, en
finale, qu'un candidat pour la majorité aux élections présidentielles
prochaines. Mais nous en parlerons le moment venu.
Q- Vous êtes d'accord, J.-P. Raffarin dit justement qu'il faudra "un
candidat et un seul". Vous êtes donc de cet avis, mais comment
choisissez-vous l'un et sortez-vous l'autre ?
R- Les autres... Eh bien, nous verrons le moment venu. Je crois que
justement, concentrons-nous sur l'essentiel, à savoir l'image de la
France et l'emploi !
Q- Aujourd'hui, on est dans l'histoire. Merci d'être venu parler
justement de la suppression de cet article qui a fait tant de mal
pendant deux mois !
R- Eh bien, c'est déjà beaucoup...
Trop !
Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 janvier 2006